Raix : un peu d'histoire

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Presse : http://www.charentelibre.fr/charente/raix/

L'histoire de Raix se confond avec celle de sa châtellenie qui relevait du Marquisat de Ruffec.

Les seigneurs et leurs blasons
La paroisses de Raix et une partie de celle de Villefagnan formaient la châtellenie de Raix dont le seigneur possédait droit de basse, moyenne et haute justice. Le tribunal siégeait dans la grande salle du rez-de-chaussée du château : parfois le condamné se retrouvait pendu aux fourches patibulaires dressées à l’entrée de la paroisse sur le bord du chemin de Ruffec.
Déjà cité vers 1120, dans la mouvance des seigneurs de Ruffec, le château de Raix dominait les alentours. Au moyen âge, en cas de guerre, les habitants des environs venaient s’y réfugier. Le tribunal et ses juges, le notaire, les greffiers et sergents, représentaient le seigneur.
Au XVe, après de nombreuses années d’insécurité, le château se transformait en splendide manoir flanqué d’une tour polygonale.
En 1290, Hirvois et Poquières, seigneurs de Ruffec, étaient sans descendance, les terres de Ruffec furent démembrées et Raix échut à Guillaume de la Motte. Puis Raix était attribué à Guillelmine, épouse de Elie Vigier qui devenait ainsi seigneur de Raix.
Aymery Vigier était seigneur de Raix en 1338.
 
François de Voluyre, seigneur de Ruffec, transporta en 1504 à son frère Charles l’ensemble des droits qu’il possédait sur Raix et son “Châtel”.

Charles de Voluyre, seigneur d ’Aunac et de Raix, épouse en 1491 Marguerite de La Rochefoucauld. Sa fille, Louise est mariée en 1514 à Charles Tizon d’Argence d’où François père de Gabrielle.

 

La petite fille de Charles de Voluyre, Gabrielle épouse par contrat du 13 juillet 1608 Gaspard Joumard. Gaspard Joumard est chevalier, seigneur de Sufferte, la Borde, la Double, Leirat, Fougerat, Dirac, Raix, etc... chevalier de l'ordre du roi, gentilhomme ordinaire de sa chambre...
 
Voluyre portait :
"Burelé d'or et de gueules de 10 pièces".

Gaspard Joumard échange Raix en 1636 avec Laurent Le Musnier, seigneur de Lartige.
Les Musnier conservent Raix jusqu’en 1808 (Louis Le Musnier était le dernier seigneur de Raix).
 

Le Musnier portait :
« d’azur au chevron d’argent accompagné de trois muniers en pal ».

Les blasons et la généalogie des familles liées à la seigneurie de Raix sont sur le merveilleux site de Jean-Marie Ouvrard : http://perso.orange.fr/jm.ouvrard/
Louis Le Musnier était lieutenant général d’Angoumois. Depuis la fin du XVe le rôle de sénéchal était devenu honorifique. Le lieutenant général était le chef de la sénéchaussée depuis cette éviction. Propriétaire de son office, magistrat et administrateur, le lieutenant général présidait le Présidial en l’absence des présidents. C’était le premier magistrat de la province. Bien que sa charge fut petit à petit démembrée, le lieutenant général eut toujours une très grande importance. Il présidait systématiquement comme chef de la sénéchaussée, en présence des présidents, le jugement des causes civiles ordinaires. Chargé de l’exécution des jugements rendus, il surveillait le greffe et avait une clé des archives. Comme l’ancien sénéchal, il convoquait le ban et l’arrière-ban.
La charge de Lieutenant Général valait 75000 livres vers 1708. Il fallait avoir trente ans pour être Lieutenant Général. »
Louis Le Musnier se faisait appeler Monsieur de Raix ; il présida les séances du Tiers-Etat à Angoulême en 1789.

Louis Le Musnier, dit Monsieur de Raix, né en 1725 et décédé en 1807, était célibataire.

Les neveux de Louis Le Musnier, très endettés après la Révolution qui leur avait enlevé leurs rentes, ne purent conserver Raix et le vendirent à un aubergiste, Jean Bénéteau, en 1829...
C'était en 1994, en avril.
Fouilles de sauvetage sur l'ancien champ de foire en cours d'aménagement... béton.



Finalement, l'intervention de celui qui remettait en question cet aménagement, a porté ses fruits, puisque le maire de l'époque, choqué, a décidé de reconstruire à l'identique les murs de la mare !!!

L'ECOLE : UN LONG DOSSIER
Une école dans chaque commune, gratuite et obligatoire. Un projet pieux que la Révolution n’a pas su réussir faute de moyens. Cela se fera plus tard, avec Ferry, quand l’école publique deviendra laïque. Mais en attendant ce stade, voyons comment s’est faite l’école à Raix.
Nous savons grâce aux archives que Raix disposait d’une école avant la Révolution. L’instituteur était appelé le régent. Il enseignait sous le contrôle du curé. Un édit d’avril 1695 et une déclaration du 13 décembre 1698 exigeaient une école d’enseignement élémentaire dans chaque paroisse afin d’éradiquer le protestantisme.
La Révolution n’amena pas les écoles promises et il fallut attendre les lois Guizot en 1833 pour fixer des règles. Les écoliers de Raix se rendaient étudier à Courcôme en attendant mieux. Les filles étaient parfois confiées à une institutrice privée.
Le 5 mai 1836, suite à la loi du 28 juin 1833 et l’ordonnance du 16 juillet suivant, le conseil municipal inscrit au budget 1837 pour son école primaire communale les sommes suivantes : traitement annuel de l’instituteur, 52, 03 francs ; location d’une maison d’école : 30 francs. Le 20 février 1837, le conseil municipal décide de ne plus envoyer les indigents et les autres enfants à l’école primaire de Courcôme. Il choisira de s’imposer dès 1839 en vue de construire une maison d’école avec son mobilier et de pourvoir aux frais de traitement de l’instituteur.
André Dussouil, né à Caunay (79) le 19 prairial an 13 (8 juin 1805), dispose d’un brevet de capacité en date du 10 septembre 1826 et réside à Raix depuis trois ans. Il dispose selon lui d’une bonne moralité et serait proposé par l’inspecteur des écoles primaires. Examinons ce petit extrait de la lettre qu’il adresse au conseil municipal le 21 septembre 1844 : «Messieurs, vous voyez les avantages que vous avez à fixer votre choix sur moi. Déjà, le choix est fait par un magister supérieur et respectable. De plus, connaissant déjà l’usage des habitants de la commune d’un zèle assez appliqué, une assiduité paisible pour l’instruction ». Il sera accepté le 11 février 1845 en tant qu’instituteur public. L’école se fera à son domicile, une somme lui sera versée à titre de location. L’école est obligatoire mais pas encore gratuite. La participation des familles en 1862 est de 1,50 franc jusqu’à 8 ans, 2 francs de 9 à 10 ans et de 2,50 francs à partir de 10 ans. Le traitement et le supplément de traitement de l’instituteur s’élèvent à 565,50 francs et 50 francs lui sont versés pour la location de son école.
Le conseil municipal cherchera par la suite une maison à transformer en école.
Le 5 janvier 1863, le maire présente un projet : «Acquisition d’un immeuble appartenant à M. Faugeroux de Villefagnan qui l’avait acheté à Lavergne». Quatre membres du conseil seulement autorisent le maire à faire lever le plan des lieux puis et à réformer les droits de plaçage sur le champ de foire pour permettre cette acquisition. Sept membres du conseil préfèrent acquisition d’un bâtiment de servitude bordé de cour et jardin appartenant à Bernardin. Le conseil municipal divisé soumet la question à l’autorité supérieure, Brochard refuse de signer et Coiteux refuse l’expertise. D’après Hugon, Audias, Brochard et Bénéteau, la maison Lavergne conviendrait mieux à un commerce.
En 1863, plusieurs projets d’acquisition de bâtiments destinés à être transformés en école échouent. Peu à peu, le conseil municipal s’oriente vers la construction d’une mairie-école.
Le 29 décembre 1863, le conseil municipal délibère. La commune a besoin d’un terrain pour construire sa maison d’école avec une cour à l’avant, et un jardin à l’arrière : «Cela devra se faire dans un endroit très propre et assez éloigné des mares et des cafés». Le 14 mai 1864, la commune acquière 7,47 ares à cet effet (emplacement actuel) pour un montant de 1 802,82 F.
L’architecte Louis Soulier expose son projet le 14 février 1865 : «Les habitants de Raix sont jusqu’alors privés de l’habitation qui pourrait abriter convenablement leur conseil municipal, les archives de la mairie et répondre aux besoins d’une école communale et à ceux d’un logement de l’instituteur. Leurs affaires communales se traitent dans une auberge (1) où sont déposées les archives, ils dépensent des sommes assez rondes pour mal loger l’instituteur et encore plus mal leurs enfants aux heures de l’étude, les moments de récréation se passent dans les rues ou sur les places publiques exposés aux inconvénients et aux dangers de toute sorte. Cependant, cette commune jouit d’un revenu relativement considérable».
Il établit un mémoire justificatif décrivant le bâtiment futur qui regroupera l’école, le logement de l’instituteur et la mairie. Il envisageait de loger le cellier et le bûcher de l’instituteur dans des caves mais «le sol est sourceux, imperméable et sans pente». D’où des constructions attenantes : «Ces deux accessoires disposés en pavillon formeront des ailes auxquelles on a ajouté à chacune un corridor et un dépôt de paniers. C’est par ces corridors que chaque sexe d’élèves se rendra séparément en traversant sa cour dans la salle d’étude (la classe) où l’on pénétrera par une porte à ce destinée dans un compartiment isolé de l’autre par une cloison».


La mairie-école
Il décrit la maison principale (le bâtiment central) qui «aura un rez-de-chaussée et un premier, au rez-de-chaussée un corridor de 1,20 m séparant la mairie à gauche et la cuisine à droite en entrant. Au bout de ce corridor est l’escalier qui donne l’accès au premier et au grenier. Par ce même corridor l’instituteur se rendra en classe où il pénétrera par une porte vitrée placée en travers du corridor. La salle de mairie aura 6 m de longueur et 3,70 m de largeur mesurés en dedans, sera éclairée par deux croisées et aura une cheminée. La cuisine de 4,60 m de longueur et 3,60 m de largeur aura une cheminée, un évier, un placard avec potager et sera éclairée par une grande croisée dans la baie de laquelle on placera le fourneau. L’instituteur aura au premier deux chambres et un cabinet, dans chacune de ces chambres il y aura une cheminée en marbre gris aux décors de plâtre».
La description de la classe mérite un arrêt : «La salle d’étude longue de 7,40 m, large de 6,40 m, haute de 4,00m, sera divisée en deux parties inégales par une cloison en planches d’1,50 m de hauteur. La tribune de l’instituteur sera placée à une des extrémités de la cloison de manière à ce qu’il puisse sans se déranger, d’un même coup d’œil, embrasser les deux salles. Chacune des salles sera éclairée par une croisée de 4,00 m de longueur sur 2,70 m de hauteur… garnies en dehors de filets en laiton pour les garantir de la grêle et des projectiles du dehors. Au milieu de la cloison sera placé un calorifère en fonte ou en tôle».
Les enfants de Raix l’ont échappé belle : «Un cabinet d’aisance sera construit dans chaque cour juste en face des portes d’entrée des classes et dans le prolongement de la ligne allant de la tribune à chacune des portes (2) qui seront vitrées». Cet avenant a remplacé judicieusement le texte suivant : «Le pignon de la salle recevra deux petites portes (3) qui conduiront chacune à un lieu d’aisance attenant au dit pignon». Tout en conservant : «Cette disposition des lieux d’aisance permettra à l’instituteur de ne jamais perdre de vue les élèves qui d’habitude aiment à prolonger les moments de leurs absences motivées».
Le 19 février 1865, le conseil municipal se réunit. Le budget consacré au projet sera de 10 000 francs tous ronds dont 5600 F empruntés. Il sera prélevé sur les recettes ordinaires de la commune : 1 280 F en 1866, 1 180 F en 1867, 100 F en 1868 et 710 F en 1869 soit en autofinancement un total de 4400 F.La décision de construire une mairie-école à Raix en 1868 nous surprend encore. Raix s’avère être en avance sur son temps, notamment sur les communes voisines qui attendront la guerre de 1870 puis les lois de la IIIe République afférentes à l’école communale, lois dites Ferry en 1881 (1), 1882 (2), 1883 (3) puis la loi Goblet en 1886 (4) pour ériger de belles écoles. Rappelons que Raix comptait alors 360 habitants. 31 garçons fréquentaient l’école. Quant aux filles, une quinzaine, elles n’étaient pas encore admises vu « l’âge incomplet de l’instituteur ».
Le terrain destiné à la construction (terrain actuel) avait été acheté le 14 mai 1864 (1802,82 F) à François Mourier, Jean Charroux, Jean Audias et Marie Hugon. Le 5 août 1866, le maire est autorisé à contracter un emprunt auprès de la caisse des dépôts et consignations à hauteur de 5600 F (au taux maxi de 4%) pour une mairie-école, emprunt remboursable à partir 1866.
Une carrière de pierres sera ouverte sur le champ de foire aux bœufs pour ériger les murs de la mairie-école.
Initialement, cette pierre devait être tirée sur le terrain même du nouveau bâtiment com-munal mais la présence importante d’argile et d’hu-midité avait fait abandonner cette idée.
Selon le cahier des charges validé par le maire Brothier le 7 avril 1867, les maçonneries seront faites au mortier de sable de La Faye additionné d’un tiers de chaux éteinte. Ces maçonneries seront crépies à deux couches à l’intérieur comme à l’extérieur. La seconde sera lisse à l’intérieur afin de blanchir le mur avec un laitier de chaux à deux couches. A l’extérieur, la seconde couche sera rugueuse « dite au balai ou à la tyrolienne ». La pierre de taille des angles et des ouvertures proviendra des carrières de Bompart près d’Angoulême.
La couverture de l’édifice sera réalisée en ardoises de première qualité.
Les poutres et grosses pièces de bois seront en chêne, les solives de la maison en sapin rouge du Nord. Le plafond de la salle de classe sera réalisé en planches de peuplier franc soigneusement bouvetées ou, « pour ne pas choquer l’œil », en volige de sapin rouge du Nord. Les planchers du rez-de-chaussée seront en chêne de très bonne qualité « n’ayant ni gélivures, ni nœuds, ni aubier et au moins trois ans de sciage ». Les planchers du premier et deuxième étage seront en planches de sapin rouge du Nord, comme les solives. Les volets et les portes de communication intérieures seront en sapin. Les menuiseries extérieures (portes et fenêtres) seront en chêne. « Les boiseries de toutes les ouvertures seront peintes à l’huile à trois couches de couleur grise ».
Quant aux cheminées, leurs jambages seront en pierre d’Angoulême au rez-de-chaussée, en briques à plat à l’étage. La menuiserie de l’escalier menant à cet étage sera de qualité. Les limons et barreaux seront en noyer, les marches et contremarches seront en orme. Les boiseries de placard seront en cerisier, leurs rayons en planches de peuplier « peintes aux couleurs du noyer ».
En façade, une ouverture en mansarde permettra d’installer une horloge. Un petit clocher à huit pans en charpente de chêne et peint en vert foncé abritera la cloche de l’école et sera terminé par une girouette en cuivre jauni. Les lettres des quatre points cardinaux seront supportées par des fiches en fer.
Au retour d’une réunion chez le Sous-Préfet en présence des entrepreneurs (Sylvestre et associés), le maire informe le conseil municipal, le 9 août 1868, que le prix demandé (10.800 F) dépasse le devis signé (10.405 F avec mobilier de l’instituteur et bibliothèque). Mais le conseil municipal ne veut pas entendre parler de dépassement de prix sachant que les travaux laissent à désirer. De plus, la charpente et la menuiserie ne sont pas conformes au devis. Les angles de murs en pierre d’Angoulême sont moins imposants que prévus. Le conseil estime donc que les entrepreneurs ont réalisé une économie de 400 F sur la pierre de taille, économie qui permet de s’en tenir au prix initial.
 


1868 : RAIX INAUGURE SA MAIRIE-ECOLE
Les Raixois peuvent s’enorgueillir à la fin de 1868 de posséder une mairie-école toute neuve. Tous ceux qui traversent le bourg en suivant le nouveau chemin départemental 27 admirent cette architecture nouvelle qui s’éloigne des canons jusque là observés. L’ardoise remplace désormais la tuile canal sur des toits à forte pente. Il reste désormais à faire vivre cette mairie-école.
Les premiers frais seront les frais d’exploitation. Le budget voté le 15 février 1868 a prévu selon l’usage – l’école n’étant pas encore gratuite – les grandes lignes de la rétribution  scolaire :

  • - jusqu’à 8 ans, 1,5 F ;
  • - de 8 à 10 ans, 2 F ;
  • - de 10 ans à 13 ans, 2,5 F ;
  • - de 13 ans et au dessus, 3 F.
La commune estime à 1 F par mois le coût d’un élève mis gratuitement à l’école (indigent). Le traitement fixe de l’instituteur était de 200 F. Il lui sera versé un supplément de traitement de 434 F afin d’élever son revenu vers un minimum de 700 F. Ainsi, nous pouvons constater qu’il ne recevait que 634 F.
Il restait à régler quelques factures. Ainsi François Brochard Rigaud recevra 16 F le 24 novembre 1868 pour l’entourage de bois qu’il avait réalisé autour de la carrière de pierre sur le champ de foire aux bœufs, carrière d’où avaient été extraites les moellons de la future mairie-école.
Une belle mairie : c’est bien ! Faut-il encore qu’elle soit meublée… Le 18 février 1869, le budget s’enflait de quelques lignes pour un achat de mobilier : 200 F quant à une bibliothèque armoire pour les archives, 24 chaises et une table. Une partie de ce mobilier particulièrement bien entretenu est encore utilisé.
Le conseil décidait de payer 2622,74 F pour solder la facture de l’entrepreneur le 15 août 1869. Jean Audias votait contre cette décision en raison de la qualité perfectible des travaux.
La guerre de 1870 amènera son lot de soucis et des difficultés budgétaires. Le 9 février 1873, la commune refusait d’ investir 160 F pour l’achat de matériel destiné à l’enseignement de la gymnastique.
Le conseil municipal constatait le 12 novembre 1876 que « l’école ne possède que 3 tables de 4 m de long pour un maximum de 24 élèves alors qu’elle en accueille effectivement une quarantaine. Ainsi, 16 élèves doivent se contenter de bancs et ne peuvent suivre les cours d’écriture. Deux tables supplémentaires sont donc indispensables. De plus, il manque une carte géographique du département de la Charente et un globe ». Seulement 40 F seront affectés par la commune sur les 100 F nécessaires. Et la différence fera l’objet d’une demande de secours auprès de l’administration.
Une commission scolaire « afin de surveiller et d’encourager la fréquentation des écoles » était instituée le 11 mai 1882 conformément à la loi du 28 mars 1882. Elle se composait de l’inspecteur primaire, le maire, des délégués du maire pour les écoles cantonales, de membres du conseil municipal. Elle reçut mandat jusqu’à l’élection d’un nouveau conseil municipal. Eugène Béguier, Célestin Hugon et François Boucherie furent désignés.
Le conseil décidait le 8 mai 1883 d’attribuer 10 F pour la  création d’une caisse de l’école conformément à l’art 17 loi du 28/3/1882 qui reprenait la loi du 10/4/1867.
Une subvention départementale de 40 F s’est ajoutée à la part communale pour acheter deux tables bancs en 1897.
La vie de l’école communale se poursuit tant bien que mal. Un devis d’un montant de 378,20 F avait été établi en 1901 pour des travaux. Il projetait un mur de clôture autour de la mare, le crépi de la façade et le "rejointoyage" au ciment, le blanchissage de murs et la réparation des lézardes, la fourniture de deux portes en châtaignier pour les salles de classe, la peinture des menuiseries extérieures. La commune ne disposant que de 210 F avait demandé au préfet une subvention pour la différence.
En 1906, il faudra l’intervention du préfet pour ne plus héberger des indigents sous le toit de la mairie-école : « La commune pourrait faire construire un refuge dans un endroit éloigné de l’école ».
L’inspecteur primaire constate le 7 décembre 1911 que la cour de récréation est en mauvais état. Il expose le 31 mai 1913 que les locaux scolaires sont en mauvais état, de même que le logement de l’instituteur. Humidité des pièces, fuites à la toiture, peinture disparue sur les ouvertures, cloisons fragiles, menuiseries avachies, fenêtres bloquées. Ces défectuosités avaient déjà été constatées en 1900… en 1906, ou en 1910.
De plus, le grenier de l’instituteur est envahi par le mobilier, les outils, la provision de bois et de jonc d’un habitant de la commune, un chaisier qui s’était suicidé en 1908.
Bien des travaux, des aménagements en perspective avant la fermeture définitive de l’école en 1971.

Photo des écoliers en 1919.

LA MARE, CENTRE DE VIE
Faute de… rivière, on se contente de mare
Pêcheurs devant l’éternel, les Raixois furent nombreux à taquiner le goujon dans la mare. De gros poissons rouges plutôt que des goujons, le principal étant de ne pas revenir bredouille à la maison.

Il n’en fut pas toujours ainsi. En effet, en 1865, la « grande mare communale » devait être bien empoissonnée puisque la pêche était cédée à bail. Si ! Si ! Ce bail était défini par un cahier des charges rédigé le 8 février 1865. La pêche faisait l’objet d’une adjudication pour la période 1865-1871. Les clauses relatives au matériel sont succinctes : « Les instruments en fil de chanvre dont l’adjudicataire se servira, les mailles ne pourront avoir moins de quatre centimètres carrés de grandeur. Il sera aussi libre de se servir de d’autres sous condition qu’il retournera dans l’eau le petit poisson… ». Le cahier des charges précise plus loin que l’adjudicataire pourra à l’occasion de périodes de sécheresse retirer la boue de la mare et la vendre à son profit… « S’il ne le fait pas, le maire aura le droit de la faire nettoyer comme d’habitude « aux habitants de la commune » et la boue qu’ils en retireront leur restera en récompense… »
L’adjudicataire est autorisé à creuser des fosses de stockage. Même le prix du poisson était réglementé : « Pas plus d’un franc vingt centimes le kilo aux habitants de la commune… Pas de refus possible tandis qu’il en aura dans ses coffres ou dans ses fosses… Pas plus d’un kilo par semaine par famille ».
Si le poisson venait à disparaître, mort par empoisonnement par exemple, la commune se réservait le droit de résilier le bail sans compensation. Plus loin : « L’adjudicataire aura aussi le droit d’empêcher les volailles de vaguer dans la mare et d’empêcher aussi, s’il lui est possible, les débordements (d’eau) qui souvent emmènent le petit poisson ». La commune l’autorisait à faire construire un bateau, pour pêcher ou pour curer la mare ; à la fin du bail « la commune sera forcée de le racheter ».
Le maire Pierre Brothier, MM. Audias et Bénéteau membres du conseil municipal, ont procédé à l’adjudication le 9 avril 1865. Après plusieurs enchères, et de nombreuses bougies, Pierre Lavergne, aubergiste à Raix, devint adjudicataire des droits de pêche pour six ans moyennant le versement annuel d’une somme de 120 francs.
Il faut attendre le 9 janvier 1886 pour se faire une idée de la rentabilité de l’opération. Le préfet demande à combien s’élève la vente de poisson et demande une délibération. Le maire déclare au préfet : «Vous devez savoir aussi bien que moi qu’il est impossible de donner le détail vu qu’il en a été soustrait dans la nuit du 27 au 28 octobre 1885. En outre, la quantité que je me suis approprié (et déclaré à l’octroi) se compose de douze pièces pesant environ 5 kilos. Il en a été aussi donné au curé une quinzaine qu’il a payé 0,80 F le kilo (soit 7 francs au total)… J’en ai donné quelques morceaux…» Il ne fallait pas pousser le bouchon trop loin…

UN OURAGAN DEVASTE RAIX
Selon « L’ILLUSTRATION » n° 4800 du 2 mars 193 : «Une tempête d'une violence inouïe s'est déchaînée le 22 février sur la France. Elle a duré plusieurs jours, causant d’importants dégâts dans de nombreuses régions. Le vent a atteint par endroit la vitesse de 100 kilomètres à l'heure, emportant les toitures, déracinant les arbres, faisant des victimes. Les trains ont été considérablement retardés, les signaux et les poteaux télégraphiques encombrant les voies de leurs débris. A Bordeaux, où se sont fait sentir ses premiers effets, beaucoup d’arbres ont été déracinés, d'innombrables toitures ont été endommagées ; la ville a même été pendant plusieurs heures privée de toutes communications téléphoniques et télégraphiques. Dans la région de Rochefort, des bateaux de pêche ont coulé. A La Rochelle, les arbres du mail ont été abattus, de nombreuses maisons endommagées ; à la Pallice, l'eau soulevée par la force du vent  a arraché la porte d'une écluse, et seules ses chaînes l'ont empêchée d'être emportée. Dans la région de Brive, des hangars et des granges se sont écroulés. En Indre-et-Loire, un cultivateur a été tué par la chute d'un arbre. A Reims, une vieille femme, renversée par la violence du vent est morte sur le coup. En Haute-Savoie, une jeune femme a été tuée par la chute d'une cheminée et un homme par celle de la toiture de sa maison. Paris n’a pas été épargné par la tempête bien qu'ayant beaucoup moins souffert : dans les squares, des arbres ont été déracinés, des cheminées se sont abattues et le niveau de la Seine est monté sensiblement».
Raix n’a pas été épargné par cet ouragan. La commune et notamment le champ de foire aux bœufs ont rudement souffert. Sept des huit noyers plantés sur ce dernier ont été soufflés. D’ailleurs, monsieur Courtioux, de la Groge, bénéficiaire du contrat de placier sur les champs de foire de Raix va dénoncer son contrat au mois de janvier suivant. Sa première argumentation est bien évidemment la baisse de fréquentation des foires, mais il précise aussi le manque à gagner sur la récolte de noix tirée des arbres détruits. Selon le registre de délibération de Raix, janvier 1936.
A cet instant, les noyers avaient encore quelque  importance. Cette tempête n’est pas encore oubliée. De nombreux témoignages identiques sont faciles à recueillir, qu’ils viennent du Limousin ou de la Charente-Maritime.
LA VIGNE
Raix, de par la nature de son sol et son ensoleillement, est prédisposée depuis tout temps à la viticulture, laquelle, pense t’on, fut introduite en Gaule par les romains.
Cette production ne pouvait cependant être majoritaire en raison du peu de superficie de la commune (ou de la paroisse avant la révolution). On cultivait alors du froment, du safran, du lin, etc... Une bonne surface était réservée, par ailleurs, aux ouches, en périphérie du bourg. De plus, les taxes sur le vin étaient exorbitantes, de l’ordre des taxes sur l’essence aujourd’hui. Il aurait fallu abandonner, au titre des taxes, huit verres de vin pour en boire seulement deux. Il n’était donc pas rentable de produire au delà de sa propre consommation.
La révolution abolit ces taxes et comme souvent en Charente, la production de vin puis d’eau de vie prit des proportions impensables auparavant. Cette production s’écoulait pour partie localement, notamment lors des foires par l’entremise des cafés et restaurants d’un jour, sinon partait transformée en eau de vie.
Raix prospérait, sa population atteignait les 400 habitants. Le village s’enorgueillissait de sa magnifique place dont la mare venait d’être entourée de murs neufs. De nombreuses maisons adoptaient le style charentais au travers de leurs grandes ouvertures, de leurs deux ou trois niveaux habitables et se coiffaient d’un toit à quatre pans. Les porches ronds rendaient majestueuses les entrées de cour. Mais c’était sans compter sur le phylloxéra !
A partir de 1872, les vignes disparurent plus ou moins vite, détruites par ce puceron. La majorité des terres virent leur destination réorientée vers la culture des céréales. La luzerne venait d’être introduite et sa pousse rapide, grâce au guano livré en gare de Villefagnan, permit à beaucoup de se tourner vers la production de lait dont la vente était facilitée par les laiteries coopératives depuis peu installées. D’autres élevèrent des poulains ou des chevaux, sinon des mulets. Les plus humbles, notamment les journaliers, disparurent. Il ne restait que 240 âmes en 1914.
Des vignes furent replantées, ensuite, dès que fut connu le remède du mal mais leur étendue resta modeste. Chacun prévenu et doutant des résultats, ne voulut prendre de risques.
L'EAU
Le bourg de Raix coiffe une petite colline à 130 mètres en moyenne au dessus du niveau de la mer.  Le point le plus haut de la commune culmine à 143 m, le plus bas à 90 m. La pente croît du sud vers le nord. Le climat qualifié de type méditerranéen favorise des étés secs suivis d’hivers humides. Le vent souvent présent rentabilise l’installation de moulins à blés. Cependant, le sol de nature argilo-calcaire favorise plutôt la fuite en avant de l’eau, laquelle rejoint au plus vite le Bief ou Rivière de Raix. La commune ne dispose donc ainsi que de quelques puits, souvent profonds et presque tous taris en saison chaude. Les anciens, prudents et sages, ont donc creusés, au hasard des zones argileuses, de nombreuses mares (au 19ème il en existait trois à la Groge, une à la Métairie et six au moins dans le bourg).
L’été 1929 fut l’un des plus arides de ce siècle. L’eau était si rare que la municipalité fut contrainte de rationner l’eau potable : à part celui de l’église, un seul puits public en, haut de la place, était encore en mesure de fournir un peu de ce précieux liquide. Un unique seau était distribué à chaque famille par le zélé garde-champêtre qui n’officiait qu’une heure par jour, de midi à 13h00. Gare aux retardataires ! Cela lui valut de farouches empoignades avec les mères de jeunes enfants : certaines l’ayant d’ailleurs menacé de le jeter dans le puits.
Pour les autres besoins et notamment ceux des animaux, il fallait se rendre au Bief, entre la Fournière et la Leigne, afin de puiser dans une fosse aménagée par la municipalité. Cette eau était transvasée dans des bassines, sinon des barriques installées sur une charrette. Mais une grande partie se perdait en chemin au passage des fondrières !
Aussi, c’est généralement avec le plus grand soulagement que fut accueillie l’adduction d’eau en 1949. Plus de risque de manquer alors, sauf peut être lors d’hivers rigoureux gelant les premières canalisations insuffisamment enterrées. Maintenant chacun peut jouir à volonté de cette eau arrivée d’une autre commune, d’un autre canton (voir page SIAEP).
Mais la confiance de chacun restant limitée, une autre source jaillit depuis quelques années : d’où ? Qui saurait le dire ? Elle arrive conditionnée en bouteilles en plastique...
DEUX MOULINS A VENT A RAIX
Oui bien sûr, chacun connaît les vestiges du vieux moulin à vent ! Mais qui est en mesure de situer le second ? Etait-ce un moulin à vent ou à eau ? Lorsqu'ils étaient enfants, les plus anciens de la commune ont sans doute joué dans ses ruines. En effet, ces dernières furent démantelées au cours du premier quart de ce siècle. Mais cela ne nous dit pas quel était ce moulin !
La carte d’état-major éditée en 1852 (échelle au 1/80000) nous le situe quelques mètres à l’ouest de l’actuel : sa plate forme se dessine encore. La carte de Cassini, tracée du siècle précédent n’en dessinait qu’un seul. Alors, lequel était le plus ancien ? C'est celui dont la tour existe encore.
Le plus ancien appartenait au meunier Garnaud, ce n'était pas un moulin banal de même qu’il existait un four banal car le vent et l'air appartiennent à tous. Sous l'ancien régime, chacun faisait moudre son grain contre redevance qui se faisait sous la forme d’un prélèvement sur les quantités à moudre.
Le second moulin a été construit en 1801 et appartint à un certain Bernardin.
L’emplacement de ces moulins avait été choisi favorablement à l’extrémité sud du plateau de Raix ; ainsi disposaient-ils d’un maximum de vent dont le courant venait s’enrouler sur la face sud du plateau. La viticulture en pleine expansion, l’obligation de conserver une part importante du territoire communal en prairie (ouches) afin de nourrir les animaux domestiques (pacquage et foins), ont limité au XIXe siècle la culture céréalière à son strict minimum. D’où sans doute le fait que le second moulin soit devenu obsolète très vite. Le second, pour sa part, fut victime de l’arrivée des minoteries.
Qui n’a pas rêvé de voir repousser des ailes sur la tour du moulin actuel ? Qui peut imaginer la beauté de ces deux moulins lorsque le vent entraînait leur voilures ? Don Quichotte ? Non, chacun de nous !
LES CIMETIERES
Le plus ancien lieu de sépulture connu nous vient de l’époque préhistorique : il se situe aux Fontiaux. En effet, là existait un dolmen : il s’agissait d’une chambre funéraire recouverte d’un tumulus. Ce monument fut détruit vers 1962 lors du remembrement.
De la préhistoire nous rejoignons l’époque gallo-romaine qui ne nous révèle aucune sépulture particulière. La aussi, le remembrement a su détruire bon nombre de traces.
Cliquer : rapport de fouilles du dolmen de Fontiaux (fouilles 1962 ; publié 1966).


Le haut moyen âge nous a laissé quant à lui quelques sarcophages au centre du village, mis à jour notamment lors des travaux d’adduction d’eau : devant l’église, ainsi qu’à l’est et à l’ouest de la place, à l’emplacement des rues mais aussi sous les maisons. Notons au passage que le nombre de ces témoins se réduit considérablement.
Il ne faut pas oublier l’église elle même qui servit de lieu de sépulture tant aux prêtres ou religieux, qu’aux seigneurs.
En 1994, les travaux entrepris sur la place du bourg ont mis à jour le cimetière utilisé du moyen âge à la fin du 18ème : des caissons en pierre puis des restes de cercueil de bois (présence de nombreux clous). Ce cimetière occupait aussi une partie de la cour à l'est du château.En fin, le 10 mars 1776, le Roi déclare interdit l’inhumation des corps dans les églises et ordonne le transfert des cimetières à l’extérieur des villages ; la distance minimum sera fixée à cinquante toises.
C’est alors que fut créé le cimetière actuel et que l’emplacement de l’ancien servit à dresser la place, laquelle recèle encore des «souvenirs » à nous rapporter.
LE BUDGET COMMUNAL
Pas de commune sans budget communal ! Des dépenses très diverses pour les bâtiments publics, la scolarité, les routes et les chemins, les champs de foire, les mares et les puits, les salaires du personnel communal, l’indemnité de logement du prêtre, etc. Des recettes sont à opposer, parfois en nature.
Simple en 1819, l’établissement du budget est devenu peu à peu un véritable casse tête pour les municipalités. Mais c’est bien parce que les conseils municipaux successifs ont su mener avec soin cette entreprise que Raix a pu élargir ses chemins, entretenir son église, faire reconstruire sa halle, acheter un nouveau champ de foire, construire de nouveaux murs autour de la mare ou du cimetière et bâtir sa mairie école.
Si l’un des plus gros postes à pourvoir en frais de personnel en 1820 était le traitement du garde champêtre, 200 F l’an, la commune dût peu à peu diversifier ses lignes de budget. En exemple, 310 F seront consacrés à la réparation de l’église cette même année : «Pour la charpente de la chapelle, la couverture et le raccommodage de la voûte au dessus de l’autel, la couverture du corps de l’église, menuiserie et vitrage d’une croisée entière, blanchissage de l’intérieur». Ces dépenses ont été couvertes par un impôt extraordinaire. Plus étonnant en 1821, la commune subventionne l’Etat : « 10 F pour le domaine de Chambord ». En 1824, le curé se voit attribuer : « 230 F pour une messe tous les 15 jours, les vêpres tous les 15 jours, enterrements gratis ». Il fallut opposer des recettes aux dépenses communales, d’où l’intérêt d’un garde champêtre. Voici le tarif de quelques amendes : « 1 F pour deux bœufs dans les champs d’autrui ; 50 centimes pour un cheval, une jument, une mule ou un mulâtre ; 10 cts pour une brebis ou un mouton ; 20 cts pour un cochon (2) ». Il fallait déduire en 1828 le coût de l’entretien de son matériel : « 12 f pour réparer la caisse (tambour) de la commune et ses cordages ». Et compter quelques frais pour le culte : « 52F pour un ciboire avec coupe en argent et pied de cuivre plaqué, 30 F pour un bénitier en cuivre plaqué, 36 f pour un ornement noir (curé), 36 f pour un ornement de couleur variée et… 36 F pour l’érection d’une croix soit 8 F de maçon; 15 F de menuisier et achat bois peinture, et 3 F pour une patte en fer ».
Les habitants pouvaient préserver leur bas de laine en participant à l’entretien des chemins, l’impôt était donc acquitté en nature : « Deux journées par habitant à raison de 1 F la journée, 1 F la journée de bête de trait, 50 centimes la charge de charrette ou tombereau, 2 F la charge de cheval de selle ou de luxe, de mule ou de mulet ». Le budget communal de 1828 s’établissait ainsi : « 1037,74 F de recettes contre 999,35 F en dépenses ».
En 1832, Raix participe aux travaux de réparation de la route de Ruffec à Villefagnan construite en 1788 (une route arrondissementale écrivait le maire). En 1835, la commune versera « 20 F à l’Abbé Paramelle pour indiquer une source dans la commune ». Avec succès puisque cette source alimentera le puits public du futur champ de foire aux bœufs (3).
En 1836, La corde de la cloche de l’église est remplacée : 12 F. La commune inscrit l’école à son budget : « Suite à la loi du 28/6/1833 et à l’ordonnance du 16/7/1833… le traitement annuel  de l’instituteur sera de 52, 03 F en 1837 … la location de la maison d’école - domicile de l’instituteur - sera de 30 F ». En conséquence, en 1837 le conseil décidera «de ne plus envoyer d’indigents ou d’autres enfants à l’école primaire de Courcôme et donc ne plus participer aux frais induits ». Mieux, il décidera encore de s’imposer dès 1839 « en vue de construire une maison d’école à Raix, avec son mobilier et d’associer des frais de traitement de l’instituteur ». 1838 verra débuter le grand chantier du chemin de grande communication n°27.
Le pli était pris, les dépenses prévues à l’avance et les recettes pour de futurs projets anticipées. Ce mécanisme permettra à Raix d’entreprendre de grands investissements dans la seconde partie du XIXe siècle.
DU SOLEIL…  DU SOLEIL…
La sécheresse n’est pas un phénomène nouveau, ni à Raix, ni ailleurs. M. le Préfet a rencontré quelques soucis cette année pour réglementer le pompage et l’utilisation de l’eau en Charente. Un casse-tête qui lui a réservé sans doute quelques «chaleurs» depuis le printemps. De nombreux arrêtés de restriction se sont ainsi succédé...
Imaginons ce que pouvait ressentir le maire en prenant celui-ci dès le 17 août 1892 afin de réglementer l’utilisation de l’eau des puits, un an avant la sécheresse historique de 1893.
Arrêté au sujet de la disette d’eau 
Nous Maire de Raix
- Vu la loi du 24 août 1790 ;
- Vu l’art. 97 de la loi du 5 avril 1884 ;
- Vu l’art 471 paragraphe 5 du code pénal ;
- Considérant que la persistance de la sécheresse fait craindre que l’approvisionnement des puits publics ne devienne insuffisant pour les besoins de la population ;
- Considérant que cette insuffisance peut amener de grandes conséquences en ce qui concerne l’hygiène publique ;
- Considérant que cet ordre des choses impose à l’autorité municipale de prendre des mesures préventives.
ARRETONS
Art. 1 : A partir d’aujourd’hui et jusqu’à nouvel ordre, l’eau contenue dans les puits communaux est exclusivement réservée pour la cuisson et la préparation des aliments des personnes.
Art. 2 : Il est formellement interdit de se servir de l’eau des puits communaux pour d’autres besoins, quels qu’ils soient, notamment pour abreuver les animaux, lessiver le linge, arroser l’intérieur des habitations, faire fonctionner les machines à vapeur.
Art. 3 : Tout contrevenant aux dispositions édictées dans les deux précédents articles sera passible des peines prévues par l’article 471 du code pénal.
Art. 4 : Le garde champêtre est chargé de veiller à la stricte exécution du présent arrêté qui sera porté à la connaissance du public par publication à son de caisse et affiché à la porte de la mairie.
Mairie de Raix le 17 août 1892, Le maire, Eugène Béguier.
Le conseil municipal se réunissait le dimanche 23 juillet 1893 à 11 heures en session extraordinaire sous la présidence de l’adjoint Brothier pour délibérer sur une réclamation au sujet de la sécheresse. Monsieur le président exposa que les nombreuses plaintes des agriculteurs de la commune lui avaient fait provoquer cette réunion. Il proposa au conseil de solliciter de l’administration un secours pour leur venir en aide. « Le conseil, considérant que la sécheresse de cette année a détruit la majeure partie des récoltes et notamment les foins, que cet état des choses justifie les plaintes des cultivateurs et autorise leurs justes réclamations, attendu que le gouvernement attribue un dégrèvement foncier pour venir en aide aux régions éprouvées par cette calamité, s’associe au vœu émis par le président et prie l’administration de vouloir bien comprendre la commune de Raix parmi les communes secourues. »


 

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