Petites histoires de l'histoire en juin 1940
1ère anecdote
Dès leur arrivée, les allemands installent une «kommandantur» à Courcôme dans les locaux de la mairie. Un gradé passe chez notre maire d'alors, Monsieur François GENTY. Il va à la pendule et tourne l'aiguille pour avancer d'une heure. «A partir de maintenant, dit l'officier, la France est à l'heure allemande.» Le but de la visite de ce gradé est de savoir s'il y a sur la commune du matériel militaire abandonné par l'année française.
A quoi, le maire répond «qu'à sa connaissance il n'y a rien». Lorsque les allemands apprennent qu'il y a deux chenillettes dans les bois des Plans, le chef de la «kommandantur» fait arrêter le maire et le fait enfermer dans un bâtiment annexe de la mairie de Courcôme.
L'Abbé Marquet (curé à La Faye), un adjoint et un conseiller municipal vont à Courcôme pour rendre visite à M. Genty. Ils en profitent pour parlementer avec le commandant. Le soir même, notre maire est libéré. Mais dans quel état ! Il avait vraiment eu peur d'être fusillé.
Malade, il envoie sa démission à M. Le Préfet qui nomme Lucien Ravaud pour le remplacer.
2ème anecdote
Edith S. croise un soldat allemand qui prétend qu'elle lui a tiré la langue. Elle est aussitôt arrêtée et emmenée à Courcôme. Le nouveau maire et un conseiller municipal sont convoqués. L'inculpée prétend qu'elle a un bouton de fièvre et que machinalement elle a passé sa langue dessus. En foi de quoi, elle est relaxée. Elle invite le maire et le conseiller municipal au café à prendre un verre, et en aparté, elle leur confie : «Je lui avais bien tiré la langue».
3ème anecdote
Une femme de La Faye travaillait chez un marchand de primeurs de Ruffec. Elle tenait l'étalage au marché lorsqu'un soldat allemand fait comprendre qu'il veut un kilo de pêches et commence à les déguster sur place.
Chaque fois qu'il en entame une, elle dit tout haut : «Si ça pouvait seulement te faire crever !» Quand il a fini, il demande dans un parfait français : «Combien vous dois-je, madame ?». Un peu décontenancée, elle lui répond : «Ca fait tant...». Le soldat ajoute : «Et pour les compliments ?» «C'est par dessus le marché» lui répond-elle.
Henri Dindinaud