Des haies à nouveau à Villefagnan
Pas par magie mais par la volonté de paysans réfléchis

C'était en 1908 à lire dans le recueil des usages locaux des cantons de la Charente, au chapitre Canton de Villefagnan, page 253 et suivantes  :
  • Elagage
    • L'élagage des haies bordant les chemins est à la charge du colon ; l'élagage des haies séparant les propriétés riveraines n'est à la charge du colon qu'autant que la coupe des dites haies lui appartient en vertu de son bail. L'élagage des haies se fait lorsqu'il devient nécessaire, sans durée déterminée.
  • Haies
    • Dans un bail verbal ou écrit et à prix certain, les haies tombant en coupe, s'il n'y a pas de convention contraire, sont coupées par le fermier sans augmentation du prix de la ferme.
    • Les haies se coupent tous les sept ans à Londigny, Saint-Martin, Villiers-le-Roux, la Forêt-de-Tessé, la Magdeleine, Montjean et Bernac, et tous les neuf ans dans les autres communes du canton. La plantation se fait à 0.50 m du voisin.


Cette carte date de 1850, elle a été tirée des cadastres de 1829 (dits Napoléoniens). On voit figurer les haies bordant les routes - lardées de gros arbres, tels des noyers - et les haies séparatives qui localement étaient des haies vives taillées régulièrement à environ 1 mètre afin de ne pas faire trop d'ombre dans les champs ni empièter sur les parcelles - à ces haies s'ajoutaient un grand nombre de murets et pierre des champs qui empêchaient aaux moutons de se rendre dans les vignes. On devine également en vert olive les carrés de vignes et en vert plus clair ceux de bois. De même les zones inondables, ici le long du bief et au bas de Courcôme porès de la ligne de chemin de fer de Paris à Bordeaux.

L'idée de remembrement n'est pas nouvelle, il en fut souvent question au XIXe siècle et la mécanisation naissante donnait la voie. (http://www.ecoagri2000.com/historique.html)

"Le remembrement est généralement obligatoire quand la moitié des propriétaires d'une commune, possédant au moins la moitié du territoire, témoignent le désir que l'opération ait lieu... SIC !" C'était dit en 1916...

RUSTICA 21 déc. 1930.
"Les champs de faible surface, surtout lorsqu'ils sont limités par des clôtures effectives, rendent moins avantageux l'utilisation du machinisme. Plus une pièce de terre est petite, moins perfectionnés peuvent être les appareils qu'on y emploie. Poussée à l'extrême, l'exiguïté d'une
parcelle en exclut tout instrument attelé. La suppression des clôtures inutiles et — dans les cas de dispersion — le remembrement des propriétés feraient faire un grand pas à l'amélioration des procédés du travail agricole par la réduction de la main-d'oeuvre nécessaire ou un meilleur usage de celle dont on dispose.
" (R. LEQUERTIER, Ingénieur-Agronome)

La campagne villefagnanaise vue du ciel avant le remembrement.

Villefagnan


Raix
Au sud du bourg :
"Une quantité innombrable de parcelles cultivées est séparée par des fossés, et la terre, rejetée sur un côté, forme un talus où croissent des arbustes et des arbres, le plus souvent des chênes coupés en tétards, et dont les branches, taillées ordinairement tous les neuf ans, servent au chauffage des cultivateurs qui en vendent l'excédent..."


Salles-de-Villefagnan


Londigny


Paizay-Naudouin
Hêtre ou ne pas être
 

Un hêtre (Fayan) à Fagnan Ville comme aime à dire J-L C.
Souvenir : 2007 au collège Albert Micheneau,
on m'a planté ;
sous le haut patronnage de mon parrain PB, fou d'histoire locale.


Villa Fagus : villa des hêtres...

Et vint le remembrement...

C'était en 1968, commençait le désatre, la mort d'un paysage.
http://villefagnan.wifeo.com/documents/villefagnan-remembrement-1968.pdf

Puis celui réalisé après la trouée de la LGV SEA

http://www.cgedd.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/140625_AFAF_Courcome_La_Faye_Raix_et_Villefagnan_16_-_avis_delibere_cle2ce966.pdf
 
 




Décapage terminé : et certains aiment ça ?
C'est chez nous ! En 2000.





 

 
"La disparition graduelle du bocage, aboutissement d'un long processus de contrainte, son saccage délibéré à travers le "remembrement", donnent naissance à un paysage anonyme, un désert apatride, sans "limites" ni "frontières", une manière de "table rase" asservie à la monoculture et à ses adjuvants chimiques. Son pendant "culturel" a pour nom "parc de loisirs" ... (Lu dans Aguiane en 1993)

"La mécanisation agricole, les remembrements, les clôtures électriques, les élevages industriels ont fait disparaître à peu près complètement des bruits nombreux de voix humaines s'adressant aux animaux domestiques..."


Dans cet article de l'Avenir de Ruffec daté de mai 1973, ci-dessus, on lit que la commune se prépare à faire acheminer les souches des arbres arrachés pour cause de remembrement, et les pierres constituant les innombrables murets bordant les champs. Cette "roche de Solutré" façon Villefagnan se hérisse au nord du bourg sur la route de Sauzé-Vaussais.
Dans le même article on apprend que la commune vient de recevoir les nouvelles matrices cadastrales - ce qui signifie la fin des travaux du géomêtre (tracés et bornage) concernant le remembrement - de même que Chassagne et consorts reçoivent enfin l'eau courante (1973...).


C'était en 2001... Ils m'avaient raconté :
Des haies, à cause du remembrement
Le remembrement allait être réalisé en 1972 à Villefagnan. Bernard Peloquin et Géo Lancelot voulaient que certaines règles soient respectées : «Vous avez le droit d’arracher, mais vous avez le devoir de replanter !».
Le mieux était encore de montrer l’exemple, d’où, ces belles haies Villefagnanaises, dues à tant de ténacité et de conviction. Ces précurseurs allaient créer des émules, car, ce seront en effet une bonne quinzaine de propriétaires qui replanteront des haies et des arbres (25 km au total) «parmi lesquels la municipalité avec le plan d’eau et l’arboretum», tient à souligner Géo Lancelot.
Des émules également dans le canton, à Paizay-Naudouin, Longré, Theil-Rabier, etc. sans oublier à Courcôme les chasseurs qui se prennent également par la main.
Au début, les précurseurs ne possédaient pas la maîtrise des espèces qu’ils plantaient. La main heureuse parfois, notamment lorsqu’ils plantaient des ormes, car ils ne savaient pas que ces derniers survivraient à la terrible maladie qui fit disparaître dans les années 1980 les plants indigènes, et de petites erreurs quelquefois avec les peupliers d’Italie, inadaptés.

2015 : un menhir en hommage aux planteurs de haie ?

Prom'haies Charente
L'assemblée générale constitutive de Prom'haies Charente a eu lieu le samedi 16 novembre 1991 au lycée de l'Oisellerie à La Couronne en présence de Mme S. Donnefont, présidente de Prom'haies Poitou-Charentes. Géo Lancelot en sera élu président.

En 2005 les maternelles au boulot à Courcôme.
Londigny (décembre 2005)
Les enfants plantent une haie pour protéger les petits cochons

 
Cette haie plantée par des écoliers en 2005, la voici le 7 juin 2015 !
Bio ? non ?

 
Quatre kilomètres de haie se replantent à Londigny. Deux agriculteurs ont fait appel à l’association Prom’haies et aux petites mains vertes du RPI de Bernac Montjean et Londigny pour assurer le succès de cette initiative. Ce sont les petits cochons de Jean-Luc Manguy qui applaudissent en se trémoussant les jambons car le coteau où campe leur tribu est très venteux, et très ensoleillé. Le compère Eric Boissonneau envisage de se chauffer plus tard au bois, une énergie disponible au meilleur coût dans sept ou huit ans, dès que sa haie sera suffisamment poussée.
«Est-ce qu’il y avait des haies avant le remembrement ?» interroge la maîtresse. «Le remembrement en a arraché mais n’en a pas replanté» répond Jean-Luc Manguy. Presque deux kilomètres, Jean-Luc Manguy et Eric Boissonneau vont «revégétaliser» des parcelles. Le premier pour garantir ses porcs du vent et du soleil (lire encadré), le second pour disposer de «bois de cheminée» dans quelques années. «Une haie autour de mes cultures, c’est joli, c’est bon pour les insectes, pour les oiseaux, explique Jean-Luc aux écoliers, je cultive en bio, elle me protégera des produits chimiques si par hasard c’est traité à côté». Pendant ce temps, Samuel Fichet, technicien de l’association Prom’Haies, prépare les plants. Certains ne demandent qu’à être dépotés, d’autres doivent être pralinés. «Il faut les tremper dans cette marmelade à la bouse de vache» dit-il. Les enfants crient : «Beurk !» Mais restent concentrés pour alterner ce qui deviendra de beaux arbustes fleuris, des buissons épais, de grands arbres qui feront de nombreux rejets. Ces derniers seront favorisés par un épais paillage. D’autant qu’en bio, la bâche plastique est proscrite.
Des charmes et des hêtres pour se chauffer
A quelques pas, une seconde équipe s’est formée autour d’Eric. Quelques instants après les premiers coups de bêche des petits arboriculteurs, la haie trace bien droit son chemin entre deux parcelles : des charmes et des érables. Autour, la plaine apparaît nue et immense. Bientôt coupée par la LGV. «Un fossé de huit mètres pour l’effacer le plus possible» précise Yves Manguy, maire de Londigny. Samuel aimerait voir plus souvent dans l’angle des parcelles, le long des chemins, des noyers greffés se réapproprier l’espace. Pour remplacer ceux que la tempête a détruit. Et pas uniquement pour le plaisir des oiseaux de proie. «Les arbres isolés, noyers ou châtaigniers, sont menacés de disparition» confie Samuel. Prom’Haies et la Région Poitou-Charentes sont partenaires au sein de l’initiative «Mille noyers dans les plaines». Cette opération est ouverte à tous, du moins en espace agricole. Mais il est temps pour les petits planteurs de débaucher. Ils sont quarante-huit à secouent leurs chaussures, ranger les outils. Les maîtresses promettent de revenir de temps en temps dans le cadre du projet de l’école lié à l’environnement vérifier que les arbres profitent bien.

C'était en 2008 à Villefagnan
Plus belle la haie, plus beau l’oiseau, mystère de la nature
Jacky Aubineau, employé par la station de Chizé de l'office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), était invité dernièrement (2008) à Villefagnan par le centre d'initiatives pour valoriser l'agriculture et le milieu rural (CIVAM) du Poitou-Charentes. Pour parler de la haie à la ferme. En tant que spécialiste du bocage.
Parce que la haie protège la ressource en eau, Frédérique Joubert, technicienne au syndicat d'eau potable de Saint-Fraigne, a présenté le territoire du bassin d'alimentation de captage en eau potable. En partie sur le canton villefagnanais. Et l'urgence à faire reculer les taux de nitrates et de pesticides tout en limitant l'érosion.
«Chez nous, plus on ramasse de pierres, plus il en pousse» dit-on. Ce n'est pas la pierre qui pousse, mais la terre qui fuit. Et justement, la haie en coupant le souffle au vent a pour rôle de limiter l'érosion. Et aujourd'hui on sait quelle est la surface de parcelle idéale. "Toutes les études prouvent qu'elle doit se situer dans un carré de 4 et 6 hectares" dit Jacky Aubineau. La haie, c'est aussi la lutte contre l'effet de serre, un habitat, un améliorant pour l'agriculture. Jacky Aubineau a montré de nombreux exemples de haies, soit ancestrales et plantées selon un mode ignoré des sociétés d'agriculture, par exemple sur la levée de fossés séparant des parcelles avec pour effet de bloquer le passage de l'eau en surface. Et de limiter les inondations en aval.
Puis il a passé en revue les bienfaits de la haie pour la flore, et la faune, démontré que la disparition d'une espèce végétale entraînait automatiquement celle d'espèces animales. «Aujourd'hui, on en arrive à installer des cages pour favoriser le retour des abeilles sauvages» dit-il. Le spécialiste mène de nombreuses études dans le cadre de l'Europe et mesure l'intérêt d'autres initiatives. «Au Danemark, expose-t-il, dans ce domaine, ils ont des années d'avance sur nous, ils ne font pas le travail à la main, mais avec des engins qui plante des haies de cinq mètres de large. Et sans film plastique, il n'y a que la France pour l'autoriser

 
Les ânes de Kalidaan... Haie plantée par Géo Lancelot.
Haie Géo Lancelot à Kalidaan (2008).

Entre le Bief et le plan d'eau des Trois-Fontaines.

A gauche, haie ancienne ; à droite haie plantée vers 1980.

Haie plantée sur un rang seulement.


Des résineux ? SIC.

Haies mourantes... Pourquoi ?

Qui nous répondra localement ?

SOS Arbres, disparition des ormes, etc.

http://www.champignons77.org/breves/maladie_orme.pdf

Et cela dans tout le secteur de Villefagnan. Et comme on est des taiseux...

 
Certains : "la haie... connait pas. Je laboure même le chemin !"
Ci-dessus en voilà un qui n'est pas prêt de planter !
Il n'y aura que le maire pour stopper ce labour d'un chemin public.


Trois arbres en sursis...
En face la berme a disparu ! Pas besoin du cantonnier, s'pas ?

Et la disparition des gros chataigniers, qui s'en soucie : http://www.patrimoinesadebrien.org/chataigniers.html

La haie au frigo
Les règles ancestrales conseillées pour planter sont balayées. «Plus de Sainte Catherine, les Danois stockent les végétaux au frigo et plantent des l'aube du printemps, ils repartent en huit jours» ajoute-t-il. «Nous nous sommes rapprochés des chercheurs qui étudient les oiseaux. Nous avons découvert l'intérêt de mélanger nos données. Le suivi des espèces est primordial, car une espèce d'oiseau correspond à un type de haie. Par exemple, le lierre est la seule baie contenant autant de lipides que les oiseaux peuvent consommer l'hiver.»
Villefagnan s'est paré de hautes haies plantées à la suite du remembrement à la fin des années 1970. Une initiative locale, chère à Géo Lancelot et ses amis, en vue de replanter l'équivalent de ce qui serait arraché. Une visite des haies du groupement agricole (Gaec) de Kaalidan a permis d'observer sur le terrain des haies plantées à la fin des années soixante-dix. La ferme qui s'étale sur 104 ha, compte 12 km de haie. Aujourd'hui, les arbres mêlés d'arbustes sont planté sur deux rangs afin de favoriser des abris pour la faune, la flore doit donc se diversifier et s'adapter aux besoins du milieu local. «Quand j'ai planté du sureau chez moi, relate Laurent Rousseau, cela interpellait les vieux agriculteurs.» Jacky Aubineau rappelle que les baies de sureau sont un apport important de nourriture pour les oiseaux, excellentes pour les oiseaux, et excellentes en confiture.

2015 : massacre à la tronçonneuse... à Chassagne.
Par les employés chargés d'étèter la haie... Grave... Non ?
 
Tuzie (2011)
Massacre à la tronçonneuse
De quel bois se chauffe le vandale qui a coupé dix arbres sur le bord de la route départementale 27 à l'entrée de Tuzie du côté de Courcôme ? Parce que ces arbres n'ont été que partiellement coupés – «entaillés sur deux tiers du tronc et à un mètre de hauteur» précise le maire Jean-Paul Terrassier. De cette façon ces arbres sont restés en place jusqu'à ce qu'un coup de vent ou le passage d'un camion les fassent tomber. Ce qui est arrivé jeudi dernier heureusement sans causer d'accident. «Cet acte prémédité dans le but de causer un drame fait l'objet d'une enquête de la gendarmerie et une plainte sera déposée» ajoute l'édile.
Une haie avait été plantée en 2005 de chaque côté de la route départementale pour obliger les conducteurs à ralentir. Un arbre de haut jet a été inséré tous les dix mètres. Cette haie désormais vigoureuse – le tronc des arbres massacrés mesure environ 15 centimètres - embellit l'entrée du village tout en favorisant la sécurité. Dernièrement elle avait dû être élaguée en hauteur et largeur.
«On pense que le vandale a utilisé une scie électrique portable (avec batteries), dit le maire, la coupe est fine et régulière.» Les arbres ont été coupés du côté nord seulement car l'accès par les champs est plus facile, les lieux mieux camouflés, et à bonne distance du bourg afin de ne pas être entendu. Vendredi matin, les arbres entaillés ont été enlevés de façon à éviter tout accident.


Et ce n'est pas tout
En novembre 2014, ce sont les élagueurs officiels qui ont élagué sous la ligne électrique et rasé tous les arbres de haut jet. Le maire, écoeuré, n'a pas porté plainte. Des arbres plantés avec des deniers publics !
Sous couvert du conseil général...

 
Elaguer n'oblige pas à massacrer !

 
Il faut former les élagueurs et surveiller leur travail... S'pas ?

A Courcôme, les chasseurs ont planté dans les années 1990-1991 avec un agriculteur deux immenses haies.
Mais l'agriculteur qui a repris les terres s'est empressé d'arracher ces haies en 2005-2006. Là aussi ce n'est pas sérieux. Dernièrement des haies ont été arrachées dès que les agriculteurs ont récupéré leurs nouvelles parcelles après remebrement suite à la LGV SEA. Et en même temps on replante des haies pour se donner bonne conscience.

 


La croisade des planteurs de haies, c'était dans le journal en 1982 : http://villefagnan.blogs.charentelibre.fr/media/02/01/3684949798.pdf

Un arbre en l'honneur de Géo Lancelot : http://villefagnan.blogs.charentelibre.fr/archive/2015/03/09/villefagnan-un-arbre-plante-en-hommage-a-geo-lancelot-195476.html

Un arbre en l'honneur de Géo Lancelot : http://villefagnan.blogs.charentelibre.fr/archives/category/canton-villefagnan/index-3.html/

Prom'haies, née en 1989, a fait des merveilles depuis : http://villefagnan.blogs.charentelibre.fr/media/02/01/3597561592.pdf

Consulter le site internet de Prom'haies : http://www.promhaies.net/

Dominique Soltner bon guide par ses ouvrages : http://www.soltner.fr/

 
La haie c'est vraiment bio
La ferme de Chassagne (hors GIE)
A la suite de son père Bernard, François Peloquin exploite à Chassagne, près de Villefagnan, une ferme qui produit, trie, conditionne et vend entre autres, toute une gamme de céréales bio. Derrière les hautes haies de Chassagne, François Peloquin reprenait en janvier 1996 les rênes de l’exploitation de son père, Bernard, lequel décidait, aux côtés de son épouse, de se consacrer principalement à ses activités liées au tourisme.
Sensible à la protection de l’environnement, peu enclin à imiter les mauvaises habitudes, Bernard Peloquin succédait à son père en 1967. «Dès 1968, il virait au bio malgré la désapprobation de mon grand-père, confie François, c’était le début d’une grande aventure».
Bernard, soutenu de son épouse et sa famille, à l’affût d’informations, parcourt la France entière, s’invite à de nombreux congrès. Le peu de débouchés pour le bio n’incitait pas à un changement. Pourtant Bernard et son épouse plongent dans ce nouvel univers. En 1968 on voit poindre le remebrement qui surgit en 1970 quand sont communiqué ses résultats. Puis les bulls partent à l'assaut du territoire : les haies sont dévastées, les petits murets sont emportés vers le tas "solutréen" de Villefagnan, ancien décharge d'ordures ménagères.
Avec quelques amis, le couple participe à la plantation de nouvelles haies «afin de faire reculer le désert» En parallèle, ils achètent l’ensemble des maisons du hameau de Chassagne et les restaurent. Ils créent sur place un camping à la ferme et se tournent en précurseurs vers le tourisme.

«La ferme a compté jusqu’à deux cent brebis, indique François, vers la fin des années 70 mes parents ont voulu diversifier leur production : la lentille verte investissait Chassagne». Habituée des sols pauvres, cette légumineuse s’adapte bien à la typicité du sol villefagnanais qui lui donne une saveur inimitable. Le succès était au rendez-vous, certaines années la soudure se fait difficilement d’une récolte à l’autre. Le groupement des agriculteurs bio de Charente est créé en 1984. Vers 1985, survient la crise ovine. Le cheptel de la ferme de Chassagne se réduit à dix moutons. Bernard ajoute les pois chiches aux lentilles : nouvelle diversification.
La MAB (maison de l’agriculture biologique) est créée en 1991. François poursuit ses études : BTSA et formation bio. En 92-93, surgit la crise du faux bio : «Une étape difficile, on s’est concerté entre producteurs pour l’avenir de nos produits».
Une structure de commercialisation, un GIE, est créé à la fin de l’année 1995 : cinq producteurs bio de lentilles en Charente. Le conditionnement des lentilles, initialement de 5 kg est réduit à 500 g. Les producteurs décident de vendre prioritairement leur production sur le marché national ou localement. De même, ils diversifient l’offre : haricots, pois, huile de colza, d’où une nouvelle clientèle. Le niveau supérieur est passé avec la création de la CORAB (coopérative des agriculteurs bio) à St-Jean-d’Angély ; l’objectif est de développer la collecte et la commercialisation des produits dans le Poitou-Charentes avec le plus grand sérieux et de lutter contre le faux bio.
François Peloquin préside la MAB depuis 1999. Cette association loi 1901 composée de producteurs, consommateurs, distributeurs, de représentants du Conseil Général et de la DDAF, a pour but d’aider les agriculteurs à se rencontrer et se former. François Peloquin clame : «Le monde agricole n’est pas un monde à part, l’agriculteur bio doit rendre service à la société, il a un rôle à jouer et doit se faire connaître».
 
 
Agroforesterie vous dites ?
Exemple discret à Villiers-le-Roux

La première parcelle plantée il y a quelques années.

Au premier plan une deuxième parcelle, et au fond une troisième.

En savoir plus :
 

 
La haie, ce n'est pas fini (2012)
Theil-Rabier, les scolaires ont planté la haie du bonheur
De la bonne énergie pour l'environnement ! De la grande section de maternelle jusqu'au CM2, l'école de Paizay-Naudouin-Embourie s'est mobilisée lundi passé pour planter une haie protectrice à Theil-Rabier. En parallèle d'une haie méticuleusement broyée...
Lionel et Elise Daigre étaient émus de recevoir dans leur champ - RD 181 sortie bourg de Theil-Rabier vers la Magdeleine - une soixantaine d'enfants (1) heureux de creuser la terre, apprêter soigneusement les racines des arbres et arbustes, les praliner à la bouse, afin de les planter sur deux rangs. «C'est vrai qu'ici le vent ne manque pas depuis le remembrement, déplore Lionel Daigre, cette haie permettra de le calmer, de protéger la faune et la flore et d'embellir l'entrée du bourg.» La vue est dégagée à l'infini, de temps en temps un «bout de palisse» témoigne de la présence de nombreuses haies autrefois. Ces haies étaient coupées à tour de rôle tous les neuf ans pour fournir du bois de chauffage, les grands arbres étaient conservés pour le bois de charpente, parfois simplement ébranchés (arbres tétards). «Mais aujourd'hui, dénonce Lionel Daigre, quand une haie est coupée, on ne la laisse plus repousser.» Ainsi, de chaque côté de la départementale, les talus, autrefois couverts de haies magnifiques, sont aujourd'hui «superbement» entretenus : chaque année, les broyeuses rabotent la moindre pousse jusqu'à la racine. Bizarrement, les collectivités locales consacrent des budgets à planter des arbres de haut jet - comme au bord de la RD 740 entre Villefagnan et Empuré - ou des subventions pour de nouvelles haies, mais en même temps, sur de mêmes sites comme ici, broient de plus en plus souvent et méticuleusement les haies ancestrales. Une méthode qui peut être qualifiée de «shadokienne» ! Laisser repousser les haies anciennes économiserait travail et carburant, et redonnerait au paysage son authenticité.
Le grand bonheur des perdreaux !

Il faisait beau et il n'y avait pas de vent lundi passé. Par petits groupes, respectant le marquage au sol, les enfants ont profité de l'aubaine pour aligner dans la terre de groie deux fois 130 mètres de haie. «En classe, ils ont découvert quel était l'intérêt de replanter pour protéger les cultures, pour la faune et la flore» indique Audrey Pohu, directrice de l'école. Ses élèves et ceux de Sébastien Labrousse et d'Isabelle Bourget, n'auraient pour rien au monde raté cette sortie nature. De nombreux parents sont venus prêter main forte. Benoit Manceau, animateur à Prom'haies, est venu en classe le matin même : «En tout ce seront 290 mètres de haie qui seront plantés, du chêne vert, de l'alisier, du tilleul (1), des arbres de haut-jet et entre les deux des noisetiers, de l'érable champêtre, du cerisier Sainte-Lucie, des buissons de cornouiller et pruneliers». Pour le plus grand bonheur des perdreaux ! Le jeudi suivant, Charente Nature est venu expliquer le rôle de la haie. «Au final on va construire un jeu coopératif (2) et rencontrer les autres écoles» expose Audrey Pohu.
Grâce à ce coup de main vaillant, Lionel et Elise Daigre ont ajouté un petit coin de paradis à Theil-Rabier. Ils avaient précédé l'initiative par la plantation d'une truffière. Dans quelques années la conjugaison de ces actions permettra peut-être de réunir dans une même terrine les exquises senteurs et saveurs du pâté de perdreau truffé, recette de Ruffec.


Décembre 2014  à Salles-de-Villefagnan
Une nouvelle haie pour couper le vent !
Ca plante chez Régis Gerbaud ! «J'avais planté une haie perpendiculaire à celle-ci il y a dix ans, dit-il, pour les mêmes raisons, couper le vent. Mais alors j'avais fait le travail tout seul, et j'en avais franchement mare !» Mais vendredi et samedi, l'agriculteur éleveur, a retrouvé tout son optimisme.
D'abord ce sont cinquante écoliers de Verteuil sur Charente, deux classes, CE1-CE2 et CM1-CM2 qui ont déboulé vendredi dernier dans le froid humide planter une première partie de nouvelle haie. Peu à peu c'est une parcelle de dix hectares qui sera protégée. Samedi matin, au tour de la classe des grands - des adultes - de découvrir les vertus du pralin. Une belle soupe d'un demi mètre cube. Sous un beau soleil, les planteurs, réchauffés par le café communal et le repas à la salle des fêtes, s'en sont donné à coeur joie pour terminer le travail. En un tournemain car il a fallu moins de deux heures pour en voir le bout !

«360 m de haies sur deux lignes double, détaille David Oliveau technicien de l'association Prom'Haies, 600 plants, plusieurs essences champêtres, chêne, cormier, érable champêtre, cornouiller mâle et cornouiller sanguin. A cela s'ajoutent sur un autre site vingt arbres d'alignement, des noyers greffés, des cerisiers greffés, de l'orme lutèce
Le terrain a été préparé par un agriculteur, les planteurs préparent les trous, trempent les racines dans le pralin, et plantent le bébé. La terre est tassée au pied, un piquet planté à côté de l'arbuste, une protection contre les animaux gourmands enserre le tout. Dix tonnes de paille seront étendues au pied de la haie.
Cette nouvelle «palisse» est financée dans le cadre de la «semaine régionale de l'arbre et la haie», par le conseil général de la Charente (80 pour cent) et la commune pour le reste. «Nous avons confié la partie administrative à Prom'Haies, expose l'adjoint au maire Christophe Augier, ensuite il a fallu trouver un agriculteur volontaire. C'est un travail facile, c'est l'affaire de bonnes volontés
Le maire Gérard Sorton, ses adjoints et les conseillers municipaux participent bien volontiers à cette partie de plein air. Ils voient d'un bon oeil des haies pousser sur le plateau de Salles-de-Villefagnan. Et ce n'est pas le vent vif soufflant samedi matin qui a refroidi leur conviction.


Et les ormes de l'église de la Magdeleine ?

Jolis ces ormes à l'ombre de l'église (cliché 7 juin 2015).






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