Diversification agricole
Le foie gras et produits dérivés
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L'Avenir de Ruffec 20 mars 1986
Mme Richard, femme d'agriculteur
Que faire lorsque, pour soi, l'élevage des chèvres ne semble pas assez rentable et que l'on veut une certaine autonomie, loin de la dépendance envers une laiterie-coopérative ?
C'est en 1983, que Mme Richard, qui avait alors plusieurs dizaines de chèvres, eut la réponse à travers un petit entrefilet de presse à Mansle étaient organisées des sessions pour se spécialiser dans le gavage.
Aussitôt lu, aussitôt fait : Mme Richard suivait ces stages et abandonnait les chèvres pour se lancer dans les oies et canards gras : une activité hors sol nécessaire, une rémunération d'appoint pour un travail saisonnier allant essentiellement de septembre à avril, avec une pointe pour les fêtes de fin d'année. L'hiver est donc occupé et quand arrive le printemps, reviennent les travaux des champs sur cette grande exploitation céréalière, plus de 100 ha, que M. et Mme Richard, à Empuré, mettent en valeur à eux seuls : «Avec le matériel actuel, disent-ils modestement, c'est vite fait» ... surtout quand on ne rechigne pas devant l'ouvrage. Mais, quand même, on «arrive tout juste à les faire»... en attendant que les fils, peut-être, prennent le relais.
Entre l'exploitation elle-même - «c'est mon mari qui s'en occupe» -, les trois enfants, la cuisine, le ménage et l'activité d'appoint représentée par les oies et les canards, Mme Richard, levée le plus souvent à quatre heures du matin, a de quoi s'occuper. Ceci sans préjuger des marchés sur lesquels il faut être présent fidèlement «sinon la clientèle perd confiance» - trois fois par semaine, à Aigre, à Chef-Boutonne, à Melle. Et par temps froid, quand les chalands sont rares, les heures se font longues à attendre, recroquevillée sous le parasol.
Heureusement, même la pointe de Noël mise à part, cette période où beaucoup de gens «ne regardent pas à la dépense», petit à petit, une clientèle s'est faite, de bouche à oreille. Cela a démarré tout doucement mais, maintenant, des gens viennent même à la propriété, surtout en été, les touristes, pour chercher des pots ; et des foies gras il n'y en a pas de trop !
Certes la spécialité est peu représentée dans le canton puisque seule, une autre agricultrice, à La Faye, s'y consacre. Après, c'est Mansle, chez M. Planchet. Ce n'est pas la Dordogne et quand on se tourne vers les Deux Sèvres, il n'y a pas de concurrence.
Cette année, Mme Richard va proposer ses produits lors de trois foires-expositions : à Angoulême, pour les Rameaux, à Aigre, à Ruffec, alors que jusqu'à maintenant elle ne les présentait que dans le cadre du stand de la Chambre d'Agriculture, pour exposer seulement. Cette année sera celle de la consécration : Mme Richard exposera et vendra pour elle même... une nouvelle étape étant ainsi franchie pour se faire mieux connaître et apprécier.
Le circuit du gavage
* Une salle de gavage qui sert de septembre à Pâques, oies et canards séparés ; deux «gaveuses landaises», une pour les canards, une pour les oies (le tuyau est plus long). Le troupeau doit être gavé deux fois par jour, pendant trois semaines, chaque séance durant deux à trois heures. Quand les volailles marchent en traînant les ailes, il est grand temps de les abattre. Mais ce stade arrive à des moments différents suivant les bêtes.
- un abattoir, et une salle d'éviscération : les volailles peuvent être abattues dès 4 mois d'âge.
- un atelier de transformation, dont la pièce maîtresse est l'autoclave, pour la cuisson.
- une réserve pour le matériel. et une pièce de stockage pour les pots : galantine, rillettes, confits, et bien sûr foie gras.
* L'installation est conçue comme un circuit à sens unique, sans qu'il y ait jamais retour en arrière pour des questions de simple hygiène.
* La qualité des produits est vérifiée régulièrement par le Service des Fraudes et les Services Vétérinaires. C'est également la préoccupation première de M. et Mme Richard, Les bêtes sont achetées pour la saison, en bloc, à trois semaines d'âge, vers le mois de mai, à Saint-Jean-d'Angély, le fournisseur les garantissant de bonne espèce et en bonne santé.
Puis le gavage se fait par bandes de 50 à 60. Aux féveroles, pratiquées souvent en début de gavage, Mme Richard, l'expérience le justifiant, préfère le gavage traditionnel : le maïs pendant trois semaines, deux fois par jour, sauf le dimanche soir, moment béni de répit pour l'agricultrice, mais aussi pour les volailles.
Enfin, c'est l'abattage, puis la cuisson : elle se fait juste à coeur afin de conserver aux produits leur qualité et leur goût tout en leur assurant une parfaite conservation...
L'Avenir de Ruffec, 9 novembre 1988
Des céréales aux volailles
Samedi après-midi, M. Richard, maire d'Empuré avait convié toute sa commune ; quelque 120 habitants et les maires du canton de Villefagnan pour présenter son nouvel investissement : un abattoir à volailles. Pour ce céréalier qui travaille avec son fils, la diversification s'imposait comme il l'explique, «il faut penser à la famille». Un long chemin qui débute alors en 1980.
Se diversifier
Tout commence en 1980, année où le couple Richard arrête la production laitière, ils vendent alors leurs 30 vaches et 80 chèvres.
Deux ans plus tard, après un stage de formation au gavage organisé par la Chambre d'Agriculture, M. et Mme Richard se lancent dans l'élevage de la volaille (poulets, canards,. etc...). Aujourd'hui, ils vendent entre 8 et 10.000 volailles à rôtir par an, authentiques poulets naturels, foie gras, pâté d'Empuré... Leurs produits sont transformés en viande puis en conserves jusqu'à la commercialisation.
En 1984, ils reçoivent l'agrément pour l'abattoir, en 1985, l'agrément pour la conserve. Depuis un mois, ils sont pourvus de l'agrément national. Le pâté d'Empuré «peut aller se frotter aux pâtés parisiens».
Dans la région, ils vendent leurs produits par vente directe la ferme : à la supérette de Villefagnan, aux Établissements Boiron à Angoulême, mais aussi sur les marchés d'Aigre, Civray, Chef-Boutonne, Melle.
Autre production nouvelle, celle des chapons, ces coqs engraissés et tués à 18 mois qui font le régal des connaisseurs.
Samedi, la réception était présidée par M. Saulnier, maire de Villefagnan, un ami de M. Richard, à ses côtés, Jérôme Lambert, député de la Charente. Après une visite des locaux qui ont coûté la bagatelle de 250.000 F pour le bâtiment et 100.000.F pour l'équipement, M. Saulnier qui avait visité les lieux deux jours auparavant ne manqua pas de souligner «la sécurité, la propreté de ces locaux».
Jérôme Lambert commença par se justifier : «On me reproche mon absence pour les inaugurations, mais aujourd'hui, je suis là de par mes liens d'amitié avec M. Richard». Il parla ensuite du «devenir de nos campagnes... cette inauguration peut être un espoir, pour une, partie de notre agriculture dans notre région».
Après ces quelques discours applaudis par les quelque 130 personnes présentes, le groupe se dirigea vers l'école où une dégustation des produits de la maison Richard et Fils attendait les gourmets.
A la bonne franquette, on se tailla le pain, et entre le foie gras et le pâté d'Empuré qu'il fut difficile de ne pas «craquer» !
L'avenir, on le voit plus sereinement chez les Richard, maintenant on consacrera 25 hectares de céréales à la nourriture des volailles fermières, plus de 10.000 réparties en plein air aux alentours de la ferme.
300 canards gras, un nombre que M. Richard espère bien doubler.
Pour la commercialisation, on ne s'affole pas, on réfléchit à la possibilité de prendre un box aux halles à Angoulême.
La meilleure publicité reste toujours la qualité, le bouche à oreille fait le reste.