Le Monument aux Morts de Saint-Martin-du-Clocher
   
Les monuments aux morts : histoire, statistiques cantonales :
http://villefagnan.wifeo.com/monuments-aux-morts.php


Morts pour la France
 La mention « Mort pour la France » fut créée par la loi du 2 juillet 1915 modifiée par la loi du 28 février 1922. La loi du 29 décembre 1915 donne droit à la sépulture perpétuelle aux frais de l'Etat aux militaires « Morts pour la France » pendant la guerre.
L'attribution de la mention « Mort pour la France » est une opération relative à l'état civil, qui fait l'objet des articles L 488 à L 492 bis du code des pensions militaires d'invalidité et des victimes de guerre.
Les membres des forces armées françaises tués au combat, morts des suites de maladies contractées ou d'accidents survenus en service commandé ont droit à cette distinction, de même que les prisonniers de guerre décédés dans les mêmes circonstances.

Ils sont morts pour la France
1914 - 1918
  • le 11 octobre 1914, Emile AUVIN, 22 ans, né le 6 août 1892 à Saint-Martin-du-Clocher de Emile Auvin et Marie-Louise Naffrichoux, célibataire demeurant à Saint-Martin-du-Clocher, classe 1912, matricule 4284, n° 676 au recrutement d'Angoulême, soldat à la 2e compagnie du 50e Régiment d'Infanterie, tué à l'ennemi à Auberive (Marne) - jugement du 28 avril 1920 à Ruffec, transcrit à Saint-Martin le 7 mai 1920. Inscrit sur le livre d'or.
  • le 28 décembre 1914, Alexandre CRASSAT, 38 ans, né le 16 novembre 1876 à Edon (canton de Lavalette 16) de Jean Crassat et Marie Merle, époux de Françoise Mathieu, cultivateur à Saint-Martin-du-Clocher, classe 1896, matricule 021209 au corps, n° 1577 du recrutement d'Angoulême, soldat au 33e Colonial, tué à l'ennemi à Massiges (Marne) - jugement du 31 mars 1920 à Ruffec, transcrit à Saint-Martin-du-Clocher le 22 avril 1920. Inhumé dans la Marne à Minaucourt-le-Mesnil-Les- Hurlus à la Nécropole nationale de "Pont-de-Marson", tombe individuelle n° 5981. Inscrit sur le livre d'or.
  • le 5 novembre 1918, Ferdinand DECHAMBE, 38 ans, né le 10 décembre 1880 à Saint-Martin-du-Clocher de Louis Dechambe et Marie Simon, époux de Marie Maître, domiciliés à Saint-Martin-du-Clocher, classe 1900, matricule 010.807 ter au corps, n° 284 au recrutement d'Angoulême, sapeur mineur à la compagnie de base 12/21 du 6e Régiment du Génie, mort de maladie contractée en service à l'ambulance 227 à Monteccio Maggiore (Italie) - transcrit le 3 juin 1920 à Saint-Martin-du-Clocher. Inscrit sur le livre d'or.
  • le 7 mai 1918, Jean Marie DURET, 28 ans, né le 8 avril 1890 à La Faye de Jean Duret et Marie Cailleton (domiciliés à Saint-Matin-du_Clocher, Villeborde), célibataire, classe 1910, matricule 05287 au corps, n° 1114 au recrutement d'Angoulême, soldat à la 7e compagnie du 146e Régiment d'Infanterie, mort de ses blessures de guerre à l'hôpital mixte 32 bis (Rosendael - Nord) - domicilié à la Faye (selon fiche SGA) mais ne figure pas sur le Monument aux Morts de cette commune) - retour du corps à Saint-Martin-du-Clocher le 9 décembre 1921. Pas inscrit sur le livre d'or de Saint-Martin-du-Clocher mais sur celui de La Faye.
  • le 13 février 1917, Alexandre GAGNAIRE, 47 ans, né le 8 novembre 1869 à Montalembert (Deux-Sèvres) de Pierre Gagnaire et Marie Fays, époux de Léonie Villancage et domicilié à Saint-Martin-du-Clocher, caporal à la 42e compagnie du 121e Régiment d'Infanterie, employé aux ateliers de chargement de Montluçon, mort des suites de maladie à l'hôpital temporaire n°24 installé aux Etablissements de la charité à Lavault-Sainte-Anne (Allier). Inscrit sur le livre d'or.
  • le 29 janvier 1916, Paul MICHELET, 27 ans, né le 21 novembre 1889 à Vieux-Ruffec (16), classe 1909, n°520 au recrutement d'Angoulême, matricule 010788 au corps, soldat au 50e Régiment d'Infanterie, tué à l'ennemi à Neuville-Saint-Vast (Pas-de-Calais) - transcrit à La Chèvrerie le 19 juin 1916 - retour du corps le 31 mars 1922 à Saint-Martin-du-Clocher. Pas inscrit sur le livre d'or de Saint-Martin-du-Clocher mais sur celui de La Chèvrerie.
  • le 28 août 1914, Eugène Victor PETIT, 28 ans, né le 30 novembre 1886 à Saint-Martin-du-Clocher de Victor Auguste Petit et Eugénie Bonin, célibataire, classe 1906, matricule 01995 au corps, n°644 au recrutement d'Angoulême, soldat à la 22e compagnie du 307e Régiment d'Infanterie, tué à l'ennemi à Moislains (Somme) - jugement du 14 janvier 1920 à Ruffec, transcrit le 28 janvier 1920 à Saint-Martin-du-Clocher. Inscrit sur le livre d'or.
  • Le 22 juillet 1915, Raymond ROUHAUD,  20 ans, né le 16 octobre 1895 à Angoulême, classe 1915, matricule 955 au corps, n° 3334 au recrutement de la Seine 6e, soldat au 65e Bataillon de chasseurs, tué à l'ennemi à Barrenkopf en Alsace - jugement du 31 décembre 1920 à Paris - transcrit le 15 février 1921 à Paris (18e Arrondissement). Pas inscrit sur le livre d'or.
  • Le 11 novembre 1917, Alfred Adrien Albert TALBOT, 29 ans, né le 1er septembre 1888 à Lorigné (79), classe 1908, matricule 03298 bis au corps, n° 195 au recrutement de Poitiers, caporal au 136e Régiment d'Infanterie, mort intoxiqué par gaz à l'ambulance 15/6 Chaussée Brunchast (Aisne) - transcrit le 20 janvier 1918 à Lorigné, retour du corps le 19 février 1922 à Saint-Martin-du-Clocher. Pas inscrit sur le livre d'or.
  • le 26 avril 1916, François TRILLAUD, 32 ans, né le 23 août 1884 à Londigny de François Trillaud et Clémentine Dubois, époux d'Alice Louise Sansaud, domicilié à Saint-Martin-du-Clocher, classe 1904, matricule 13016825 au corps, n° L381 du recrutement de Poitiers, soldat au 78e Régiment d'Infanterie, mort pour la France à la bataille de Thienville (Meuse) - jugement du tribunal de Ruffec le 14 décembre 1916, transcrit le 27 décembre 1916 à Saint-Martin-du-Clocher, retour du corps le 16 août 1922 à Saint-Martin-du-Clocher. Inscrit sur le livre d'or.
Ci-dessous : inscrits sur le livre d'or mais pas au Monument aux morts, trois Poilus
  • Le 24 avril 1915, Alexandre LAVAULT, né le 24 février 1874 à Chey (79) de Suzanne Lavault (père inconnu), classe 1894, matricule 15768 au corps, n° 120 au recrutement d'Angoulême, soldat au 94e Régiment d'Infanterie, tué à Zuyevôte (Nord). (Inscrit sur le livre d'or mais sur aucun Monument aux Morts, ni à Chey, ni à Saint-Martin-du-Clocher)
  • Le 9 mai 1916, Georges MIMAUD, né le 19 décembre 1892 à Ruffec (16), domicilié à Saint-Martin-du-Clocher, classe 1912, matricule 4318 au corps, n°714 au recrutement d'Angoulême, Sergent à la 1ère compagnie de mitrailleuses du 125e Régiment d'Infanterie, mort des suites de ses blessures de guerre à Ville-sur-Cousances (Meuse). Inscrit sur le livre d'or de Saint-Martin-du-Clocher et sur le Monument aux morts de Ruffec.
  • le 23 mars 1915, Ernest Eugène MONROUSSEAU, 27 ans, né le 9 décembre 1888 à Bernac, classe 1908 n° matricule 02249, n° 1537 du recrutement d'Angoulême, soldat au 160e Régiment d'Infanterie, mort des suites de maladie contractée en service à l'hôpital temporaire de Stenwoorde (Nord) - transcrit à Saint-Martin-du-Clocher. Inscrit sur le livre d'or de Saint-Martin-du-Clocher et sur le Monument aux morts de Bernac.
1939 - 1945
  • Le 19 mai 1943, Henri Eléonor Banlier, 60 ans, né le 6 octobre 1883 à Saint-Martin-de-Clocher de Charles Henri Banlier et Henriette Nieul, époux de Marie Alexandrine Maisonneuve, domiciliés à Saint-Martin-du-Clocher, cultivateur, déporté et décédé au camp de Mathausen (Autriche) - transcrit le 12 juillet 1946 - Journal officiel du 27/06/1987.
  • le 2 octobre 1943, Pierre DUPONT, 23 ans, né le 8 mai 1920 à Saint-Martin-de-Clocher de Pierre Dupont et Marie Eléonore Merle, époux de Suzanne Marie Thérèse Jean, domiciliés à Saint-Martin-du-Clocher, menuisier, membre du PCF, résistant, chargé du transport d'armes, arrêté le 26 février 1942 à Saint-Martin du Clocher, remis aux Allemands, transféré à la prison du Cherche-Midi le 15 avril et à Romainville le 24 août, désigné comme otage en représailles de l'attentat commis contre le docteur Julius Ritter, adjoint de Fritz Saucketl en France, incarcéré à Romainville, fusillé par les Allemands au Mont Valérien, inhumé d'abord - dans un cimetière parisien sans doute (lire : http://www.mont-valerien.fr/visiter/la-chapelle/les-poteaux-et-cercueils/) - le 22 octobre 1943, et enfin incinéré au cimetière du Père Lachaise (75) selon base de donnée SGA - inhumé dans le cimetière de Saint-Martin-du-Clocher (date ?).
  • le 10 novembre 1942, Claude MIGAUD, 38 ans, né à Saint-Martin-du-Clocher le 16 février 1904 de Eugène Migaud et Ernestine Crémoux, époux de Anne Marie Armande Bouchet, domiciliés aux Molles de Saint-Martin-du-Clocher, soldat de 2e classe à la 13e compagnie de Pionniers, prisonnier de guerre matricule 33.886 rapatrié d'Allemagne venant du Stalag VIII A, décédé en gare de Belfort dans le train sanitaire 528.

 

 
Cérémonie en mémoire des héros de la résistance en février.

Saint-Martin-du-Clocher
Cérémonie émouvante en mémoire des déportés
Samedi 16 février 2013, grande cérémonie devant le monument aux morts. Depuis quatre ans, la commune en lien avec le comité de Ruffec de l’association nationale des anciens combattants et ami(e)s de la résistance (ANACR), l’association des déportés F.N.D.I.R.P. de la Charente, et les associations d'anciens combattants, rappellent les arrestations du 22 février 1942 par la police du gouvernement de Vichy. Ce rassemblement en mémoire d’Henri Banlier exterminé en mars 1943 au camp de Mauthausen et de Pierre Dupont, fusillé au Mont Valérien le 2 octobre 1943.
Quatorze drapeaux, le député, de nombreux élus et représentants des associations d'anciens combattants, les familles, ont accompagné un enfant de la commune chargé du dépôt d'une gerbe de fleurs devant le monument aux morts. Puis ce fut à Denise Banlier, fille d'Henri Banlier, et Roland Gire, neveu de Pierre Dupont, de déposer une seconde gerbe.
Le maire de la commune, Joël Trouvé a rendu hommage aux déportés dans son discours et cité Claude Migaud, prisonnier de guerre mort lors de son rapatriement en 1942. Le député Jérôme Lambert a évoqué l'espoir concrétisé du Traité de l'Elysée (traité franco-allemand du 22 janvier 1963), mais aussi mis en garde contre «le mauvais esprits». Marcel Auvin (ANACR) a cité des extraits des mémoires de la résistante Marie-Claude Vaillant Couturier déportée à Auschwitz (le 23 janvier 1943 dans le même convoi que Berthe Sabouraud de Villiers-le-Roux et Madeleine Normand d'Oradour d'Aigre). Alexis Règement a entonné le Chant des partisans. La cérémonie s'est conclue par le Chant des Marais (chants des déportés).


Dépôt de gerbe par Denise Banlier et Roland Gire.

Histoire de Pierre Dupont, de Gilbert et Henri Banlier
...avec l'aimable autorisation d'Henri Gendreau "pour que survive la mémoire" un extrait du livre "Ruffec et les Ruffécois dans la guerre, de 1938 à 1945" par Henri Gendreau et Michel Regeon aux éditions La Péruse.

La Résistance à Ruffec et dans le Ruffécois
1940-1942 : Autour de l'action des membres du Parti Communiste et sympathisants. 
Le parti communiste français a été représenté à Ruffec dès sa fondation en 1921 par une cellule, elle-même créée par un certain Guinot, sabotier. René Moulignier, de la classe 17, qui vient d'être démobilisé après plusieurs années de guerre, en est l'un des premiers militants. Cliquer pour voir la page concernant Villiers-le-Roux.
Il est sabotier et marchand de bois, de noyer surtout, bois indispensable à la fabrication de sabots. En 1940, il devient responsable de la cellule ruffécoise du PCF Dès le printemps de 1940, il entre en relation avec Madeleine et Gustave Normand de Germeville, près d'Aigre, qui deviendront un an plus tard des permanents du P.C.F. clandestin. Par leur intermédiaire, il est chargé par les instances nationales du parti de participer tous les quinze jours avec d'autres militants à la distribution de tracts anti-nazis. 
Ces tracts lui sont apportés de Paris par des agents de liaison munis d'un «passe». Par exemple, il s'agit de la deuxième moitié d'une carte postale dont la première est déjà parvenue à René Moulignier.
Un jour, il aide au déménagement, d'Angoulême à Bordeaux, d'un résistant responsable départemental, Georges Beyer (alias Simon), qui lui remet une machine à écrire. Simon parti, les contacts se poursuivent avec Octave et Maria Rabaté, premiers responsables du P.C.F. en Charente et Charente Maritime.
En 1941, dans le Ruffécois, existent d'autres volontaires qui organisent le combat contre les nazis. Ce sont Augustin Marchand, les époux Sabourault et Aristide Gentil de Villiers-le-Roux ; Albert Ayrault de Londigny ; Gilbert Banlier de Villiers-le-Roux également ; Fernand Gendronneau et Pierre Dupont de Saint-Martin-du-Clocher et Raoul Hédiart de Ruffec. René Moulignier transmet la machine à écrire (1) à Raoul Sabourault qui est maçon et agent d'assurances et à son épouse Berthe qui est coiffeuse.
Le travail de propagande anti-nazie peut donc maintenant s'organiser dans le cadre de l'activité du «Front National de Lutte pour l'Indépendance de la France», fondé par le P.C.F. dès juin 1941. Des évènements tragiques vont aboutir, en février 1942, au démantèlement de ce réseau.
D'après le témoignage de René Moulignier lui-même, le dernier des agents de liaison venu à Ruffec est arrêté dans le train. Le «passe» est ainsi découvert, et les adresses des militants, arrachées sous la torture.
Raoul Sabourault est né à Bernac le 24 novembre 1900. Son épouse Berthe Fays est originaire de Villiers, où elle est née le 8 juin 1904. Dès 1940, Raoul et Berthe Sabourault, en liaison avec Georges Beyer du Front National, acceptent d'organiser un groupe de membres du parti communiste et sympathisants anti-nazis. En même temps, ils reçoivent tracts et journaux et accueillent dans leur maison des responsables du Front comme par exemple Octave Rabate. En 1941, Raoul Sabourault se voit confier la mission d'organiser des groupes de francs tireur partisans (F.T.P.F.).
Le 21 février 1942, au matin, un homme se présente chez les époux Sabourault, et se dit envoyé par la direction du P.C. Il possède le «passe», sans doute une demi-page de catalogue. Malgré leur méfiance - l'homme est sale, mal rasé – les Sabourault l'accueillent, le nourrissent, lui font prendre un bain et Berthe qui est coiffeuse, le coiffe et le rase. L'inconnu quitte les lieux dans la journée, à destination d'Angoulême.
Le 22 février, les brigades spéciales du commissaire David de Paris, renforcées par des policiers charentais au service du gouvernement de Vichy, viennent arrêter les époux Sabourault. Augustin Marchand est arrêté le lendemain, son frère Emile, le surlendemain. Malgré une fouille minutieuse des lieux, qui dure trois jours, les policiers ne trouvent pas la machine à écrire, pas plus que les tracts et autres documents compromettants, soigneusement cachés dans une ancienne crèche transformée en cabane à lapins. Au cours de la rafle, Raoul Hédiart est arrêté. Chez lui, les policiers découvrent une liste portant les noms d'une cinquantaine de personnes de la région de Ruffec, amis personnels, résistants, distributeurs de journaux clandestins et de tracts, futurs participants aux actions militaires.
Sous les coups, Hédiart déclare que cette liste est celle clients de la boucherie - la boucherie Mimaud - dans laquelle travaille.
Simultanément, René Moulignier est arrêté puis confronté avec Raoul Hédiart.
A son tour, il est roué de coups; il a alors l'idée de dire que les noms de cette liste sont ceux de ses propres fournisseurs en bois. C'est la contradiction...
Les coups redoublent et René Moulignier finit par avouer qu'il est le seul auteur de la liste; les personnes en cause étant celles auxquelles, dit-il, il a fait parvenir de temps en temps par la poste des tracts et des journaux. Désormais, il ne reste plus aux policiers et aux gendarmes qu'à se rendre au domicile des «suspects»... Ceux-ci vont connaître des sorts différents.
Gilbert Banlier se trouve à Villiers-le-Roux. Prévenu de l'arrestation des époux Sabourault, il hésite d'abord à s'enfuir pour ne pas les compromettre davantage. Cependant, lorsqu’il est informé des arrestations d'Hédiart et de Moulignier, il quitte cette fois son domicile et décide de passer avertir ses parents à Saint-Martin-du-Clocher. Lorsqu'il se présente à la maison paternelle, deux policiers sont déjà sur place. II ne doit son salut qu'à son courage et à son esprit de décision.
En effet, pour leur échapper, il n'hésite pas à s’enfuir prestement par une porte de l'arrière de la maison donnant sur les bois d'alentour.
Par la suite, Gilbert Banlier créera et dirigera un maquis dans la région de Pleuville, il deviendra capitaine de l'armée française. Il est en outre chevalier dans l'ordre de la Légion d'Honneur. Malheureusement, son père Henri Banlier, est arrêté en représailles, ainsi que d'autres résistants, à savoir : Albert Ayrault ; Pierre Dupont ; Fernand Gendronneau et Aristide Gentil.
Ces arrestations se produisent à un moment crucial pour le mouvement de résistance du P.C.F. En effet, les communistes et sympathisants travaillent alors à l'organisation de groupes armés de francs tireurs et de saboteurs. Elles vont ruiner pour un temps le travail entrepris puisque les responsables au niveau départemental subissent le même sort, c'est-à-dire Octave Rabate, Gustave et Madeleine Normand.
Que sont devenus les héros de cette tragédie ?
- Berthe Sabourault, disparaît dans l'enfer d'AuschwitzBirkenau, le 1er avril 1943.
- Raoul Sabourault, meurt le 2 août 1944, dans cet autre enfer qu'était Gusen, kommando de Mauthausen.
Voici un extrait du décret en date du 26 juin 1956 publié au J.O. du 3 juillet 1956 portant sa nomination dans l'ordre de la Légion d'Honneur.
«Article 1er : sont nommés dans l'ordre national de la Légion D'Honneur les militaires dont les noms suivent : au grade de chevalier à titre posthume
- Sabourault Raoul, lieutenant, organisateur de la résistance à Ruffec (Charente) de 1940 à 1942, déploie de belles qualités de courage et de mépris total du danger. En octobre 1941, est chargé de l'organisation des FTPF en Charente. Il crée de nombreux groupes de choc qui effectuent les premières actions de guerre contre l'ennemi.
Arrêté le 22 février 1942, il est déporté à Mauthausen et décède à Gusen le 2 août 1944...[.]
Ces nominations comportent l'attribution de la Croix de Guerre avec palmes à titre posthume.
Signé: le président du Conseil Guy Mollet, le Président de la République, René Coty, le ministre de la Défense Nationale, Bourges-Maunoury, le secrétaire d'Etat aux Forces Armées de Terre : Max Lejeune.»
Par l'intermédiaire d'un visiteur à la prison de la Santé, où il était incarcéré, Raoul Sabourault peut clandestinement adresser cette courte lettre à sa famille. Elle constitue un ultime et noble témoignage de vie de Raoul Sabourault.
«Chers parents. Je suis à la veille du départ. Peut-être pour demain ou bien après demain, mais en tout cas sous quelques jours. Naturellement, destination inconnue. Depuis sept mois que je suis considéré comme otage, je m'attends à tout, rien ne me surprendra. Le moral est excellent, jamais il ne flanchera ; et c'est en toute tranquillité que je prendrai connaissance des décisions qui me seront appliquées... Quelles qu'elles soient : le Grand Voyage ou la déportation. je les supporterai en vrai Français.
Cependant d'après certains bruits, ce serait réellement pour là déportation . Sur cette dernière, il m'est absolument impossible de vous donner le plus petit renseignement. J'en ignore la destination, les buts et les conséquences. J'appartiens à une catégorie pour laquelle on applique le secret le plus absolu. J'ai reçu votre colis et la totalité de son contenu. Il en faudrait un par personne et par semaine, encore serions nous loin d'être des costauds. Néanmoins, ma santé est solide et j'ajoute même excellente. Selon des nouvelles clandestines venant de l'extérieur, Berthe se trouverait quelque part en Allemagne. Peut être vous serait-il possible, si la présente vous parvient, de lui donner de mes nouvelles. Chaque jour nous rapproche de la victoire et de la libération.
Bonne santé et bons baisers à tous. J'embrasse paternellement celui que je n'oublie pas. Signé: Raoul.»
- Henri Banlier est mort à Mauthausen le 19 mai 1943.
- Raoul Hédiart est fusillé au Mont Valérien le 21 septembre 1942.
- Gustave Normand, Pierre Dupont, Aristide Gentil sont également exécutés le 2 octobre 1943.
Pour les époux Normand cliquer sur ce lien : http://www.memoirevive.org/madeleine-marie-normand-nee-plantevigne-31678/

Dans une autre lettre de Raoul Sabourault, jetée par la fenêtre de sa prison, on peut lire l'extrait suivant concernant la fin de Raoul Hédiart :
«...Mon regretté ami et camarade Raoul a été admirable par sa conduite. Son attitude avant et en face de la mort se compare à celle des héros. Que son courage serve de vertu et d'exemple pour tous, et qu'il soit rendu hommage à sa mémoire.»
- Madeleine Normand, à Auschwitz-Birkenau, est tuée à coups de matraque par une gardienne ou « stubova », le 22 février 1943 ;
- Fernand Gendronneau, après de longues souffrances, libéré du Fort de Romainville, meurt peu de temps après son retour ;
- Augustin Marchand, qu'aucune charge précise n'accuse est libéré. En réalité, il est responsable local du P.C.
Il retrouve à son retour la fameuse machine à écrire.
- Son frère Emile Marchand, est soupçonné d'être le président de la cellule locale du PC. Les policiers ont trouvé chez lui une liste qui est reconnue, après enquête, comme étant composée uniquement d'adhérents du syndicat de battage. Il est donc également libéré.
- Albert Ayrault est emprisonné à la prison du Cherche-Midi pendant de longs mois.
- Enfin, René Moulignier est d'abord enfermé à la prison de la Santé, où il reste les mains attachées derrière le dos durant quatre mois. Il est finalement déporté le 1er mai 1943 vers le terrible camp de Mauthausen. Libéré par les Américains, le 6 mai 1945, il retrouve les siens après trois ans de très dures souffrances.
René Moulignier, décédé le 29 mars 1984, était chevalier de la Légion d'Honneur, titulaire de la médaille de la Résistance et de la Médaille Militaire.
Son fils aîné Yves, nous fait part de ses pensées concernant le souvenir très émouvant qu'il garde de son père.
«Dès mon plus jeune âge, j'ai entendu mon grand-père et mon père s'élever contre les idées du fascisme. Avec force, ils dénonçaient à chaque occasion sa montée en Italie, puis en Allemagne. Lorsque Mussolini, puis Hitler ont eu pris le pouvoir, des Italiens et des Allemands furent contraints de quitter leur pays - comme la famille Scarrazzati qui a habité la tuilerie de Verteuil et comme Walter Sterm, un anti-fasciste qui mourut par la suite dans les Brigades Internationales -, et sont venus se réfugier en France.
Mon père les accueillait à leur arrivée à la gare, alors qu'ils étaient répartis en France par le P.C.F., tout comme les autres membres de son organisation.
Je me souviens aussi que, durant la guerre d'Espagne, mon père a aidé à trouver de la nourriture et des armes pour les républicains.
Lors de la débâcle de l'armée française, conscients des difficultés de l'avenir, mon père et ses camarades avaient récupéré des armes abandonnées et les avaient cachées en vue de combats futurs.
A différentes reprises, mon père fut chargé de faire passer des résistants en zone libre.
Un jour s'est présenté chez nous, avec son épouse, un homme de forte corpulence. Il possédait le « passe » de reconnaissance : c'était Benoît Frachon, secrétaire général de la C.G.T., interdite à cette époque. Mon père, avec sa camionnette, les a conduits dans la région de Cellefrouin où des résistants locaux ont assuré le passage clandestin.
J’étais présent le 25 février 1942, au moment où la police secrète de Vichy l’a arrêté dans notre maison familiale, route d’Aigre.
Vers onze heures, neufs policiers en civil ont cerné la maison, revolver au poing. Mon père arrêté, la maison a été entièrement fouillée.
Pendant trois jours, à la mairie, puis à la gendarmerie, il a été interrogé et torturé comme Raoul Hédiart arrêté trois jours avant lui.
Pendant sa détention à Paris, puis au camp de Mauthausen, nous n'avons eu que très peu de nouvelles. Il utilisait au camp la complicité d'un déporté espagnol qui, lui, avait le droit d'écrire. Par son intermédiaire, nous recevions quelques brèves informations envoyées à des adresses différentes.
Nous avons toujours gardé l'espoir insensé de le revoir. A la fin de mai 1945, nous avons appris par la radio la libération, le 5 du même mois, du camp de Mauthausen. Le 25 mai, il retrouvait sa ville de Ruffec, après des années de souffrances.
Pendant son horrible séjour, la solidarité humaine n'avait pas été complètement absente. A Paris, au péril de sa vie, un gardien allemand anti-fasciste lui apportait en cachette de la nourriture. A Mauthausen, un autre gardien s'est interposé alors qu'on allait le rouer de coups.
Le jumelage entre Ruffec et Waldsee a été approuvé avec intérêt par mon père qui y voyait le moyen de rapprocher des peuples qui avaient tant souffert, et de trouver enfin le chemin de la paix et de l'amitié.»
Dans le cadre de la Résistance organisée par le parti Communiste avec le Front National, il faut mentionner l'arrestation de patriotes de Courcôme, donc dans l'environnement immédiat de Ruffec.
Michel, premier chef des FTP de la Charente, blessé et poursuivi par la police de Pétain, s'est réfugié chez Henri Cadier, artisan menuisier à Courcôme. C'est là qu'il est arrêté en décembre 1942.
Le 20 février 1943, Henri (lire Hyppolite) Cadier est pris à son tour, et un peu plus tard deux de ses amis du réseau : Abel Imbert et Georges Bourdareau (lire Bordaraud). Ils sont déportés tous les trois. Seul Abel Imbert revient de Mauthausen. Quant à René Michel, il est fusillé le 5 mai 1943, au camp de la Braconne.
(1) La « femme de ménage » de la famille Sabourault, Madeleine Labarde de Pioussay, reproduisait les tracts venus de Paris à l'aide de la machine à écrire, envoyée par Georges Beyer et apportée par René Moulignier. Les tracts étaient multipliés au moyen d'une machine à ronéotyper. Ces tracts étaient de deux sortes : ceux qui reproduisaient les documents envoyés par les instances nationales du « Front National de Lutte pour l'Indépendance de la France » ; et les tracts rédigés à partir de messages transmis de bouche à oreille. (d'après le témoignage de Georges Sabourault, neveu de Raoul Sabourault et de Berthe Sabourault).
 
On peut aussi consulter le livre de Raymond Tabourdeau : Carnet de route, résistance Mellois, Civraisis, Ruffécois, maquis Le Docteur, Maquis Jean-Paul. (1987)
 
 



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