L'église Saint-Romain de Montjean
Autres pages concernant Montjean Dans la presse : http://villefagnan.blogs.charentelibre.fr/montjean/
Le seigneur de la paroisse de Montjean était en partie le chapitre cathédral de Limoges. En 1900, avant le monument aux morts... Avant le transfert du monument aux morts. L'église vue depuis le jardin des cinq sens.
Saint Mandé ou Saint Romain ?
L'abbé Nanglard avait écrit dans son pouillé des églises d'Angoumois : Montjean (Saint Mandé, Amandus, 18 juin ; aujourd'hui, par erreur, Saint Romain, 9 août; ancienne paroisse sur la Péruse, maintenue en 1803, supprimée et annexée à Saint-Martin (du-Clocher) le 27 mars 1805, rétablie le 30 septembre 1807 avec l'annexe de Londigny.
En 1855 (environ), le curé Rouaud écrivait à l'évêque d'Angoulême à ce sujet : "A l'approche de la fête patronale de ma paroisse, j'ai l'honneur de renouveler la demande que j'avais faite à votre grandeur de décider quel patron je devais choisir pour Montjean. Est-ce saint Mandé ou est-ce saint Romain ? M. le secrétaire de l'évêché a mis saint Mandé sur ses registres à partir de l'année 1842. Sur mon titre, il a mis saint Mandé sur l'Ordo, au nécrologue du diocèse, il a mis encore saint Mandé. Cependant, je ne trouve aucun vestige patronage de saint Mandé dans les traditions ou les monuments du pays.
Il en est bien autrement pour saint Romain. Tous les actes de baptême ou de mariage depuis l'année 1632 indiquent saint Romain comme patron de Montjean. Ces actes authentiques existent encore à la mairie. le nom de Romain est encore donné aux enfants et il est devenu le nom propre de quelques familles anciennes.
La fête patronale a toujours été célébrée pour la Saint Romain d'après le témoignage des anciens de la paroisse et aujourd'hui encore, l'assemblée ou ballade de Montjean a lieu le dimanche qui suit la fête de Saint Romain (9 août). Enfin, j'ai eu l'honneur de montrer l'an dernier à votre grandeur, un titre écrit sur parchemin daté de 1616 et signé Henry de la Roche Posay, évêque de Poitiers, qui en laisse aucun doute sur le titulaire de Montjean qui est saint Romain.
Je supplie Votre Grandeur de vouloir bien me donner une décision afin que je puisse faire régulièrement la fête à la mémoire du véritable patron de ma paroisse".
C'est une ancienne vicairie perpétuelle du diocèse de Poitiers et unie au chapitre cathédral de Limoges. Dans les minutes du procès du seigneur de Ruffec contre ses vassaux pour le paiement des droits de guet (XVIIIe), il est dit "La cure de Montjean est du diocèse de Poitiers, le curé y paye les décimes ; la portion de cette paroisse (le fief de la Peyraudière) qui appartient en propriété aux chanoines de Saint-Etienne de Limoges, est unie à leur terre de Vaussais, qui relève du Comté de Civray situé en Poitou. Le seigneur de la Peyraudière rend hommage de son fief, et de la justice qu'il a droit d'y exercer, à ce chapitre, à cause de sa seigneurie de Vaussais. Il est donc nécessairement dans la mouvance médiate du Comté de Civray, et par conséquent, suivant la maxime tirée des coutumes de l'Angoumois et du Poitou, établie dans la section Ie, a. II, le siège de la Peyraudière (droit de moyenne justice) est dans la justice du siège royal de Civray".
Les dîmes
Déclaration que donne à nos seigneurs de l'assemblée du Clergé de France qui sera tenue en l'année 1730 et à messieurs du bureau du diocèse de Poitiers, André Charuau, vicaire perpétuel de Saint-Romain de Montjean pour satisfaire à la délibération de l'assemblée générale du Clergé de France du 12 décembre 1726.
Messieurs de la Cathédrale de Limoges sont les collateurs de la cure et décimateurs généraux, et le curé est réduit à la portion congrue de cent écus qui lui sont payés :
Primo : par les menues et vertes dîmes dont il jouit qui consistent en agneaux charnures, légumes, jarousses et garouïls, le tout peut aller année commune à 70 livres.
Secundo : il jouit de trois petites rantes qui sont de 25 boisseaux de seigle, mesure de Ruffec, dont le boisseau pèse 55 livres et vaut année commune 26 sols le boisseau, qui est 32 livres 10 sols.
Tertio : il jouit d'une petite dîme qui consiste en froment, seigle et avoine, il peut y avoir année commune 2 boisseaux froment, 6 boisseaux seigle, 10 boisseaux d'avoine, et peut aller le tout année commune à 17 livres.
Quarto : les novales de la dite paroisse peuvent produire par an 2 boisseaux de baillarge, 6 boisseaux d'avoine, mesure du dit Ruffec, qui se monte 5 livres 12 sols année commune, desquelles novales, le dit vicaire perpétuel et ses successeurs ont droit de jouir.
Quinto : il jouit d'un petit pré qui se monte année commune à 15 livres.
Sexto : les messieurs de la Cathédrale de limoges lui paient chaque année pour supplément de la pension la somme de 160 livres.
Septimo : le casuel de la dite église peut aller chaque année à 20 livres sur quoi il faut entretenir l'autel de luminaires, les ornements de la sacristie, n'y ayant aucune fabrique, cette dépense est chaque année de plus de 25 livres. Je paye chaque année 45 livres de décimes et il n'y a point de maison presbytérale, le curé est obligé de se loger à ses dépens, il m'en coûte chaque année 25 livres.
Nous, soussigné André Charuau, vicaire perpétuel de Saint-Romain de Montjean, certifions et affirmons la présente déclaration véritable sous les peines énoncées en la délibération de l'assemblée générale du clergé du 12 décembre 1726 de laquelle déclaration nous avons remis le présent double à Monsieur le syndic du Diocèse de Poitiers, déclarant au surplus que nous n'avons rien omis des biens dépendants de la dite cure en foi de quoi nous avons signé le présent à Montjean le 8 décembre 1728. A. Charuau, prêtre-curé de Saint-Romain de Montjean.
Mais il semble intéressant de consulter aussi ce document :
Cahier de doléances de la paroisse de Lorigné (79) le 6 mars 1789.
PROCÈS-VERBAL
Date : 6 mars 1789. Président : René Meunier, syndic. Population . 100 feux. Comparants : Pierre Augé, Pierre Bincau, Jean Querron, membres et officiers de la municipalité ; Jean-Louis Tillet, Pierre Gastineaux, François Meunier, René Meunier, Pierre Biveau, Pierre Damy, René Michelet, Pierre Magnien, François Olivier, François Ragot, François David, François Cheigné, Jean Michelet, Thomas Brangé, Antoine Morinaud, Jean Pillon, Philippe Querron, tous habitants de ladite paroisse de Montjean [1] et de Lorigné [2]. Députés . Pierre Magnen et Pierre Damy, laboureurs. Suivent 2 signatures. [3]
CAHIER DE DOLÉANCES
Cahier de doléances, plaintes et remontrances de la communauté de Lorigné (paroisse adjacente).
Aujourd'hui sixième jour du mois de mars mil sept cent quatre-vingt-neuf, a comparu en notre assemblée, René Meunier, syndic, Pierre Bineau, Jean Querron, Pierre Augé, tous les trois membres de la municipalité ; Louis Tillet, Pierre Gastineauy. François Meunier, qui sont les trois commissaires de ladite municipalité de Monjean et Lorigné, après avoir pris connaissance et lecture de l'ordonnancent de monsieur le grand Sénéchal en Poitou ou de son lieutenant-général pour la convocation des Etats généraux, pour ce qui regarde le Tiers état et pour s'être examiné suivant ladite ordonnance et avoir mûrement [réfléchi] procédés à la rédaction du cahier de plaintes, doléances et remontrances ; que lesdits habitants ci-dessus nommés, ont examiné les charges qu'ils paient à Sa Majesté, tant en principale taille, imposition, accessoire, dîme, vingtième, que les droits de corvée, ce qui met les taillables de cette dite paroisse, hors d'état de pouvoir payer les subsides dus à Sa Majesté, en égard le nombre de seigneurs qu'il y a dans ladite paroisse.
Premièrement. - Messieurs les chanoines doyens de Saint-Etienne de Limoges (seigneurie de Vaussais et Montjean) qui font la sixième partie des fruits, dans lequel nombre il y en a bien peu où ils ont la douzième partie ; qu'il, leur. échoit encore au-dessus cette douzième partie ; dés rentes considérables à. La partie où ils y font le six, il y a aussi des rentes d'environ cinq sols par boisselée ; ce qui fait que le Tiers état après avoir emblavé son terrain et payé tous les droits de labour, que ces mêmes particuliers n'ont pas moitié de leur revenu, en ce qu'il faut qu'ils fournissent toutes les semences qu'il faut pour emblaver ces terres, aussitôt qu'ils ont recueilli dans les cinq sixièmes parties qu'il leur reste ; ce qui met donc les pauvres habitants hors d'état de pouvoir payer les impositions dues à Sa Majesté.
2° Autres seigneurs, qui est premièrement monsieur de Lauzon seigneur de ladite paroisse de Lorigné, possédant quatre borderies, toutes taxées à la taille, possédant quelques articles de rente, mais très peu ; les seigneurs de la Bonnardelierre possédant aussi beaucoup de rentes et de terrages dans cette paroisse ; monsieur Dufayin, seigneur de la Forêt de Tessé qui possède aussi quelques articles de rentes ; le seigneur Du Breuil (Londigny) possède aussi des rentes et des terrages dans cette paroisse, et Madame Donnay possède aussi quelques rentes et agriers dans cette paroisse ; monsieur le marquis Depomussac, seigneur justicier possède aussi quelques articles de rente dans cette paroisse ; le prieur de Lorigné possède aussi un petit bénéfice mais très maigre ; le seigneur de Chenay possède aussi quelques rentes dans cette paroisse ; le seigneur de la Gussonnière possède quelques articles de rentes dans cette paroisse ; monsieur Engély fait valoir par les domestiques une petite borderie non cotisée à la taille ; monsieur Dauché fait valoir une borderie de deux bœufs par lui-même et non cotisée à la taille ; monsieur Caillon possède une petite borderie dans cette paroisse, ce qui fait que tout le corps de ces seigneurs réunis avec les droits du sieur curé, ainsi que les leur préalablement pris, emportent la majeure partie des revenus de la susdite paroisse et mettent le Tiers état, comme il a souvent dit par ses présentes plaintes et doléances, à même de [ne pouvoir] se donner les secours qui lui sont nécessaires et à ceux de leur état.
3° Le sieur curé de ladite paroisse levant les deux tiers de la douzième partie dans cette paroisse, il faut aussi noter que le sieur prieur ou abbé avait dans ladite paroisse de Montjean et Lorigné, une chapelle adjacente à l'église où il y a des revenus annexés à ladite chapelle, que l'on va laisser tomber en ruine, qui a par ce moyen. occasionné des réparations considérables au corps de l'église, qui [ont] totalement altéré les pauvres habitants du Tiers état, là où si la chapelle eut été entretenue par le sieur abbé ou prieur qui en tire les revenus comme l'on doit entretenir les lieux saints, ça aurait par ce moyen évité la moitié au moins des réparations qu'il en a coûté aux particuliers du Tiers état. Si l'on les eusse dispensé ou que l'on les dispensa de payer les mêmes revenus, soit rentes ou dîmes dues à la chapelle tombée en ruine, mais bien loin de les en dispenser, l'on leur fait parer à leur échéance, par conséquent le sieur abbé ou prieur n'aurait donc pas dû laisser tomber un endroit saint en masure ; pourquoi les plaignants demanderaient que la dite chapelle fusse réhabilitée, puisqu'il est prouvé que le sieur prieur ou abbé en tire bien les revenus.
Et ont tous les ci-dessus dénommés, avec nous syndic, membres et adjoints, fort les soussignés.
(Suivent 14 signatures, celles de : Damy et P. Magnen, députés ; P. Augé, -P. Bineau, J. Querron, membres de l'assemblée municipale ; R. Meunier, syndic, etc...)
Notes :
[1] Nous ignorons la cause de la comparution d'un certain nombre d'habitants de la paroisse de Montjean à Lorigné. Cette paroisse eut en effet une assemblée régulière le 10 mars, et comparut à Angoulême. Son cahier a été publié par M. Boissonnade, op. cit., 424-426.
[2] Queue-d'Ageasse, aujourd'hui village de Lorigné, formait à la Révolution une communauté qui, sous le rapport administratif, était distincte de la paroisse de Lorigné. dont elle dépendait. Cette communauté, comparut à Angoulême. (V. Boissonnade, op. cit., pp. 43P-431.)
[3] Ces deux signatures sont celles des députés.
L'église, du XIIe, de plan très simple (une nef romane), a reçu au XVe siècle une chapelle latérale voûtée d'ogives (se style gothique). Elle a été l'objet de plusieurs restaurations, de 1860 à 1864. Le vitrail du chœur a été réalisé par l'atelier Léopold Lobin à Tours en 1864. Il figure un Christ en gloire après la Résurrection. Outre d'intéressants modillons et de belles sculptures sur la porte d'entrée, l'église est remarquable quant à ses vitraux fabriqués dans un atelier à Tours. Un campanile surmonte la façade.