Les coqs de clocher
Le coq sonne le réveil à tout ce qui l’entoure...


Toutes les églises du canton de Villefagnan n’honorent pas le coq, ou n’ont pas le privilège d’être sous sa protection.

Celles qui font confiance au coq : Brettes, La Faye, Longré, Paizay-Naudouin, Raix, Souvigné, Villefagnan, Villiers-le-Roux.

Celles qui s’en passent : Bernac, La Chèvrerie, Empuré, La Forêt-de-Tessé, Londigny, La Magdeleine, Montjean, Embourie, Saint-Martin-du-Clocher, Salles-de-Villefagnan, Theil-Rabier.

Cas particuliers : Courcôme normalement avec coq, en attente de réparation de son clocher. Et Tuzie, sans église.

Le coq de Courcôme attend la réparation du clocher pour s'y reposer !


Le coq symbole de courage et de fierté.
Les oiseaux s’entraident : « pour faire descendre le coq sur la terre ferme on utilise une grue ». 

« Il était d'usage autrefois de placer dans le coq, en compagnie de reliques protectrices, un parchemin sur lequel on inscrivait les dates des réparations successives. 
Le coq de Courcôme mériterait d'être éventré » écrit Emile Biais le 26 juillet 1887 dans un bulletin de la société historique et archéologique de la Charente (SHAC). Coutume ancienne ; lorsqu'on posait un nouveau coq, il fallait l'arroser de plomb.

Le Symbolisme du Coq dans les Civilisations Anciennes.
« Partout et toujours, le coq a eu pour qualités proverbiales la fierté, le courage et la vigilance. Aussi bien, dès avant le VIe siècle antérieur à notre ère, le trouvons-nous dans les arts des civilisations les plus évoluées sur les monnaies grecques, sur les monuments protohistoriques de la Gaule, sur la céramique cyrénéenne, sur des objets précieux de Babylonie, de l’Inde, de l’Extrême-Orient.
Chez les Grecs et les Latins, le coq blanc fut consacré à Zeus-Jupiter. Voilà pourquoi Pythagore défendait à ses disciples de les tuer et de s’en nourrir. Le même coq blanc fut aussi l’oiseau d’Hélios-Apollon.
Il n’était pas rare de voir un coq aux pieds ou dans la main du dieu sur les bas-reliefs ou autres sculptures. Il y eut un rapprochement naturel de la divinité de la lumière et de l’oiseau qui, avant tous les autres, appelle l’aurore de ses cris impérieux et qui est ainsi une sorte de « prophète de la lumière ».
Le chant du coq, explosion matinale de la vie qui commence, fit adopter le coq comme emblème de la vigilance. Une fable grecque veut que le soldat Alectryon, qui avait manqué d’attention dans la surveillance qu’Arès et Aphrodite lui avaient confiée, fut métamorphosé en coq, pour qu’il apprenne ainsi la vigilance  ;
C’est encore parce que le coq sonne le réveil à tout ce qui l’entoure, qu’il fut associé au culte d’Hermès-Mercure, le dieu du commerce. Le musée Guimet conserve un curieux autel, découvert à Fleurieu (Ain). C’est un autel à Mercure. Sur l’une de ses faces, on voit un coq… Les Grecs firent du coq l’emblème du courage militaire. » a écrit le chanoine Gaudin.


Le coq de clocher
« Le plus ancien coq de clocher connu est celui de la cathédrale de Brescia. Il remontait au IXe siècle. Il était en cuivre doré. Le poète anglais Wolstan, au Xe siècle, parle du coq de la cathédrale de Winchester. La vieille chronique de Coutances nous apprend que le coq de la cathédrale fut frappé par la foudre en 1091.
Mais pourquoi des coqs sur les clochers ?
Tout ce que nous avons dit de l’emblématique du coq chez les anciens et dans les premiers temps du christianisme, nous permet de croire que la tradition concernant le coq a continué de s’affirmer, mais sous une forme différente, par son installation au faîte des édifices saints.
Lorsque nous avons sous les yeux de vieilles estampes, nous voyons un coq perché sur une colonne. Il n’est pas tellement rare, non plus, de découvrir, sur des monuments chrétiens, un coq toujours perché sur une colonne. Il s’agit ou bien du coq qui a chanté au moment du reniement de Pierre, début de la Passion du Christ, ou bien de l’emblème, parmi les instruments de douleur, de la Résurrection proche.
Le coq, haut placé, rappelle le Christ protecteur vigilant et défenseur de ses enfants, engagés dans la lutte contre le mal dont ils doivent sortir vainqueurs. Le coq-girouette toujours face au vent, est le Christ face aux péchés et aux dangers du monde et, par similitude, le chrétien face aux mêmes dangers et aux mêmes péchés.
On a remarqué que souvent l’intérieur du coq des clochers contenait des reliques. Ainsi, le coq de Notre-Dame de Paris, descendu, il y a quelques années, pour une remise en état, renfermait des ossements. Cette constatation est à rapprocher des talismans légendaires attribués aux coqs blancs. On a imaginé que les ossements trouvés devaient appartenir à des saints locaux, protecteurs de la cité » écrit le chanoine R. Gaudin (Mémoires de la Société Archéologique et Historique de la Charente - année 1956).
 


Le coq bon médecin
« Le coq ne fut pas l’ordinaire enseigne des Gaulois, le sanglier est plus fréquemment employé que le coq. Les nombreuses qualités du coq contribuèrent à en faire partout, chez les Anciens, une sorte de messager des dieux. Aussi bien eut-il le douloureux privilège - surtout le coq blanc - de servir, par ses entrailles ouvertes, à la révélation des volontés des dieux et à l’annonce des bonheurs ou malheurs futurs. C’est ce qu’exprime Rabelais quand il parle dans « Pantagruel » du « coq vaticinateur »… On a cru très longtemps que le gésier d’un coq castré contenait parfois une pierre merveilleuse, capable de procurer à qui la portait, la sagesse et le bon sens. Le Moyen Age appelait ce talisman la « pierre de chapon » ou « chaponnette ». Un inventaire - celui du duc de Berry, oncle de Charles VI - dressé en 1416, fait état « d’une pierre de chappon, tachée de blanc et de rouge, assize en un annel d’or, prisée quatre livres tournois ».

Le coq jamais en retard
Dans la vie romaine, les « heures » étaient des périodes de temps d’une certaine longueur et non pas de soixante minutes seulement. La première division légale de la journée ou « première heure » était au chant du coq. On l’appelait, à cause de cela, le « Gallicinium ». Elle allait d’environ une heure (style moderne) à trois ou quatre heures en été, à quatre ou six en hiver. L’Eglise, soucieuse de faire donner par ses fidèles les prémices du jour à Dieu, fit du « Gallicinium » l’heure de la prière par excellence. Des « Constitutions apostoliques » des IV et Ve siècles déclarent que, après la longue veillée pascale, les Baptêmes étaient conférés au chant du coq et qu’aussitôt après le « Gallicinium » il était permis de rompre le jeûne. Certains monastères consacraient particulièrement deux temps à la prière en commun le « Gallicinium », au matin, et le « Lucernarium », le soir ; autrement dit : l’heure du coq et l’heure de la lampe.


Le coq emblème du Christ, chef de l’Eglise.
Le caractère d'« oiseau de la lumière » a été gardé au coq pendant tout le premier millénaire chrétien. A l’exemple des Egyptiens, qui avaient des lampes de terre ou de bronze en forme de coqs, les potiers chrétiens de Grèce et de Rome réunirent, eux aussi, le coq à l’idée de la lumière et donnèrent, entre autres sujets symboliques, à leurs lampes la représentation du coq. Sur l’une, le coq est accompagné d’une croix; sur une autre, il semble diriger une barque vers le port; sur une troisième, il porte une palme de triomphateur, telle la lampe trouvée à Ardin (Deux-Sèvres). A n’en pas douter, le coq est là l’emblème du Christ, chef de l’Eglise, guide et défenseur des fidèles. Sur une barque, il est le Christ dirigeant l'Eglise. Surmonté d’une palme, il est le Christ ressuscité, vainqueur de la mort.
L’auteur du « Livre de Job » se demande si le Créateur ne lui a pas donné plus que de l’instinct : « Qui a mis la sagesse au cœur de l’homme ? Qui a donné l’intelligence au coq? »
Saint Grégoire-le-Grand : « Le prédicateur a le devoir de s’animer... comme le coq qui bat des ailes avant de pousser son chant... » 
Le coq a même été associé à la fin du monde, en faisant de lui l’image du Juge suprême. La nuit rappelle la mort, mais le jour évoque la résurrection. Le chant du coq fait à l’aube ce que fera l’appel de l’ange de la résurrection, au jour où s’accomplira la définitive destinée des hommes. Mais le coq dressé au milieu d’une nature encore endormie entraîne à lui faire représenter le Christ lui-même ».

Certains expliquent donc la présence du coq sur les églises par le fait que les premiers chrétiens se réunissaient pour une prière matinale au chant du coq, jusqu'à l'apparition des cloches, vers le Ve siècle.

Désormais, en signe de gratitude, on le mit sur les clochers, où il fait aussi office de girouette, inspirant par là même de nombreux artistes.
On peut donc le qualifier d'oiseau-girouette.


Pourquoi le coq est-il l'emblème de la France : parce qu'il continue à chanter même les pieds dans la merde...

 
 



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