L'église Saint-Pierre aux liens de Villefagnan
 

Villefagnan était un fief des évêques de Poitiers à eux donné vers l'an 1000 (comme bien d'autres exemple : Courcôme, etc.).


L'église de Villefagnan a été construite à la fin du XIIe siècle, puis, remaniée en partie au XIVe siècle.


Fief des évêques de Poitiers, Villefagnan relevait de ce diocèse. A l’origine, l’édifice était conforme au plan des églises romanes locales : nef recouverte d’une voûte de lauzes en calcaire, clocher carré et chœur voûté en cul de four, pas de transept. Puis le chœur s’est agrandi, devenant rectangulaire, son axe tourné légèrement vers le sud. Il a reçu plus tard une voûte d’ogive.


Le mur gouttereau nord a été percé pour donner accès sans doute à une petite chapelle. Côté sud fut adjoint un collatéral sur toute la longueur de l’église ; les vestiges de portes de type gothique témoignent d’un réemploi, leur origine est inconnue d’autant que les blasons ont été effacés.
Le mur gouttereau sud fut percé d’arcades pour faciliter la communication entre nef et collatéral ajouté au XVe siècle.

Le chœur de l’église a reçu plus tard une voûte d’ogive.

Un curé ambassadeur, Jean des Monstiers
(Source : Société archéologique et historique du Limousin)
Au début, la seigneurie du Fraisse (La Fraisse (Nouic, 87) était peu importante ; cependant, les seigneurs avaient des droits honorifiques dans l'église de Nouic, après le seigneur de Rochelidoux. Sa mouvance s'étendait sur un tiers environ de la paroisse de Nouic et sur quelques villages de celle de Mézières. Elle était bornée au Nord et à l'Est par la Basse-Marche, les seigneuries de la Côte de Mézières et du Mas du Bost ; au Midi et à l'Ouest, par la seigneurie de Rochelidoux. Lorsqu'au XVIe siècle, Rochelidoux et Le Fraisse furent réunis, leur seigneur se trouva seigneur justicier de toute la paroisse de Nouic et de plusieurs villages dans les paroisses voisines.
C'était le vassal le plus riche et le plus puissant de la baronnie, plus tard duché de Mortemart. Car, en plus de ces deux fiefs, il avait droit de viguérie sur toutes les paroisses du duché de Mortemart, c'est-à-dire sur six ou, sept paroisses.
Au début, il existait au Fraisse un logis noble entouré de fossés, avec des dépendances que protégeaient des étangs.
Le logis fut brûlé et ruiné par les Anglais pendant la guerre de Cent Ans et ses habitants n'eurent pour toute ressource que de se réfugier derrière les murailles de la ville de Saint-Junien, où les seigneurs du Fraisse possédaient plusieurs fiefs et un hôtel.
Une fois le péril passé, le seigneur du Fraisse, Pierre des Monstiers, fit reconstruire le château : c'est le vieux château qui reste encore aujourd'hui et qui paraît dater du commencement du XVe siècle. Un de ses descendants, André des Monstiers, épousa en 1507 Isabeau de Soubmoulin, de la maison d'Alias, en Saintonge.
C'est le fils puîné né de leur mariage, en 1514, Jean, qui devait apporter gloire et richesse à la famille dont il était issu. Licencié en droit en 1536, curé de Villefagnan, prévôt commandataire de Saint-Arigel, il passa en Allemagne, où il acquit de la notoriété. En 1542, François Ier l'utilisa comme diplomate, tout d'abord à Bruxelles, puis à Cologne. En 1549, il est aumônier du roi, en 1550 évêque de Bayonne.
Le roi l'envoie comme ambassadeur auprès des princes allemands, puis auprès des seigneurs des ligues grises, en Suisse. Il revint en France en 1554 et, de l'avis des médecins, s'installa au Fraisse pour jouir d'un repos bien mérité.


Le 24 mai 1727, le curé Degenne écrit à l’Evêque de Poitiers, seigneur de Villefagnan : «J’attends votre permission pour bénir nos deux cloches, j’en ai parlé aux cérémonies aujourd’hui, elles se fonderont demain mardi sans faute, comme la messe ne sonne plus, j’attends vos ordres au premier ordinaire pour les bénir».Le 3 juillet 1777 un ouragan dévaste le clocher de l’église.
 
Un ouragan détruit le clocher en 1777
Le 28 mars 1778, le curé Le Pelletier écrit à l’Evêque pour dire que les dégradations au clocher sont de 12 livres et 9 sols, que celles du chœur sont de 2 livres. Un coup (de tempête) pendant l’hiver nous avait emporté et cassé le grand vitrail de dessus le maître autel, à remplacer pour 15 livres 3 sols payés par le curé de même qu’il a payé 5 livres et 10 sols pour faire réparer la balustrade qui sépare le chœur et le sanctuaire. Il lance le problème du financement des travaux au clocher : «Je ne vois pas que sa Grandeur et moi y soyons tenu par la raison qu’il est situé entre la nef et le chœur…»
 
Le choeur au fondateur ; la nef aux paroissiens
Le 11 octobre 1778, le conseil de l’évêque délibère (à Paris) sur l’imputation des réparations. Un mémoire explique que le clocher est situé entre le chœur et à la nef. Deux piliers du chœur sont commun au clocher. D’où contestation entre les décimateurs et les habitants pour les réparations du clocher. Les habitants prétendent que les réparations sont à supporter par moitié, les décimateurs répondent qu’il n’y sont point obligé parce que la permission qu’ils ont donné aux habitants d’appuyer leur clocher sur les piliers du chœur n’a pas dû leur préjudicier. Ils consentent de contribuer aux réparations des piliers communs dans l’intérieur de l’église mais ils se refusent aux réparations qui sont dans l’élévation, dans la charpente, dans le beffroi. Le conseil estime que les décimateurs ne peuvent se refuser à contribuer pour moitié aux réparations du clocher de l’église car il s’appuie en partie sur les piliers du chœur. S’il était entièrement sur le chœur, ce serait les seuls décimateurs qui devraient payer. Entièrement sur la nef, ce sont les seuls habitants.
Mais ce qui vient d’être dit ne s’accorde que pour la maçonnerie, car le beffroi et les cloches sont toujours à la charge des habitants soit que le clocher est sur le chœur, soit sur la nef, soit sur les deux.
10 novembre 1778, le curé Le Pelletier écrit à l’Evêque en disant que l’architecte accepte le principe d’une réparation du clocher en deux parties (deux tranches) et que le plan sera envoyé au prélat pour approbation.

6 mars 1781, le curé Le Pelletier rend compte à l’Evêque que l’église est désormais en bon état mais qu’il faudrait un coup de peinture au retable et lui installer un rideau neuf, dépense qui revient à l’évêque et qui pourrait être payée par son fermier.
Par le même courrier, il supplie : «J’aurai aussi besoin, Monseigneur, de quelques livres pour vos nouveaux convertis».

 
La grosse cloche, refondue en 1864, pèse 1516 livres. Le beffroi fut refait à l’occasion de son installation et quatre emplacements furent prévus, dont un seul est occupé par cette cloche.
 

Il y a également trois autres cloches : les trois Marie.
 
La lettre du Général de Gaule
«J’ai été touché de l’aimable pensée que vous avez eu de me convier à cette émouvante consécration. Dans l’impossibilité où je suis de m’y rendre, je tiens à ce que vous sachiez que je serai par la pensée à vos côtés le jour où la cloche de la libération sonnera dans Villefagnan dans l’allégresse de la paix retrouvée.»
  • La première cloche s’appelle Marie Thérèse. Elle donne le sol. Elle pèse 650 Kg. Son parrain est le général de Gaule et sa marraine Madame de Gaule.
  • La deuxième cloche du nom de Marie Bernadette donne le LA. Elle pèse 450 kg. Elle a pour parrain André Brothier ancien prisonnier de guerre, et pour marraine Joséphine Mornet-Roy, veuve de guerre.
  • La troisième cloche du nom de Marie Immaculé donne le DO. Elle pèse 250 kg. Elle a pour parrains et marraines tous les enfants de la paroisse.
Ensemble, les trois Marie ont coûté 2 015 000 F. L’angélus automatique et la sonnerie en volée ont été installés en 1948.

Le plus ancien titulaire connu de la cure de Villefagnan est Pierre de Bessé en 1310.

Consultons maintenant le plan de l'église en cliquant ici !
 

M. Palant-Lamirande, curé de Villefagnan
Pierre Aumaître était né à Aizecq, près Verteuil, le 8 avril 1837, d'une famille de bons cultivateurs, qui, ayant acquis depuis un petit bien dans la paroisse de Couture, sont venus s'y établir. Les heureuses dispositions de l'enfant, développées par les soins pieux de sa mère, attirèrent l'attention du curé d'Aizecq, M. Palant-Lamirande, aujourd'hui (1897) curé de Villefagnan.
Il crut reconnaître en lui des marques touchantes de vocation au sacerdoce. Il lui donna les premières leçons de la langue latine et le fit entrer en cinquième au Petit-Séminaire de Richemont. Cette maison a toujours conservé depuis le souvenir de cet excellent élève, également cher à ses maîtres et à ses condisciples.

Découvrir Aizecq et son martyr (cliquer)

La dîme
Déclaration que donne le prêtre curé de Saint-Pierre de Villefagnan diocèse de Poitiers qui est à la présentation de Monseigneur l'Evêque dudit diocèse.*
Pour que la présente déclaration soit utile à mes successeurs, je vais la faire si exacte que je je n'y oublierai rien afin qu'ils y aient recours en cas de besoin.
Je certifie qu'en 1601 au mis de juin, il a été fait un accord entre le décimateur de la paroisse de Villefagnan, instance faire par devant M. le Lieutenant général de Poitiers, qui en a fait le renvoi par devant M. le Sénéchal des lieux qui en a fini l'accord et fait le partage en les formes, par exprès nommés et arpentement fait pour que chacun des décimateurs ait ce qui lui revient en cantons séparés sans avoir entre eux de procès.
Il s'est trouvé dans toute la paroisse 6588 journaux tant en bonnes que mauvaises terres, dont environ sept vingt journaux en vigne (140 journaux), la plupart très vieilles et qui donnent les bonnes années environ 45 barriques aux décimateurs, et 7000 boisseaux environ de toutes sortes de bleds mesure de Ruffec, le boisseau pesant 70 livres.
Lesquels 6588 journaux ont été partagés entre Mgr l'Evêque de Poitiers, M. Germain Le Coq et le curé qui tous dixment au treize et au quatorze.
Mgr l'Evêque de Poitiers comme seigneur chapelain et décimateur général, a eu pour sa portion dans un canton la quantité de 3742 journaux tant en vigne qu'en terre labourable, qu'il a affermées 1000 livres, et aujourd'hui il afferme avec les prés, bâtiment, rentes et droits de seigneurie généralement tout ce qui dépend la somme de 1250 livres comme il parait par la ferme qu'il a passé avec Dame Marie-Anne Cousin, veuve Parpaillon, au mois de novembre 1726 par Ouchapeigner notaire à Poitiers.
Le lot et portion du sieur Le Coq se monte à 1617 journaux tant en terres labourables que vignes, prés et bâtiments et rentes qu'il afferme 500 livres et aujourd'hui afferme cette dixmerie et tout ce qui en dépend 600 livres.
Pour le lot et portion du curé se monte à 1229 journaux qui par conséquent ne jouit pas du quart des dîmes tant en terres labourables qu'en vignes dont la majeure partie aujourd'hui inculte est en chaume.
  • Dans les vignes, j'amasse ordinairement 10 à 12 barriques de vin. Comme il y a un clos considérable qui va être en chaume, le curé court le risque de ramasser point de vin. 
  • Pour la dîme de bled toutes sortes, tant froment que baillarge, avoine, garouïl, jarousse, grosses fèves, il ne s'en ramasse dans les bonnes années qu'environ sept vingt dix (150) ce qui peut valoir au plus 300 livres et le vin 70 livres. 
  • Pour les agneaux et chanvres du canton du curé sont chers à 10 francs.
  • Plus un pré contenant environ 2 journaux, situé dans la rivière de La Fond près du chemin, affermé 25 livres.
  • Plus un autre morceau de pré situé aux Auberts, proche de Fondoume, contenant environ demi-boisselée affermé 2 livres.
  • Plus un autre morceau de pré situé à la rivière de la Salle proche de Benjamin Couturier, une demi-boisselée affermé 2 livres.
  • Plus un autre morceau de pré situé à la Fraignée parsonnier avec M. Girardin de La Fond, d'environ trois quarts de boisselée affermé 3 livres.
  • Plus une pièce de terre labourable située proche la croix Chardon touchant aux terres de M. Préveraud Sieur de Sonneville, d'une boisselée affermée 2 livres.
  • Plus deux autres petits morceaux de terre dont un situé au clos d'Anville d'une demi-boisselée, et l'autre situé au Puy de la Touche, le chemin entre deux à main gauche allant à La Chèvrerie, quart de boisselée, j'ai arrenté les deux morceaux un chapon tous les ans.
  • Plus un autre morceau de méchantes terres que j'ai arrenté à Pierre Audias 1 livre 5 sols.
  • Plus la rente des plantes située au village de Villetison, 13 sols.
  • Plus une assise sur la maison d'Isac Bruneau vis à vis le clocher près la sacristie, 10 sols.
  • Plus la rente de la petite écurie du Sieur Bailloux Chagnevert vis à vis la cure à droite, 12 sols.
  • Plus la rente de la Crousatte de 5 boisseaux froment, à la petite mesure pesant chacun 40 livres, 7 livres 10 sols.
  • Plus un boisseau froment à la petite mesure sur prise de l'ouche à Chéloumeau appartenant au Sieur Poitevin Loubeau, 30 sols.
  • Plus un boisseau froment à la petite mesure sur la prise d'un préau due par Jean Migot valant 15 sols.
  • Plus un demi-boisseau froment à la grande mesure sur la prise des Vousrigere? valant 24 sols.
  • Plus un legs de 10 livres sur l'écurie du Sieur curé fait par le parent de feu M. Daniel Bouquet Sieur de Boismorin, moyennant une messe par mois.
  • Plus un legs de 10 francs sur le bâtiment de la Clairjonnerie appartenant au sieur curé moyennant une messe par mois.
Il est à remarquer que mes prédécesseurs auraient un papier censif qui valait bien 40 livres de rente, qui est perdu, et dont je ne jouis point. Mes prédécesseurs jouissaient aussi de la chapelle de Notre dame de Pitié située dans ma paroisse qui vaut encore plus de 120 livres quitte de tout devoir, ce qui cause les décimes exorbitants que je paye, et le titulaire n'en paye que 4 livres, plus mes prédécesseurs jouissaient de novales qu'ils affermaient jusqu'à 150 livres, que Mgr l'Evêque m'a ôté.
Mon prédécesseur a affermé sous seing privé avec Antoine Pouyaud Sieur Duplessis, la moitié de tous les revenus de la cure 250 livres. Il est vrai qu'en 1720, je n'ai aussi affermé la moitié sous seing privé la somme de 300 livres.
  • Sur quoi il m'en coûte la location des bâtiments, écurie, grange et autres commodités, 20 francs, et pour réparation desdits bâtiments 15 francs par an.
  • Pour l'église, il n'y a point de fabrique. Luminaires et autres choses nécessaires, il m'en coûte tous les ans plus de 40 livres.
  • Plus pour un valet et un cheval dont il est impossible de se passer à cause de l'éloignement de plus d'une grande lieue et demie et des chemins impraticables, 200 livres.
  • De sorte qu'avec les décimes exorbitants de 75 livres, il faut que je m'entretienne et jouisse de moins de 200 livres. Ainsi il n'y a rien de net, et pour le casuel il n'y en a point ni ayant que des huguenots, et il faut faire grâce au peu de catholiques qu'il y a, et qui sont très pauvres.
Pour obéir à l'édit du Roi et me confirmer à la délibération de nos seigneurs du clergé, j'ai l'honneur de certifier ma présente déclaration ci-dessus, et de l'autre part sincère et véritable, en foi de quoi je l'ai signée pour que foi y soit ajoutée, à Villefagnan ce 14 novembre 1728.
Degennes, curé de Saint-Pierre de Villefagnan.




Collatéral, une tombe (ci-dessous) au pied d'un pilier.

Un banc migrateur
Le banc de Gabriel Frottier chevalier, seigneur des Tours, banc situé dans l’église de Villefagnan, est source de procès en février 1776 à Poitiers.
 

Parfois le dos, voire tout le banc, était si haut qu'il cachait ses occupants.
 

Un banc consistait en une cage de bois de 2 m sur 1 ou 2 m qui isolait les possesseurs du reste des habitants et signifait leur rang. Il les protégeait des courant d’air, chauffé parfois il s’enflammait et déclenchait un violent incendie dans l’église.

Le Pelletier curé de Villefagnan et Brumauld Seigneur Deshoullières sénéchal à Villefagnan écrivent à l’Evêque de Poitiers le 22 août 1775.
Le sénéchal a fait enlever le banc de Gabriel Frottier, gentilhomme, «de son gré et consentement» pour lui substituer celui de l’évêque, comme demandé depuis longtemps par ce dernier. Mais étonnamment, Gabriel Frottier change d’avis et intente un procès. Il faudra un vrai travail de la part  des juristes pour démontrer que sa prétention n’est point justifiée.
Le même jour, Brumauld Deshoulières écrit à l’évêque : «Je n’ai pas répondu plus tôt parce que j’étais indisposé, et que je voulais aussi conférer avec M. Frottier pour lui faire entendre raison». Gabriel Frottier avait accepté de voir son banc remplacé dans le chœur par celui de l’évêque et avait assisté au déménagement. Brumauld Deshoullières continue : «M. le curé et moi nous nous trouvons offensés avec raison de la complainte qu’il a la témérité de former contre nous dont les termes et les conclusions aussi hardis qu’infamants attaquent vivement notre état et notre réputation sous les yeux même de la justice, nous sommes décidés monseigneur toutefois avec l’approbation de votre grandeur…»
Deshoulières se dit prêt à se rendre à Poitiers avec le curé pour consulter l’évêque et son conseil. Il ajoute quelques points de droit à la suite de sa lettre : «L’édit de François 1er à Villiers-Cotterets en l’année 1560 qui fait loi dans le Royaume à cet égard dit aux art. 13 et 14 que pour avoir dans une église ou chapelle quelque droit, les propriétaires sont obligés de prouver qu’ils sont fondateurs, ou patrons de ladite église ou chapelle par lettres ou titres de fondation sentences et jugements donnés avec connaissance de cause et partie légitime… Tous les arrêts et la jurisprudence ont ainsi jugé que le droit de banc dans le chœur de l’église paroissiale appartient au seigneur haut justicier seul, exclusivement à tous autres, et qu’il n’y a que lui ou le patron d’intenter complainte pour le droit de banc… Le père de M. Frottier avait acquis la maison et domaines de messire de Paris, situés en la paroisse de Villefagnan et est à ce titre seul qu’il les représente. MM. de Paris ont donné par testament à l’hôpital de Ruffec en 1762 2000 livres pour un pauvre de ladite paroisse, 500 livres à la fabrique du lieu (Villefagnan) pour les réparations de l’église. Ils ont encore payé quelques petites réparations pour les vitres de l’église dont on rapporte des quittances mais aucun de ces actes ne lui donne titre de fondateur, de patron ni de bienfaiteur, non plus que le droit de banc…Ils n’avaient pas eu droit de banc et leurs héritiers encore moins…»
C’est l’évêque qui a, seul et doublement, droit de banc dans le chœur, d’abord en tant que fondateur de l’église (c’est l’évêché de Poitiers qui aurait fait ériger l’église), puis en tant que seigneur haut justicier.
Au procès, en février 1776, Gabriel Frottier exposera que son banc a été enlevé du chœur alors qu’il s’y trouvait depuis des temps immémoriaux. Il accuse le curé et le sénéchal d’avoir agi «sur leur seule autorité». Il demande 1000 livres de dommages et intérêts.
Le banc du Marquis de Goulard, seigneur de La Ferté avait également été déplacé à la demande de l’évêque.
Le tribunal jugera la «complainte du sieur Frottier ni admissible ni fondée».
Gabriel Frottier pourra toutefois demander à la fabrique de placer son banc dans la nef de l’église moyennant rétribution «mais si le Marquis de Goulard entrait en concurrence avec lui pour prétendre de la fabrique la première place de distinction, il n’est pas douteux que la préférence fut accordée à ce seigneur».
Gabriel Frottier est dit seigneur des Tours et de Boismorin. Ne surtout pas confondre cette dite maison des Tours avec le château de l’évêque, le château Lesvescault dont deux tours encadrent encore le portail d’entrée. La maison des Tours est qualifiée de roturière et tenue à cens de rente de La Ferté de la Motte d’Anville, elle fut anoblie par acte du 21 février 1680 passé par Poinset notaire royal en Angoumois par pure qualification, a rendu depuis ses hommages, M. d’Anville a la moyenne justice de la majeure partie du fief.
Charles-David Brumauld des Houllières, naissait à Poursac le 21 août 1709. Il fut avocat au parlement, sénéchal et juge civil et criminel de la châtellenie de Villefagnan.

La chaire n'est plus utilisée mais reste un beau monument.
Derrière, l'église communiquait avec une chapelle.

A l'extérieur ont été mis au jour des esquisses de peinture murale.

L'église saint Pierre de Villefagnan relookée
Les vieilles pierres demandent que l’homme les entretiennent sans déformer leur histoire. Des échafaudages ont été dressés en 2003 le long des murs nord et sud de l’église de Villefagnan. De même autour du clocher. Un travail important attendait l’entreprise RBL de Magnac-sur-Touvre. Une première tranche de travaux concernait le mur de façade et le mur du chevet ; elle a été réalisée de 2000 à 2001. La seconde tranche se termine. Elle concerne le jointoiement des moellons sur les murs sud et nord, sur les murs du clocher, puis la réfection de la couverture en tuiles de ce dernier.
Mais des surprises attendaient les ouvriers : autrefois, le clocher était recouvert en partie de ciment - des traits imitaient les joints entre les pierres -. Avec le gel, ou la chaleur et l’humidité, le ciment a fini par éclater et les moellons se sont désagrégés. Ainsi, ce sont 5 m3 de pierre qui sont à remplacer : «Une surfacture de 14383 Euros».Pour refaire les joints, il faut les dégager, ne laisser aucune trace de ciment puis les bourrer d’un mélange de sable et de chaux. Les pierres «pourries» sont remplacées. Une porte percée dans le mur nord pour donner accès à une chapelle, sans doute, avait été bouchée maladroitement au XIXe. Les pierres ont été démontées, taillées et reposées de façon à mettre en valeur les piliers, les chapiteaux et les arcades. Des arcades qui ont révélées des graffitis (carbone) probablement du XIVe. Ils seront protégés de façon a pouvoir être admirés de tous. Les dessus des contreforts sud ont été refaits à l’identique de ceux situés au nord. Bientôt, lorsque l’atelier Pinto de Tusson aura réparé ou refait les vitraux, l’édifice retrouvera tout son charme et ses couleurs.L'église saint Pierre de Villefagnan fut construite à la fin du XIIe siècle puis remaniée en partie dès le XIVe. Fief des évêques de Poitiers, Villefagnan relevait de ce diocèse. A l’origine, l’édifice était conforme au plan des églises romanes locales : nef recouverte d’une voûte de lauzes en calcaire, clocher carré et chœur voûté en cul de four, pas de transept. Puis le chœur s’est agrandi, devenant rectangulaire, son axe tourné légèrement vers le sud. Il a reçu plus tard une voûte d’ogive. Le mur gouttereau nord a été percé pour donner accès sans doute à une petite chapelle. Côté sud fut adjoint un collatéral sur toute la longueur de l’église ; les vestiges de portes de type gothique témoignent d’un réemploi, leur origine est inconnue d’autant que les blasons ont été effacés. Le mur gouttereau sud fut percé d’arcades pour faciliter la communication entre nef et collatéral.La grosse cloche fut refondue en 1864, elle pèse 1516 livres, le beffroi refait lors de son installation. Trois autres cloches l’accompagnent, les trois Marie. Marie Thérèse donne le sol et pèse 650 Kg. Son parrain est le général de Gaulle et sa marraine Madame de Gaulle. Marie Bernadette donne le la et pèse 450 kg. Marie Immaculée donne le do avec ses 250 kg.La première tranche de travaux, 2001-2002, s’établissait à 315.333,47 F. La seconde se décompose en 106188,79 Euros consacrés à la maçonnerie et 10.335,07 Euros pour les vitraux. S’ajoute le montant des travaux supplémentaires au clocher : 14.383 Euros. La DRAC subventionne 15 % du montant «subventionnable», le conseil général 12 % et le Pays du Ruffécois fera l’obole de 1500 Euros pour les façades et 1125 Euros pour les vitraux.

 

Aux petits soins pour son église
En 2005, le système de chauffage se faisait vieillissant dans l’église Saint Pierre de Villefagnan. Obsolète et peu pratique, il a conduit la communauté catholique à investir dans un système plus moderne de type rayonnant à infra rouge. Avec pour énergie le gaz de ville.
La commune a participé au financement du projet. «La communauté catholique nous a demandé de prendre en charge la maîtrise d’ouvrage» indique le maire. Ceci offrant l’avantage de récupérer la TVA et d’économiser 19,6% du montant des travaux. Le conseil municipal a décidé d’apporter une réponse positive et d’aller plus loin : «La commune a pris en charge les frais de branchement du gaz et accordé une subvention de 12% de la facture hors taxes des travaux». Puis elle a sollicité et obtenu de la part du département une subvention de 12 % également. D’où, pour la communauté catholique, une réduction sensible de la facture définitive.
Le chauffage fonctionnera en moyenne 70 heures par an pour une consommation estimée à 7 000 KW. Trois lustres radiants de 20 à 25 KW fonctionnant au gaz naturel ont été suspendus dans l’axe central de la nef. A cela s’ajoute quatre radiants de 5,1 KW. Ce système a été installé par l’entreprise vendéenne Ciel France. L’esthétique des lustres s’insère parfaitement dans le cadre de l’église. De plus, ils incorporent avec discrétion les spots d’éclairage.
Les fidèles apprécieront avec les premiers frimas.

Saint-Pierre aux liens après restauration en 2007.

Les travaux à l’église Saint-Pierre présentés à la paroisse en 2007
Le maire de Villefagnan et conseiller général du canton, et ses adjoints, accueillaient à l’église le père Dominique Buisson et les différentes personnes relais de paroisse. Une visite après travaux de l’église de Villefagnan guidée par l’architecte René Colonel et les chefs d’entreprises responsables du chantier.
Trois tranches de travaux découpent l’histoire du chantier qui aura coûté 258.733 euros dont 155.598 euros à la charge de la commune. La différence est apportée par les subventions du conseil général, du conseil régional, de la sauvegarde de l’art français et le fond de compensation de la TVA. La commune avait financée l’installation du gaz de ville (3.314 euros) en vue de l’installation du chauffage (11.660 euros pour la paroisse). Il ne reste qu’à entreprendre la réfection de la toiture de la nef, du chœur en partie nord et de la sacristie, et consolider une pierre de la baie de cette dernière pour un coût de 15.809 euros. Ce chantier sera confié à l’entreprise Colin de Courcôme.
Edgard Saulnier est revenu sur le calendrier de la restauration du sanctuaire : «En 2000 et 2001, les maçonneries des façades ouest et est, en 2003 des façades sud et nord, du clocher, sept vitraux et leur protection, en 2004 le chauffage, en 2005 la suspension des cloches, en 2007 l’arrière du fronton et la façade nord au dessus de la sacristie, la couverture du collatéral face au chœur et au clocher, le sol du parvis, les vitraux du chevet et leur remplage».

Restauration de l’atelier Pinto de Tusson.

Des vitraux aux couleurs éclatantes
L’église a fait l’objet de nombreux travaux au cours de sa vie, pas toujours heureux lorsque du ciment a été apposé pour consolider une pierre de taille et enserrer un vitrail. Mais c’est un entretien suivi «en bon père de famille» qui permet à la commune de réduire les frais et de les étaler sur plusieurs années.
L’édifice n’est pas classé monument historique, ce qui supprime des subventions de l’état, mais les travaux ont été réalisés par des entreprises agrées comme Dagand pour la maçonnerie, Paurion pour la toiture ou l’atelier Pinto pour les vitraux. L’architecte et le maire se félicitent de l’effort de ces entreprises pour assurer le bon déroulement des travaux. La qualité de la restauration des vitraux a séduit les invités.
André Morteau de l’atelier Pinto de Tusson a expliqué les difficultés rencontrées et les solutions : «Les vitraux datent du XIXe siècle, ils avaient été mal restaurés, avec des détails anormaux comme des pieds palmés ou des mains au nombre de doigts incertain, le verre n’était pas assez cuit, les couleurs s’estompent sous l’effet de la condensation. Nous les avons restaurés sans changer les parties anciennes et les avons réinstallés derrière une vitre de protection qui supprime l’humidité et la condensation, et à 98 % les rayons ultra-violets».
L’atelier Pinto a créé un nouveau vitrail, copie de ceux du collatéral, pour la fenêtre située au dessus de la chaire. Et restauré le Christ au dessus du portail d’entrée, ou Saint-Pierre et Saint-Paul antan par les ateliers Charlemagne de Toulouse pour la verrière du chevet réalisés. Des œuvres qui diffusent à nouveau leurs plus belles couleurs.

 
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