Afin de connaître un peu mieux l'histoire de l'agriculture dans le canton de Villefagnan, je vous propose de vous porter dans une commune du canton, Raix.
Les parcelles cultivées sous l'Ancien Régime étaient particulièrement petites car souvent cultivées à bras. Pour exemple, surfaces moyennes des parcelles en 1750 :
Terres : 25 ares ;
Vignes : 18 ares ;
Bois : 12,6 ares ;
Chaumes : 32,30 ares ;
Prés : 17,12 ares.
Les surfaces moyennes calculées ici ne reflètent cependant que peu la réalité. Les terrains des riches propriétaires étaient importants, de l’ordre de l’hectare et plus, alors que ceux des pauvres n’étaient que de quelques ares, de 5 à 20 ares tout au plus. La plupart des paysans travaillaient uniquement à la force de leur bras : peu pouvaient se permettre le luxe d’une paire de bœufs.
Ces chiffres n’ont pas été tirés du cadastre encore inexistant mais extrapolés de divers documents, notariaux ou fiscaux. Il faut noter l’importance des vignes (25% de la surface de la paroisse) alors que nous allons constater qu’elles auront diminué en 1830 (17% au lieu de 25%). La fin du XVIIIè était synonyme de charges, taxes, impôts en tout genre avec sans doute pour conséquence de faire chuter la viticulture lourdement taxée. Les prés sont quasiment inexistants. Quelques prés égarés au milieu des terres et des vignes et à la Rivière de Raix suffisaient à nourrir un maigre cheptel. Les chaumes contribuaient, pour leur part, à l’élevage des moutons. En 1830, la répartition des cultures en fonction du terrain, dont les chiffres sont extraits de la matrice cadastrale, permet de mesurer l’importance que conserve le vignoble de Raix. La surface des vignes était aussi importante que celle des bois. Ces derniers ont d’ailleurs peu évolué jusqu’à aujourd’hui. L’étendue des prés était encore peu importante. En effet, il ne s’agissait souvent que de prés destinés à la pâture des animaux. Ces prés, que l’on trouvait souvent sous forme d’ouches (près clôturés), étaient souvent situés en périphérie de Raix. L’ouche de la Salle, située sur la droite du village en quittant Raix vers la Fournière, rappelle par son nom son appartenance à la Châtellenie de Raix. Les prairies naturelles étaient de peu de rendement. Deux types se rencontraient : les ouches tout autour et à proximité du village (le dernier exemple est sans doute une partie de celle à l’est des moulins, où paissent encore de magnifiques et paisibles bovidés) ; des près situés de part et d’autre du Bief ou Rivière de Raix, sur la commune ou sur celles de Courcôme et de Villefagnan, régulièrement amendés par les “ inondations ”. L’herbe que l’on y coupait, donnait un foin court et peu épais, difficile à ramasser, mais de très bonne qualité. Ce dernier était pourtant excellent lorsque l’on voulait engraisser les bœufs de travail (âgés d’environ huit à dix ans), avant la vente pour la boucherie. Ce foin, avait le mérite particulier de faire boire beaucoup les animaux. En effet, ce foin les assoiffait, et plus ils buvaient plus ils mangeaient, et plus ils mangeaient... Ce système permettait donc un engraissement rapide. Des bœufs de travail, bœufs rouges venus du Limousin, provenaient en grand nombre à l’âge de 18 mois ou deux ans, de l’Auvergne, du Cantal ou de la Haute-Vienne. En parallèle, la race d’Angoumois était également très estimée. N’oublions pas non plus l’excellente race de Salers vendue par les éleveurs de Chef-Boutonne. Raix comptait alors une forte proportion (1/6° environ) de sa surface plantée en vigne. Par ailleurs, la proportion de blé froment (blé à pain) restait importante, tout en côtoyant d’autres céréales telles que “ baillarge ”, avoine, seigle, blé méteil, blé d’Espagne ou de Turquie (maïs). Depuis 1760 environ, le Comte de Broglie (prononcer de Breuil), seigneur de Ruffec, avait introduit dans la région, outre la pomme de terre, la luzerne, le trèfle et le sainfoin. Ce dernier fut très tôt cultivé en raison de l’intérêt que lui portaient les chevaux. Les deux autres le furent massivement quand les vignes disparaissaient.
"Les prairies naturelles, qui sont des terres produisant de l’herbe, et dont on ne change pas chaque année la culture comme celle de la plupart de terres de labour..."
"Dans les contrées riches en blé, on fait généralement beaucoup de prairies artificielles, trèfle, luzerne ou sainfoin, pour nourrir un nombreux bétail, parce qu’on sait qu’avec beaucoup de bétail on obtient beaucoup de fumier et qu’avec beaucoup de fumier on obtient beaucoup de produits de la terre."
"Un célèbre agriculteur, Mathieu de Dombasle disait avec raison : un arpent de terre bien amendé en vaut deux". " D’après une petite géographie de la Charente de 1874.
Revenons un peu sur le Comte de Broglie. Le 6 avril 1770, alors que la famine sévissait dans la région, il admonesta assez fortement son curé à Ruffec, lui exprimant le peu de confiance qu’il lui portait.
“ Le curé n’avait pas tenu compte des dernières recommandations visant à lui faire planter des pommes de terres comme à Vars, où il aurait d’ailleurs dû aller s’informer des méthodes propres à cela ”. De plus, ce curé n’avait pas fait distribuer de riz aux pauvres comme demandé. Il faut dire à la décharge du curé, que ce n’était pas le seigneur qui fournissait les subsides destinés à acheter le riz, mais bien lui-même. Si les pommes de terre sont arrivées très tôt dans notre région, ce n’est donc pas le fait du zèle de ce curé.
La ligne ferroviaire Niort-Ruffec permit à partir de 1885 d’importer de grandes quantités d’engrais (guano du Pérou, potasse d’Alsace et phosphates) afin d’amender fortement ces cultures artificielles. Les vaches allaient donc arriver massivement et la production laitière et fromagère débuter.
Le volume des jardins est suffisamment grand pour attirer notre attention : la population importante demandée pour le travail des vignes imposait de produire une grande quantité de légumes, tant frais que secs. De plus, raves et navets faisaient l’agrément des soupes de l’hiver. Quant aux terres, elles étaient ensemencées de froment, de "méture" et de “ baillarge ” : le froment pour le pain, le reste pour les animaux. Il y avait quelques truffes qui devaient parfumer avantageusement (surtout à la fin du XIXe) les pâtés de canards dans lesquels il était bon d’ajouter du foie gras. Sans doute aussi un peu de safran comme dans toute la région, vers 1850.
Peu de lin était cultivé sur le territoire de la commune. Réservée ici uniquement aux propres besoins des familles, cette production était plutôt en vedette en Charente limousine. On tissait sans doute aussi le chanvre venu des chènevières du Bief auprès de Tuzie, des bords de l’Osme dans la région d’Aigre, et pourquoi pas de la Rivière de Raix. On le cultivait aussi en terrain sec et on le rouissait dans les mares.
Anes, mulets et chevaux ont longtemps assuré la prospérité des paysans villefagnanais L’âne est plutôt un animal des pays chauds. Sa domestication semble avoir devancé celle des chevaux. “ Le genre chéquus) comprend, à côté du cheval proprement dit (équus caballus), l’espèce âne (équus asinus) ”. La conformation des deux espèces se rapproche ; cependant en plus de la taille, le nombre des vertèbres diffère. Le cheval possède six vertèbres lombaires au lieu de cinq pour l’âne. De plus, de nombreux points les différencient tels que les oreilles, le poitrail, les narines, la queue, la robe et le pied plus étroit de l’âne. A Raix, deux espèces asines se côtoyaient : la race commune et la race du Poitou. La race commune était surtout utilisée pour sa force motrice très productive en raison de sa sobriété et rusticité. Intéressant pour le travail des vignes, dont la surface était très réduite, cet animal devenait un excellent compagnon des vieillards qui trouvaient là, un moyen de tracter à peu de frais un petit char à banc (ou tilbury). C’était l’équivalent des petites voitures “ sans permis ”, souvent rencontrées dans notre région. La race des baudets du Poitou a obtenu ses lettres de noblesse depuis au moins l’époque romaine. En 1599, le croisement de baudets du Poitou avec des juments de race Frisonne apportées par les Hollandais, allait permettre d’engendrer de magnifiques mules et mulets, au pied sûr, de sobriété exemplaire. Infatigables, ces animaux assurèrent la renommée et la prospérité de notre région en s’exportant en grande quantité, tant vers les pays montagneux comme le sud de la France et l’Espagne, que vers les pays arides, comme l’Afrique du Nord.
Voilà pourquoi posséder un baudet du Poitou plus une ou plusieurs juments mulassières, assurait une rente confortable et un complément de taille aux bénéfices du travail de la terre ou des vignes.
Au début du XIXe siècle, la force motrice était plutôt assurée par des bœufs attelés par paires. Mais au fil du temps, dans le canton de Villefagnan, la production de mulets et de poulains atteint des proportions inattendues qui poussa dès 1850, de nombreux cultivateurs à se faire marchands de chevaux, tels les Mourier de La Groge. En effet, vers 1850, la race chevaline s’était considérablement améliorée car le gouvernement avait fourni des étalons et encouragé les éleveurs. Cette production parallèle à la viticulture a permis à Raix de ne pas sombrer dans la ruine quand vint le phylloxéra.
Pas de vaches sous l'ancien régime, mais des moutons Les moutons étaient présents en grande quantité jusqu’à la fin du XIXe sur le plateau sec sur lequel s’étale la majorité du territoire de Raix. La vigne interdisait l’élevage de chèvres car quant une chèvre avait brouté un plant de vigne, ce dernier ne repoussait jamais. Les vaches étaient totalement inexistantes avant 1890 parce que les prés naturels ne suffisaient pas à satisfaire leur volumineux besoin en foin. Les inventaires après décès attestent tous la présence de troupeaux d’une vingtaine de moutons. Sobres et peu fragiles, ces derniers se contentaient de l’herbe des chaumes, nombreuses sur nos petits coteaux, et entretenaient les haies et bois taillis. Ils étaient aussi parqués dans les ouches bordant le village où ils se satisfaisaient d’herbe rase et desséchée en été. Il n’était pas habituel de traire les brebis et encore moins de faire du fromage avec le lait de ces animaux. Cela semblait ne se faire que dans les alentours immédiats de Cognac. La viande du mouton était plutôt la bienvenue et la laine allait être filée par les bergères avant que le tisserand n’ait transformé le fil obtenu en chauds vêtements.
La fin du XXe siècle vit revenir les moutons en force dans les prés de la commune, où ils reprennent la place des vaches dont l’élevage n’est plus rentable. Leurs bêlements nous rappellent gaiement que nous vivons encore à la campagne. Ils ne sont plus élevés pour leur laine, mais plutôt pour leur viande recherchée et estimée. De plus, ils représentent un revenu complémentaire non négligeable avec un risque largement amoindri par rapport à l’élevage bovin. De temps à autre, quelques uns rejoignent les congélateurs. D’autres se mettent à tourner inlassablement autour d’une broche, à l’occasion d’un quelconque méchoui…
LA VIGNE Raix, de par la nature de son sol et son ensoleillement, est prédisposée depuis tout temps à la viticulture, laquelle, dit-on, fut introduite en Gaule par les romains. D’autres préfèrent attribuer le développement de la vigne au besoin en vin de messe. Il existait de la vigne dès le moyen âge, vers l’an 1200. Un texte aux archives départementales de la Vienne atteste sa présence déjà en 1622. Cette production ne pouvait cependant être majoritaire (1/4 des terres) en raison du peu de superficie de la commune (ou de la paroisse avant la révolution). On cultivait alors du froment, du seigle, de l’avoine, etc. Une bonne surface était réservée, par ailleurs, aux ouches, en périphérie du bourg.
Sous l’ancien régime, les taxes sur le vin étaient devenues exorbitantes : il était peu rentable de produire au-delà de sa propre consommation. Paradoxalement, au XVIIe et au XVIIIe siècle, les vignerons étaient très nombreux dans la paroisse de Raix. La vigne était présente presque partout sur le territoire de cette dernière, s’accomodant de presque tous les terrains. Elle devait donc être rentable.
Les cépages alors fréquemment plantés étaient les suivants : en noir, le Pineau (pinot) noir, le Balzac, le Gros noir et le Petit noir, quelquefois la Douce noire ; en blanc, la Daune, le Sauvignon, le Colombard. Les meilleurs des blancs étaient toutefois le Balzac blanc, la Folle, et le Bouillau, alors que les moindres avaient plutôt pour nom le Saint Pierre, la Conduse et la Folle colombarde. Des tentatives étaient faites afin d’introduire des cépages de Bordeaux ou Bourgogne.
La Révolution abolit les taxes et comme souvent en Charente, la production de vin puis d’eau de vie prit des proportions impensables auparavant. Cette production s’écoulait pour partie localement, notamment lors des foires par l’entremise des cafés et auberges d’un jour, sinon partait transformée en eau de vie.
La tenue de foires aurait sans doute dû faire croître encore le volume des terres plantées de vigne. Toutefois ces dernières n’apparaissent pas occuper la majorité du territoire communal sur la carte d’Etat Major de 1852 : en 1830 elles totalisent seulement 112 hectares et demi contre 422 hectares de terres et de prés. Les rendements s’étaient peut-être améliorés. Le cépage “ Folle blanche ” souvent présent, était d’excellente réputation. La production locale, d’excellente qualité, était en mesure de désaltérer les nombreux visiteurs des foirails. Une part de la production s’écoulait après distillation : un alambic existait dans les dépendances du château.
Avec la viticulture, Raix prospérait, sa population dépassait largement les 450 habitants en 1840. De nombreuses maisons adoptaient le style charentais au travers de leurs grandes ouvertures, de leurs deux ou trois niveaux habitables et se coiffaient d’un toit à quatre pans. Les porches ronds, depuis 1836, rendaient majestueuses les entrées de cour. Le village s’enorgueillissait de sa magnifique place dont la mare venait d’être entourée de murs neufs vers 1880. La halle était aussi reconstruite en 1880.
Mais c’était sans compter sur le phylloxéra ! Voilà ce que les cours d’agriculture enseignaient en 1930 : “ Le Phylloxéra est un insecte qui vit sur les jeunes racines de la vigne. Sa tête présente un long suçoir, sorte de bec ou rostre, qu’il enfonce dans l’écorce et au moyen duquel il suce la sève. Les radicelles atteintes se boursouflent sous l’afflux de sève ainsi provoqué et forment des renflements ou nodosités qui bientôt se dessèchent, noircissent et meurent. La souche, privée des organes qui la nourrissent, diminue de vigueur et périt à son tour ; alors, les insectes se transportent sur les ceps voisins, produisant dans les vignobles des taches circulaires.
Le phylloxéra est un puceron aptère qui se reproduit par parthénogenèse (les œufs donnent des insectes féconds sans l’intervention d’un mâle ). Sa propagation est très rapide, car il pond, dans la belle saison, dix à treize œufs par jour et ceux-ci éclosent en huit jours. Une forme ailée se différencie en été, laquelle pond deux formes d’œufs ; les plus gros donnent naissance à des phylloxéras sexués ; la femelle pond un seul œuf d’hiver, résistant qui au printemps suivant, reproduit des phylloxéras aptères (sans ailes) très féconds. Ces derniers gagnent les racines où ils retrouvent d’ailleurs d’autres phylloxéras aptères non détruits par l’hiver et les dégâts se propagent, très rapidement ”.
"Le phylloxéra nous vient d’Amérique, importé par des sorciers malheureux en même temps que les premiers plants de ce continent. Les premiers cas ont été constatés en France en 1863. Il est répandu aujourd’hui dans tout le vignoble français et il a imposé la reconstitution au moyen de cépages sur les racines desquels il peut vivre sans trop les incommoder".
De manière à détruire le phylloxéra, de nombreux procédés furent expérimentés. Notons la submersion, qui consistait à inonder le vignoble en hiver pendant 40 à 45 jours provoquait la mort du phylloxéra par asphyxie. Le moyen était sûr, mais très coûteux et ne pouvait malheureusement être appliqué partout. Cependant l’emploi d’insecticides était plus facile et moins onéreux. Parmi ces produits, le plus efficace était le sulfure de carbone, liquide très volatil, dont les vapeurs tuaient le phylloxéra, mais gênaient aussi la vigne. Le traitement exigeait l’injection de 20 grammes de liquide, répartis dans quatre trous par mètre carré. Il fallait effectuer deux ou trois traitements annuels.
"Aujourd'hui (en 1890) on renonce à détruire le phylloxéra et nous avons vu que, pour tourner la difficulté, on recoure au greffage des vignes françaises sur des sujets américains ou hybrides qui ne sont pas tués par le parasite". A partir de 1872, les vignes de la commune, à l’instar de celles de la région, disparurent plus ou moins vite, détruites par ce puceron. La majorité des terres virent leur destination réorientée vers la culture des céréales. La luzerne venait d’être introduite et sa pousse rapide, grâce aux engrais (le guano, les phosphates, etc.) permit à beaucoup de se tourner vers la production de lait dont la vente était facilitée par les laiteries coopératives depuis peu installées. D’autres élevèrent des poulains et des mulets. Les plus humbles, notamment les journaliers, disparurent : il ne restait que 240 âmes en 1914. Des vignes furent cependant replantées, dès que fut connu le remède du mal, mais leur étendue restait modeste. Chacun, prévenu et doutant des résultats, ne voulut prendre de risques.
La crise de la fin du XIXe fut source de nombreux trafics. Il fallut remettre de l’ordre et décider d’une appellation "Cognac". C’est en 1909 que la totalité du territoire de la commune de Raix fut classé en région de “ bons bois ”. Dans le canton de Villefagnan, seules quelques communes purent bénéficier de cette faveur : Tuzie, Courcôme, Souvigné, Raix, Villefagnan, Brettes et Longré. La totalité de la surface de ces communes était classé en appellation “ bons bois ”. Notons que dans le canton de Ruffec, seules les communes de Villegats et de Verteuil purent bénéficier de cette faveur. Les seuls cépages autorisés pour pouvoir prétendre à l’appellation contrôlée “ Cognac ”, A.O.C. née du 15 mai 1936 dont les conditions sont définies par le décret du 13 janvier 1938, étaient les suivants : Saint Emilion, Folle-Blanche, Colombard, Blanc-Ramé, Jurançon blanc, Montils, Sémillon et Sauvignon. La taille, elle-même était réglementée selon le système Guyot, simple ou double.
Une enquête à but de statistique était effectuée en 1960 en Charente. Dans la commune, il existait encore environ 21 hectares de vignes, répartis en une vingtaine de cépages dont de nombreux hybrides. Cette production était réservée à l’unique consommation des familles. Il restait quelques plants de raisin blanc et d’autres de cépages interdits tel que le Noah (le Noah contrairement à l’idée généralement répandue était un hybride et non pas un vieux plant). Il existait aussi 4 hectares, vingt trois ares et vingt sept centiares de vignes abandonnées. L’encépagement se répartissait entre des cépages de table et de cuves dont certains prohibés... Les cépages étaient les suivants : Chasselas blanc : 7a ; Couderac 503 : 17a65 ; Aramon noir : 8a 15 ; Couderac 7120 : 60a 30 ; Chenin blanc : 11a 40 ; Gaillard blanc divers : 23a 90 ; Colombard : 17a 05 ; Gaillard blanc 157 : 8a 20 ; Folle blanche : 2ha 02a 24 ; Seibel divers : 2ha 86a 95 ; Grand noir de la Calinette : 2ha 04a 41 ; Seibel 4643 : 54a 52 ; Grolleau : 17a 40 ; Seibel 4986 : 6a 80 ; Jurançon blanc : 4a 25 ; Seibel 5455 : 1ha 38a 55 ; Jurançon rouge : 1ha 37a 04 ; Seibel 7053 : 48a 90 ; Monbadon : 15a ; Seibel Villard divers : 1a ; Portugais bleu : 1a Seibel Villard divers 18315 : 4a ; Sémillon : 5a Noah : 13a 72 ; Ugni blanc : 65a 95 Othello : 18a 20 ; Cabernets : 4a Hybrides divers : 64a 32 ; Mourvedu : 2a 30 Indéterminé : 2a ; Nota : ha veut dire hectare, a veut dire are et ca veut dire centiare. Il n’y a guère que le colombard et la folle blanche qui ont survécu. On relevait ainsi : 19 vignes de surface inférieure à 25 ares 02ha 72a 28ca ; 25 vignes entre 25 et 99 ares 11ha 82a 89ca ; 4 vignes entre 1 ha à 2ha 99 ares 05ha 47a 52ca ; soit : 20 hectares 2 ares 69 centiares.
Le remembrement et le progrès (?) Le remembrement, cependant d’utilité évidente, se fit dévastateur en 1966. En plus de nombreux noyers, sans compter les haies qu’il faut maintenant replanter, il détruisit un tumulus au nord immédiat de Fontiaux (40 mètres de long, dix mètres de long pour six mètres de haut). N’oublions pas un site particulièrement important, 500 mètres à l’ouest du moulin, comportant quelques amphores méditerranéennes. Il est évident que le regroupement des propriétés devait être entrepris ; il est aussi évident que les voies d’accès devaient être adaptées aux engins les plus modernes. Cependant, nul ne peut admettre, sans être un fieffé coquin, la disparition du site préhistorique des Fontiaux, d’amphores méditerranéennes et de nombreux sarcophages. Par ailleurs, certains chemins historiques disparurent, d’autres sans issue se firent jour. Il est maintenant facile d’aller à la chasse de nuit : il suffit d’une voiture et d’un manque évident de civisme ! Cet état de fait est dû à l’esprit qui régnait après la dernière guerre. La mare et la place restèrent longtemps sans entretien alors qu’elles faisaient l’orgueil de la commune. Exit les lavoirs, à bas les murs magnifiques érigés vers 1880, exit les traces de tant de générations. Quand on imagine quel lieu de rassemblement cela devait être pour les ancêtres ! Il faut toutefois savoir ne pas en tenir rigueur et comprendre. Ces années là ont été tellement difficiles. Le renouveau, l’avenir, le modernisme étaient les chevaux de batailles ! Le béton, l’amiante, l’acier et le plastique ont remplacé de façon quasi irréversible la pierre et le bois. Maintenant il est urgent de sensibiliser chacun à l’intérêt de conserver au mieux les vestiges de ce passé sous peine de voir s’établir un procès interminable avec les générations. (lire : http://villefagnan.blogs.charentelibre.fr/archive/2013/04/12/raix-l-amenagement-foncier-de-plus-en-plus-stupefiant.html)