Histoire de Brettes

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Villa que dicitur Bretas, en 990.

La Motte de Brettes (1894 par Favraud)
A l'est du bourg de Brettes, du côté de Villefagnan, à 300 m de la maisonnette 77 du chemin de fer de Niort à Ruffec, et à peu de distance de l'antique voie romaine de Charroux à Aulnay, dans un vallon couvert de prairies humides et sillonné, l'hiver, de petits ruisseaux, à sec pendant l'été, se trouvait, il y a peu de temps encore, couverte de broussailles et d'ormeaux séculaires, une hutte de terre, d'environ 35 mètres de diamètre, désignée au cadastre sous le nom de Prés de la Font, n° 637, section A, mais connue dans le pays sous le nom caractéristique de la Motte.
Cette Motte a été défrichée récemment ; le sol en était pavé de dalles recouvertes de divers objets ensevelis sous une chape en argile. Il n'est pas difficile d'y reconnaitre une grande tente effondrée. Les objets ensevelis consistaient en os taillés en scie, cornes de cerf polies ou aiguisées, ossements de toutes sortes, débris de poteries, capsule de bronze à jour, provenant probablement d'un encensoir, lances de fer, lames de poignard et d'épée, fers, clefs, charnières, clous, hache polie, serpe, etc.., et enfin un serpent en os, de 0 m. 34 de long, ayant servi d'enseigne militaire. On trouve des objets semblables dans la plupart des Châtelliers ; ils datent d'une civilisation intermédiaire entre celle des Romains et celle des Mérovingiens et nous savons que dans cette période les Barbares firent de nombreuses excursions en Gaule ; les peuples, accablés d'impôts, se réveillèrent et les empereurs furent obligés d'établir de nombreuses garnisons de barbares à l'intérieur pour surveiller le pays. Constance Chlore (292), Dioclétien et Maximien Hercule (286), Constantin (306-312) en établirent et fortifièrent les camps intérieurs.
La Notice des Dignités de l'Empire, dressée vers l'an 400, nous apprend que les garnisons du Poitou étaient composées de Taïfales et de Sarmates et Grégoire de Tours noue donne des renseignements sur les Taïfales du Poitou. Les ruines de la Motte de Brettes doivent donc dater du IVe au Ve siècle. (voir : La Motte de Brettes, par A. Favraud, br, in-80°)


La motte de Brettes (SAHC 1970 par MM. Marius Gagnère et Jean Prat)
Historique : en 1894, Favraud présentait à la Société Archéologique de la Charente une communication sur la Motte de Brettes. (La Motte de Brettes, A. FAVRAUD, Angoulême, 1894.) A cette époque, le propriétaire du terrain nommé Chaput rasa une partie de l'ouvrage, qui, selon l'auteur mesurait 35 mètres de diamètre. La motte ne fut détruite qu'en partie, parce qu'elle appartenait à deux propriétaires, et, l'un d'eux démolit sa part, pour augmenter sa surface cultivable. Différents objets furent recueillis au cours des travaux.
L'interprétation donnée par Favraud, admissible à l'époque ne l'est plus aujourd'hui : Favraud a vu un pavage de pierres brutes, plates et solides ; au-dessus, il y avait deux mètres de terre blanche contenant des charbons de bois et des débris disposés circulairement. Il a conclu à une habitation fortifiée.

C'est au début de 1966 que nous avons été informés de la destruction prochaine de la seconde partie de la Motte de Brettes. Situé dans une vallée humide (parcelle n° 637 section A de l'ancien plan cadastral), l'ouvrage se présentait sous la forme d'une élévation de terre de 1 m 50 de hauteur, de surface rectangulaire couvrant 60 mètres carrés.
Cette butte de terre était alors recouverte de très gros ormeaux qui ont été arrachés par les engins de l'entreprise de remembrement.
Nos recherches se sont poursuivies sporadiquement en 1966-1967-1968. Il s'est révélé que l'ouvrage était bordé -côté ouest par une murette de pierres sèches de 0 m 40 de hauteur.
Une seconde murette dont-il ne subsistait que la base a été localisée côté est, parallèle à la motte et à trois mètres de distance. Au pied de l'ouvrage côté sud, se trouvait une petite mare qui a peut-être fourni une partie des matériaux employés à son architecture. Avec les autorisations nécessaires, nous avons fouillé 23 mètres carrés de l'ouvrage.


La fouille (voir Fig. 1)
La couche archéologique située à la base de la butte de terre marneuse et de platins avait une épaisseur de 20 à 30 cm. Les trouvailles ont été importantes, surtout là où nous avons découvert deux foyers de 1 m 20 de diamètre. Ces foyers étaient ceinturés par un arrangement de petits moellons disposés sur un rang ; une épaisse couche de cendres et de charbons en occupait l'intérieur. Il est certain que la plus grande partie des objets ont été déposés avec précaution sur les foyers. Le foyer le plus riche nous a livré 33 tessons importants recouvrant autant d'objets métalliques ou fragments osseux. Ces tessons de la grandeur d'une main sont d'au moins 8 va-ses différents. Seul le profil des bords permet de les différencier.
A l'intérieur des foyers, nous avons localisé différents objets en place, alors que d'autres avaient été déplacés par les racines et les fouisseurs. Le matériel découvert est de trois sortes tessons de poteries, ossements, métal.

La poterie
Une grande quantité de tessons a été recueillie. C'est une céramique rustique à fond plat, de couleur beige ou grise sans décors. Il semble s'agir de vases d'une contenance de quatre à cinq litres, à panse rebondie et col court et étroit. Ces cols présentent souvent une ou plusieurs moulures circulaires d'un profil variable. Les moyens de préhension sont représentés par de rares anses rubanées. Deux goulottes attestent la présence de cruches.
Un vase auquel il ne manquait que le col a été découvert isolé à l'extérieur des foyers le long de la murette ouest. Ce vase écrasé par le poids du terrain était disposé ouverture vers le bas dans une petite cavité creusée dans le sol. Il reposait dans un contexte cendreux qui n'a livré rien d'autre. Deux fragments de tuile à rebord viennent confirmer l'époque. Les tessons importants toujours disposés à plat, la partie bombée vers le haut, reposaient en général sur la couche supérieure du foyer. Sous ces tessons, et en contact avec eux, se trouvait très souvent un objet métallique ou un fragment osseux.

Le métal
A l'exception d'une minuscule plaquette de bronze tous les objets métalliques sont en fer. Les clous à tête aplatie latéralement sont abondants. Nous notons encore plusieurs armatures de flèches ordinaires ; une seule présente quatre ailerons. Une charnière complète et de nombreux éléments de serrure. Deux clefs de serrure. Deux fers à chevaux. Une panne de marteau. Deux couteaux à soie. Un outil énigmatique à douille, genre raclette, qui présente un oeil au sommet gauche de la partie utilitaire. Un cercle, qui a pu être une ferrure de seau en bois. Une serpe à soie, qui par sa forme est proche de la faucille. Enfin un bout de chaine de quatre maillons. La présence de bois, dans la douille de l'outil précédemment cité ainsi que l'absence de traces de crémation sur les ossements nous incite à penser que ces objets ont été déposés après l'extinction des foyers.

Le matériel osseux
Très fragmenté, il semble provenir uniquement d'animaux et gibiers comestibles. Il s'agit principalement de mâchoires brisées par choc. Nous avons identifié le sanglier, le cerf, le chevreuil et le cheval. Une superbe ramure de chevreuil a été découverte à l'extérieur des foyers en bordure de la murette ouest. Cette ramure est solidaire du crâne qui a été scié précautionneusement. Constatation importante : l'écorce des bois de l'animal a été raclée sur toute leur surface. Il a été également trouvé une partie des bois d'un grand cerf. A noter que les os ont été brisés ; seule une tentative de sciage se remarque sur le fragment de ramure de grand cerf.

La fin de la motte de Brettes
Le 11 juin 1969, ce qui restait de la Motte de Brettes (37 m2) a été rasé par les engins. Un propriétaire de la commune, M. Adolphe Lafont, adjoint au Maire, a bien voulu accepter que les restes de ce monument soient déposés sur son terrain, parcelle 104 du nouveau plan cadastral section Z. C.
Cinq camions de déblais ont été transportés dans la partie nord-est du terrain de M. Lafont. J'ai pu récupérer quelques objets au cours de ce transport.
Sur l'aire de la Motte, trois nouveaux foyers rituels sont apparus, aussitôt effacés par un nivellement du secteur. C'en était fini de cet humble sanctuaire. Ce témoignage d'un autre âge, reflet de la vie et de l'espoir des hommes méritait mieux que cela.

Conclusions
La position de la poterie, la nature des os trouvés, bois mâchoires, têtes, le choix des espèces animales, tout indique que cette motte contenait les dépôts rituels d'une religion inconnue ; probablement au IVe ou Ve siècle. Des vestiges semblables ont été trouvés à Campagnat (Creuse) et Chez Bejas (Haute-Vienne).
Ni à ces deux endroits, ni à Brettes, il semble qu'il y ait eu de restes humains. Il y avait dans chaque alvéole un amas de cendres et au-dessus, déposé sans doute après extinction du feu, plusieurs vases brisés renversés recouvrant une offrande animale ou métallique. Cette religion inconnue, pourrait bien être une persistance du vieux culte gaulois dont parle César dans la «Guerre des Gaules».
En effet, César écrit : «La nation des gaulois, est dans son ensemble très adonnée aux pratiques religieuses. Dans beaucoup d'états ; on peut voir en des lieux consacrés, des tertres élevés en hommage aux divinités».
La Motte de Brettes, édifiée 400 ans plus tard, n'était peut-être qu'une variante de ce vieux culte.
Après plus de deux siècles de paix romaine et de prospérité les descendants du vieux peuple, ont pu conserver quelque chose de leur personnalité et de leur tradition.
Les croyances et les rites de l'époque gallo-romaine ont été plus divers que nous le pensions jusqu'alors, et, il est bien dommage que ce dernier vestige d'un tel culte en Charente ait totalement disparu.

La Tour de Brettes
Brettes possédait un château appelé Tour de Brettes. Cette construction du XVe siècle, malgré ses multiples mutilations, offre encore beaucoup d’intérêt.
Brettes compatit 401 hanbiatants en 1726.
 


 

Parmi les seigneurs de Brettes, nous trouvons au XIIIe siècle : Aimery de Corneille, écuyer, auquel succède son fils, Pierre, seigneur de Brettes, qui prit à bail, en juillet 1278, quelques terres de l’Abbaye de Nanteuil.
 
Les Corneille portaient : “écartelé au I et 4 d'or au chevron de gueules, accompagné de deux molettes de même en chef, et d’une corneille de sable en pointe, au 2 et 3 d'azur au sautoir dentelé d’or, cantonné de 4 pigeons d’argent”.
 

Les Brettes portaient :
"d'argent à 3 vaches de gueules"
 
De Brettes : famille noble qui habitait la Basse-Marche et le Poitou. Elle a sans doute tiré son nom de la paroisse de Brettes, près de Ruffec.
La famille de Brettes était originaire de la Basse-Marche ; en Limousin, Brette signifie vache. On cite Jeannot de Brettes, seigneur du Cros en 1537 qui épousa le 15 avril  1532 Peyronne de Neufville, fille du seigneur de Magnac. François de Brettes, chevalier, seigneur du Cros, chevalier de l’ordre du Roi le 6 janvier 1571, devint le mari d’Anne du Vigier. Cybard de Brettes, écuyer, seigneur du Cros, du Masrocher, Brouilhac, épousait à son tour Jeanne de Salignac, le 9 octobre 1589.
Catherine de Brettes, fille de Gédéon de Brettes, chevalier, marquis de Cros Limousin, épousa le 6 juin 1676 à Pressac Guy d’Alloigny, seigneur de Boismorant dont il eut seulement une fille. Catherine d’Alloigny épousa ensuite François Taveau de La Vigerie. Alloigny : «de gueules, à 3 fleurs de lis d’argent, 2 et 1».

Famille Chasteigner.
René Chasteigner portait : «d’or, au lion passant de sinople, armé et lampassé de gueules». Ils étaient les seigneurs de la Tour de Brettes encore en 1789.

René Chasteigner, chevalier, seigneur de Rouvre, la Brette, la Chevallerie, etc, se trouva au ban des Nobles du Poitou de 1693 et servait le 20 août 1702 comme lieutenant dans l'escadron des gentilshommes du Poitou (commandé par Jean Chasteigner, seigneur de Tennessue). Il fut maintenu dans sa noblesse par sentence de l'intendant de Poitiers du 17 janvier 1699 et encore le 22 février 1715. Il avait épousé, par contrat du 16 septembre 1691 Catherine Chevalleau de Boisragon.

En 1789...
«Les sieurs François de Chasteigner et les demoiselles leurs soeurs, propriétaires d’un domaine, rentes, dixmes et agriers dans la paroisse de Brettes, le tout du revenu de 760 livres, payeront quatre-vingt-trois livres douze sols.»


Le 13 mai 1656, Isabeau Chasteigner, épouse de Roc de Presat (alias Pressac), sieur de la Forêt, paroisse de Saint-Gervais, près Rochechouart (Haute-Vienne), était inhumée dans l'église de Saint-Gervais ; cent trente ans plus tard, en 1789, alors que le fief de Brettes appartenait à un de Pressac, Demoiselle Marie de Chasteigner était «seigneuresse» de La Tour de Brettes. Propriétaire de l'ancien donjon de la paroisse de Brettes, elle était la tante de Jean-Henri de Chasteigner, seigneur de Rouvre, et fille de René et de Catherine Chevalleau de Boisragon. Elle fut inhumée à Brettes le 21 octobre 1792 à l'âge de 88 ans. (R. Simmonaud)

Charles de Barbezières époux de Marie Jeanne Chasteigner (Charles de Barbezières, chevalier, seigneur de la Talonnière, Brettes en partie, et de Jeanne de Chasteigner).

En 1730 : Dans la dite paroisse, il y a plusieurs décimateurs qui sont Messieurs Chasteignier de Rouvres et Monsieur de Barbezières, Mesdames les religieuses de Tusson, Monsieur le prieur d'Embourie, qui ont une grande partie des dîmes menues et vertes et dîmes d'agneaux tant dans leurs biens que dans celui des particuliers, comme aussi Monsieur de Lanville qui a des dîmes dans un canton de ladite paroisse. Les dames de Tusson prétendent aussi les novales où elles ont rente et dîmes et les Messieurs Chateignier de Rouvre et Monsieur de Barbezières se disent seigneurs de ladite paroisse et fondateurs de l'église dudit Brettes, Monseigneur de Poitiers nomme à ladite cure.

De Barbezières, seigneur de Brettes
Tout commence par une allaince entre Charles de Barbezières et Marie Jeanne Chasteigner de Rouvre... (Source J.M. Ouvrard)

... de BARBEZIÈRES Charles, chevalier, seigneur de la Talonnière et de la Fenêtre (Juillaguet).
Il épousa en premières noces le 8 février 1705 (Charraudeau et Royer, notaires à Poitiers), Marie Jeanne Chasteigner de Rouvre, fille de Jean, écuyer, sieur de Rouvre, et de Jeanne Sochet. De par ce mariage, la seigneurie de la Tour (Brettes), fut partagée par actes des 18 et 20 mars 1716. Une partie alla aux descendants de René Chasteignier, frère de Marie Jeanne, et l'autre entra dans celle de BARBEZIÈRES. (Bruno Sépulchre).
Ils eurent pour enfants :
  • 1) Charles Antoine, qui suit.
  • 2) François, qui fut chanoine régulier.
  • 3) Jean Charles, qui fut chanoine de l'église cathédrale d'Angoulême. Il assista au contrat de mariage de son frère, le 23 avril 1735. Le 10 janvier 1770, comme héritier de Anne Prudence, sa tante, il vendit le logis, fief et demeure noble et roturière de la Fenestre (Juillaguet), à Anne Suzanne Dauphine et David Gensin, pour 2000 livres. (Jean-Paul Gaillard).
  • 4) Jean César, chevalier, seigneur de la Talonnière, Péré, etc. Il fut capitaine de grenadiers au régiment de Mailly, et chevalier du Saint-Louis. Il épousa Anne Gabrielle Lévèque, veuve de Jean Charles Eschallé, chevalier, seigneur de Linazay. Il décéda à Saint-Maixent (Deux-Sèvres), le 11 décembre 1788, ayant eu pour enfants :
    • a) N., garçon, décédé en bas-âge.
    • 2) N., garçon, décédé en bas-âge.
    • 3) Marie Anne, qui épousa à Saint-Maixent, le 18 juillet 1789, Louis Joseph Sévère de Cumont, lieutenant au régiment d'Aquitaine.
    • 5) Jeanne, décédée jeune.
    • 6) Anne Prudence, qui était dite possédée en 1739, la seigneurie de la Fesnestre (Juillaguet). (Jean-Paul Gaillard). Elle décéda jeune.
Charles épousa en secondes noces Marie de Massougnes, fille de Jean, écuyer, sieur des Fontaines, et de Françoise Dubois.

De BARBEZIÈRES Charles Antoine, chevalier, seigneur de la Talonnière, la Chapelle, Brettes, Souvigné, etc. Il fut officier au régiment de Pons.
Le 24 avril 1777, il vendit sa terre de la Tour de Brettes, pour 43000 livres, à Jean Joseph de Pressac, chevalier, seigneur des Egaux. (Bruno Sépulchre).
Le 23 avril 1735 (Bernard et de Rouvelle, notaires), il épousa à Angoulême, Marie de Livenne, fille de François, chevalier, seigneur de la Chapelle, et de Marie Tesnier. (Voir acte ci-dessous).
Le 16 avril 1748, Charles Antoine et Marie de Livenne, demeurant au logis de la Talonnière, affermèrent le logis de la Chapelle (La Chapelle), à Jean Auriol, marchand de Mansle. (Danielle Arnaud).
Ils eurent de nombreux enfants, dont cinq seulement survécurent :
  • 1) Charles Antoine, qui suit.
  • 2) N., qui fut enseigne de vaisseau.
  • 3) François, qui fut lieutenant au régiment de Talaru.
  • 4) Jacques.
  • 5) N., fille.
De BARBEZIÈRES Charles Antoine, chevalier, seigneur de la Chapelle, Brettes, Souvigné en partie. Il naquit le 3 janvier 1738 à Fouqueure. Il fut capitaine, puis devint chef de bataillon au régiment de Guyenne-Infanterie, et fut nommé chevalier de Saint-Louis.
Il se trouva à l'assemblée de la noblesse du Poitou, réunie à Poitiers en 1789 pour nommer les députés aux Etats Généraux. Il fut du nombre des rédacteurs des cahiers de l'ordre de la noblesse, et nommé commissaire pour la correspondance dans l'enclave de l'Angoumois.
Il émigra en 1791 et fit la campagne de 1792 dans l'armée des Princes, frères du roi, en qualité de commandant en second de la quatrième compagnie de la noblesse du Poitou-Infanterie.
Il épousa à Angoulême, par contrat du 31 janvier 1770, (Mattat et Bourguet, notaires royaux), (célébration religieuse à Saint-Jean d'Angoulême le 9 février 1770), Françoise Josèphe de Nesmond, fille de Philippe, chevalier, seigneur de Brie, la Jauvigère, la Michenie, la Simarde; et de Jeanne Marguerite Garnier. Le couple était dit demeurant au logis de la Chapelle. (Danielle Arnaud).
De cette union naquirent :
  • 1) Pierre Jacques Philippe, né le 25 juillet 1784. Il décéda âgé de 18 ans.
  • 2) Philippine, décédée en 1821, sans postérité.
  • 3) François Hélène Joseph.
Charles Antoine émigra à la Révolution. Ses biens de la Chapelle furent saisis, divisés en 64 lots, et vendus aux enchères. (Danielle Arnaud).
Il décéda à Iserloln, comté de Lamark (Allemagne), le 22 septembre 1799. (abbé Pierre Bureau). Il fut amnistié le 21 Prairial An XI. (abbé Pierre Bureau).

Famille de Barbezières. (Source Robert Simmonaud.)
I. CHARLES de Barbezières, chevalier, seigneur de La Talonnière et de La Fenêtre, épousa le 8 février 1705, Marie Jeanne Chasteigner de Rouvre, fille de Jean, écuyer, sieur de Rouvre, et de Jeanne Sochet, soeur de René Chasteigner, chevalier, seigneur de Rouvre, la Brette, la Chevallerie, … etc, qui précède. Leur fils ainé Charles-Antoine suit.


II. CHARLES-ANTOINE de Barbezières, seigneur de la Talonnière, la Chapelle-Marcillac, Brettes, Souvigné (Charente), marié en 1735 à Marie de Livenne, dame de La Chapelle-Marcillac. Par un accord "fait et passé au logis de Brettes avant midy, le dixiesme May Mil sept cent cinquante trois", Charles Antoine que le Seigneur et la dame de Barbezières avaient institué pour leur seul et unique héritier, sous les conditions et à la charge de donner et payer à Jean Cézard de Barbezières la somme de dix mil livres en argent ou effets bons et exigibles et bien assurément garantis ou la moitié du fonds de Brette et des bestiaux servant à l'exploitation d'icelluy, sof et excepté la précloture quy apartiendroit en entier aud. seigr de la Talonnière sans partage, ... et comme le dit fons et fief de Brette ne pourroit point facillement ce mésir sans une diminution très considérable, … consant que la totallité dud. fief et seigneurie de Brette, précloture, circonstances, depandances et aquisitions, améliorations et ogmentations jusqu'à ce jour et bestiaux servant à la culture desd. fons de Brette, reste en pure et absollue proprietté aud. messire Jean Cézard de Barbezières ; à la charge et condition de luy payer après le déceds desd. seigr et dame de Barbezières, leurs père et mère, la somme de quatorze mil livres à compter du deceds du dernier mourant de leurs dits père et mère".
Armes des Barbezières : «Losangé d'argent et de gueules."
Armes des Livenne : "D'argent à la fasce de sable frettée d'or en losange, accompagné de 3 étoiles de sable 2 et 1.»

III. Charles-Antoine, leur fils, deuxième du nom, chevalier, seigneur de La Chapelle-Marcillac, Brettes, Souvigné en partie, ancien chef de bataillon, chevalier de Saint-Louis, vendit la terre de Brettes, le 24 Avril 1771 pour 43000 livres à Joseph-Jacques de Pressac, chevalier, seigneur des Egaux en Empuré.
Charles-Antoine de Barbezières s'était trouvé à l'Assemblée de la Noblesse du Poitou, réunie à Poitiers en 1789 pour nommer les députés aux Etats généraux, il fut du nombre des rédacteurs des cahiers de l'ordre de la noblesse et nommé commissaire pour la correspondance dans l'enclave d'Angoumois. Il émigra en 1791 et fit la campagne de 1792 dans l'armée des Princes, frères du Roi.
Il avait épousé en l'église archipresbytérale de Saint-Jean d'Angoulême le 9 février 1770, avec dispenses, demoiselle Françoise-Josephe de Nesmond, fille de Messire Philippe de Nesmond, chevalier, seigneur de Brie, l'Age-au-Vigier et autres lieux et de Dame Catherine Jeanne Garnier de la Boissière. Françoise-Josephe était née à Brie le 16 Juillet 1744, elle fut ondoyée le 18 courant, baptisée le 21 janvier 1745.
Armes des Nesmond : «D'argent à 3 cornets de sable, 2 et 1.»

10 mai 1753
Partage familial chez de Barbezières à Brettes
(source R. Simmonaud)
Pardevant le Notaire Royal héréditaire en Angoumois soussigné et en la présence des tesmoins cy-bas nommés, furent présents Messire Charles de Barbezière, chevallier, seigr. de La Tallonnière et Dame Marie Jeanne Chasteigner son épouse, de luy bien dhuement authorizée, pour l'effet des présantes, demeurants en leur logis de Brette, paroisse dudit lieu, d'une part ; Messire Charles Anthoinne de Barbezière chevallier, seigneur de la Tallonière et de La Chapelle, et Dame Marie de Livenne de La Chapelle, son épouse aussy de luy bien dhuement authorisée, pour le mesme effet et valliditté des présantes, demeurants en leur logis noble de La Tallonière, paroisse de Fouqueure, d'autre part ; et M. Jean Cézard de Barbezière, chevallier de l'ordre militaire de Saint Louis, capitaine Infanterie au régiment de Mailly (?), demeurant audit logis de Brette, encore d'autre part ;
Entre lesquelles-partyes a esté dit que par le contract de mariage dudit seigneur Charles Anthoinne de Barbezière de La Tallonnière et de la dite dame de Livenne, son épouse, du vingt trois Avril Mil sept cent trante cinq, reçu Desrouledde et son confrère, notaires royaux à Angoulême, dhuement controllé et insinué, les dits seigneurs et Dame de Barbezières auroient institué led. Seigneur de La Tallonière, leur fils aisné pour leur seul et unique héritier, sous les conditions de réserve de jouissance et faculté de disposer en conséq. du contract de mariage, et à la charge et condition, après leur vie et du dernier mourant des deux de donner et payer aud. Jean Cézard de Barbezière, la somme de dix mil livres en argent ou effets bons et exigibles et bien assurément garantis ou la moityé du fond (de) Brette et des bestiaux servant à l'exploitation d'icelluy et au choix et option dudit Messire Jean Cézard de Barbezière, sof et excepté la précloture quy appartiendrait en entier aud. Seig. de La Tallonière sans partage, et ce pour toutte la légitime part et portion que led. Mre Jean Cézard de Barbezière pourrait prétendre dans la succession desd. seigneur et Dame ses père et mère, et comme le dit fons et fief de Brette ne pourrait point facillement ce mésir sans une diminution très considérable, ce quy pourroit faire naître des contestations entre lesd. Seigneur de La Tallonière et led. MM Jean Cézard de Barbezière, après les déceds des Seigneur et Dame de Barbezière, leurs père et mère.
Il a été entre led. Seigr de la Tallonière et led. Mre Jean Cézard de Barbezière traitté et convenu ce quy suit : scavoir est qu'ayant été reconnu que la ditte seigneurie de Brette ne pourroit pas se mésir, sans une diminution très considérable pour faire un réglement, et empescher par la suite touttes les dicentions, led. Seigr de La Tallonière au consantement desd. Seigr et Dame ses père et mère en lad. quallitté de leur héritier institué, a consanty et consant que la totallité dud. fief et seigneurie de Brette, précloture, circonstances, dépandances et aquisitions, ameliorations et ogmentations jusqu'à ce jour (interligné) et bestiaux servant à la culture desd. fons de Brette, reste en pure et absollue propriétté aud. Messire Jean Cézard de Barbezières, à la charge et condition de luy payer après le déceds desd. Seigr et Dame de Barbezière, leurs père et mère la somme de quatorze mil livres à compter du déceds du dernier mourant de leurs dits père et mère, et cependant l'interêt quy courra du jour du déceds du dernier mourant de leurs dits père et mère, et a esté convenu que led. Messire Jean Cézard de Barbezières pourra du vivant desd. Seigr et Dame ses père et mère, faire en qualitté de propriétaire dud. fief dit fonds de Brette, circonstances et depandances par vertu des présantes, telles ogmentations, améliorations et réparations qu'il jugera à propos dans led. fonds et fief de Brette, sof à luy de s'aranger avec led. Seigr et Dame de Barbezières ses père et mère pour les réparations, améliorations et ogmentations cy aucuns il fait, à cause de la jouissance par eux réservé et dans lesquelles convantions, led. Seigr de La Tallonière n'aura aucun intérêt, comme il n'y a aucun en vertu des présantes quy assuront aud. Messire Jean Cézard de Barbezières la propriétté dud. fief, fond et seigneurie de Brette circonstances et dependance y compris les acquisitions améliorations et ogmentations faites jusqu'à ce jour (interligné) par lesd. Seigr et Dame père et mère, et bestiaux et ont la mémoire de quatre paires de boeufs d'arnais ; sera tenu comme il s'y oblige, led. Seigr Jean Cézard deBarbezières de ce contanter des choses cy dessus et luy reste ce, pour tous droits de légitime franc et quitte de touttes dettes, et sous les conditions des payments qu'il sera tenu faire aud. Seigr de de la Tallonière, son frère ; lequel n'entand au surplus se mise ny préiudicier à un surplus de son institution, moyennant quoy led. Messire Jean Cézard de Barbezières a promé comme il a promis par ces présantes, le réglement fait de sa ditte légitime par refus du contract de mariage du Seigr de la Tallonière ; et ce tient pour bien partagé ; et a été pareillement convenu que cesd. présantes ne pourront nuire ny préjudicier aux droits des Seigr et Dame de Barbezière père et mère tant par la jouissance par eux réservée des fonds et dhoumaines énoncés au contract de mariage dud. Seig de la Tallonière, leur fils aisné que pour la disposition des meubles et sommes par eux pareillement réservés par le susdit contract de mariage, et moyennant le présent règlement ; fait comme dit est le consentement desd. Seigr et dame de Barbezière, père et mère, touttes contestations quy oient pu ce mouvoir après leur déceds demeure terminées sans que led. Seigr de la Tallonière et led. Mre Jean Cézard de Barbezières puisse aller au contraire de ces présantes, qu'ils promettent respectueusement d'executer comme loy de famille, réglement et partage par licitation y du consentement desd. Seigr et Dame de Barbezières, leurs père et mère, ce sous l'exécution de ce que dessus, les partyes ont obligé et hypothéqué tous et chascuns leurs biens présents et futurs les maris et leurs espoùses chascun à leur égard, se doivent l'un pour l'autre, l'un d'eux seul pour le tout sans démission renonçant au bénéfice de démission, ordre de discution et à eux donne à entendre estre tel que plusieurs personnes mesme mary et femme ne peuvent s'obliger les uns pour les autres sans au préallable avoir renoncé au bennéfice de démission, d'ordre et discution, ce qu'ils ont dit bien scavoir et entendre, ayant de bon sens rénoncé et renoncent et de leur consentement et vollonté, elles ont été jugées et condamnées par nous dit notaire royal soussigné ; fait et passé au dit logis de Brette avent midy le dixiesme May mil sept cent cinquante trois en présence de MM Jean Charles de Montallembert, chevalier, seigneur du Croc, Fouquebrune et Houmes, demeurant en son chateau du Croc, paroisse de Fouquebrune et de Jean Tire (?) domestique de la Dame de Puybernic ..., Estienne de Brilloy en Bas-Poitou, tesmoins connus et requis et ont les partyes et tesmoins signé sof le dit Tire l'un desdits tesmoins, lequel a déclaré ne scavoir signer de ce enquis, approuvé les mots interlignés quy sont ; jusqu'à ce jour jusqu'à ce jour et trois mots rasturés pour ne valloir.
Signatures :
Ch. de Barbez.ières ; M. J. Chasteigner ; C. A. De Barbezières ; Marie de Livenne de Barbezières ; Jean Cézar de Barbezières ; Jean Charles de Montalembert de Cers ;
Amiaud, Notaire Royal héréditaire.
Controllé et insinué à Villefagnan le dix May mil sept cinquante trois (sic) reçu deux cens quarante une livres quatre sols y compris les droits d'authorization.
Camu.


Autres familles : famille de Pressac (seigneurs des Egaux à Empuré), seigneurs en partie de Brettes en 1771. 1789, le sieur Philippier de Fonbrette fils et la dame Bretinaud, demeurant en Poitou, propriétaires de rentes et un domaine dans la paroisse de Brettes, le tout du revenu de 100 livres, payeront onze livres.

Famille de Pressac
De Pressat, sieur de Pressac et de Lioncel, paroisse de Chenaud et d'Empuré, election d'Angoulême, portait : «D'azur à un lion rampant d'argent, couronné d'or, lampassé de gueules et 8 losanges d'or en pal, 4 à dextre et 4 à senextre.»
Joseph-Jacques de Pressac, chevalier, seigneur des Egaux en Empuré, devint propriétaire de la terre de Brettes en partie, en 1771, car la Tour de Brettes ou ancien donjon, resta la propriété de la famille Chasteigner. Il était le fils de Jacques de Pressac, baptisé à Empuré le 14 juin 1714, marié à Valenciennes le 3 mars 1763, avec Thérèse Angélique Joseph Dath, décédé à Brettes le 28 avril 1789. Jacques était le fils de Jean de Pressac, chevalier, seigneur des Egaux et de Rouzac, et de Françoise-Catherine Posson et le petit fils de André de Pressac, marié le 26 Septembre 1658 avec Eléonore Martin.


Membres de la noblesse d'Angoumois votants pour l'élection des délégués aux états généraux en 1789 :
- Pressac (Jacques de), chevalier, seigneur en partie de Brettes, chevalier de Saint-Louis.
- Chasteigner (Marie de), fille majeure, dame en partie de La Tour de Brettes. (Mémoires de la SAHC, 1969, pages 265 et 287)

 

 





 
Brettes régige son cahier de doléances
Brettes, aujourd’hui commune du canton de Villefagnan, était en 1789 de la   sénéchaussée et élection d'Angoulême, dans le diocèse de Poitiers, et le marquisat de Ruffec (1). La paroisse était taxée en 1789, à 1.060 livres de taille, 565 livres d’accessoires, 590 livres de capitation, 790 livres de vingtièmes.
Les doléances sont des requêtes adressées par un tiers à une autorité politique ou religieuse essentiellement pour faire des remarques, ou pour exprimer un souhait.
Les cahiers de doléances étaient préparés par le peuple à l'adresse des États généraux, avant qu'ils soient réunis, pour exprimer des remontrances ou faire des remarques. De tels cahiers ont été rédigés pour la première fois lors des États généraux de 1614, avant-derniers États généraux tenus en France. Les cahiers de doléances les plus notoires restent ceux de 1789. En 1789, les cahiers de doléances ont presque valeur de sondage.
Un procès-verbal de l’assemblée du bourg et paroisse de Brettes, pour la nomination des députés, est rédigé (Arch. munic. Angoulême, A A 21). La réunion a lieu le 9 mars, en l’auditoire du lieu. Le syndic (nom inconnu) préside. Les comparants sont Jacques Vésinat, Jacques Maisonneuve, Jean Turcat, Jean Chambret « et autres ». La paroisse se compose de 90 feux, sont cités 2 députés, les sieurs Claude Cassant et Jean Rouché ; apposées 13 signatures, celles des sieurs Jean Texier, P. Chambret, Louis Boisset. P. Texier. P. Deléglise, André Maisonneuve et Brilouet, outre celles des comparants cités et des députés.
Suit le procès-verbal d’élection de députés et d’instructions et pouvoirs à eux donnés par les habitants de la paroisse de Brettes en Angoumois, suivant le protocole anciennement observé : le début, en forme de procès-verbal, contient la date de l’assemblée, la mention de la comparution du syndic et des habitants, celle de la publication relative à la convocation et des pouvoirs donnés aux députés.
Suit le texte du cahier, qui débute ainsi :
« Que lesdits habitants ne sont accablés et foulés d’impôts, que parce que les ministres ont ci-devant établi le système injuste et meurtrier de la taille tariffée, où la Noblesse et le Clergé, sous prétexte de différents privilèges, le plus souvent même usurpés, possèdent les plus grands biens sans presque rien payer, pendant que le malheureux cultivateur, réduit à la plus médiocre fortune, paye presque tout, et encore parce que les ministres et leurs agents, tant dans l’administration que dans la finance, sans aucun respect pour eux-mêmes ni pour les sujets du Roi, sans égard aux lois du royaume qui veulent que les Français ne puissent être taxés que de leur consentement, ont insensiblement écarté et renversé tous les obstacles et augmenté jusqu’à l’excès, par l’effet de leur seule volonté, la charge du peuple, dont ils ont dissipé le produit ; que pour s’assurer à l’avenir la jouissance de leurs biens, ils veulent et entendent :
- ART. 1er. Qu’aucune partie de leurs propriétés ne puisse leur être enlevée par des impôts, s’ils n’ont été préalablement consentis par les États généraux du royaume composés, ainsi que le veulent la raison et la loi, des députés librement élus par tous les cantons, sans aucune exception, et chargés de leurs pouvoirs ;
- ART. 2. Que, suivant les intentions du Roi manifestées dans le résultat de son Conseil du 27 décembre 1788, les ministres soient à l’avenir responsables de l’emploi de toutes les sommes levées sur le peuple ;
- ART. 3. Qu’attendu que les impôts non consentis n’ont été payés jusqu’ici que par la crainte des emprisonnements arbitraires ou de quelques coups d’autorité qui ont arrêté toutes les réclamations, lesdits habitants veulent et entendent que personne ne puisse être arrêté ni emprisonné, pour aucun motif, qu’en vertu des lois du royaume. Seront tenus lesdits députés de faire insérer la déclaration des volontés desdits habitants dans le cahier du bailliage d’Angoulême, et chargent spécialement lesdits habitants ceux qui seront élus par l’assemblée dudit bailliage d’Angoulême de la faire valoir aux Etats généraux, et de ne consentir à la levée ou prorogation d’aucun subside, avant que ladite déclaration ait été adoptée par eux et solennellement proclamée ; leur donnent néanmoins pouvoir, sous la condition ci-dessus, et non autrement, de consentir à l’établissement ou prorogation des subsides que les États généraux jugeront indispensablement nécessaires aux besoins de l’État, toutes dépenses inutiles préalablement retranchées, pourvu toutefois que les impôts soient supprimés et remplacés par des subsides loyalement répartis entre tous les citoyens, sans distinctions ni privilèges, à raison seulement de leurs propriétés.
- ART. 4. Chargent, en outre, lesdits habitants lesdits députés de représenter à l’assemblée de la sénéchaussée d’Angoulême qu’il serait très salutaire de remédier aux abus qui se commettent dans l’administration de la justice, dont les frais immenses appauvrissent un [grand] nombre de citoyens ; de représenter aussi d’établir une cour souveraine dans une des villes capitales la plus voisine, pour éviter les frais immenses qu’il en coûte pour plaider dans le Parlement de Paris, éloigné d’eux de plus de cent lieues ; demander le retour périodique des États généraux, et surtout un Etat provincial et particulier pour l’Angoumois.
Suit la formule des pouvoirs.
Fait sous les seings de nous juges et greffier, les jour et an que dessus. Figurent 11 signatures, les mêmes (moins deux) qu’au procès-verbal, notamment celles des deux députés.
A la suite du cahier, se trouve cet ajout : Dans la presse où se sont trouvés les officiers de justice pour présider aux assemblées de paroisse, en conformité aux lettres du Roi et ordonnance de M. le sénéchal d’Angoumois, quelques précautions, quelque diligence qu’ai pu faire ladite paroisse de Brettes pour se procurer un président à son assemblée, il ne lui a pas été possible, tant la presse a été grande.
Voilà le malheureux sort de ces campagnes isolées, où il n’y a point de justice, ni aucun membre qui y ait rapport. Ces isolés campagnards n’ont d’autre ressource dans des révolutions qui les surpassent que le secours de leur pasteur qui dans celle-ci, ne peut malheureusement les servir, sans préjudicier son corps qui, cependant, mérite des égards.
Lequel arrêté, tous les habitants de ladite paroisse, de nouveau convoqués et assemblés sur les 4 heures du soir, ont signé tous ceux qui savent signer, pour servir et valoir.
Suivent 11 signatures, les mêmes que ci-dessus.
C'est dommage pour l'histoire, mais ce cahier ne revêt que des généralités - le notaire a copié un modèle – et ne nous renseigne aucunement sur le cas particulier de Brettes.
(1) Source : Cahiers de doléances de la Sénéchaussée d’Angoulême et du siège royal de Cognac pour les États généraux de 1789 - P. Boissonnade - Paris – 1907 ; reproduit par Histoire-Passion.
 

Photos de Brettes début XXe siècle : http://artistesdeloubille.over-blog.com/album-1708663.html



Anomalie à Villairet
 Le 10 mai 1935, le Journal de Ruffec publiait cette anomalie, selon lui :
« Lundi dernier, a été célébré à Souvigné, le mariage de M. James Babaud, domicilié à Villairet, commune de Souvigné, avec Mlle Blanche Thébault, domiciliée à Villairet, commune de Saint-Fraigne. Les deux jeunes époux, quoique habitant le même village, étaient séparés administrativement.
En effet, Villairet, petit village de 90 habitants, est partagé entre trois communes : Souvigné, Brettes et Saint-Fraigne, qui sont elles-mêmes régies par deux cantons, Souvigné et Brettes par Villefagnan, et Saint-Fraigne par Aigre.
44 habitants sont sur la commune de Souvigné, 30 sur Brettes et 16 sur Saint-Fraigne.
Villairet se trouve donc dans une situation géographique assez bizarre ; cependant, l'acheminement de la correspondance est opérée pour la totalité du village par le circuit postal d'Aigre, bureau de Souvigné. »
Des bois de valeurs différentes
L'intercommunalité avant l'heure, même si d'autres divisions étaient à observer, notamment quant à la classification des eaux de vie : les trois communes produisaient de l'eau de vie des Charentes avant 1909, seule Saint-Fraigne aura le droit à l'appellation « fin bois », les deux autres se contentant de celle de « bons bois ».
Gouttons entre autres nectars cette anecdote croustillante rapportée par les descendants des maires farceurs : « Au début du XXe siècle, le maire de Brettes, celui de Souvigné et leur collègue de Saint-Fraigne, résidaient tous les trois à Villairet. Ils installèrent le 14 juillet une table ronde au point de rencontre de leurs trois communes et banquetèrent ensemble... sans quitter leur commune ». Serge Béguier a bien voulu pauser pour nous sur l'emplacement du sycomore.
Nombreuses les frairies ?
Quant aux frairies, Villairet n'en organisait qu'une... Comme le dit avec amusement Serge Béguier : « Souvenons-nous de l'époque où le carrefour à trois « branches », point de convergence des trois communes, était figuré par un magnifique sycomore. Lequel arbre avait été spécialement taillé pour que ses trois principales branches donnent chacune la direction d'une des trois communes ». Les anciens étaient imaginatifs, et ne manquaient pas d'humour.


Connaître le loup
Les petits bergers et les petites bergères ont dû souvent trembler en apprenant que la région était envahie par les loups. Comme en 1853, L'Observateur de Ruffec nous dit tout le dimanche 10 février 1895.
Avec le froid, qui probablement leur rend la vie plus difficile, les loups voyagent beaucoup, multipliant leurs méfaits sur divers points de notre arrondissement. On les a signalés à Verdille, à Tuzie, dans la forêt de Ruffec.
La semaine suivante ils sont à Raix où ils étranglent neuf moutons chez M. Laudoyer. Puis quatre aux Houillères à Courcôme chez M. Rousseau, une semaine après. De grandes battues sont organisées en forêt. On en parle encore le 14 avril 1895 chez Boutet à Courcôme avec sept moutons égorgés. Puis à Verdille où les loups ont égorgé une chienne. A Charmé, Pierre Vallade a pris deux louveteaux en plein champ.
On en parle en 1896, en 1900. Le conseil général alloue des primes : 150 fr. pour une louve pleine, 100 fr. pour un loup ou une louve d'au moins un an, 40 fr. pour un louveteau, 200 fr. pour un loup qui s'est jeté sur des êtres humains...
Il va de soit que l'expression « connaître le loup » n'a aucun rapport avec les faits rapportés ici.

Les moulins à eau et à vent
Après les moulins à sang mus par les animaux, les esclaves ou les femmes, c’est la nature, en l’occurrence l’eau et le vent, puis l’énergie mécanique et électrique qui prendront le relais.
Le moulin à eau semble être apparu dès le troisième siècle au sud de la Gaule romaine. Au IXe siècle, ces moulins connaissent une forte croissance. Le moulin à eau est alors une source de richesse et les moulins, qui jusque là étaient exploités par de petites communautés villageoises, vont être alors pris en charge par les seigneurs ou construits et exploités par les monastères. Les habitants n’ont d’autre choix que de se rendre faire moudre leurs bleds à ce moulin contre redevance, c’est une obligation qui résulte du droit de banalité des seigneurs. Cette redevance se faisait sous la forme d’un prélèvement de un seizième sur les quantités à moudre.

La chasse du meunier
Le meunier n’a pas le droit d’aller « chasser » du grain à moudre sur les terres de ses collègues voisins. Son chasseron qui va chercher le grain chez le paysan et lui redonne en farine est placé sous haute surveillance.
Le moulin à vent apparaît en Europe vers 1080. En Poitou-Charentes au XIIIe siècle. Ce sont les croisés qui ont rapporté cette bonne idée, car ils avaient pu observer les détails de construction et en apprécier le fonctionnement en Orient. Au début, les ailes, le plus souvent au nombre de quatre, sont constituées d'une armature en bois supportant une toile tendue, du chanvre. Le meunier oriente la tête du moulin selon le vent et déplie les voiles en fonction.

Sous l’Ancien Régime, le meunier est parfois le propriétaire du moulin - quand il ne l'afferme pas -, il l’érige avec l’autorisation du seigneur moyennant paiement d’un droit. Après la Révolution, le moulin à vent (usine) devient entreprise libre, souvent rachetée par le meunier. Le moulin est encore le lieu de rencontre des hommes et des femmes. On y discute de toutes ses affaires, on y échange des nouvelles.
Le rendement était faible, le meunier connaissait des périodes de chômage imposées par l'absence de vent. Avec la modernisation des moulins à eau et l’arrivée des minoteries, l'apparition de la minoterie industrielle et la généralisation de l'électricité dans les campagnes, l’imposition sur les moulins en tant qu’outil industriel - même s’ils n’était pas utilisés - ces géants ailés étaient condamnés. On leur coupe les ailes, au mieux on les recouvre de tôles pour en faire des silos à grain ou des poulaillers, voire des porcheries. Et ce sont souvent les derniers construits, après 1800, qui disparaissent les premiers. Les meules sont transférées vers un moulin à eau.

Le droit de mouture
La production de la farine a longtemps constitué un enjeu national majeur : l'État souhaitait à tout moment connaître la capacité de production des minoteries françaises en cas de guerre et de crise. Autour de 1935, étant donné la surproduction et la chute du prix du blé, l'État avait imposé, dès 1936, un contingentement de la production. Ce système, unique en Europe, perdure encore aujourd'hui puisque les moulins doivent posséder un « droit de mouture » qui peut s'acheter d'un moulin à l'autre. On trouve ainsi encore quelques minoteries familiales, où le droit de mouture se passe de génération en génération.

Le moulin Guiet était en bon état au début du XXe siècle.

De l'eau et du vent à Brettes
Brettes bénéficie de la force du vent et de quelques filets d’eau, d'où quelques moulins à blé sur son territoire. Un moulin à eau, quatre moulins à vent. Outre la mouture des bleds (nom commun des froment, orge, méture, etc.) pour faire la farine à pain, le meunier devait écraser le maïs destiné aux animaux. Avec le temps, et l’arrivée des minoteries, les derniers moulins ne se consacraient plus qu’à cette tâche.
Trace de moulins
Sur la carte de Cassini (1768), nous observons quelques moulins, mais cette carte n’a pas la réputation d’être absolument infaillible. Sur la carte au 80.000e de 1851 nous observons un moulin à eau aux Fillons, et quatre moulins à vent : à la Charrière, à Marsillé, à l'ouest de Brettes et à la Courtaudière. Certains de ces moulins ont pu être construits juste après la Révolution avant de devenir rapidement obsolètes. Ces moulins, démolis, apparaissent sur le premier cadastre (1829). Dans les bulletins communaux publiés dans les années 1990, ils ont été répertoriés.
Le moulin à vent dit de Brettes (aux champs Pigeon) était érigé sur la section A122 dite du pré Merlet. Ses propriétaires connus étaient Jean Deleigne, en 1846 ; Pierre Turbaud en 1856, Pierre Turbaud fils en 1874 , et Denis Guiet en 1911. C'est lui que nous pouvons admirer sur un cliché du début du XXe siècle.
Le moulin à vent du chemin de la Courtaudière (section A 365) appartenait à Jacques Turbaud en 1834 ; Pierre Turbaud en 1846 ; Pierre Turbaud fils en 1882.
Le moulin à vent de Marsillé situé au champ du moulin (section C 76), appartenait à Jacques Martin en 1836 ; Pierre Martin (d'Ebréon) en 1846 ; Pierre Cornut en 1861.
Le moulin à vent de La Charrière (section SD 259), appartenait à Alexis Cassant en 1847. Il sera démoli en 1879.
Le moulin à eau des Fillons (section SD 801) appartenait à Alexis Cassant. Il fut démoli en 1879.

Affermage des moulins des Fillons et de la Charrière le 3 juin 1774 (Source : archives familiales, paroisse de Brettes, affermage de moulins.)
Cet acte notarié montre l'association moulin à eau et moulin à vent. Le moulin à vent supplée le moulin à eau en période de basses eaux et d’assèchement total du cours d’eau sur lequel il est établi. « Par devant les notaires de la ville et marquisat de Ruffec en Angoumois soussignés, furent présents François Roucher, Antoine Roucher et André Roucher, laboureurs demeurant au village de La Charrière, paroisse de Brettes, lesquels solidairement ont aujourd'hui donné à titre de ferme à Jean Roucher, laboureur demeurant au même village de La Charrière, paroisse de Brettes, pour le temps de cinq années entières et consécutives dont la première commencera à la fête de Saint- Jean-Baptiste prochaine pour finir à pareil jour, ces cinq années terminées, c’est à savoir leurs parts et portions dans deux moulins, l’un à eau et l’autre à vent, situés sur la dite paroisse de Brettes, l’un appelé le moulin des Fillons et l’autre le moulin à vent de La Charrière, ensemble une petite pièce de terre en chènevière, située entre les deux ruisseaux près le susdit moulin à eau, de la jouissance à semer environ un demi-boisseau comble de bled, touchant au dit moulin, plus une petite « encoinssonnée » (champ triangulaire), située et touchant au dit moulin de la contenance d’environ trente sillons avec la liberté de prendre du bois pour boucher les pas de la dite « encoinssonnée » lorsqu’il le jugera à propos, et la coupe des « ayes » tout autour des dites chènevières et « encoinssonnée ».
La présente ferme faite à la charge, par le dit Roucher, preneur, de donner et payer chaque année au terme de Saint-Jean-Baptiste la quantité de cinquante deux boisseaux de bled méture mesure de Ruffec, telle quelle sera prise et perçue pour les « moudurages » (mouture) par le dit preneur, desquels dits cinquante deux boisseaux de bled mouture il en reviendra au dit François Roucher vingt-six et aux dits Antoine et André Roucher chacun treize, tout quoy sera payé comme dit et au susdit terme de Saint-Jean à commencer à la Saint-Jean 1775 et continuer ainsi d’année en année au dit terme jusqu’à la fin de la présente ferme.
Sera tenu le dit Roucher preneur d’entretenir les dits deux moulins de basse moudrie à ses frais et de couverture pour le moulin à eau de la main de l’ouvrier seulement, et au regard des autres réparations dont les dits moulins peuvent avoir besoin pendant le cours du présent bail comme de meule ou autres ustensiles, convenu quelles seront faites, savoir celles du moulin à eau pour chacun une cinquième partie et celle du moulin à vent pour chacun un tiers, feront aussi récurer l’Aume lorsqu’elle en aura besoin par cinquième portion ainsi qu'ils sont fondés dans le dit moulin à eau ainsi que de raccommoder la chaussée à frais communs.
S’oblige aussi le dit preneur outre les conditions ci-dessus de faire moudre les pochées des dits François, Antoine et André Roucher pour l’entretien de leurs maisons seulement, sans en percevoir aucun moudurage pour quelque raison que ce soit, ce qui fait une des conditions expresses du présent bail, lequel moudurage a été évalué à quatre boisseaux par an.
Convenu que dans le cas que le Seigneur Marquis de Ruffec vint à demander quelques droits pour le droit de chasse des dits moulins que les parties payeront ce droit par égale portion entre elles suivant l’abonnement qu'ils en pourront faire avec le dit seigneur, les dits bailleurs en garantissent par ces présentes le dit preneur c’est à dire  à proportion des portions qu’ils sont fondés dans le susdit moulin, et au regard des rentes dues pour raison des dits moulins elles seront payées par égale portion entre les parties.
Tout ce que dessus a, par les dites parties été voulu, consenti, stipulé et accepté et à l’entretien ont obligé et hypothéqué tous leurs biens présents et futurs les bailleurs solidairement l’un pour l’autre un seul pour le tout renonçant aux bénéfices de division d’ordre de discussion et d’éviction de bien. Ce qu’ils déclarent bien savoir et entendre dont de leur consentement volonté et requête ils ont été jugés et condamnés par nous dits notaires.
Fait et passé au dit village de La Charrière, maison et demeure des dits Roucher le trois juin 1874 après-midi. Le dit André Roucher déclare ne savoir signer. La minute des présentes est signée J. Roucher, Antoine Roucher, J. Roucher et Bouquet notaire à Ruffec, et Bouquet notaire, contrôlé à Villefagnan le 9 juin 1774. Reçu 4 livres 4 sol, signé Caron.


En ce temps là...
Le dimanche 3 novembre 1895, l'Observateur de Ruffec publie cet acte de probité.
Le 24 octobre dernier, jour de foire à Villefagnan, le sieur Pourajaud, demeurant à Paizay-Naudouin, en montant dans le bureau du comptable de la boulangerie coopérative de Villefagnan, a trouvé un journal appartenant au sieur Boinard, de Brettes, et dans lequel étaient renfermés 600 fr. en billets de banque. Pourajaud déposa sa trouvaille sur le bureau du comptable, qui était occupé et ne fit pas grande attention. A tel point qu'un peu plus tard, croyant que ce journal appartenait au maître boulanger, il le porta sur la table du magasin de vente.
Le lendemain seulement, le sieur Boinard (ou Boissard) étant venu demander à la boulangerie des nouvelles de son argent, en donnant quelques indications, notamment le titre du journal qui avait servi à plier les billets, on se mit en cherche du paquet et on eut la chance de le trouver intact.
Le propriétaire des 600 fr. put donc ainsi rentrer en possession de son argent, ce qu'il ne fit point sans adresser le plus chaleureux remerciements au personnel de la boulangerie coopérative et au sieur Pourajaud.
Précisions lues dans l'édition suivante
M. Brochard, comptable de la boulangerie coopérative de Villefagnan, nous prie de faire la rectification suivante : « M. Pourajaud a trouvé le journal dans l'escalier de la boulangerie et l'a déposé sur ma table, croyant qu'il était à moi, mais il ne savait pas du tout ce qu'il renfermait. C'est moi qui ai trouvé les 600 fr. et qui les ai remis dès le lendemain à leur propriétaire, lorsqu'il est venu les réclamer. »
Le cahier de Mme Collet, institutrice pendant la Grande Guerre
Les archives départementales conservent à Angoulême le cahier rédigé par Mme Collet, institutrice à Brettes avec son époux pendant la première guerre mondiale. Ce cahier nous éclaire sur de nombreux aspects de la vie locale jusqu'en août 1916.
Sur le site des archives départementales de la Charente on nous explique : « Par une circulaire du 18 septembre 1914, Albert Sarraut, alors ministre de l'Instruction publique, recommande aux instituteurs et institutrices en fonction « de tenir note de tous les évènements auxquels ils assistent » : mobilisation, réquisitions, administrations de la commune, ordre public, vie économique, réfugiés...
Les notes rédigées, d'après des « renseignements contrôlés » devaient l'être à l'origine sur des fiches et non sur des cahiers en double exemplaire, l'un conservé à l'école, l'autre envoyé aux Archives départementales. »
Voici ce cahier rédigé selon les vœux du ministre de l'Instruction publique.


Mobilisation
Depuis 1870, l'Allemagne avait souvent fait les gros yeux à la France, la plupart des gens refusaient de prendre au sérieux les évènements de Serbie, croyant que tout s'arrangerait encore; quelques rares personnes seulement, plus clairvoyantes, s'attendaient de jour en jour à la rupture des pourparlers.
Ce n'est que lorsqu'on vit rappeler à la hâte quelques soldats en permission dans leurs familles et surtout lorsqu'on vit apposer les grandes affiches de la mobilisation qu'on sentit qu'il ne restait aucun espoir de conserver la paix; la déclaration de guerre ne surprit plus personne.
Au premier moment, il y eut, certes de l'émoi, mais pas d'affolement; du chagrin, mais ni cris, ni tumulte. De grands rassemblements se formaient autour des gendarmes ou des automobiles militaires, mais les visages ne manifestaient qu'une tristesse relative: la guerre ne serait pas longue; les mères, les épouses espéraient voir revenir sous peu leurs fils et leurs maris, l'Allemagne et l'Autriche ne pouvaient tenir longtemps contre l'Angleterre et la France et la Russie ! La Rusiie, « pépinière » d'hommes inépuisable » ! Quand le « rouleau compresseur se mettrait en marche, l'affaire serait vite réglée ! Hélas !


Réquisitions
Dès le début du mois d'août 1914, commencèrent les réquisitions; elles continuent encore.
Indépendamment des charrettes, voitures et chevaux pris dès le commencement de la guerre et dont il ne m'a pas été possible d'évaluer la quantité ni le prix, la commune de Brettes a fourni jusqu'en août 1916 à la commission de ravitaillement du canton de Villefagnan:
169 quintaux viande de bœuf pour 17,529, 65 fr;
6 quintaux viande de mouton pour 693;
4 quintaux viande de porc pour 460,80;
230 quintaux pommes de terre pour 2306,04;
28 quintaux haricots pour 1657,40;
383 quintaux de blé pour 11429,80;
804 quintaux d'avoine pour 18581,72;
85 quintaux de foin pour 733,78;
819 quintaux de paille pour 4789,05.
Total : 58180,94 fr.


Administration municipale
Dès les premiers jours de la mobilisation, l'adjoint M. Ricard Louis et trois conseillers municipaux M.M. Trigaud Félicien, André Ferdinand, et Chambert Daniel, furent appelés; un autre M. Piedfroid Arnaud, instituteur à Souvigné, s'engagea.
Le maire, M. Roux Pierre, administra seul la commune. L'instituteur, M. Collet Jean, quoique en remplissant pas les fonctions de secrétaire de mairie lui vint en aide dans les premières réquisitions.
Le conseil municipal ne posséda plus, non compris le maire, que quatre membres: M. M. Repain Pierre, Mounier Jean, Turbaud François et Béguier Frédéric.


Agriculture
Au moment de la mobilisation, la moisson de 1914 était à peu près terminée, les vieillards, les jeunes gens, les inaptes, les femmes et quelques hommes non encore mobilisés, purent, en s'aidant mutuellement, rentrer le grain et le battre; pour ce dernier travail, la machine à battre du syndicat agricole de la commune leur fut d'une grande utilité.
Les semailles en 1914 s'effectuèrent à peu près convenablement et de la même manière que le battage des graines, quoique avec un peu plus de difficulté, presque tous les hommes mobilisables étant partis.
Les travaux d'été de l'année 1915 souffrirent un peu par manque de main-d'œuvre; les pommes de terre, betteraves, maïs, mal façonnés, eurent, en moyenne, un faible rendement.
Rien à dire de la moisson et du battage des grains de 1915, qui s'effectuèrent d'une manière aussi satisfaisante qu'en 1914. Quatre réfugiés belges, trois hommes et une femme, y contribuèrent. Récolte médiocre à cause de la sécheresse de l'été.
Les semailles d'automne souffrirent davantage. Le labourage étant un travail familier aux femmes, quelques fermières, dont le mari, les enfants, les domestiques étaient mobilisés, se virent obligées d'abandonner la terre qu'elles cultivaient, laquelle resta en partie en friche. Il en fut de même au printemps de 1916. Malgré cela, la commune put, non seulement suffire à ses besoins, mais encore contribuer au ravitaillement de nos armées plus largement qu'on ne l'aurait supposé.


Commerce local
Pas de commerce dans la commune.
On trouva encore dans les localités voisines, pendant l'année 1915, à peu près toutes les denrées dont on avait besoin, mais le prix en fut très sensiblement augmenté, surtout pour la laine, le cuir et les objets métalliques dont quelques-uns doublèrent et triplèrent de valeur.
En 1916, l'approvisionnement fut moins facile, surtout en sucre et, à l'approche de l'hiver, en bois, charbon, pétrole, essence, alcool à brûler, sel de cuisine. Les vêtements et surtout les chaussures renchérirent beaucoup.


Vivres
Le pain n'a jamais manqué dans la région. Au début des hostilités, on éprouvait quelque difficulté à s'en procurer parce qu'un certain nombre de meuniers et de boulangers avaient été atteints par al mobilisation; mais l'autorité militaire les ayant renvoyés dans leurs foyers, le ravitaillement en pain se fit à peu près normalement; le prix en fut peu augmenté.
Il n'en fut pas de même pour la viande de boucherie qui subit une hausse énorme, un peu par suite de la rareté du bétail, mais surtout par la grande consommation qu'en firent les familles des mobilisés à partir du jour où elles touchèrent une allocation.
Les boissons se maintinrent à un prix abordable jusqu'à l'été 1915. Depuis le vin a considérablement augmenté de valeur, surtout en 1916. L'abondance des pommes de la récolte 1915 permit à de nombreuses familles de le remplacer par le cidre, d'un prix plus avantageux.

Industrie
Aucune industrie à Brettes.

Assistance publique
Il y a dans la commune peu de personnes réellement pauvres; quiconque veut travailler trouve facilement et largement à gagner sa vie. Les familles dont les ressources ont tant soit peu diminué par suite du départ de quelques-uns de leurs membres reçoivent, non de la commune qui n'a encore consenti aucun sacrifice pour les œuvres de guerre, mais de l'Etat des allocations généralement supérieures au préjudice qu'elles ont subi; ce qui fait qu'elles n'ont, à ce point de vue, nul motif de se plaindre.
Le nombre des allocations qui augmente de jour en jour, est actuellement de 47, recevant une somme totale de 2345 francs.


Service médical et pharmaceutique
Il n'y a jamais eu ni médecin ni pharmacien à Brettes. Le service médical est assuré par quatre médecins et un pharmacien établis à Villefagnan. Dès le début de la guerre, les deux plus jeunes médecins (1) et le pharmacien partirent, mais la pharmacie continua à être convenablement gérée jusqu'en septembre 1915. Depuis cette époque, elle est tantôt ouverte tantôt fermée selon le caprice de madame la pharmacienne; d'où il résulte qu'on ne peut guère s'approvisionner en médicaments qu'à Ruffec, ce qui n'est pas sans occasionner quelque gêne.
(1) Les docteurs Oscar Brothier et Raoul Feuillet.

Ordre public
Rien n'a troublé l'ordre public. On n'a point eu besoin d'instituer de garde civique et il n'est pas à ma connaissance qu'aucun délit n'ait été commis.

Cultes
M. Fort desservant de Brettes a été mobilisé dès les premiers jours de la guerre. M. le curé de Villefagnan le remplace au besoin.

Les étrangers
Il n'habitait pas d'étrangers dans la localité avant la guerre.

Les réfugiés belges, serbes et français
Aucun Français des régions envahies n'est venu se réfugier dans la commune, mais au mois de juin 1915, M. le Préfet y a hospitalisé 11 belges, dont 9 de la même famille : Lasat Arthur, père; Prudence Vermote (femme Lasat); et leurs enfants, Lasat Alice; Camille; Jérôme; Rachel; Alma, Marguerite; Vermote Alida sœur de la femme Lasat.
Depuis leur installation à Brettes une autre petite fille, Lasat Maria, est née aux époux Lasat, le 10 janvier 1915.
Les deux autres Belges venus en même temps que la famille Lasat, Pierre Naiaert et Hector Vandacle, n'habitent plus la localité. Vers septembre 1915, Hector Vandacle a été rappelé par son gouvernement; il est actuellement soldat.
Pierre Naiaert a été domestique à la ferme de Fredière, commune de Paizay-Naudouin.
Tous ont été bien accueillis par la population; M. le Maire leur a procuré un logement et les habitants leur ont fourni les meubles et les ustensiles les plus indispensables.
La famille Lasat se conduit très convenablement. Le père et sa belle-sœur, les deux seuls qui puissent travailler sont employés par les gens de la localité comme journaliers ou domestiques; ils leur donnent entière satisfaction. Quatre des enfants, deux garçons et deux filles, vont en classe.

Manifestations du patriotisme des populations
Le patriotisme des habitants ne s'est guère manifesté que par la soumission empressée qu'ils ont apportée aux ordres de mobilisation et réquisition.
Lors des premières souscriptions, quelques personnes ont montré une certaine générosité, mais leur ardeur s'est vite refroidie et il ne faut plus aujourd'hui compter sur leur participation aux œuvres auxiliaires de la défense nationale.

L'école
Les deux écoles de Brettes ont continué à fonctionner comme par le passé, l'instituteur M. Collet, ayant dépassé l'âge de la mobilisation (il avait 56 ans au début de la guerre).
Le nombre des élèves et le total des présences n'ont guère varié pour les filles; ils ont un peu diminué en 1914-1915 et surtout en 1915-1916 pour les garçons plus aptes à venir en aide à leurs parents.
L'état d'esprit des enfants n'a guère varié non plus. Lors de la rentrée des classes, en octobre 1914, il y avait déjà deux mois que la guerre durait et le chagrin qu'avait pu leur occasionner le départ de quelque parent était déjà bien atténué. Chez la plupart d'entre-eux, les impressions durent si peu ! Somme toute, la discipline a été bonne et le travail satisfaisant.
Il n'a pas été établi de cantine scolaire, presque tous les enfants se rendant dîner à la maison.
Une garderie fut instituée pendant les vacances 1913-1914 : aucun enfant ne s'y présenta; les parents les utilisaient pour surveiller leurs tout petits frères ou pour garder le bétail aux champs. Par ordre de m. l'inspecteur d'académie, l'expérience ne fut pas renouvelée pendant les vacances 1914-1915.
Il n'a été fait à l'école des garçons ni cours d'adultes ni conférences, faute d'auditeurs. L'ouvroir installé à l'école des filles a confectionné les objets énumérés dans la fiche jointe.

L'école au service de la défense nationale
L'instituteur et l'institutrice de brettes, comprenant la grande utilité des œuvres de guerre, auraient été heureux de contribuer au succès de toutes, tant dans leurs écoles qu'au dehors; malheureusement, l'indifférence, l'égoïsme de la population, la suspicion injurieuse dont ils ont été l'objet de la part des gens qui ne veulent pas comprendre qu'on puisse se donner de la peine sans en retirer quelque profit, ne leur ont pas permis de le faire. Voici ce qu'il leur a été possible d'obtenir des habitants de la commune et de leurs élèves, y compris leur contribution personnelle qu'ils regrettent de n'avoir pas pu augmenter :
Linge du soldat – en espèces : 218 fr ; en nature : 41 draps, 84 chemises, 10 serviettes, 51 torchons, 21 mouchoirs, 141 bandes, 50 douzaines de carrés de pansement.
Vêtements pour réfugiés : 50 frs.
Noël du soldat : 7 frs.
Œuvre du tricot – en nature : 3 tricots, 1 gilet de flanelle, 63 paires de chaussettes, 1 cache-nez, 4 paires de gants, 5 paires de genouillères, 3,60 m de flanelle blanche.
Journée du secours national : 5 frs.
Journée du 75 : 3 frs.
Journées serbes : 5 frs.
Journée belge : 2 frs.
Journée des orphelins de la guerre : 6 frs.
Journée des éprouvés de la guerre : 4 frs.
Ambulances automobiles : 5 frs.
Œuvre des sacs à terre : 136 sacs.
Œuvre des filleuls : 155 sacs.
Accueil français : 3 frs.
Chiffons de coton : 7 frs.
Œuvre des pupilles de l'école publique : 9 frs.
Versement du personnel de l'amicale : 223 frs.

La commune au service de la défense nationale
En dehors de l'école et de ses maîtres, il aété recueilli par M. le Maire et par diverses quêteuses, savoir :
Journée du 75 : 20 frs.
Automobile des blessés : 26 frs.
Orphelins de guerre : 44, 50 frs.
Total : 90,50 frs.

De l'eau potable à Brettes
L'eau, une simple affaire de robinet aujourd'hui. Pas si simple si on veut de l'eau potable. Et antan ? Quelques puits et mares, taris à la moindre sécheresse. Quelle misère ! « Vers 1900, on avait eu un peu d'eau dans les puits grâce à la neige tombée entre Noël et le jour de l'an » rapportent les anciens.
La fontaine est miraculeuse
Le lavoir Saint-Cybard, restauré par la commune, a été maçonné au dessus du puits Saint-Cybard. La légende rapporte qu'au cours de l'été 1893, la sécheresse a poussé le curé à faire une procession jusqu'à ce lieu.

Cette date n'est pas tout-à-fait exacte puisque le lavoir a été construit en 1892 (date apposée sur un linteau). Mais ce qui importe, c'est que de l'eau y ait été trouvée ! Ce site fut longtemps le lieu de regroupement des mères de famille les jours de bughée. Même une partie de la population de Villefagnan venait s'y approvisionner les grandes années d'à sec. Ce fait nous reporte une époque où l'eau n'était pas source de gaspillage.

« Il faut boire à la source »
Pour boire sans crainte, il vaut mieux s'abreuver auprès du syndicat intercommunal d’alimentation en eau potable (SIAEP) de la région de Villefagnan créé le 11 octobre 1957. Syndicat qui distribue l’eau dans dix-neuf communes, dix huit pour le canton de Villefagnan (sauf Montjean et Souvigné) et une dans le canton de Ruffec : Villegats.
Mais ce syndicat n'est pas né sans heurts ni sans voir beaucoup d'eau couler sous les ponts de l'Aume, du Bief et de la Péruse. Le 10 avril 1939, le conseil municipal de Brettes délibère sur son association au projet de syndicat.
En 1939 donc, Villefagnan et ses voisines (1) voulaient lancer un syndicat intercommunal d’adduction d’eau potable. Ils ont mis sur pied un projet syndicat en vue de former le SIAEP. Mais il est apparu difficile de trouver une source de capacité suffisante. Un puits de 43 mètres avait été foré à Villefagnan mais sans succès. Il ne se remplissait que lors des fortes pluie d'hiver.
(1) Brettes, Villefagnan, Theil-Rabier, Paizay-Naudouin, Longré, (Embourie et La Faye non citées), Souvigné, La Magdeleine, Villiers-le-Roux, La Chèvrerie, Saint-Martin-du-Clocher, Londigny, Montjean, La Magdeleine, Empuré, Raix, Bernac, La Faye, Villegats, Verteuil, Tuzie, Salles-de-Villefagnan (Courcôme veut puiser son eau toute seule).

Le 5 novembre 1940, le service des ponts et chaussées esquissera un service d’eau potable à Villefagnan, projet qui s’élève à 12.600.000 francs. Taux probable de subvention : 60 pour cent. Prêt à 3 pour cent.
Toutes les communes étaient intéressées par ce projet sauf Courcôme qui avait déjà en péniche sa propre desserte communale. Son réseau était opérationnel dès 1943, mais ne concernait pas toute la commune. Raix s'y raccordait quelques années plus tard, en 1950. Cependant, au début des années 1990, la qualité de l'eau ne pouvant plus être conforme à celle imposée par les normes, ces deux communes firent le choix de se raccorder au réseau du SIAEP cantonal : 1991 pour Raix et 1992 quant à Courcôme.

L'essai est transformé
Un syndicat de communes en vue de la construction d’un réseau d’eau potable est fondé le 29 août 1957. Nous sommes passés du syndicat d’études au syndicat définitif, l'étude est adoptée le 18 juillet 1957 et la décision prise de passer aux travaux. Le syndicat de communes de la région de Villefagnan est chargé de procéder à la réalisation des travaux.
A partir de 1957, le SIAEP se lance dans l'étude et la programmation de son réseau pour un montant estimé de 875.000.000 de Francs. Les travaux, répartis en huit tranches, débuteront en 1960 pour se terminer en 1966. Le syndicat assure le financement de ses travaux d’investissement. Villefagnan sera raccordé en 1962...
Le SIAEP achète l’eau aux syndicats voisins : Saint-Fraigne et Aunac (et une petite part à Val de Roche). Il est copropriétaire de leurs stations de pompage. Il délègue la gestion du service et de la distribution à Véolia depuis le 1er janvier 2010 qui assure l’entretien et la réparation du réseau.

Une station de pompage à Brettes ?
Le département de la Charente a lancé à Brettes en 2002 un forage de prospection en vue de nouvelles sources d’approvisionnement en eau potable. L’entreprise Jude Frères de la Roche Chalais (24) fut chargée des travaux : deux à trois semaines. Un tubage (diamètre 219 mm) réalisé jusqu’à moins 66 m se poursuivait (diamètre 311 mm) à la profondeur de 200 m, au niveau des marnes du Toarcien, puis il se réduit à 219 mm ; enfin vers 280 m il fut limité à 152 mm. « Si la qualité de l’eau et le débit donnent satisfaction, ce forage sera conservé après avoir été alésé à 300 mm et étanché au niveau des nappes supérieures (65 à 93 m) afin de ne pas polluer les nappes profondes (209 à 275 m). Dans le cas contraire, il sera rebouché avec du béton, et, un nouveau sondage serait alors envisagé à Salles-de-Villefagnan. » En raison d'analyses d'eau non probantes, ce forage a été mis en attente... Il n'est pas impossible que l'on s'y intéresse à nouveau surtout si l'on arrivé à interconnecter les réseaux de la Charente en vue de se secourir mutuellement, idée chère au syndicat d'harmonisation de l'eau potable (SHEP). Un nouveau miracle ?


L'école et la salle des fêtes
Dans le plus pur style Ferry, la mairie école de Brettes a été construite à la fin du XIXe siècle. Une classe accolée à l'arrière du bâtiment, et une autre séparée à l'est.


La mairie-école.
 
En 1947, à l'occasion de travaux programmés à la mairie (300.000 frs), la commune décide de transformer la classe accolée à la mairie (classe contiguë au logement de l'institutrice) en salle des fêtes. Mais l'inspectrice de l'école primaire n'est pas d'accord, pour elle il vaudrait mieux transférer la classe actuelle derrière la mairie et transformer la classe isolée en salle des fêtes. Le conseil municipal n'accepte pas cette requête.
Il n'y a pas de subvention prévue pour la salle des fêtes, le conseil n'admet pas l'ingérence de l'inspectrice, et préfère ne rien changer à ses décisions.

Des vairons à plein panier 
« Là abondent vairons et goujons que l'on pêche avec un grand panier d'osier traîné dans l'eau en remontant le courant jusqu'aux rouches qui encombrent les rives en certains endroits. » Tiré de « Sous le vent de galerne », d'André Guilloteau, publié en 1982 ; un bel ouvrage relatif aux guerres de Vendée... à deux pas d'ici donc.
Voici une belle légende pour expliquer ce que font nos vaillants brettois. Complétons là par celle-ci : « Les jeunes gens avaient projeté de pêcher au panier dans le ruisseau de Mussy-sous-Dun ; ils seraient revenus à la maison d'école avec leur friture de vairons... » Cet extrait est tiré de « Marchands de participes », d'Yves Sandre, publié en 1962.

Cette photo du début du XXe siècle nous montre des scènes rares. C'était un bel après-midi les pieds dans l'eau, dans le petit Osme, ou dans le ruisseau de Fredière : une famille brettoise s'adonnait à la pêche aux vairons. Mais nous ne savons pas si la friture fut délicieuse.

L'instituteur a dû expliquer aux petits Brettois
Nom usuel : vairon ; nom scientifique : phoxinus ; ovipare de la famille des cyprinidés ; dimension : de 6 à 10 cm de longueur, exceptionnellement 12 cm ; le poids dépasse rarement 13 gr. Corps allongé, cylindrique, recouvert de nombreuses écailles très petites, ligne latérale peu visible, généralement absente dans la partie postérieure du corps, tête forte, museau arrondi avec une bouche protractile. Reproduction de mai à juin, endroits peu profonds en eau courante et bien oxygénée, fond découvert, sablonneux. La longévité est de 4 à 5 ans, voire 7 ans en extrême limite, sauf si un malin survient avec son panier d'osier. Estimation culinaire : la chair est bonne en friture. L'omelette aux vairons constitue une spécialité appréciée. Il suffit de presser les flancs de ce poisson pour le vider. Il demande à être préparé très frais, dès sa sortie de l'eau si possible.
Les vairons sont devenus trop rares. Ils sont la proie des pêcheurs de truite qui en font un appât de premier choix pour taquiner leur poisson préféré. Mais il a disparu de nos petites rivières pour d'autres raisons... que chacun connaît. Dans le canton de Villefagnan, les spécialistes en « dénichent » encore au printemps à Londigny à « l'aire de la liberté ». Enfin si on peut évoquer la liberté des vairons...


De la vigne au lait
C’est le phylloxéra qui provoquera les plus gros bouleversements à Brettes à la fin du XIXe siècle. Non seulement parce que l’on n’y produira provisoirement plus de vin, mais parce qu'il signera le début de l’aventure de l’élevage laitier dans ce secteur, élevage bovin et caprin plus tard. Il est difficile de faire admettre localement ce tournant.
Chacun constatait que le manque de fourrage réduisait le nombre des attelages de labour, empêchait les améliorations : « Avec plus de fourrages j’aurais plus de bestiaux, plus de bestiaux me donneraient plus d’engrais, et ces engrais me procureraient d’abondantes récoltes ». L'élevage ne se consacrait qu'à la race mulassière et à quelques ovins.
Le Poitou, la Saintonge, l’Angoumois importaient surtout leur beurre de Bretagne. Peu à peu des paysannes se lancèrent individuellement dans l'aventure et s'en allaient vendre leur petite production sur les marchés voisins. Visiblement, le beurre et le fromage produits localement à l'aube du XXe siècle, n’était encore que le fruit « d'un vrai travail d’amateur ». La renommée du beurre des Charentes et du Poitou restait donc à faire.
Les Vendéens ont parfois pris la place des enfants du pays « montés » à Paris, écœurés par la crise du phylloxéra, ou déjà riches et voués à des carrières plus valorisantes. En Vendée, la main d’œuvre était trop nombreuse, il n’y avait que des places de domestiques. La propriété foncière était exclusivement entre les mains des anciens nobles.
Ils ont répondu à l’appel des curés qui voulaient redonner du lustre à la religion catholique en ces pays où l'on fréquente peu l’église. Les premiers ont invité les suivants, cela jusque dans les années cinquante. Ils se retrouvaient aux foires de Couture-d’Argenson le 7, chaque mois, donnaient des nouvelles, se renseignaient sur des métairies disponibles. La guerre de 1914-1918 va graver en grand nombre sur les monuments aux morts de la région, sauf à Brettes faute de monument et où on a oublié d'apposer le nom d'un brave vendéen sur la plaque de l'église. Peu à peu, ils développent l’élevage laitier et font leur beurre.
En 1950, à Paizay-Naudouin, un amusant bambin disait avec conviction : « Chez nous, y’a plus de Vendéens que de Français. » Désormais, on ne différencie personne, c’est vrai que les foires de Couture se sont éteintes, que les mariages « mixtes » ont fait s’évaporer les origines. Les enfants ne savent parfois pas dire d’où vient leur famille, et ne sont jamais allés au pays…
Les laiteries coopératives
« Nos lecteurs connaissent tous la réputation des beurres du Poitou. Après les désastres phylloxériques, les laiteries coopératives ont sauvé la Saintonge de la ruine. Il y a un demi-siècle, cette région était pleine de prospérité. Sa richesse reposait sur un splendide vignoble que cultivait une population laborieuse et aisée, habituée depuis longtemps à la vie facile des contrées dont la terre généreuse produit, sans relâche, des récoltes rémunératrices. Après l'apparition du phylloxéra, l'agonie du vignoble lui porta un coup terrible. (…) Comme le terrain était pauvre en eau et ne convenait guère aux prairies naturelles, on créa des prairies artificielles et on s'adonna, petit à petit, à l'élevage.
Les paysans demandèrent à l'idée coopérative la solution des difficultés auxquelles ils étaient en butte. Unis dans le malheur et dans la ruine, ils unirent leurs efforts pour la transformation et la vente du lait provenant de leur bétail. Ainsi fut créée, à Chaillé en 1888, par 60 sociétaires, la première laiterie coopérative en vue de la transformation du lait en beurre. Fondée avec des ressources modestes, elle acheta les instruments utilisés dans les beurreries étrangères qui approvisionnaient le marché de Paris (écrémeuses, barattes, malaxeurs, etc.) et qui lui permirent de fabriquer un beurre très apprécié.
Il n'en fallut pas davantage pour susciter un véritable épanouissement des idées d'association qui, débordant la Saintonge, gagnèrent les Deux-Sèvres, la Vendée et certaines parties de la Vienne… »
Dans le canton de Villefagnan et environs, naîtra un syndicat d'éleveurs et engraisseurs en août 1896, nous dit l'Observateur de Ruffec. Président, Lamigeon, notaire à Villefagnan ; vice-présidents, de Jansac à Saint-Fraigne et Eugène Guillaud à La Chèvrerie ; secrétaire, Edmond Forgerit à Fondoume ; trésorier, Collin, instituteur retraité à Villefagnan ; membres : Debenay-Lafond, vétérinaire à Ruffec ; Ferdinand Turlais à Bouchet (Lupsault) ; Guérinaud Henri à Villeneuve (Pioussay) ; Eugène Bonnisseau à Longré. Membres du comité consultatif : Guillaud-Debroue, avocat à Ruffec ; Touzaud, maire de Bessé et avocat à Angoulême. Agent expéditeur : Denis Gornard, boucher à Souvigné. Les adhésions sont de plus en plus nombreuses et tout permet de croire que ce syndicat rendra de grands services aux agriculteurs.
A Chef-Boutonne, les agriculteurs du secteur étaient invités dès 1901 à faire partie de la laiterie coopérative. Mais ceux de Charente n'étaient pas encore invités, ils le seront plus tard.
A Brettes, un syndicat agricole est créé en 1904, un bureau du Crédit Agricole installé à la même époque. Les agriculteurs vont grouper leurs achats d'engrais et emprunter si nécessaire, les plus riches feront des placements. Les prairies et les champs de céréales vont se donner de nouvelles allures.
La laiterie de Villefagnan
C’est l’inventif et énergique Claude Brothier, maire de Villefagnan et président du comice agricole, qui après la mise sur pied du Crédit Agricole en 1905 fut l’instigateur de la laiterie coopérative de Villefagnan. Notons qu'il est aussi l'inventeur de la Naphtolette, première voiture charentaise.
 

Située route d’Aigre, la laiterie fut mise en service en 1907, débutant ses activités sous le statut de coopérative laitière. Dès 1910, son beurre est primé à Turin. Ce sont les adhérents eux-mêmes qui prêtèrent les sommes nécessaires à sa construction. Ses statuts étaient modifiés le 22 février 1914. La première guerre mondiale verra la collecte de lait chuter. A la fin de l’année 1918, Claude Brothier achète la laiterie à l’amiable car il veut faire reprendre l’activité le 1er janvier 1919. Le 9 mars 1920, il dépose au greffe du tribunal de commerce de Ruffec la marque de fromage extra « L'ouche à gayet ». Le gayet, c'est cette plante qui a la vertu de faire cailler le lait...
Un industriel parisien tente de contrecarrer le projet. Le comptable de la laiterie fut même arrêté pour abus de confiance en 1919 à la demande du Parquet de Loches (37). Mais Claude Brothier saura résister à l'offensive et fera enregistrer la laiterie au registre du commerce le 11 décembre 1920. Le dimanche 23 janvier suivant, il revendait la laiterie à son gendre, Joseph Rogerie, démobilisé depuis avril 1919 pour raison de santé. L'épouse reprend les rennes après le décès de ce dernier mais elle aura mille difficultés à faire tourner l'établissement. En cause, c'est une femme, et elle a en face la concurrence qui s'évertue à faire fermer sa laiterie.

L'aventure Lattion
La laiterie ne fonctionnait plus depuis plusieurs mois. La clientèle était perdue. Mais en avril 1937, Jean et Simone Lattion visitèrent l'établissement en vue d’une location éventuelle. La laiterie était en moins bon état que la maison d’habitation, mais les couvertures étaient impeccables. Jean Lattion était Suisse. Il avait des cousins à Luxé. Il était venu travailler à la laiterie (La Charrière) durant plusieurs années avant la guerre. C’est ainsi qu’il connut sa femme, Simone, originaire de Brettes.
Les époux Lattion louèrent la laiterie du 1er juillet 1937 au 1er juillet 1945. Ils ramenèrent leur clientèle de Luxé. Travailleurs et modernes, leur commerce prospéra. D’ailleurs, le premier jour d’exercice à Villefagnan, Jean Lattion avait déjà collecté 835 litres de lait… Il achète la laiterie en 1945, l'équipe et la modernise. Il développe la production de fromage de chèvre.
En 1953, il était l’un des premiers à stériliser le lait. Il achète une embouteilleuse allemande et un homogénéisateur pour faire du lait U.H.T. La matière grasse après éclatement, est répandu dans le lait puis chauffé très brièvement à 115°C. La laiterie employait à cette époque une trentaine de personnes outre Jean et Simone Lattion. Il fallait pour la collecte 7 ou 8 ramasseurs, et autant de camions. Une vingtaine de personnes œuvraient à la laiterie: dix pour le beurre et le lait ; dix pour le fromage. Les Lattion employaient une secrétaire à plein temps. Ils géraient une porcherie de 200 porcs à la Font de Villefagnan afin de rentabiliser le petit lait.
En 1962, étaient traités par jour 20.000 litres de lait dont la qualité était vérifiée aléatoirement chaque mois par un contrôleur pour en vérifier la densité. La clientèle était importante et s’étendait au delà d’Aigre, à Verdille et vers la Charente Maritime.
Malgré l’importance de la laiterie, située dans la moyenne en Charente (16e environ sur une trentaine). A cette époque, la concurrence était rude et peu à peu, la plupart des laiteries de la région fermaient où se regroupaient.
Pressentant l’évolution inéluctable vers le regroupement, les Lattion fusionnèrent dès juillet 1962 avec la laiterie de Réparsac près de Cognac. La collecte du lait fut toutefois maintenue autour de Villefagnan mais le lait était traité à Réparsac. Le matériel fût vendu à d’autres laiteries. C’était du très bon matériel, très moderne pour l’époque d’origine allemande et suédoise, sans conteste le meilleur sur 300 km à la ronde. Il permettait en particulier la pasteurisation et la stérilisation du lait. Les Lattion avaient été dans les premiers en 1953 à stériliser du lait.
Jean Lattion avait employé au plus fort de ses activités une cinquantaine d’employés. La laiterie a fermé en 1962. Jean Lattion décédait le 5 juillet 1965 à 53 ans. Ces renseignements ont été communiqués pour une part par Jean-Louis Carde qui a rencontré Mme Lattion, merci sincère à tous les deux.
Le lait et le fromage de chèvre
Après de nombreuses années d’interdiction, avant et après la Révolution, la chèvre finit par s’imposer dans les petites fermes. On voyait antan de vieilles paysannes en mener paître une, ou quelques-unes, sur les bords des chemins. Elle s’occupait pendant ce temps au tricot, ou au fuseau. Si une bête s’échappait, le chien avait tôt fait de la ramener vers sa gardienne.
« D’une économie de subsistance à une économie de marché - du XIXe siècle à 1970. Les chèvres demeuraient à leurs côtés [les paysans] comme s’il s’agissait de leur famille nombreuse1. De fait, elles s’avéraient en avoir sauvé un grand nombre pendant de longues années de malédiction et de disette qu’avait duré la guerre. »
Il n’y a pas longtemps, un peu de fromage et quelques litres de lait pour la laiterie assuraient un complément de revenu. Voire un moyen d’en compenser l’absence ou une faible retraite. Désormais, la chèvre vit en stabulation, parfois jusqu’à un millier. Son lait permet de faire des fromages que beaucoup aimeraient de la même saveur que ceux de leur enfance.

Brettes en appellation contrôlée cognac
C'était en 1909 publié par Le journal de Ruffec.
Le décret délimitant la région « cognac » ou « eau-de-vie des Charentes » vient d’être signé par le Président de la République. Pour le canton de Villefagnan ont été inclues les communes de Brettes, Courcôme, Longré, Raix, Souvigné, Tuzie, Villefagnan. De bons bois...

Des bois de valeurs différentes
L'intercommunalité avant l'heure, même si d'autres divisions étaient à observer, notamment quant à la classification des eaux de vie : les trois communes produisaient de l'eau de vie des Charentes avant 1909, seule Saint-Fraigne aura le droit à l'appellation « fin bois », les deux autres se contentant de celle de « bons bois ». Gouttons entre autres nectars cette anecdote croustillante rapportée par les descendants des maires farceurs : « Au début du XXe siècle, le maire de Brettes, celui de Souvigné et leur collègue de Saint-Fraigne, résidaient tous les trois à Villairet. Ils installèrent le 14 juillet une table ronde au point de rencontre de leurs trois communes et banquetèrent ensemble... sans quitter leur commune ». Serge Béguier a bien voulu pauser pour nous sur l'emplacement du sycomore.


Un syndicat agricole se crée à Brettes
C'était en 1904 publié par Le journal de Ruffec.
On entend si souvent parler de choses qui divisent que le chroniqueur éprouve comme une sorte de bien aise à constater les tentatives d'union qui se manifestent ça et là. Sur ce point la petite commune de Brettes vient de donner un exemple. Sur l'initiative de M. le Maire, on vient de former dans cette commune un syndicat agricole. La plus aimable courtoisie (ce qui n'exclue pas l'animation) n'a cessé de régner durant les deux premières séances qui ont été consacrées à l'examen des statuts et à la nomination du bureau. Et maintenant va, petit syndicat, et aux vœux de succès et de longue durée qui ont été exprimées en ta faveur, tu me permettras bien d'ajouter cet autre, à savoir que toujours, suivant le désir de ceux qui ont présidé à ta formation, tu sois dans la commune un gage de concorde et d'union.


Attentat à la pudeur avec violence
C'était à l'audience du 12 mars 1912 et publié par Le journal de Ruffec.
A l'audience du mardi matin qui a été ouverte à 9 heures, a été appelée une affaire d'attentat à la pudeur reproché à monsieur V., âgé de 34 ans, demeurant à Marcillé, commune de Brettes. Les faits se sont déroulés le 22 octobre 1911 ; à cette date, l'accusé gardait ses bœufs près d'un bois appelé les « Quatre Chênes » à peu de distance de la jeune R., âgée d'au moins 12 ans. Il lia conversation avec la fillette, puis, d'après l'accusation, il se serait livré sur elle à des actes obscènes. Le huit clos est prononcé.
V. reconnaît une partie seulement des faits qui lui sont reprochés. Une dizaine de témoins sont entendus puis l'audience est suspendue. A la reprise, M. Narrat, substitut, qui occupe el siège du ministère public, prononce un énergique réquisitoire. Après une brillante plaidoirie de Me Georgeon, le jury se retire pour délibérer. Dix minutes plus tard il revient avec un verdict négatif. V... est acquitté...

Les chevaux, mulets et ânes de Brettes intéressaient l'armée
La remonte permettait de fournir des chevaux aux armées. Le service de la remonte militaire gérait le recensement et du classement des chevaux civils pour leur éventuelle utilisation en temps de guerre. Cette opération était préparée dés le temps de paix grâce au recensement qui se faisait à partir de la déclaration obligatoire en mairie des propriétaires des chevaux et mulets. Le service de la remonte militaire gérait le suivi administratif.

Le recensement devant la mairie de Brettes avant 1914.

Une affaire sérieuse
Tous les ans, au commencement de décembre, le maire faisait publier un avertissement adressé à tous les propriétaires de chevaux ou mulets qui se trouvaient dans la commune, quelle que soit la nationalité de ces propriétaires, pour les informer qu'ils devaient se présenter à la mairie, avant le 1er janvier, et faire la déclaration de tous les chevaux, juments, mulets ou mules en leur possession, en indiquant l'âge de ces animaux.
Les registres des mairies étaient envoyés au service régional des remontes. Une commission se déplaçait chaque année dans la moitié des communes pour le classement de ces chevaux en chevaux de selles ou d'attelages.
La ressource était suffisante
A la mobilisation, des comités d'achat faisaient des tournées dans les villes et villages avertis par voies d'affichages, et les propriétaires étaient indemnisés selon un barème de prix arrêté par le ministère de la guerre. Les achats se faisaient en public, sous la direction du président du comité de réquisition. Les chevaux, regroupés, triés, devaient généralement être ensuite dressés pour répondre aux besoins de l'armée.
Les ressources nationales étaient estimées en 1914 à environ 3.230.000 chevaux, ce qui permettait de satisfaire aux besoins de la mobilisation.


Les pigeons voyageurs également mobilisables
Il existait aussi un recensement des véhicules hippomobiles, qui se faisait tous les trois ans. Et plus surprenant, un autre décret concernait le recensement des pigeons voyageurs.
Le 10 décembre 2011, le Journal de Ruffec publiait : « Conformément à la circulaire du ministre de l'intérieur, en date du 1er décembre 1897, il sera procédé, avant le 1er janvier 1912, dans toutes les communes à un recensement des pigeons voyageurs ».
Tous les éleveurs isolés ou sociétés colombophiles qui possédaient des pigeons voyageurs devaient déclarer en mairie le nombre de leurs colombiers, le nombre de pigeons voyageurs qui y étaient élevés et les directions dans lesquelles ils étaient  entraînés.
Le décret du 2 août 1877 concernant ces réquisitions militaires n'a été abrogé que très récemment par le décret n°2009-254 du 4 mars 2009.


Coup de couteau
C'était en février 1911 et c'était publié par Le journal de Ruffec. Le jeune D., âgé de 13 ans, domestique à Villairet, commune de Brettes, revenait des champs, lorsqu'il rencontra un nommé G., âgé de 70 ans, qui lui demanda s'il couchait toujours dans la même chambre. Après avoir reçu une réponse affirmative, G. continua son chemin. Dans le courant de la nuit suivante, le jeune D., étant endormi, sentit un individu se glisser dans son lit et tenter de le violenter. S'étant débattu, il reçut un coup de couteau qui le blessa peu grièvement, puis l'individu prit la fuite. La gendarmerie ayant ouvert une enquête, à interrogé G. qui a nié énergiquement être l'auteur de cet acte inqualifiable.


Un bon coup de fusil
C'était en 1901 et c'était publié par Le journal de Ruffec. Mardi, à l'arrivée du train de deux heures en gare de Villefagnan, une des vaches embarquées par M. Elie Fourcheraud, boucher à Courcôme, sans doute prise de peur, partit à une allure vertigineuse dans la direction de Brettes. Malgré les efforts de quelques personnes qui voulurent l'arrêter avec des fourches et des bâtons, le terrible animal allait causer de grands malheurs sans l'intervention de M. Daniel Flaud, propriétaire à Brettes, qui, n'écoutant que son courage, tira presque à bout portant deux coups de fusil et étendit raide la vache furieuse. Nous serions heureux de voir l'administration compétente prendre note de l'acte de courage de M. Flaud.
La fête patronale à Brettes en 1912
C'était le 15 septembre 1912 publié par Le journal de Ruffec. La fête du 8 septembre favorisée par un beau temps a eu un très grand succès. De nombreux jeux ont été organisés parmi lesquels deux courses de bicyclettes dont voici les résultats : Course communale de 12 km, 1er Nicolas en 24 minutes ; 2e Rousseau à 100 m ; 3e Texier à deux longueurs. Course régionale de 25 km, 1er Olivier ; 2e Proust, à une longueur ; 3e Broussaud, à deux longueurs, qui ont couvert les 25 km du parcours en 43 minutes, marchant à une moyenne de 34,888 km.
Courses pour tous à la frairie de Villairet en 1921
C'était le 14 septembre 1921 publié par Le journal de Ruffec. La frairie de Villairet, commune de Souvigné, aura lieu le dimanche 2 octobre. A 13 heures, courses aux ânes avec 3 prix. Courses aux chiens (3 prix). Courses à pied pour jeunes gens au dessous et au dessus de 15 ans (6 prix). Course aux œufs, course en sac. Jeux divers, loterie, tirs. Grand bal public.
Les maraudeurs reniflent l'ail et l'échalote
C'était le 1er juillet 1923 publié par Le journal de Ruffec. Des maraudeurs ont pénétré dans le champ de M. Albéric Monnet, cultivateur à Brettes, et y ont arraché 150 pieds d'ail et 50 pieds d'échalotes, qu'ils ont emportés. Une enquête est ouverte. Notons qu'un vol de 140 têtes d'ail et 40 pieds d'échalotes, avait été commis pendant la nuit la semaine suivante au profit du coiffeur M. Lantourne à Villefagnan.
Poste automobile rurale
C'était le 7 janvier 1934 publié par Le journal de Ruffec. Sur la proposition de M. le Directeur départemental des PTT, l'administration centrale a admis de faire desservir le chef-lieu de la commune de La Magdeleine par la voiture du circuit de poste automobile rurale rattachée à Ruffec. De même le 21 janvier 1934 publié par Le journal de Ruffec. Souvigné sera desservi à partir du 1er février 1934... les usagers doivent désormais faire porter sur leurs adresses : « Souvigné, par Aigre »...
Un mariage
C'était le 29 avril 1934 publié par Le journal de Ruffec. Nous apprenons avec plaisir le mariage de M. René Béguier, et petit-fils de M. Frédéric Béguier, membre de Chambre d'Agriculture de la Charente, avec Mlle Marcelle Augeron, de Villairet. La bénédiction nuptiale leur sera donnée en l'église Saint-Cybard de Brettes le lundi 30 avril à 11 heures du matin. 
Sortir aux alentours
Tout Brettes pouvait se rendre à la frairie de Bellevue (Empuré) le dimanche 20 mai 1934. Course régionale de bicyclettes, course à pied, jeu de ciseaux, course aux œufs, jeux divers. Départ d'un ballon montgolfière, loterie, tirs, jeux de boules. Fête de nuit, brillant feu d'artifice, bataille de confettis, grand bal. 
Plus on est de chasseurs...
C'était le 25 août 1935 publié par Le journal de Ruffec. Les chasseurs des communes limitrophes de Brettes sont informés qu'ils pourront faire partie de la Société de chasse, moyennant une cotisation de 15 francs. Se renseigner au président ou à M. Pierre Rodier, cafetier, où les cartes leur seront délivrées.
Brettes en 1942
Arrondissement d'Angoulême, canton de Villefagnan. Hameaux : 7 ; 294 habitants ; PTT ; chemin de fer réseau de l'État, ligne de Ruffec à Niort à 4 km ; fête patronale le 2e dimanche de septembre ; agriculture, cultures diverses ; commerce : grains ; tourisme : deux tours du XIIe ; maire : Henri Deleigne, adjoint Félicien Trigaud, secrétaire Mme Partaud ; curé, Debertex à Villefagnan. Cafetier : Pierre Rodier ; coiffeur, M. Rodier ; cycles, R. Damy ; épicier, Nicolas ; marchand de bestiaux, Deleigne ; maréchal ferrant, S. Damy ; tabacs, H. Nicolas.
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