Histoire de Tuzie
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Un peu d'histoire... Une carte établie sous le règne de Louis XIV nous montre que le village de "Tuzicq" faisait partie de la paroisse de "Courcôme" et constituait une enclave de la Saintonge dans le pays de l'Angoumois. Histoire de Courcôme : cliquer ! Mais un acte de janvier 1680 concernant la restauration de la chapelle "Saint-Anthoine de Tuzicq" nous précise que si Tuzie relevait de la paroisse de Courcôme, il n'était pas pour autant dans l'enclave saintongeaise mais en sénéchaussée d'Angoumois dans la généralité de Limoges.
8 mars 1789
Cahier de doléances de la paroisse de Courcôme pour la partie située dans l’Angoumois (Tuzie, etc.).
L’an mil huit cent quatre vingt neuf, et le huit mars après-midi, par devant nous notaire royal en Angoumois faisant la fonction de juge en cette partie, attendu l’absence de Monsieur le juge ordinaire, sont comparus en leurs personnes Jean Poinset dit Bois Desouche, marchand, Jean Devezeaud aussi marchand, Nicolas Flaud, Jean Hugon, Pierre Petignot, Jean Goumain, Jean Poinset dit Cie___ (surnom), Simon de Lavauzelle, François Gachet, Jean Viguier, Denis Petignot, Jean Hugon dit Toussaint, François Mondou, Jacques de Lavauzelle, Louis Lacoureau, Pierre Goumain, Denis Blanchard, Antoine Flaud, Pierre Marchand, François Guignant, Jean Callier, Jacques Coiteux, François Joussaud, François Sorton, Jacques Lavauzelle, Pierre Delavallée, Jean Lotte, François Couraud, Antoine Poinset Bois Desouche, François Callier, Jean Callier, tous vignerons formant la plus saine et majeure partie des manants et habitants de l’enclave de Tuzicq et la Croix Geoffroy, cejourd’huy assemblés en la manière accoutumée au dit lieu de Tuzicq, lesquels suivant le mandement à eux envoyés par le Roy, publié en l’observation de la Sénéchaussée d’Angoulême le…
De même qu’au prône de la messe paroissiale de Courcôme dont la commune de Tuzicq fait partie, cejourd’huy suivant la commission à eux adressée par monsieur le Lieutenant général d’Angoumois, ont élu pour y satisfaire Jacques Lavauzelle dit Leblond, laboureur, et François Guignaud aussi laboureur, auxquels ils ont donné puissance et commission de comparaître en l’assemblée qui se fera en la ville d’Angoulême le onze de ce mois et d’y déclarer conformément aux instructions ci-après.
Que les dits habitants ne sont accablés d’impôts que parce que les ministres ou leurs adjoints, tant dans l’administration que dans la finance, sans égard aux lois du royaume qui veulent que les Français ne puissent être taxés que de leur consentement, ont insensiblement écarté ou couvert tous les obstacles, et augmentent jusqu’à taxer par l’effet de leur seule volonté, les charges du peuple dont ils ont diminué le produit.
Que pour s’assurer à l’avenir la jouissance de leurs biens, ils veulent et entendent :
1. Que aucune partie de leurs propriétés ne puisse leur être enlevée par des impôts s’ils n’ont été préalablement consultés par les Etats Généraux du Royaume composés ainsi que le veulent la raison et la loi d’en discuter librement en leur ? parlant. Les ?__ faire aucune exception et charges de leurs pouvoirs.
2. Que suivant les intentions du Roy manifestées dans le rapport de son conseil du vingt sept de décembre 1788, les ministres seraient à l’avenir responsables de l’emploi de toutes les sommes levées sur le peuple.
3. Que, attendu que les impôts non consentis n’ont été payés jusqu’ici que par la crainte des emprisonnements arbitraires qui ont arrêté toute les réclamations, lesdits habitants veulent et entendent que personne à l’avenir ne puisse être emprisonné ni détenu pour autre motif que la vertu des lois du Royaume.
Seront tenus lesdits députés de faire insérer ladite déclaration des volontés desdits habitants dans les cahiers de la Sénéchaussée d’Angoulême, de la faire valoir aux Etats Généraux et de ne consentir à la levée ou prorogation d’aucune subside avant que ladite déclaration ait été adoptée par eux et solennellement proclamée.
Leur donnent néanmoins pouvoir pour seule condition ci-dessus et non autrement de consulter en l’établissement ou prorogation des subsides que les Etats Généraux jugeront indispensables et nécessaires au besoin de l’Etat toutes causes inutiles préalablement retranchées, pourvu toutefois que les impôts qui distinguent les ordres soient supprimés et remplacés par des subsides également réparties entre les citoyens sans distinction ni privilège à raison seulement de leurs propriétés.
Chargent en outre les dits habitants leurs dits députés de représenter à l’assemblée de la Sénéchaussée d’Angoulême :
1. Que les tailles et autres impositions soient commuées en un impôt territorial percevable en nature lequel sera également réparti tant sur des biens nobles que sur les roturiers, que les rentes nobles et droits d’agriers soient aussi assujetties à un devoir quelconque servant au soulagement de la commune.
2. Que le bureau des tailles et autres carières ? qui ne font que grever le commerce de l’intérieur du Royaume soient recueillies sur la frontière.
3. Que la place du cultivateur étant la plus intéressante est néanmoins la plus grevée que à raison de le ____ il est bon de demander que les domestiques font des tiques que les gentilshommes soient assujettis au sort de la milice comme le Tiers Etat.
4. Que la communauté de Tuzie se trouve être chargée à raison de l’arpentement qui en a été fait autrefois et de l’abonnement qui soient en____er au plus haut prix de sorte que cette malheureuse enclave se trouvé payer le double au moins de ce que paient les paroisses voisines dépendantes des autres provinces.
5. Qu’il soit fait un tarif pour les droits du contrôle et proposer pour la perception de ce droit donnant édits et déclarations de sa Majesté l’interprétation la plus concevable à leurs intérêts particuliers, que les droits de centième denier soient abolis ainsi que les francs-fiefs.
6. Que la province d’Angoumois soit distraite de la Généralité de Limoges et réunie à la Saintonge pour former un pays d’état.
Auxquels dits Jacques Delavauzelle dit Leblond et François Guignaud les dits habitants ont donné pouvoir et puissance de présenter et faire valoir les articles ci-dessus et autres qu’ils jugeront, comme être par raison et mesure de dire ces personnes suffisantes et capables avec les autres paroisses et juridictions dépendantes de la sénéchaussée d’Angoulême et autres pour assister aux dits Etats Généraux du Royaume de France qui se tiendront en la ville de Versailles le 17 avril prochain.
Fait sous le seings de nous maître Jacques Tribert notaire royal faisant la fonction de juge en cette partie attendu l’absence de monsieur le juge ordinaire ayant avec nous le sieur Sébastien Grenet, sergent, que nous avons commis pour notre greffier d’office et duquel nous avons pris et reçu le serment entre les requis qui a aussi signé avec les dits habitants qui ont déclaré le savoir faire, cejourd’hui que dessus, au susdit lieu de Tuzie au lieu où l’on a accoutumé de s’assembler.
Ont signé : Jean Donezaud, F. Guignaud, P. Marchand, Flaud, Poinset, J. Goumain, F. Sorton, P. Petignot, F. Gachet, J. Hugon, J. Hugon, Delavauzelle, Delavauzelle, J. Poinset, F. Roussaud, F. Gachet, Grent greffier d’office, Tribert faisant la fonction de juge attendu l’absence du juge ordinaire.
Cahier doléances sénéchaussée d'Angoulême.
Art. 22. Accorder au commerce, qui a toujours été l'âme et le nerf d'un Etat florissant, toute la protection et la faveur possible ; supprimer en conséquence la ligne ridicule qui semble séparer la France en deux parties ennemies (1) ; supprimer de même, ou au moins reculer sur les frontières tous les bureaux de traites, péages, octrois, commis aux aides, et tout ce qui peut tenir à ces deux
parties, ce qui paraît faire le vœu général de la Nation.
(1) Il s'agit ici de la ligne douanière des cinq grosses fermes, organisée à l'époque de Colbert. Elle commençait au Poitou, et il y avait trois bureaux de douane (un à Ruffec, un à Tuzic et un autre, le principal, à Raix). (Registre des vingtièmes, année 1789. Arch. dép.)
Consultez l'histoire du canton pour savoir comment s'est formée la commune de Tuzie. Et comment les gens de Tuzie on résisté au apiement des dîmes...
L'état imprimé de 1790 indique que Courcôme et Tuzie forment une seule municipalité, dans le premier canton. Mais la situation évolue : Salles-de-Villefagnan entend subtiliser Tuzie à Courcôme, cette dernière s'y refuse, finalement Tuzie sera transformée en commune.
Surfaces des trois communes (en ne tenant pas compte des changements opérés en 1985) - Courcôme : 1944 hectares
- Salles-de-Villefagnan : 1283 hectares
- Tuzie : 243 hectares
Surface de Salles-de-Villefagnan plus Tuzie : 1526 hectares
Cette disposition aurait permis à Salles de-Villefagnan de rivaliser presque avec Courcôme... en surface. Tuzie en 1818
Tuzie, à l'ouest et à 7 kilomètres 25 mètres de Villefagnan, a 293 habitans.
Cette petite commune est située dans l'intérieur des terres, et ses communications sont très-difficiles. Son territoire produit du froment et du vin. On y compte 68 maisons, 223 hectares de terre cultivée, et 50 de terre inculte. Journal des débats politiques et littéraires 12 juillet 1852
On lit dans l'Observateur de Ruffec du 8 juillet 1852
Plusieurs scènes de désordre ayant eu lieu depuis quelque temps à divers chantiers établis pour les travaux du chemin de fer, notamment sur la partie comprise entre Salles et Tuzie, plusieurs ouvriers attachés à ces chantiers ont du être arrêtés sous l'inculpation de coups et de blessures graves. Le nommé Lavit, lâchement assailli par quatre ou cinq de ses camarades, il a été tellement meurtri de coups, qu'il a dû garder le lit depuis cette époque.
Les auteurs de ce guet-apens restèrent d'abord inconnus; mais ils viennent d'être mis sous la main de la justice par la brigade de gendarmerie de Courcôme, qui les avait déjà signalés dans une enquête dont elle avait été chargée par le procureur de la République près le tribunal de Ruffec, et à la suite de laquelle des mandats d'amener ont été décernés contre eux. On lit dans le Courrier de Saint-Quentin du 11 juillet
La grève des ouvriers menuisiers peut être regardée comme terminée, plus des trois quarts des ouvriers ont repris leur travail. Quant à ceux qui s'obstinent encore à ne pas rentrer dans leurs ateliers, ils comprendront sans doute qu'ils font la guerre entièrement à leurs dépens.
Sur les neuf individus arrêtés, un seul a été relâché.
La grève, des ouvriers du chemin de fer de Tours à Bordeaux occupés dans les chantiers voisins d'Angoulème a cessé sans de graves désordres. Le seul inconvénient réel que l'on ait à regretter, c'est le retard que la grève apportera dans l'achèvement des travaux, qu'il eut été facile d'activer pendant les beaux jours dont nous jouissons en ce moment.
Conseil général de la Charente, 1881, commune de Tuzie.
Construction d'une école mixte avec salle de mairie.
Les conditions défectueuses de l'école actuelle rendent nécessaire la construction immédiate d'un bâtiment scolaire.
La dépense est évaluée à 19,300 fr., y compris 950 fr. relatifs à l'installation de la mairie. Les ressources sont de 6,700 fr., savoir : 5,700 fr., montant d'un emprunt à la Caisse des écoles, et 1,000 fr., prélèvement à opérer sur les fonds libres pour la mairie. Le déficit est de 12,600 fr.
Pour l'amortissement de l'emprunt de 6,700 fr., il a été voté une imposition extraordinaire de 10 centimes pendant trente ans. La commune supporte déjà en 1881 une taxe de 3 centimes pour la vicinalité. Ses fonds libres en caisse paraissent s'élever à 1,720 fr. ; 1,000 fr. seulement sont destinés au projet de l'école ; mais le conseil municipal a déclaré que le surplus devait être réservé pour les travaux en cours d'exécution aux bâtiments communaux. Séparée de Courcôme à la Révolution, Tuzie a réussie son indépendance et il règne une belle atmosphère de convivialité entre anciens et nouveaux habitants. Les deux exemples d'animation ci-dessous suffisent à le prouver.
Ni église ni cimetière à Tuzie
Ce village est donc une réelle curiosité historique puisqu'il était rattaché à la paroisse de Courcôme, une enclave relevant de la Saintonge, il relevait toutefois de l'Angoumois. Ce qui n'était pas le cas de sa chapelle Saint-Antoine - érigée dans le cimetière de Courcôme - qui relevait forcément de la Saintonge comme Courcôme et du diocèse de Poitiers, pour simplifier. Les pierres aux morts
Ce sont de grosses dalles installées à quelque encablure de l'église d'un village, des reposoirs où était déposé le corps du défunt pour le dernier voyage. C'est là qu'avait lieu la levée du corps... Consulter cette page pour en savoir plus : Les pierres aux morts La chapelle Saint-Antoine
Cette chapelle était toute proche de "Tuzicq" située dans l'Angoumois et le curé était désigné par l'évêque d'Angoulême, ce qui était déjà vrai sous le règne de François 1er à la date de la nomination du premier curé de la chapelle Saint-Antoine.
Le village de Tuzie relevait donc de la paroisse de Courcôme et constituait de fait une sorte de "communauté de village" bien avant que le statut des municipalités n'ait été uniformisé par la loi du 14 décembre 1789.
Une autre chapelle avait été établie pendant la dernière guerre dans une grange pour éviter à la population de se déplacer jusqu'à Courcôme, peut-être était-ce un geste du curé qui pouvait espérer des Tuziciens l'érection d'une petite église ? Cette chapelle privée avait été installée chez un particulier. A l'heure des vêpres, une fidèle lisait des prières.
Citons à cette occasion, l'abbé Tesseron, sympathique prêtre à la gentillesse légendaire.
Vers 1975 et durant dix ans, le curé venait dire la messe deux fois par mois à Tuzie... dans l'ancienne classe, future salle des fêtes.
Courcôme restitue ses maisons à Tuzie Tuzie a été créée de façon à conserver à Salles-de-Villefagnan et à Courcôme une taille pas trop imposante. Mais le découpage a zigzagué. Le 1er juin 1985 avait lieu une curieuse cérémonie à Tuzie, l'occasion pour le maire Emile Camille Grelet d'ouvrir un livre d'or. "Avons en ce jour historique ouvert le livre d'or à l'occasion de la venue de nos voisins de la commune de Courcôme. Ils nous ont restitué nos maisons construites sur le territoire de leur commune, ils nous cèdent également la Cagouillère, une partie des Boucquemonts, une partie des Barbatres. En contrepartie, nous leur abandonnons le coteau La Font Antoine." Rénovation de la mairie en 1985 http://villefagnan.wifeo.com/documents/11_11_1985.pdf Rénovation de la mairie en 2009
La mairie-école avait reçu des transformations antan lorsque l’école a fermé (vers 1970). La classe est devenue salle des fêtes, le préau s’est dressé en bar, la mairie s’est tassée en une seule pièce dans une annexe et le logement de l’instituteur a été loué, le tout inauguré il y a 25 ans vers 1985. Le temps aidant, l’informatique et le photocopieur ont réduit la place disponible en mairie à la portion congrue, et le logement était devenu insalubre. Il a fallu réagir.
Autrefois, le maire conservait de nombreux papiers chez lui. Pour le rencontrer, il fallait pousser sa porte. Les deux derniers maires ont préféré ramener les dossiers à leur place logique, la maison commune. Et le conseil municipal a préféré prendre le taureau par les cornes afin de rendre cette dernière opérationnelle. Le temps de trouver des subventions.
L’ancien logement de l’instituteur a été vidé, les locataires ont été relogés. Les cloisons sont disparues, les doublages de murs aussi, un plancher béton a été coulé au dessus de la cave. La surface disponible est de 70 m2 pour caser une entrée, le secrétariat, le bureau du maire, la salle du conseil, un escalier et des toilettes.
Certifié HQE (haute qualité environnementale). «La fréquence d’utilisation, le taux d’occupation des locaux, quelques heures par semaine, nous ont fait choisir un système de chauffage à priori coûteux en fonctionnement mais économique en investissement, l’isolation chaux-chanvre apporte le bénéfice de l’inertie thermique des murs». Le bâtiment fut isolé en totalité, du sol au grenier pour lequel la ouate de cellulose a été sélectionnée de par sa très grande inertie thermique. L’étage de la mairie sera également rénové. Il reçoit les archives, il est mis à la disposition du personnel communal.
Coût des travaux : 100.000 euros. Les subventions : 45% de l’état, 15% du conseil général, 5% de la région, 7.500 euros de fonds parlementaires. La commune couvre les 30.000 euros restants par un emprunt.
Rénovation de la salle des fêtes en 2012
Après la rénovation de la mairie, le conseil municipal poursuit par la salle des fêtes - salle socio-culturelle en bon jargon administratif - qui remplace l'ancienne salle de classe unique. Les travaux concernent la cuisine qui s'agrandit et devient «tisanerie» - terme qui prête à sourire en ce lieu festif -. Les accès sont élargis et les toilettes adaptées à l'accueil des personnes à mobilité réduite. Le sud du bâtiment fera l'objet d'une cure de jouvence. Toutes les fenêtres en bois de la salle des fêtes seront remplacées par des modèles en PVC à double vitrage. Les anciennes sont d'époque ! Fin XIXe comme la mairie-école. Le crépi de chaux et sable gros, qui fut magnifique, sera refait selon les normes actuelles. «On aurait aimé en profiter pour réaliser une isolation par l'extérieur, soupirent les adjoints du maire, mais cela aurait dénaturé totalement le bâtiment.» A l'intérieur le choix (ancien) de la pierre apparente n'arrange pas l'aspect isolation. Mais les Tuziciens ont tellement de chaleur humaine à revendre...