L'église Saint-Martial de Souvigné
Le prieuré-cure a souffert des guerres de religion, du feu,
l'église a perdu son clocher latéral. Ce cliché permet de comparer la hauteur de la toiture sur la nef et celle de la toiture du choeur : une importante différence les sépare. Aujourd'hui, on constate que la charpente de la nef a été relevée pour être ajustée à celle du choeur. L'église Saint-Martial date du XIIe siècle. Elle comprend une nef autrefois sous lambris et une abside semi-circulaire. Elle a reçu une voûte qui s'est effondrée. Des traces d'incendie apparaissent sur le mur collatéral sud, près de l'ancienne tour du clocher, elle aussi décapitée. Souvigné était un ancien prieuré-cure situé dans le diocèse de Poitiers, et dans l'archiprêtré de Ruffec. Il avait appartenu, après 1620, au prieuré de Lanville. Inspection du diocèse de Poitiers lors des Grands Jours de 1634.
Les commissaires inspectent la paroisse de Souvigné, la paroisse est aux mains du Sieur de Bussac, gentilhomme huguenot : «Estans entrée dans l’église, l’avons trouvé couverte, mais du reste en pitoyable état... les autels tout à nu... les fenêtres sans vitres et ladite église même polluée par la sépulture de deux corps de la religion prétendue reformée inhumée depuis sept ou huit mois au milieu du cœur devant le grand autel.» (lire aussi le paragraphe plus bas sur les dîmes) Le cimetière jouxtait l'église mais il fut déplacé vers le sud du village à proximité d'une mare. Lors des restaurations de 1852, un nouveau clocher fut érigé en façade. Ses ardoises et son plan hexagonal trahissent une construction récente. Conseil général de la Charente, session de 1849
Subvention aux Communes pour les Édifices du Culte.
Rapport du Préfet.
Messieurs,
Vous connaissez là modicité des revenus de là plupart des communes rurales. Leur situation financière est telle, qu'un grand nombre d'entre elles sont forcées de recourir à des impositions extraordinaires pour faire face à leurs principaux besoins. Dans bien des cas, elles sont même tellement grevées de centimes additionnels, qu'il leur est impossible de faire usage de cette ressource, et que les fonds leur manquent totalement pour des dépenses d'une urgence constatée.
Il en résulte que les édifices religieux sont presque partout dans une situation déplorable ; des églises tombent en ruine, des presbytères sont inhabitables, et l'exercice du culte se trouve ainsi compromis d'une manière extrêmement fâcheuse.
Votre sollicitude a été frappée de cet état de choses, et depuis plusieurs années vous portez à votre budget un crédit de 2,500 fr. pour aider les communes à pourvoir aux réparations les plus pressantes. Le désir de participer à la distribution de ce crédit, engage les administrations municipales à s'imposer des sacrifices. Il n'a donc pas seulement de l'utilité à raison des travaux qu'il sert à solder, mais il présente , de plus, cet avantage, qu'il stimule les communes à entreprendre des améliorations qu'elles n'auraient pas réalisées si elles n'y avaient été décidées par l'espérance d'une subvention.
L'efficacité bien reconnue de cette allocation m'a déterminé à vous en proposer de nouveau le vote pour 1850 de 200 fr pour l'église de Souvigné dont la voûte menace ruine, et le clocher est crevassé d'une manière inquiétante ; il y aurait danger à ajourner les réparations.
Le conseil général vote cette somme.
Le cimetière jouxtait l'église mais il fut déplacé vers le sud du village (à gauche sur le cliché) à proximité d'une mare. Installation du prieur-curé de Souvigné en 1698 Jean Lemoyne représenté par Louis Le Laboureur « Le 20 juin 1698, à 4 h., le R.P. Louis Le Laboureur, prestre religieux profès de l'ordre de Saint-Augustin, par procuration spéciale du R.P. Jean Lemoyne, prestre, chanoyne régullier de l'ordre de St Augustin, de la congrégation de France, prieur claustral du prieuré de Notre-Dame de Lanville», Ce dernier, «du diocèse d'Uzeis (IIzès)» a été nommé «au prieuré de la cure Saint-Martial de Souvigné et ses dépendances, au dit diocèse de Poictiers, par Mgr l'illustrissime et révérendissime messire Esprit Fléchier, evesque de Nisme, abbé de l'abbaye de Saint-Séverin, audit diocèse de Poictiers, en sa qualité d'abbé de St Séverin d'où dépend ce bénéfice de Souvigné», les vicaires généraux de Poitiers, ayant donné leurs visas. Jean Bineau, sacristain, ouvre l'église le curé de Souvigné, arrivé dans la maison presbitéralle, se promena dans les chambres de ladite maison, rompit des branches aux arbres du jardin», de tout pour et au dit nom du sieur Le Laboureur, en vertu de la dite procuration, en signe d'un bon et véritable possesseur du susdit bénéfice de Souvigné, avec remise des clefs de l’église et de la maison au sieur par le sieur Bineau… » Les dîmes de la paroisse de Souvigné Le 2 novembre 1728, André de Lozelière, prieur-curé de la paroisse de Souvigné située dans l'archiprêtré de Ruffec, déclare à l'évêque de Poitiers ses biens et revenus en vue de l'assemblée générale du clergé de France qui sera tenue en 1730 conformément à la délibération de l'assemblée générale du Clergé de France du 12 décembre 1726. Ce bénéfice de soussigné (André de Lozelière, prieur-curé de la paroisse de Souvigné), est un prieuré-cure de l'ordre de Saint-Augustin, dépendant, et à la nomination de l'Abbé de Saint-Séverin (Saint-Séverin-sur-Boutonne (17) à l'instar de l'église de Pioussay et du prieuré-cure de Bernac) sous le titre de saint Martial. Pour en faire une juste déclaration, il faut observer que ce bénéfice a été possédé par usurpation et en confidence pendant plus de cent ans par les seigneurs de la paroisse ( le père puis le fils : de Beauchamps Alexandre, chevalier, seigneur de Souvigné) qui étaient de la religion prétendue réformé (RPR) et faisaient servir par quelques prêtres à gage de Ruffec ou d'ailleurs. Ils se sont emparés de tous les fonds, rentes, terrages, prés, dîmes ; en un mot, de tous les biens et revenus du bénéfice de quelque nature qu'il puisse être. Ils ont enlevé et peut-être brûlé les titres et papiers, même les registres, sans qu'il en reste un seul morceau, ont démoli et ruiné entièrement le logis prieural qui était joignant l'église, et dont il ne reste aucun vestige. Cela a duré jusqu'en l'année 1672, en laquelle un prêtre nommé de Moret de Bonnefin, demanda le prieuré en cour de Rome comme vacant et désert ; et en ayant pris possession, il s'accorda avec les seigneurs, leur laissant la jouissance de tous les revenus, moyennant 400 livres de pension. C'est à lui que commencent les registres qui me sont tombés entre les mains, dont le premier acte de baptême est du dernier jour de juillet 1672. Le Sieur Bonnefin ne garda le bénéfice que deux ans, et le résigna à M. François Toupeau, donc le premier acte de baptême est du 8e jour de juillet 1674. Celui-ci, profitant de l'occasion de la chambre de justice qui se tenait à Poitiers, et qui avait fait couper la tête à Monsieur de Saleigne, frère du seigneur de Souvigné, ce qui avait jeté la terreur dans toute la famille, se mit en possession de son autorité de toutes les dîmes grosses et menues, et de charnage de la paroisse (sauf ce qui est possédé par d'autres décimateurs ecclésiastiques) en cette année 1674 sans autre titre que son clocher, et mourut après la récolte de l'année suivante. C'est l'état où le bénéfice est resté depuis ce temps là, dont il est facile ensuite de faire la déclaration, à laquelle il a été nécessaire de faire ce préambule afin que l'on connaisse que j'accuse juste, lorsque je déclare qu'il n'y a ni terre, ni vigne, ni rente, ni terrage, ni fondations, ni aucune sorte de bien que ce puisse être, hors les dîmes telles que je vais en faire la déclaration suivant la connaissance que j'en ai depuis 23 ans que je suis en possession du bénéfice, sans avoir fait de mémoire du produit chaque année, me contentant de lever ce qui me revenait, et le dépensant à mesure que j'en ai eu besoin d'une année à l'autre, dont j'en ai eu fort peu de reste. Déclaration : Quant au premier article des biens et revenus affermés, je n'en ai aucun. Pour le second, il y a un petit pré qui occupe le sol où était autrefois le logis prieural avec son jardin, autour de l'église, où l'on peut amasser une bonne charretée de foin, qu'on peut évaluer en année commune à 15 livres. A l'égard des dîmes, il y a trois autres décimateurs ecclésiastiques dans la paroisse : - 1. Monseigneur l'Evêque de Poitiers, comme ayant les dîmes de Villefagnan, partage avec moi les grosses dîmes dans un long boyau, de presque un quart de lieue de long mais fort étroit qui est entre sa paroisse et la mienne.
- 2. Les Religieuses de Tusson ont les dîmes de toutes espèces dans un grand canton de la paroisse, qui en fait environ une sixième partie.
- 3. Le Commandeur de Villegats, Ordre de Malte, lève la dîme des agneaux dans un canton de mon bourg, séparé par quatre chemins, où sont les meilleurs toits de bergeries.
Ces trois articles exceptés, je lève tout le reste des grosses dîmes. Premièrement de grains qui peuvent produire par an de tout grain par quart, c'est-à-dire quart froment, quart méture, quart baillarge, quart orge et avoine, 200 boisseaux de blé mesure de Ruffec, lequel peut être évalué l'un portant l'autre à 30 sols le boisseau, ce qui fait 300 livres (nota important : 200 boisseaux à 30 sols = 300 livres ; ne pas confondre ici la livre monnaie soit 20 sols, avec la libre poids ; un boisseau mesure de Ruffec pesait 70 livres). Secondement de vin, j'en recueille autour de 40 barriques, presque tout vin de blanc pour l'eau de vie, et que l'on peut évaluer à dix écus le tonneau de quatre barriques, les dix tonneaux font encore 300 livres. (Nota : dix écus valent donc 30 livres et une barrique de vin vaut 7,5 livres soit 3,3 écus ou 150 sols). J'en mets beaucoup plus que moins. Car il y a bien plus d'années où j'en amasse moins de 40 barriques qu'il n'y en a où j'en amasse d'avantage. Troisièmement, les menues et vertes dîmes, et de charnage ou agneaux, peuvent produire par an, rapportant une année à l'autre, la somme de 100 livres. Je n'ai rien à déclarer sur tous les autres articles, ne possédant rien de tel. Quant au casuel, n'ayant dans ma paroisse qu'environ 90 feux, tous de pauvres paysans, sans aucun gentilhomme, ni bourgeois, qu'un seul qui est fermier de la seigneurie ; et étant chargé de tout l'entretien de l'église et du prieuré, luminaire, ornements, réparations, il s'en faut plus de 100 francs tous les ans que je n'en retire un sou. Total du revenu dudit prieuré-cure : la somme de 715 livres, sur laquelle il doit être fait déduction des sommes ci-après. - Premièrement pour les décimes, j'en paye actuellement autour de 90 livres (impôt pour le diocèse), quelquefois plus, quelque fois moins, et j'en ai payé fort longtemps jusqu'à 125 livres. Egalant le tout fait plus de 100 livres.
- 2. Pour les frais et dépenses de la cueillette, et surtout du vin, y compris l'achat ou confection des vaisseaux vinaires pour faire loger le vin, il n'y a point d'année qu'il ne m'en ait coûté, l'une portant l'autre, plus de 100 livres.
- 3. Pour l'entretien et réparation de l'église et logis prieural, argenterie, ornements de toutes couleurs, pavé, couverture, charpente, boiserie, linge d'autel, ce que j'ai tout fait faire à mes dépens, je n'en suis point quitte encore par an pour cent francs.
- 4. Plus 50 sols pour la visite de l'archidiacre.
- 5. Pour l'abonnement des droits de jaugeage et courtage, je suis taxé à 3 livres 10 sols.
- 6. Pour le luminaire de saint Pierre, par an 9 sols, et pour le bissexte tous les 4 ans, 10 sols, fait par an 11 sols.
- 7. Pour une rente due à la seigneurie de Souvigné sur le logis prieural qui a été acheté moitié aux frais de la paroisse, moitié aux frais du prieur, deux mesures et un peu plus de froment et 10 deniers par an, ce qui peut être évalué à 8 sols.
Total des charges à déduire des revenus : 306 livres, 19 sols. Partant, reste net 408 livres et 1 sou.
En 1852, un porche a été accolé en façade.
Les chapiteaux des colonnes de la porte d'entrée sont sobrement sculptés.
Les modillons de la façade romane ont été martelés.
Des modillons soulignent la courbe de l'abside.
Les fenêtres du chœur ont reçu un léger décor.
Elles sont soutenues par des colonnes.
Le lambris a cédé sa place à une voûte de briques.
Une tête de statue a été retrouvée au milieu des moellons lors de la démolition de la sacristie.