Le canton de Villefagnan et ses communes

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Naphtolette : voiture de Villefagnan

Souriez : Qui veut aller loin, fait le ménage dans sa voiture !


Les nouvelles du secteur: http://www.charentelibre.fr/charente/villefagnan/
Site frère riche d'histoire et bonnes surprises : Pioussay (79).

Du bleu, du vert, du jaune et du rouge, des vals, un paysage vivant...


LE VILLAGE

Il est tout petit, mon village, je ne vous dirai pas comment il s'appelle : je ne le dénoncerai pas aux Parisiens en quête de verdure et de tranquillité. Ce serait bientôt le village de tout le monde ; ce ne serait plus mon village.
Sachez seulement qu'il est à quinze lieues de Paris. Par les nuits sans lune et sans nuages, on peut, en regardant bien voir l'horizon teinté de rouge : c'est le reflet adouci de la perpétuelle illumination de la grande ville. Impossible d’en être à la fois plus près et plus loin.
Pas de chemin de fer, pas même de diligence ni télégraphe, ni bureau de poste, ni médecin, ni gendarmes. Un coin de terre oublié, ou si vous aimez mieux, épargné par la civilisation ; un nid perdu dans un fourré ; un village, vous dis-je, un vrai village ! Avec ses toits rouges qui émergent du milieu des arbres, on le prendrait, de loin, pour une rose mousseuse qui fait craquer son corset vert.
Il se pelotonne frileusement sur le penchant d'une colline qui se chauffe en plein midi. A ses pieds, une étroite vallée où une ligne sinueuse de saules et de peupliers révèle et cache une petite rivière ; sur sa tête, un vaste plateau où le regard file en tous sens, à perte de vue. En bas, les brouillards d’automne qui noient tout sous leurs vagues floconneuses ; en haut, le vent qui, les jours de tempête balaye tout de son souffle impérieux. Mais à lui les caresses du soleil et de la brise.

En lisant ce texte, on constatera que la situation de nos villages n'a guère changé depuis 1920, malgré l'arrivée de la population britannique dans les années 1990-2000.

Mon Village (Journal de Ruffec, Avril 1920).
Quoi que j'eusse quitté depuis longtemps déjà le petit hameau qui m'a vu naître, j'aime à le revoir souvent à seule fin de pouvoir admirer les sites favoris qui ont vu s'écouler mon enfance.

Il y a une cinquantaine d'années, cette petite bourgade comptait environ quarante maisons habitées ; actuellement, une douzaine sont à peine occupées.
Une grande partie de ces habitations de jadis sont détruites, les propriétaires sont morts, et la famille éteinte, faute d'enfants qui puissent continuer les traditions ancestrales. Dans les assemblées, les anciens qui restent se plaisent à raconter an cours de leurs conversations, les caractéristiques et les habitudes de ceux qui ne sont plus, en imitant le geste et la parole, à la grande hilarité de l'auditoire, La solitude de ce petit village, frappe eu premier abord l'oeil d'un touriste avisé qui pourrait bien se demander pour quel motif les habitants ont fui un pays si calme, et une terre si féconde et inhospitalière.
Je n'expliquerai pas dans cet article, les principaux motifs de l'émigration de cette jeunesse ; car ils sont d'ordres multiples et surtout très complexes. Je me contenterai de dire, au risque de blesser la susceptibilité de quelques-uns de mes concitoyens, que la majorité des habitants aisés de ces petits villages, étaient très égoïstes et surtout très arriérés au sujet des idées matrimoniales projetées par la jeunesse. En effet, ces phases si importantes de la vie, qui décident souvent de l'orientation de toute une existence, ressemblaient à l'époque de ma jeunesse plutôt à un marché tacite, qu'à un hymen conclu par l'amour réciproque des deux conjoints. Cependant, il m'a été donné de constater que depuis cette époque, une rénovation était accomplie, et j'ai compris que les jeunes générations ne traitaient déjà plus ces questions délicates avec la même parcimonie que leurs aïeux.

Ces braves gens ont compris, qu'une intelligence développée et une conduite exemplaire, pouvaient compenser largement la pauvreté de la naissance.
Je reconnais en outre, à la louange des habitants de ces campagnes, que contrairement aux grandes cités ouvrières, les mœurs y sont austères, et la majorité des habitants laborieux et économes.
J'aime surtout à visiter l'école qui abrita les premiers pas de ma folle jeunesse. A mon dernier passage, j'ai pu constater son état de vétusté quoi qu'elle fusses cependant d'un style assez moderne.
Le titulaire de cette école l'a quittée après une trentaine d'année d'enseignement ; il a prie maintenant un repos bien mérité : et je puis ajouter qu'il fut pour moi un excellent maître dont j'ai conservé un bon souvenir.
Quant à lui, il a toujours prétendu que je fus un détestable élève ; très original, et dépourvu de sens commun. Cependant, par la suite, ce parfait honnête homme n'a pas dû conserver un trop mauvais souvenir se son terrible élève, qui parfois se battait seul contre tous les écoliers réunis.

Depuis cette époque, là-bas comme ailleurs, la guerre a passé et dix braves de ces paysans sont restés sur les champs de bataille. La plupart de ces victimes héroïques étaient mes camarades d'école, qui jadis avaient partagé mes joies et mes plaisirs.
Récemment, en visitant la vieille église gothique de la commune, j'ai vu leurs noms inscrits sur un tableau. Une palme, des fleurs, accrochées à la muraille, perpétuent leur souvenir et constituent l'apanage de ces héros qui ont donné leur sang pour sauver la patrie envahie, et préserver ainsi leurs frères de l'esclavage.
Plongé dans ma méditation, je pensais à ces familles en deuil,à ces mères éplorées, et surtout à ces blonds chérubins qui, orphelins si jeunes, ne pourraient jamais embrasser leur père du fond de leur berceau.
Qu'il me soit permis maintenant, d'adresser ici toute mon admiration à la jeune fille de cette petite commune, qui par son initiative, a su réunir les fonds nécessaires pour offrir cet hommage à nos chers morts, en reconnaissance de leur dévouement à la patrie.
Ce pieux souvenir à l'égard de ceux qui ne sont plus, me prouve qu'il existe encore dans mon pays natal des âmes bien nées, dont les sentiments patriotiques sont assez élevés, pour planer au dessus des divisions intestines qui séparent les individus composant la société.
Ernest Besson.
 
 



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