Eglise Notre-Dame de Courcôme
 
L'église de Courcôme est à l'évidence le plus beau monument roman du canton de Villefagnan.

L'église aura un nouveau beffroi (cliquer)

Une association de sauvegarde est née (cliquer)
ASSOCIATION DES AMIS DE L'ÉGLISE NOTRE DAME DE COURCÔME.
Objet : apporter son concours à la rénovation et à l’entretien de l’église Notre Dame de Courcôme, l’amélioration et l’entretien du mobilier intérieur, sous forme de dons, de souscriptions, en partenariat si besoin avec des fondations d’utilité publique et plus particulièrement La Fondation du Patrimoine 1 bis rue Lebascles à Poitiers ; organiser des manifestations artistiques et culturelles et autres pour collecter des fonds à cet effet.
Siège social : mairie, grand’rue, 16240 Courcôme.
Date de la déclaration : 31 janvier 2013.

L’abbé Mangon a longuement étudié cette église, celle de son village natal, et ses chapiteaux. Il ne partage pas le point de vue peu flatteur de l'architecte Albert Mayeu, qui déclarait en 1912: «Les chapiteaux de la nef sont décorés de figurines et de monstres assez grossiers. Ils représentent soit de grands oiseaux aux ailes déployées, soit des chérubins à 4 ailes, les bras levés comme des orantes». Pas plus qu'il ne cautionne celui de Michel Dillange, ex-architecte des Monuments de France au Louvre, qui en 1995, a écrit sur le même ton au sujet des chapiteaux de la nef : «On trouve, principalement, disposés de manière symétrique, des animaux aux membres dégingandés, des oiseaux et des anges aux ailes déployées. Toutefois, de manière curieuse, leurs emplacements semblent s’ordonner autour du chapiteau de la colonne centrale du mur nord qui représente un petit personnage.» L’abbé Mangon se dit très déçu quand Michel Dillange cite Albert Mayeux: «Les chapiteaux de la croisée du transept sont d’une facture beaucoup plus lourde que ceux de la nef. Il ne semble pas que leur décor présentât une signification particulière». Des chapiteaux dont l'abbé Michon, prêtre, n'avait pas non plus compris la signification.
A ces chapiteaux il ne manque que les peintures murales du Moyen Age. Sans cet artifice et sans connaître l'histoire de la religion, il est peu évident de savoir décrypter les messages des chanoines de l'abbaye Saint-Hilaire de Poitiers dont relevait la paroisse et Notre Dame de Courcôme.
L'abbé Mangon, qui a longuement observé, étudié, imaginé les couleurs de ces chapiteaux en vue de décoder leurs messages, explique que «c'est une photo d'une autre église en France et représentant Jonas (1) qui m'a rappelé la similitude avec les chapiteaux de Notre-Dame de Courcôme, lesquels ne peuvent être expliqués sans faire référence à la religion.»
L’abbé Mangon pense donc logiquement le contraire des affirmations des architectes au sujet de ces chapiteaux, il se fera un plaisir d’en faire la démonstration.


Liste des travaux à l'église en 2013

La technique Bodet (beffroi et électrification des cloches)
 

11e siècle, 12e siècle et 15e siècle


Classée monument historique par arrêté du 2 août 1881


Jusqu'à la Révolution, la paroisse de Courcôme se situait dans l'ancien diocèse de Poitiers, l'archidiaconé de Brioux et l'archiprêtré de Ruffec.
A l'église, signalée vers 972 et totalement disparue, qui dépendait du chapitre de Saint-Hilaire de Poitiers, a succédé un édifice lambrissé en moellons au début du XIe siècle, dont il subsiste la nef (mur nord), la croisée du transept et l'amorce du chœur.
Cette église a été reprise au début du XIIIe siècle et rétrécie intérieurement pour recevoir une voûte. Des arcatures ont été montées alors à l'intérieur des murs pour porter un berceau rythmé par des doubleaux. La sculpture des chapiteaux est fruste mais vigoureuse, et leurs tailloirs se prolongent à la naissance des voûtes, formant un cordon décoré de billettes. Un transept débordant comportant une absidiole sur chaque bras et, à la croisée, une coupole sur trompes fut alors ajoutée à l'église primitive, de même qu'un long chœur voûté en berceau et terminé par une abside en cul-de-four éclairée de trois fenêtres. Les colonnes de la croisée, réunies en faisceau, sont couronnées de chapiteaux en puissant décor végétal. L'arcature intérieure du chœur encadre élégamment les baies. L'abside est couverte d'une toiture en lauzes ou pierres plates du pays.
Le clocher, célèbre par son élégance, domine ce bel édifice. Sur une souche couronnée d'un glacis, il comporte sur ses quatre faces égales quatre étroites arcades élancées, que séparent de hautes colonnes dont les chapiteaux alternent avec les modillons de la corniche. Une toiture en pyramide coiffe l'ensemble.
La façade n'est pas moins remarquable, avec sa porte en arc brisé; la belle sculpture de feuillage qui couvre les chapiteaux s'étend aux deux arcs aveugles qui l'encadrent. Une corniche à modillons sépare le rez-de-chaussée de l'étage, percé d'une fenêtre unique en son milieu. Ses chapiteaux et leurs tailloirs se poursuivent en frise sur le nu du mur. Le pignon aigu a été percé après coup d'une baie rectangulaire destinée à recevoir un hourdage.
Au midi, une longue chapelle du XVe siècle forme un bas-côté tardif. Ses voûtes, qui menaçaient la solidité de l'église, ont dû être détruites au XIXe siècle.
Texte de P. Dubourg-Noves Société Archéologique et Historique de la Charente



 

DE NIORT A RUFFEC, PROMENADE ARCHÉOLOGIQUE

L'EGLISE DE COURCOME par Joseph BERTHELE pour le journal LE MELLOIS du 20 septembre 1885.
La halte (le la Faye, à quelques kilomètres avant Ruffec, permet, nous l'avons dit, une arrivée facile à Courcôme: Nous en profiterons pour aller visiter - sans fatigue - l'église de cette localité.
Le guide de M. Picat nous la recommande d'ailleurs assez pompeusement : « Eglise paroissiale du Xe siècle, classée comme monument historique; réparations et annexes des XIe et XIIe siècles... Cette antique construction, d'un grand intérêt, en majeure partie conservée, donne une idée exacte du style barbare qui distingue les édifices des IXe et Xe siècles. En entrant dans cette étroite basilique (dit l'abbé Michon), l'esprit le moins accoutumé aux études de l'archéologie ne peut s'empêcher d'être frappé de ce cachet particulier qui indique l'enfance de l'art.
Notre avis est que l'ensemble de l'église de Courcôme ne donne nullement une idée exacte du style qui distingue les édifices des IXe et Xe siècles, mais cela n'empêche pas ce monument d'être un des plus anciens, des plus curieux et des plus importants de la Charente.



Nous avons longuement examiné sur place chacune des assertions de la notice que l'abbé Michon lui a consacrée (4), et nous croyons qu'il s'est complètement fourvoyé en tout ce qui concerne les parties les plus anciennes. 
Si nos observations personnelles sont erronées, nous n’ayons pas besoin de dire que nous serons très reconnaissant à ceux qui prendront là peine de les rectifier. L'église de Courcôme est de celles qui méritent la discussion, et ce serait, croyons-nous, tout profit pour l'archéologie poitevine, si d'un débat contradictoire à son sujet, il pouvait résulter quelques conclusions bien établies.
Une charte publiée en 1847 par M. Rédet dans ses documents pour l'histoire de l'église Saint-Hilaire de Poitiers,: mais déjà connue et citée avant lui, nous apprend que vers 970, la terre et l’église de Courcôme furent données à l’abbaye Saint-Hilaire de Poitiers, par Guillaume Fier-à-bras, duc d’Aquitaine. Fort de ce texte, l'abbé Michon a fait de l'église actuelle, dont l'aspect général est réellement barbare et primitif, mais roman et non latin, une construction de la seconde moitié du Xe siècle.

C'est cette identification que nous nous proposons de combattre. Avant d'entrer en matière, une description rapide du monument ne sera pas inutile.
L'église de Courcôme se compose aujourd'hui :
1. d'une nef principale, flanquée d'une nef secondaire, du côté de l'épître ;
2. d'une abside, précédée d'une travée de chœur ;
3. d'un transept, sur les bras duquel s'ouvrent deux absidioles, et dont le carré est recouvert d'une coupole octogonale.
Le bas-côté est de style flamboyant. La nef, le transept, l'abside et les absidioles, la coupole, le clocher, la façade appartiennent au style roman; mais quoique rentrant toutes dans la catégorie des constructions antérieures au XIIIe siècle, ces diverses parties présentent entre elles des différences marquées : il s'agit de préciser autant que possible la date de chacune d'elles.

Voyons ce qu'en dit l'abbé Michon.
Pour lui : «la nef et ma coupole sont antérieures à l'an MIL. Les chapiteaux ont un faire de sculpture qui rappelle les dessins grossiers des monnaies mérovingiennes et carolingiennes. Les transepts, l’abside et la façade sont du XIIe siècle.
La partie du roman primitif appartient à deux temps séparés. La nef n'est pas du même travail que la coupole. On le voit clairement à l'inspection des chapiteaux. Il y a aussi deux époques dans la partie romane du XIIe siècle, l'abside n'est pas tout à fait du temps des transepts et de la façade.»
Ces observations sont d'une intuition très juste, et si nous n'acceptons pas toutes les dates de l'abbé Michon, nous n'en reconnaissons pas moins qu'il a procédé en la circonstance d'une façon analytique, qui nous simplifie la besogne. Nous nous occuperons surtout des parties les plus anciennes,.de celles qu'il a attribuées au «style roman barbare», ce qui, pour lui, équivaut à ce que nous appelons «le style latin».






L'attribution de la façade au XIIe et même au XIIe siècle avancé, ne nous parait pas contestable. La sculpture est caractéristique de cette époque. Il est visible, d'autre part, à l'intérieur de l'édifice, que cette façade a été ajoutée après coup en avant de la nef, soit que celle-ci fut restée inachevée, soit que sa première ou ses premières travées aient été démolies, ainsi que la façade primitive.



Nous pencherions plutôt pour la première hypothèse. L'Eglise de Courcôme a été en effet rebâtie, dans le cours des Xle et XIIe siècles, par portions successives, l'édifice latin en 970 n'étant démoli que peu à-peu, selon les ressources que l'on avait pour le remplacer.
On a dû commencer par plaquer une nef romane contre le transept primitif. Ensuite, sans démolir ce transept, on a élevé une coupole romane en remplacement du campanile léger de la basilique du Xe siècle. Une troisième série de travaux exécutés à la lin du XIe siècle ou à l'extrême commencement du XIIe, a donné au chevet, aux bras du transept et au clocher, l'aspect qu'ils ont encore en grande partie aujourd'hui ; mais-quelques fragments de dates antérieures semblent avoir été conservés dans les absidioles. Dans le cours du XIIe siècle, on paracheva certaines sculptures de l'absidiole du côté, de l'évangile. La façade représente certainement la dernière partie de l'œuvre. Nous avons dit que la nef, et le carré du transept sont du XIe, mais nous croyons qu'il est beaucoup plus vraisemblable de les placer aux environs de 1030 - 1050 qu'au début ou à la fin de ce siècle. Nous ne les regardons cependant pas comme ayant été construites absolument en même temps: Les corniches sur lesquelles s'appuient d'une part la coupole, de l'autre la voûte en berceau de la nef, sont décorées de billettes ; mais ce n'est pas un argument en faveur de la contemporanéité parfaite de ces deux portions de l'édifice.






L'abbé Michon a fort bien marqué les différences qui caractérisent les chapiteaux du carré du transept et ceux de la nef. Ces derniers ont moins de relief, mais sont plus finement travaillés (une finesse relative, je n'ai pas besoin de le dire) ; les autres sont plus profondément fouillés, mais ils sont d'une facturé beaucoup plus grosse. D'où peut bien provenir cette variété ? A-t-on réemployé ici d'anciens chapiteaux, tandis qu'on en a sculpté de nouveaux à côté ? Le carré du transept et la nef sont deux constructions qui ne tiennent pas l'une à l'autre (nous dirons tout à l'heure comment), nous serions porté à admettre une interruption dans les travaux, et à croire que des ouvriers différents ont été employés à quelques années d'intervalle. Il nous semble toutefois qu'il vaut mieux laisser le soin de trancher la question aux deux architectes qui ont étudié naguères l'église de Courcôme et qui en préparent la restauration.: MM. Formigé et Ferrand.
 















Quoi qu'il en soit d'ailleurs de la date respective de ces chapiteaux, il est certain que l'architecture de ces deux portions de l’église est loin d'être aussi barbare que la sculpture : La coupole est montée sur des trompes,- ce que l'abbé Michon appelle «des pendentifs évidés en cul-de-four» qui témoignent d'une certaine habitude de ce genre de procédé. La façon dont on s'y est pris pour élever la coupole de Villefagnan et surtout celle de Luxé (Charente) est bien autrement inexpérimentée et rudimentaire. Mais Courcôme a été rebâtie par l'abbaye de Saint-Hilaire, c'est-à-dire par des architectes qui s'étaient trouvés dans de bonnes conditions pour apprendre le métier. Il n'y aurait donc rien d’étonnant à ce que les constructeurs de Courcôme eussent une expérience qui manquait à ceux de Luxé et de Villefagnan.
Quoi qu'il en soit d'ailleurs de la date respective de ces chapiteaux, il est certain que l'architecture de ces deux portions de l’église est loin d'être aussi barbare que la sculpture : La coupole est montée sur des trompes,- ce que l'abbé Michon appelle «des pendentifs évidés en cul-de-four» qui témoignent d'une certaine habitude de ce genre de procédé. La façon dont on s'y est pris pour élever la coupole de Villefagnan et surtout celle de Luxé (Charente) est bien autrement inexpérimentée et rudimentaire. Mais Courcôme a été rebâtie par l'abbaye de Saint-Hilaire, c'est-à-dire par des architectes qui s'étaient trouvés dans de bonnes conditions pour apprendre le métier. Il n'y aurait donc rien d’étonnant à ce que les constructeurs de Courcôme eussent une expérience qui manquait à ceux de Luxé et de Villefagnan.
 

 
La question de savoir à quelle époque au juste on a commencé à employer couramment les trompes, pour passer du plan carré au plan octogonal quand on voulait édifier une coupole, est loin d'être résolue. A vrai dire, on s'en est peu occupé. Viollet-le-Duc n'en a rien dit, et aujourd'hui que l'on discute avec un certain acharnement sur l'origine de l’usage: des coupoles sur pendentifs, on néglige totalement cet autre problème qui devrait être traité parallèlement et qui intéresse peut-être davantage l'histoire de notre art national. Il est certain, quoique la chose soit à peu près inconnue, que Germigny-des-prés, avant sa restauration, présentait une ébauche de trompe qui semble bien en être le plus ancien exemple français.
Mais faut-il conclure de ce fait isolé, unique, que les trompes ont été en usage durant la période carolingienne, que les constructeurs de l'époque romane n'ont rien à inventer dans cet ordre d'idées, que les supports informes comme ceux de Luxé sont l’œuvre de maçons qui ne connaissaient pas les artifices familiers à leurs voisins ? 
Tout cela est bien obscur, tout cela surtout est long à discuter; revenons à l'église de Courcôme, en laissant bon gré mal gré sans solution les difficultés qu'il ne serait possible de résoudre que par des hypothèses peu solides.
La nef de l'église de Courcôme est voûtée par un berceau plein cintre, renforcé par des doubleaux simples. Berceau et doubleaux ont déjà été restaurés et ont grand besoin de l'être de nouveau. Cette voûte s'appuie sur deux séries d'arcades dont les piles ont suggéré à l'abbé Michon des réflexions qui nous paraissent très discutables. Il voit dans les piles, dans les arcades qui les relient et dans le mur qui leur est adossé, la partie la plus ancienne de l'édifice. Son plan les indique comme représentant spécialement la construction du Xe siècle. Il les regarde comme un système de contreforts intérieurs, fort bien entendu, et rarement usité.
Voici comment il les décrit : «Les piles ont clé chaque côté, dans l'intérieur de la nef, une saillie de 1m 66, ce qui ne donne de largeur d'une pile à  l'autre que 3m' 43. I1 est évident que cet avancement exagéré des piles donne au monument une lourdeur choquante, mais la nef en reçoit une grande solidité. Dans le système primitif des constructions, on ne donnait que peu de saillie aux contreforts extérieurs. En avançant les piles intérieures dans la nef, le mur extérieur tout entier faisait l'office d'une pile destinée à repousser l'effort des voussoirs. Je ne sache pas qu'on ait étudié encore cet artifice de la construction des nefs romanes. Alors la voûte ne portait que sur les arcades latérales quelque fois doubles, et les arcs doubleaux prenaient leur forces sur les colonnes. Les cinq piles intérieures, les arcades latérales; les voûtes et leurs arcs doubleaux sont en appareil, le mur extérieur est en blocage.
Les gros contreforts saillants du côté du nord ne sont pas du temps de la construction primitive. 
Une inscription gravée sur un de ces piliers ferait croire qu'ils ne datent que de 1700 : «HAEC REPARATA EST ECCLESIA ANNO DOM. 1700 SUMPbus PAchiae OPERE JOAN. POUPIN RECTORE L. COUVERTIER».
Cette inscription donne, en effet, la date précise des contreforts extérieurs, qui n'ont d'ailleurs aucunement l'allure des contreforts du moyen-âge. Elle pourrait bien dater par la même occasion d'autres parties de l'édifice, et spécialement le «mur en blocage» que l'abbé Michon a classé parmi les parties les plus anciennes de l'église de Courcôme.
Ce mur en blocage en a certainement remplacé un autre de l'époque romane, lequel n'était devenu définitif - à notre avis, que par suite de l'abandon du projet d'après lequel la reconstruction de l'église avait été commencée au XIe siècle. Pour nous, ce projet comportait la présence de deux nefs secondaires, à côté de la nef principale qui est seule aujourd'hui debout.
L'abbé Michon remarque avec raison qu'il n'est pas dans les traditions de l'époque romane de consolider des piles et des arcades au moyen d'un mur continu. Habituellement, en effet, et on peut même dire universellement, c'est le mur que l'on renforce à l'extérieur, au moyen de piles et souvent aussi d'arcatures plus ou moins plaquées. Nous serions donc là en présence d'un fait exceptionnel. Mais ce fait est-il bien prouvé ? Le mur est-il bien contemporain de la voûte ?
 







 
Il n'est pas en appareil, nous dit l'abbé Michon, il est en blocage, traduisez : il est bâti avec ces espèces de moellons équarris que l'on a employés durant tout l'ancien régime et que l'on emploie encore aujourd'hui dans notre Poitou. Il ne ressemble en rien aux murs en appareil du chevet et du transept. La seule fenêtre quelque peu ancienne qui y soit percée n'a absolument aucun caractère roman, encore moins ressemble-t-elle aux fenêtres de style latin.
C'est bien un mur refait en entier (vers 1700 ?) à la place d'un mur plus ancien. Cette reconstruction ne laisse pas d'étonner un peu quand on voit tous les autres murs extérieurs conservés intacts, quand on voit surtout les piliers, auxquels il est adossé, ne présenter aucune lésion. S'il avait fait corps avec la nef, il aurait subi le même sort quelle. Et du moment que les piliers sont en bon état, le mur protégé par ces piliers devrait être en meilleur état encore.
Rien de plus naturel au contraire que la disparition de ce mur, s'il n'a jamais fait partie de l'agencement des supports de la nef. Il faut le reconnaître, ce procédé est loin d'être aussi perfectionné que veut bien le dire l'abbé Michon ; on ne peut réellement pas en attendre la solidité qu'il lui prête.
Un mur épais, garni de contreforts à l'extérieur, vaudra toujours beaucoup mieux que des arcades, même doublées, adossées à un mur sans contreforts. Supposez que la poussée des voûtes vienne à rompre l'équilibre des piles et des arcades, ce mur suffira-t-il à empêcher la ruine ? Non évidemment. Ce mur, sans aucun appui extérieur, a suffisamment à faire pour se maintenir en équilibre en temps ordinaire. Le moindre effort venu de l'intérieur le repoussera en arrière. 
Il en est tout autrement quand c'est le mur lui-même qui porte la voûte et quand il est fortifié de distance en distance par des piles extérieures. 
Les architectes de toutes les époques, qui ont eu à construire des supports pour les voûtes, n'ont jamais hésité sur ce point.
 Ils ont augmenté la solidité par des pieds droits placés à l'intérieur; ils n'ont jamais négligé ce qui est essentiel : les contreforts au dehors.
Les piles supportant les grandes arcades de la nef et le massif de maçonnerie établi entre ces arcades et la voûte, ne sont plus en ligne droite, à partir d'une certaine hauteur.
Il y a là une tendance marquée vers l'extérieur. M. Formigé y voit le résultat de la poussée de la voûte : les anciennes réparations qui ont été faites à certains doubleaux et au berceau qu'ils soutiennent, seraient un appui à cette théorie. Si elle est vraie, ce serait une confirmation de notre opinion. Les piles auraient résisté suffisamment pour se maintenir en équilibre, tandis que le mur extérieur cédait.
M. l'abbé Christophe, curé de Courcôme, ne trouvant à l'intérieur de ces arcades (à l'extérieur, il est impossible de rien préciser) aucune crevasse, ni aucune trace de dégradations, croit plutôt à une particularité symbolique : pour lui la nef affecte une forme un peu ovale, soit parce qu'on a voulu lui donner la forme d'une carène de vaisseau, soit parce que l'on a voulu représenter dans l'ensemble du monument la crucifixion du Christ. Cette idée ne confirme pas notre thèse, mais elle ne l'infirme pas non plus.

Les piles destinées à supporter la voûte et placées à l'intérieur des murs latéraux, ne se trouvent pas qu'à Courcôme,­Cette disposition existe, par exemple, dans l'église paroissiale de Maillezais (Vendée). Malgré la restauration de M. Loué, on peut encore se rendre compte de l'état de la construction première, et le résultat de cet examen est tout à fait à l'appui de l'hypothèse que nous venons d'émettre pour Courcôme.
La nef de l'église paroissiale de Maillezais est beaucoup plus large que le sanctuaire. Et c'est à cause de l'impossibilité dans laquelle on s'est trouvé de maintenir en équilibre une voûte en pierre sur un aussi large espace, que l'on a eu recours à l'artifice consistant à placer de distance en distance des contreforts intérieurs réunis par de grands arcs. Par là on arrivait à diminuer de trois mètres environ la largeur à couvrir. Les arcades réunissant les piles ont bien eu l'inconvénient de venir couper l'archivolte des fenêtres établies antérieurement, mais on a passé par dessus ce petit accroc fait à la régularité et à la beauté de l'édifice.
Il résulte de la comparaison des nefs de Maillezais et de Courcôme que dans la première les piles appartiennent à une construction postérieure, tandis que dans la seconde ils font partie de la construction primitive. A Maillezais, le mur auquel ces piles sont adossées avait été construit pour être le support de la voûte; à Courcôme la voûte a été établie dès le premier jour, sur les arcades. Il faut donc pour interpréter Courcôme, avoir recours à une hypothèse que tout contredirait à Maillezais.
Nous le répétons, les piles et les arcades que l'abbé Michon, donne comme des contreforts intérieurs nous paraissent être tout simplement deux séries de piliers et de grandes arcades destinés à déterminer à droite et à gauche, des bas côtés que nous croyons bien n'avoir jamais été construits, mais qui ont dû faire partie du plan primitif.
Nous y retrouvons tous les caractères des supports et des arcades que l'on trouve habituellement dans les églises à trois nefs du roman primitif. Nous croyons qu'il suffit de les comparer, par exemple, avec les piliers de Vouvent Vendée), de Lesterps, de Cellefrouin (Charente), pour que toute hésitation cesse.








 
Les piles de Courcôme se composent foncièrement d'un massif carré sur lequel ou a plaqué : 1° une demi colonne pour servir de pied droit au doubleau de la voûte de la nef, 2° deux pilastres, un à droite et un à gauche, pour servir de pieds droits au doubleau de la grande arcade latérale. Ces pieds droits et ces doubleaux (75 centimètres) qui sont en retrait (20 à 25 centimètres) du côté de la nef principale, sont-ils également du côté du collatéral absent ainsi que cela se voit dans beaucoup d'églises du XIe siècle, ou bien ce retrait n'existe-t-il que vers l'intérieur, et le doubleau et son pied droit se prolongent-ils jusqu'à la limite (le l'arcade comme dans le carré du transept de cette même église de Courcôme, comme dans une partie de l'église de Cellefrouin, comme à Lesterps, etc. C'est ce qu'il est impossible de dire dans l'état actuel des choses. La démolition projetée du mur nous l'apprendra probablement. Elle nous apprendra aussi si le pied droit correspondant aux doubleaux de la voûte des bas-côtés était formé d'un pilastre ou d'une demi-colonne.
 

 
Ce qui est plus intéressant et plus facile à constater que ce menu détail, c'est la présence de trois arcades appartenant à la construction du Xe siècle, dont l'abbé Michon a totalement méconnu et la date et le caractère. Elles se trouvent sur trois des côtés du carré du transept, et par suite de leur élévation moindre que les grands arcs sur lesquels reposent la coupole et le clocher et que les voûtes des bras du transept et de la nef, elles produisent au coup d’œil un effet assez peu agréable. Puisse ce vilain aspect ne pas leur être fatal dans la restauration que l'on prépare ! Celle qui se trouvait à l'entrée du sanctuaire a déjà été sacrifiée. Que l'on respecte les autres !
 
Les quelques lignes que l'abbé Michon a consacrées à ces arcades sont à citer : «Pour soutenir le clocher, on a bâti latéralement aux quatre arcades qui reposent sur des colonnes, quatre autres arcades surbaissées qui font un effet disgracieux, mais dont on devine l'utilité en voyant au dehors, au-dessus du toit, les murs qu'elles supportent, terminés en glacis et servant de contrefort à la base du clocher».
Ce serait vraiment le cas de dire : autant de mots, autant d’erreurs. Et d’abord les arcades ne sont pas surbaissées du tout. L’abbé Michon a oublié de remarquer que leurs impostes se trouvent beaucoup plus bas que les impostes des piles qui supportent la coupole. 
Il n’a pas observé non plus que ces arcades sont plus larges que celles du XIe, en contrebas duquel elles se trouvent. Les piles qui les supportent sont plus espacées que celles du XVe, elles forment un retrait à côté de celles-ci.
Par suite de cette différence de niveau et de cette largeur plus grande, elles donnent l'illusion d'arcades surbaissées, mais seulement quand on ne se rend pas compte des points de départ du cintre, qui sont un peu cachées par la chaire et par les constructions du XIe siècle.
En second lieu, ces arcades n'ont point été bâties pour soutenir le clocher, mètre en main, le clocher repose parfaitement et entièrement sur les quatre arcs vigoureusement doublés, du carré du transept. 
 
Nos arcades soi-disant surbaissées servent, il est vrai, de support aux glacis du clocher, mais on les a utilisées, on ne les a pas construites dans ce but.

La nef, les bras du transept, et l'abside ont été juxtaposés à ces arcades. Il suffit de regarder l'appareillage et de se rendre compte des retraits insolites qui se trouvent aux points de jonction, pour en être convaincu. D'autre part le carré du transept actuel a été construit avec ces mêmes arcades. Le carré du transept du Xe siècle a été conservé et c'est en dedans et en dehors de lui, que l'on a élevé l'église actuelle. La chose est incontestable pour quiconque a analysé l'édifice,
Placées entre deux constructions (au XIe siècle, absolument distinctes, ces arcades et les chanfreins à moulures barbare qui en décorent les impostes se trouvent avoir forcément une date antérieure. Elles présentent d'ailleurs l'un des caractères essentiels du style latin : elles ne sont pas doublées, ce qui est tout naturel puisqu'elles portaient un campanile en bois et non du clocher.
Il n'y a pas qu'à Courcôme que les clochers, placés à cet endroit de l'édifice, présentent des glacis. Habituellement ces glacis n'ont d'autre support que le premier doubleau de la nef, mais habituellement aussi la nef fait corps avec le transept, ce qui n'est pas le cas de Courcôme. Ces trois arcades et peut-être aussi quelques parties des absidioles, dont l'analyse nous mènerait trop loin, voilà, à notre avis, tout ce qui subsiste du Xe siècle dans l'église de Courcôme. Tout le reste est postérieur.


L'abside en cul de four est couverte de lauzes de calcaire.

 


Le collatéral du XVe voûté d'ogives à l'origine, communiquait avec la nef au moyen de trois arcades. On enleva deux des piliers. L'architecte Formigé qui restaura l'édifice en 1883 rétablit ces piliers et leurs contreforts pour éviter toute catastrophe. La voûte d'ogives fut remplacé par une charpente.

La dîme
Déclaration que donne à nos seigneurs de l'assemblée générale du clergé de France qui sera tenue en l'année 1730 et à Messieurs du bureau du diocèse de Poitiers, Antoine Chartier, prêtre  curé de Notre Dame de Courcôme, des biens et revenus de ladite cure pour satisfaire à la délibération de l'assemblée générale du clergé de France du 12 décembre 1726.
La qualité du bénéfice est celle de cure, le titre est de Notre Dame de Courcôme, le collateur présentateur de la cure est le chapitre royal de Saint-Hilaire le Grand de la ville de Poitiers.
Pour l'éclaircissement de ce qui suit, il faut remarquer que la paroisse de Courcôme est située partie dans la province de Saintonge (Xaintonge) et partie dans l'Angoumois, cela remarqué le curé soussigné déclare :
1. Que la cure de Courcôme possède par indivis avec Messieurs les chanoines du chapitre royal de Saint-Hilaire le grand de Poitiers, la moitié des dîmes de la paroisse qui sont situées dans la province d'Angoumois où il se recueille années communes la quantité de 60 boisseaux de bled froment, orge, baillarge, avoine et garoüil ou bled d'Espagne.
2. Que la cure possède la dîme, terrage ou agriers sur environ la 15e partie des terres de la paroisse qui sont situées dans la paroisse de Saintonge où il se recueille par an la quantité de trente boisseaux de bled froment, orge, baillarge, avoine et garoüil ou bled d'Espagne.
3. Que la mesure qui se tient dans le lieu pèse 60 livres le bled froment ainsi les 60 boisseaux de bled recueillis dans les dîmes situées en Angoumois et les 30 (boisseaux) recueillis sur les dîmes, terrages et agriers des terres de la 15e partie qui sont situées en Saintonge, font le nombre de 90 boisseaux des espèces de bled énoncées de toute part, ce qui évalué années communes sur dix années, les années 1719, 1720, 1721, 1722, supprimées du calcul, se monte à 2 livres 10 sols le boisseau, ce qui fait au total la somme de 225 livres.
4. Que la cure de Courcôme possède sur différents lieux ou terres de la paroisse situées en Saintonge de rente noble et seigneuriale, sans aucuns titres que sa possession ancienne, la quantité de 12 boisseaux de froment qui évalués comme dessus font la somme de 30 livres.
5. Que dans les dîmes que la cure de Courcôme possède par moitié avec Messieurs de Saint-Hilaire le Grand de la ville de Poitiers sur les terres de la paroisse situées en Angoumois et sur environ la 15e partie des dîmes, terrages ou agriers sur les terres de la paroisse situées en Saintonge, on recueille années communes la quantité de 12 barriques de vin qui évaluées à 29 veltes la barrique comme dessus est estimé 8 livres la barrique ce qui fait au total la somme de 96 livres.
6. Que la cure possède sur différents lieux de la paroisse de rente noble et seigneuriale sans autres titres que la possession ancienne et cela en argent la somme de 10 livres.
7. Que Messieurs de Saint-Hilaire le Grand de la ville de Poitiers possèdent le reste des dîmes, terrages et agriers, rentes et novales dans toute l'étendue de la paroisse.
8. Que la cure possède et jouit d'environ 8 boisselées de prés marécageux où il se recueille années communes 10 milliers (10 brasses) de foin qui évalués comme de l'autre part, se montent années communes à 8 livres le millier (la brasse) ce qui fait en son total 80 livres.
9. Que la cure ne possède dans la paroisse que le tiers des menues et vertes dîmes comme agneaux, lins, chanvres et fèves ce qui vaut 10 livres.
10. Que la cure possède dans toute l'étendue de la paroisse aucun fonds ni terre labourable que les prés énoncés ci-dessus, pas même de maison curiale.
Total des revenus de la cure de Notre Dame de Courcôme diocèse de Poitiers : se monte à la somme de 463 livres 10 sols.
Je soussigné, Antoine Chartier, prêtre curé de Notre Dame de Courcôme diocèse de Poitiers, certifions et affirmons la présente déclaration véritable sous les peines énoncées en la délibération de l'assemblée générale du Clergé du 12 décembre 1726, de laquelle déclaration j'ai remis le présent double à Monsieur le Syndic du Diocèse de Poitiers, déclarant en surplus sous les mêmes peines que je n'ai omis aucun des biens dépendants de ladite cure en foi de quoi nous avons soussigné le 20 novembre 1728.
Selon Fabrice Vigier, l'auteur du remarquable bouquin "Les curés du Poitou au siècle des lumières" publié chez Geste éditions, la dîme oscille à Courcôme du 12e au 18e des fruits (à noter qu'elle est dite du 15e dans le document ci-dessus, soit justement la moyenne).

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