Eglise Sainte-Radegonde de Theil-Rabier


Dans les années 1960, couverte de tuiles... et de lierre, presque à l'abandon.


Cliché M. Mathieu.
 
Cette belle église romane a été inscrite à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques en 1986.


Clichés M. Mathieu.

Georges, églises de Charente, 1933
De l'ancien diocèse de Poitiers, l'église, de la fin du XIIe siècle ou du début du XIIIe, a une nef dépourvue de sa voûte, qui possédait trois doubleaux, deux aux extrémités sur pilastres d'angle et un au milieu sur colonnes.
Deux forts pilastres, portant une arcade, précédaient un faux carré, uni à une abside semi-circulaire par un décrochement.
Une fenêtre est ouverte au nord de la nef et deux au sud ; une au sud du faux carré et deux dans l'abside.
Sur la façade, ouvre la porte au cintre brisé, à quatre rouleaux moulurés en boudins et cordon circulaire, qui reposent sur des colonnes à chapiteaux à feuilles d'eau; au-dessus une fenêtre accostée de colonnettes est surmontée d'un pignon portant un clocher-mur, à deux ouvertures en plein cintre, avec cordons sur leurs extrados, celui du Nord à pointes de diamant; deux contreforts encadrent cette façade.
Au Nord, le mur est épaulé par de gros contreforts; la corniche a disparu.



La voûte originelle de l'église Sainte-Radegonde s'était effondrée en 1570, elle avait été remplacée par une simple charpente en bois couverte de tuiles, refaite une nouvelle fois en 1865-1866.


Entre 1988 et 1995, grand chantier qui verra réinstallée sur la nef une voûte en béton recouverte de lauzes de calcaire.

Les travaux déroulés entre 1988 et 1995 (Source : Ennio Gérolini, qui a su conserver des souvenirs de l'évènement.)
En 1987, Marc Lacouture, maire de Theil-Rabier, prit contact avec Jean-Pierre Auzou, architecte DPLG, architecte des bâtiments de France, pour tenter de remettre en état le choeur de l'église dont la couverture de lauzes n'est plus, à l'époque, qu'un ats de pierrailles envahi d'une luxuriante végétation.
La restauration allait devenir plus générale et les travaux allaient se répartir en 3 campagnes étalées sur 7 ans, de 1988 à 1995.

1ère campagne
  • 1988 : réfection de la couverture en lauzes calcaires du chevet, remise en état de ses maçonneries extérieures et restauration du clocher.
  • 1989 : devant le résultat obtenu, le maire demande d'étudier la possibilité de restituer sur la nef une voûte pouvant supporter une couverture en lauzes (la précédente étant disparue depuis plus de 400 ans). Il fallait trouver une technique de voûte en berceau (dans la forme oroginale du XIIIe siècle) suffisamment solide pour supporter le poids très important d'une couverture en lauzes de calcaire, sans que ce poids et les efforts qu'il induit, ne poussent les murs au vide, entraînant, comme précédemment, l'effondrement d el'ensemble voûte-couverture lauzes. La solution fut trouvée grâce aux technique modernes du béton armé et du béton précontraint, de sorte que la nouvelle voûte n'exerce plus aucune poussée latérale sur les murs.
2ème campagne
  • 1990-1991 : réalisation du projet.
- dépose du plafond et de la couverture en tuiles de la nef ;
- consolidation des murs gouttereaux avec mise en place de chaînages par longrines en béton armé ;
- éxécution de la voûte en poutrelles de béton précontraint s'appuyant sur 3 fermes-poutres en béton armé ;
- réalisation de la couverture en lauzes calcaires provenant de carrières de la forêt de la Boixe et posées sur coque en béton allégé.

 
 

Ci dessus et ci-dessous : deux clichés d'Ennio Gérolini.

Ci dessus et ci-dessous : deux clichés d'Ennio Gérolini.

3ème campagne
  • 1995 : restauration intérieure des murs et exécution des enduits sur les murs et les voûtes (anciennes ou récentes) ; démolition de l'ancienne sacristie ; vitraux neufs dans toutes les fenètres ; autel neuf en pierre de taille ; pôrtail neuf en bois de chêne ; installation électrique neuve.

Cliquer et lire l'article travaux de B. Dexet dans Charente Libre en mars 1995.

Cliquer et lire l'article inauguration de J. Goubault dans Charente libre en avril 1995

Cliquer et lire l'article de L. Gauchon dans l'Avenir de Ruffec en avril 1995

Sainte-Radegonde par Marylise ORTIZ, Doctorat Histoire de l'art

La paroisse de Theil-Rabier, dépendait autrefois du diocèse de Poitiers et son église dédiée à une sainte particulièrement vénérée en Poitou, Radegonde.
Deux périodes de construction se dégagent : une importante compagne de travaux au XIIe siècle et une seconde beaucoup plus modeste au Xve siecle. Le XIXe siècle a simplement conduit à l'ajout d'une tribune et d'un escalier extérieur aujourd'hui démolis. Ce petit édifice nous est aujourd'hui restitué dans sa qualité architecturale grâce aux restaurations qui s'achèvent.

L'église est d'un plan simple : une nef unique de deux travées suivie d'une abside. La nef était couverte d'un berceau brisé en doubleau.
Ce berceau s'est écroulé du fait sans doute d'en contrebutement insuffisant, comme en témoigne toujours le déversement des murs.
La voûte en berceau brisé ainsi que les doubleaux ont été reconstruits.


Chapiteaux des piliers du milieu de la nef.



Chapiteaux limite nef-choeur.

Les arcs doubleaux reposent sur des colonnes surmontées de chapiteaux sculptés. Deux seulement (dans les angles Nord-Est et Sud-Est de la nef) appartiennent à l'époque de la construction. Ils sont ornés de palmettes et l'un comporte également une tête dans l'angle de sa corbeille.

La nef est éclairée par deux baies en plein cintre, ainsi que par une baie percée à l'ouest dans le mur de façade.

Une autre fenêtre dans le mur sud présente le particularité d'être rectangulaire : ce type de baie pouvait éclairer une chaire mais l'emplacement dans la première travée étonne.

Les vitraux sont des créations de Coline Favre, maître-verrier.

 

Un arc triomphal ouvre sur le choeur. Le grand arc triomphal roman a été rétréci à la fin du Moyen-Age par un arc diaphragme chargé de renforcer cette partie sur laquelle repose le clocher-arcade. Cet arc brisé retombe sur des piedroits dont les angles sont garnis de colonnettes qui s'élèvent sur des bases polygonales et qui sont surmontées de petits chapiteaux.



La sculpture de ceux-ci se poursuit en frise et présente des feuillages simples, des têtes et des animaux d'un traitement très naïf. Les moulurations, les bases polygonales, les sculptures datent de ce remaniement du XVe siècle.

Le chœur légèrement surélevé par rapport à la nef, est également plus étroit celle-ci. Son abside couverte d'un cul-de-four est précédée d'une travée droite voûtée d'un berceau brisé.

Dans le mur sud, deux arcs ouvrent sur la piscine avec ses deux petites cuves à écoulement en puits perdu, où le célébrant versait les eaux de purification.

Pierre tombale derrière l'autel.

Deux pierres tombales dans le choeur évoquent le désir des fidèles d'être d'être inhumés à proximité dans le lieu même des prières. Si les personnages importants, religieux ou riches familles, trouvaient place dans l'église, les autres étaient également enterrés à proximité, puisque le cimetière se situait ici devant l'édifice. Une pierre tombale apparaît également sur le parvis et une autre à été remployée dans la partie basse d'un contrefort de façade.


Pierre tombale devant l'autel.

La façade très simple s'achève par un mur pignon.

Le portail en arc brisé compte trois voussures nues retombant sur des colonnettes aux chapiteaux refaits et une archivolte à pointe de diamants.

Au-dessus, une petite baie encadrée de deux colonnettes est placée sous une archivolte également décorée de pointes de diamants. Les chapiteaux des colonnettes sont sculptés de petites feuilles ornées de perles.

La façade est encadrée de deux lourds contreforts rajoutés à la fin du Moyen-Age pour conforter les voûtes. On y voit de curieuses sculptures : têtes d'animaux ou masques du XVe.

De même autour de l'édifice, d'autres contreforts robustes sont venus étayer les murs en complément des contreforts romans que l'on voit aujourd'hui en partie arasés.

Au-dessus du choeur s'élève un clocher-arcade roman, type de clocher que l'on retrouve généralement dans les églises de village et qui sont nombreux en Corrèze. Il est ouvert de deux arcs que surmonte une archivolte à pointe de diamants.

Tout le long des murs de la nef, des modillons, nus pour la plupart, sauf un placé dans l'angle nord-ouest de la nef, soutiennent une corniche placée à la base du toit. Celui-ci est couvert de lauzes.

La simplicité du plan et des formes, la pauvreté de la sculpture, l'utilisation d'un modeste clocher-arcade sont caractéristiques de ces petites églises paroissiales romanes. L'emploi du berceau brisé ainsi que des arcs brisés (portail) témoigne d'une date avancée dans le XIIe siècle.
Hormis les quelques travaux de consolidation de la fin du Moyen-Age, celle église a subi peu de transformation et les restaurations lui ont rendu son apparence originelle.
Marylise ORTIZ,
(en 1995) Service Patrimoine d'Angoulême
Ville d'Art et d'Histoire et du Pays d'Art et d'Histoire de l'Angoumois.




Sainte-Radegonde est éclairée par sept vitraux, "tous conçus et réalisés en 1988-1989, par Coline Fabre, maître verrier, "artiste libre", diplômée de l’Ecole des Métiers de l’Art, dans son atelier de Tusson.

"Coline Fabre est créatrice de vitraux contemporains. Elle a deux ateliers, l'un à Paris, l'autre en Charente. Elle a réalisé les vitraux de nombreuses églises et chapelles du XIIème siècle. Son travail de création est toujours en harmonie avec la sobriété de l'architecture romane."
 
http://songeslitteraires.over-blog.org/pages/les_vitraux_ont_des_yeux-1964318.html

Rétablissement du culte à Pioussay, concerne Theil-Rabier :
http://pioussay.wifeo.com/le-culte-se-retablit.php
 


Cliché M. Mathieu.
Les anciens vitraux ont été supprimés.

La nef, (dépourvue de sa voûte jusqu'au début des années 1990), possédait trois doubleaux, deux aux extrémités sur pilastres d'angle et un au milieu sur colonnes. 
Deux forts pilastres, portant une arcade, précédaient un faux carré, uni à une abside semi-circulaire par un décrochement. 
Une fenêtre est ouverte au nord de la nef et deux au sud. Une autre au sud du faux carré et deux dans l'abside.
Sur la façade, ouvre la porte au cintre brisé, à quatre rouleaux moulurés en boudins et cordon circulaire, qui reposent sur des colonnes à chapiteaux à feuilles d'eau. Deux contreforts encadrent cette façade.


Au Nord, le mur est épaulé par de gros contreforts. La corniche a disparu.


Au-dessus de la porte, une fenêtre accostée de colonnettes est surmontée d'un pignon portant un clocher-mur, à deux ouvertures en plein cintre, avec cordons sur leurs extrados, celui du Nord à pointes de diamant.


On aperçoit la sacristie accolée à la nef, au fond à gauche.
Un escalier extérieur donnait, par le mur gouttereau nord, accès à une tribune.


Au fond : la tribune de bois blanc.

Vieil autel, table de communion, vitrail de la nef.
Ci dessus : deux clichés souvenirs d'Ennio Gérolini (merci !).

1865 Une seconde cloche

La cloche en acier, Marie-Radegonde, à droite, est rouillée.

En 1861, le curé de Theil-Rabier réside à Paizay-Naudouin. Il reçut l'ordre de s'installer à Theil-Rabier mais il rencontra une vive opposition de la part de beaucoup de ceux à qui, certes, comme à tout autre, cet éclésiastqiue n'a cessé de faire le plus grand bien.
En 1865, malgré cette opposition, le curé enrichit l'église d'une seconde cloche (en acier).


"Les cloches sont généralement faites en airain, mais certaines cloches ou clochettes peuvent être en fer, en fonte ou en acier (fondeur Jacob Holtzer d'Unieux)." On retrouve des cloches en acier (fin XIXe siècle) dans les deux Charentes. Mais elles sonnent "aigre" et n'ont finalement pas tué la coutume des cloches d'airain.

Baptême de la cloche Marie-Radegonde
Le curé avait lancé en 1865, à l'occasion d'une grande fête, une souscription pour l'achat d'une seconde cloche. 300 fr furent récoltés. Le conseil de fabrique put acheter une cloche d'acier, de 200 kgs, dont on peut entendre les sons perçants mais un peu aigre. Elle porte le nom de Marie Radegonde, elle a eu pour parrain M. le comte Maurice de Bourdeille, du château de Saveilles, et pour marraine Mademoiselle Eulalie Fragnaud, dont la famille est une des plus honorables de la paroisse de Theil-Rabier.

Lire l'article paru en 1865 dans la Semaine Religieuse.

Un magnifique Chemin de Croix
28 septembre 1868
Le curé Laborde écrit à l'évêque d'Angoulême
"Monseigneur
Il y a trois mois, j'ai fait appel aux personnes de bonne volonté et une souscription a été ouverte dans ma paroisse pour faire l'acquisition d'un magnifique Chemin de Croix qui embellira désoramis notre petite église dont la voûte est terminée depuis quinze mois.
L'entreprise a été couronnée d'exemplaire succès, et je vous supplie, Votre Grandeur de déléguer un prêtre pour l'ériger.
Désirant que la cérémonie eut lieu le dimanche, je vous prierai de déléguer Monsieur l'abbé Granier, curé de Pioussay, dont la parole est toujours acceuillie avec une religieuse attention, ou Monsieur le Curé de Brettes...
"

Les curés de Theil-Rabier

  • Décembre 1642-1669 J. Bazin
  • 1682-1711 Paul Givault
  • 1711-1719 A.R. Clemot
  • 1719-1752 Charles Barbarin (dessert Embourie et Theil-Rabier)
  • 1752-1757 Pierre Varailhon
  • 1757-1780 L.P. Charbonnier (enterré à Theil-Rabier en 1780)
  • 1780-1791 Jean-Claude Roussier (émigré à Fribourg en Suisse)
  • 12 juin 1791 au 14 ventôse An II Abel Prescheur (curé de Theil et Embourie 1803... Arrêt du culte)
  • Theil-Rabier fait partie de la paroisse de Paizay-Naudouin jusqu'en 1826 (15 novembre)
  • 1861-1862 Brousse
  • 1862-1877 Laborde
  • 1877-1902 Gourmet
  • 1902-1906 Roux
  • 1906-1908 Epinat (Theil-Rabier est desservi par le curé de Paizay-Naudouin qui habitait le Petit Embourie
  • 1909-1919 Saveur (Curé Sannié ?)
  • 1919-1955 Petit
  • 1955-1956 Favrault (Curé de Villefagnan)
  • 1956-1989 Rocher (Curé de Paizay-Naudouin)
  • 1989 Georges Lavalade (Curé de Villefagnan)...
Cette liste est à "peaufiner", notamment avec Messire Jean Querouau prêtre curé de Theil-Rabier et d’Embourie son annexe, demeurant audit bourg d’Embourie.


 


Le gros du curé de Theil-Rabier et Embourie

Généralité de Limoges 1673

Par devant le notaire royal héréditaire en Angoumois soussigné et les témoins cy après nommés () en leurs personnes établies en droit comme en vrai jugement Messire Jean Querouau prêtre curé de Theil-Rabier et d’Embourie son annexe, demeurant audit bourg d’Embourie d’une part, et Jean Lecoq écuyer sieur de La Magdeleine demeurant au lieu d’Echorigné, paroisse de Villemain faisant pour et au nom de Jacques Lecoq écuyer sieur du Tayau et son frère demeurant en la ville de Paris, d’autre part lequel dit sieur Querouau de son bon gré et volonté a reconnu et confessé à moi cy devant lui et reçu dudit sieur de La Magdeleine audit…() et de Messire François Brumaud chevalier seigneur de Touchimbert et autres places, le nombre de quatorze boisseaux froment, six boisseaux avoine, quatre boisseaux froment de la part dudit seigneur de Touchimbert et seize boisseaux de la part dudit sieur du Tayau, ensemble quarante boisseaux mesure le tout mesure de Ruffec lequel dit bled legs desdits seigneurs donné annuellement audit curé pour son gros à cause de ladite cure dudit Theil, donc et duquel bled qui est au nombre le tout de quarante boisseaux le dit curé s’en contente et en quitte les dits seigneurs du Tayau et Touchimbert pour le terme de la Saint Michel prochain de l’année présente mil six cent soixante et treize, sans préjudice audit sieur Quérouau de ses droits et prétentions contre lesdits sieurs de Touchimbert et du Tayau pour raison dudit gros et de plus grand nombre du blé qu’il prétend lui être dû par ces dits sieurs de Touchimbert et du Tayau et audit sieur de La Magdeleine priant et stipulant faisant pour et au nez dudit sieur du Tayau et de Touchimbert leurs professions et exceptions au contraire, et ledit sieur Querouau aux protestations qu’il fait contre ses seigneurs protestations dudit sieur de Touchimbert et du Tayau déclarant ledit sieur de La Magdeleine n’être dû audit sieur Querouau autres choses que ledit gros ci-dessus, et ledit sieur Querouau persiste toujours de sa demande et prétentions contre ledit sieur de Touchimbert et du Tayau et à l’empressement de tout ce que dessus qui a été stipulé entre lesdites personnes ledit Querouau a obligé et hypothéqué tous et chacun des biens versés et futurs dont de son consentement et volonté il en a été jugé et condamné par ledit notaire soussigné, fait et passé audit Embourie demeure dudit sieur curé avant midi le neuvième jour du mois de septembre mil six cent soixante et treize en présence de Pierre Migot, laboureur à bœufs et de Jacques Du Breuil présent et demeurant audit bourg d’Embourie.
Nota : le gros, en parlant d'une cure et d'autres bénéfices est le revenu fixe et certain attaché à une cure. En ce sens il est opposé à revenu casuel.

Pain ensanglanté 18 août 1726
Le dix huit aoust mil sept cent vingt six jour de dimanche, dixième après la pentecoste, le nommé Pierre Mondion habitant et parroissien de Sainte Radegonde de Teil aiant obmis d'assister à la sainte messe pour faire moudre son bled, et après avoir fait cuire deux grands pains le mesme jour, irrita tellement le seigneur contre lui, que ses deux grands pains par punition divine se trouverent remplis de sang partout. Ce qui nous donna mieu le dimanche suivant, onzième d'après la pentecoste feste de Saint Genest patron titulaire de cette église d'Ambourie et jour de damnable balade ou assemblée, ou il y avoit une assemblée prodigieuse de peuple de différans endroits, de produire et manifester au prosne de notre messe parroissiale ledit pain et de faire voir et rompre devant toute ladite assemblée, à qui on en distribua à plus de cent cinquante personnes pour mémorial éternel de la juste vengeance de dieu tout puissant et de l'exemple visible de la punition certaine qu'il fera sentir aux transgresseurs de sa loy au our fatal de ses vangeances.
Recommandans a un chacun mettre cet exemple par escrit et l'apprendre comme tesmoins oculaires à leurs enfans et aux enfans de leurs enfans à perpétuité, après leur avoir fait une exhortation la plus vive et la plus animée qu'il nous fut possible sur la prévarication des jours consacrés au seigneur nous fisme amande honorable à Dieu fort et jaloux de ses droits pour cette transgression et celle des autres dont Dieu reservoit la punition au siècle à venir, nous fismes des prières publiques à l'exemple de Saint Paul au sujet de l'incestueux de de Corinthe pour ce misérable et autres transgresseurs.
Barbarin curé dudit Teil et Ambourie son annexe pour avoir vu ledit fascheux mais utile exemple.


Pain ensanglanté 13 octobre 1726
Le treize octobre mil sept cent vingt six par ordre de monseigneur 1'evesque de Poitiers en datte dudit mois signé Jean Claude evesque de Poitiers, au prosne de notre messe parroissiale jour de dimanche à comparu Pierre Mondion agé de 45 ans ou environ, lequel, presant tout le peuple, nous a déclaré avoir fait moudre son bled, obmis d'entendre la sainte messe et fait cuire le saint jour de dimanche, qu'il fût étonné de ce que son pain malgré la chaleur de la saison au mois d'aoust, ne voulut point lever, que le mesme jour un tourteau se trouva ensanglanté, et que les deux grands pains qu'il fit cuire se trouvèrent également remplis de sang et dégouttant de sang en quelques endroits. En conséquence de quoy nous avons fait ledit proces verbal nous a déclaré de plus avoir distribué dudit pain à plus de quinze personnes.
Le nommé Laguavennes, masson de la Basse Marche, nous a déclaré avoir vu comme du poil dans ledit tourteau avec le sang. Jeanne Robert, agée d'environ 20 ans, de Teil, a déclaré qu'aiant un morceau dudit pain sous son bras sa manche en fut ensanglantée. Jeanne Feuillet agée d'environ 40 ans, qu'elle a vu à un morceau qu'elle avoit dudit pain couler du sang en le coupant en certains endroits où il parroissoit comme des veines. Jean Feuillet, Louis Broussault, Pierre Bonnet, et Jacques Legeveau le premier agé d'environ 35 ans, le second de 50, le troisième de 40, et le dernier de 66 ans, ont déclaré avoir vu, eu et distribué dudit pain., Jean Lafosse en conserva encore un morceau aussi sanglant qu'au premier jour. Jean Nesran, Jeanne Audier agée d'environ 25 ans, du village de Tourtron, parroisse de Paizay Naudouin, nous à déclaré avoir et conserver encore un morceau dudit pain aussi sanglant que le premier jour.

Jean Mesnard, procureur d'office d'Ambourie, Pierre Migot procureur audit lieu Jean Migot Lieutenant de cavallerie dudit lieu, nous ont déclaré avoir eu dudit pain ensanglanté, Les demoiselles Francoise Marie Dechoult, née au Debourg, agée d'environ 45 ans, et Marie Paillotin de 21 ans de Teil, ont pareillement déclaré avoir vu dudit pain ensanglanté. Les dames Jacquerie Desmier, demoiselle Jacquette,Tagault sa fille agée de 18 ans et sa mere veuve de feu messire Jean Tagault, ecuyer, et Louis Joseph Tagault son fils agé de 16 ans. La dame Anne de Chevreuse, demoiselle Eleonor de Chevreuse sa soeur agée d'environ 35 ans du Teil et d'Ambourie, ont déclaré avoir vu dudit pain et en avoir donné à plusieurs personnes, et les susdits Jean Feuillet, Jacques Jacquet, Jean Delafosse, Jean Mesnard, Pierret, et Jean Migot, Francoise Marie Dechoult, Marie Paillotin, Louis Joseph Tagault, Jacquette Desmier, Jacquette Tagault, Anne et Eleonor de Chevreuse, ont tous signé dans le proces verbal que nous avons envoié avec un morceau dudit pain à mondit seigneur l'evesque de Poitiers qui nous à marqué l'avoir mis dans les archives du secretariat suivant sa lettre du 22 décembre 1726 et nous avons escrit le prescrit acte à Ambourie annexe de nôtre cure la trente décembre mil sept cent vingt six, nous avons obmis une infinité d'autres tesmoins qui dans ladite eglise ont fait leur déclaration ceux cy suffisans.
Barbarin curé de Teil.


A ne pas confondre avec le pain des morts... Lire exemples à Pioussay.

Habituellement le pain ensanglanté signifie miracle : Un miraculeux mystère levé ?

Autre encore : Le Miracle Eucharistique de Lanciano
La fête de Sainte Radegonde de Theil-Rabier en 1729
12 mai 1729
«Le douze may mil sept cent vingt neuf, la feste de Sainte Radegonde de Teil a esté reglée fixée et arrestée à perpuité au dimanche precedent la ditte feste par autorité de Monseigneur l'evêque de Poitiers. Les jour et an c'y dessus. Signé Jean Claude (1)evêque de Poitiers, accause de la foire de Paizai Naudouin qui arrive le même jour treize août, ce qui empêchoit la piété du peuple, la reception des sacrements et causoit la prophanation de la ditte feste.»
Barbarin curé de Teil

Prevention de la feste de Ste Radegonde du 12 may 1729.
«Aujourdhuy sept aoust mil sept cent vingt neuf, Dimanche neuvième apres la pantecoste, aïant obtenu dispenses et permission de monseigneur l'evesque de Poitiers du douze may dernier, signé Jean Claude, Evesque de Poitiers ; nous avons celebré dans l'eglise de Teil la feste de Sainte Radegonde, patrone titulaire de laditte eglise, laquelle prevention de la ditte feste a ainsi esté ordonnée et reglée, non au dimanche dans l'octane de la ditte feste, parce que la ditte feste de Sainte Radegonde tombant au vendredy, la feste de nôtre dame arriveroit le dimanche dans laditte octane, ce qui aurait encore retardé laditte feste de Ste Radegonde de huit jours ; 2° parceque ce jour là il y a une foire celebre à Payzay Naudouin, à laquelle les habitans de Teil, ayant interest d'aller, presques personne ne chommoit la ditte feste, n'assistoit au service divin le matin et le soir, et ne s'approchoit des sacremens, ce qui rendoit laditte feste et inutile et infructueuse. La prevention de laditte feste est c'y attachée pour memorial eternel.»
Barbarin curé de Teil

«Nous Eveque de Poitiers etant informe que la feste de Sainte Radegonde patrone de la paroisse de Tell, ne peut pas se solenniser avec toute la devotion et tout la dification qui seroit necessaire a cause que ce jour même il y a une foire celebre a Paysay Naudouin, ou les paroissiens de Teil ont souvent interest d'aller, c'est pourquoy nous ordonnons que dans la dite paroisse de Teil la dite feste de Sainte Radegonde qui arrive le treizieme du mois d'aoust se celebrera doresnavant le dimanche precedent, et par ce moyen les fideles de ladite paroisse pourront celebrer avec plus de devotion et de tranquillité la feste de leur sainte patrone en se confessant et communiant, et assistant au service divin le matin et l'apres diner et sera notre presente ordonance lue et publiée au prosne de la messe paroissiale un moi auparavant afin quon nen ignore. Donné à Poictier ce douzieme may mille sept cent vingt neuf.»
Jean-Claude évêque de Poictier
(1) Jean-Claude de La Poype de Vertrieu, né en 1655 à Cornod et mort le 3 février 1732 à Poitiers. Il est évêque de Poitiers pendant trente ans de 1702 à sa mort.

La dîme (AD86)
Déclaration que donne à nos seigneurs de l'assemblée générale du clergé de France qui sera tenue en l'année 1730 et à Messieurs du Bureau du diocèse de Poitiers, Charles Barbarin prêtre curé des paroisses Sainte-Radegonde de Theil et Saint-Genest d'Embourie, unies au diocèse dudit Poitiers, Généralité de limoges et élection d'Angoulême, des biens et revenus des dites cures, pour satisfaire à la délibération de l'assemblée générale du clergé de France du 12 décembre 1726.
Déclare premièrement que :
  • Les cures de Theil et d'Embourie sont unies et annexées depuis un temps immémorial, elles ont séculières à la nomination et collation de Monsieur l'évêque de Poitiers. Le revenus de la paroisse de Theil consistent en un gros de 40 boisseaux froment et 40 boisseaux méture, mesure de Ruffec. Le boisseau de bled froment pèse 70 livres, ledit gros ou pension est payée audit curé annuellement par Messieurs de Bourdeille, Bessé et autres leurs "coparsonniers" décimateurs généraux dans toute l'étendue de la paroisse dudit Theil. le blé froment vaut année commune 3 livres le boisseau, et 40 sols le boisseau de méture, partant vaut ledit gros en tout la somme de 200 livres.
  • Plus jouit ledit curé du droit de terrage au septain des fruits dans ladite paroisse de Theil sur 21 boisselées de terres labourables mesure dudit Ruffec dont il y a toujours la tierce partie ensemencée en coupage que les particuliers font manger aux bœufs suivant la Coutume d'Angoumois en ce que ce n'est pas un pays où on recueille du foin, partant permet produire les dites terres à la cure année commune 4 boisseaux de tous blés valant au plus la somme de 5 livres.
  • Plus jouit ledit curé de deux petits morceaux de pré contenant en tout une demi-boisselée susdite mesure capable d'amasser environ 500 de sainfoin et peut valoir année commune quitte après avoir fait couper l'herbe, faner et serrer, 2 livres.
  • Plus jouit ledit curé de deux rentes de 20 sols chacune, de 2 chapons et de deux autres rentes de 5 sols chacune, se montant en tout la somme de 3 livres 10 sols.
  • En ladite paroisse de Theil, il n'y a qu'une fondation ou legs d'une livre de cire à la charge de chanter tous les ans un Libéra et l'oraison Deus Venia Largitor, l'acte passé à la requête de Jean Delafosse par Ayraud notaire royal en date du 14 octobre 1675, vaut ladite livre de cierges 30 sols (2 livres 10 sols).
  • Il n'y a dans ladite paroisse de Theil que deux boisselées de terres en novale, que ledit curé a droit d'y percevoir la dîme perpétuellement et pouvant valoir année commune 10 sols.
  • Enfin dans ladite cure de Theil il n'y a aucun casuel eu égard au petit nombre des paroissiens qui n'excède pas celui de six vingt (120) communiants et à leur extrême pauvreté étant accablés de rentes et subsides.
Soit 212 livres.
Ledit curé déclare qu'au regard de la paroisse d'Embourie annexe de Theil, les deux tiers et une 16e partie des grandes dîmes, et le tiers et un 16e des menues et vertes dîmes sont possédés par le Sieur Gaultier Du Mas, et l'autre tiers moins une 16e partie des grandes dîmes, et le tiers et un 16e des menues et vertes dîmes dont au prieur dudit Embourie, en sorte qu'il ne reste rien du tout de dîme n'y gros ou pension audit curé.
Déclare ledit curé qu'il jouit seulement de la tierce partie moins un 16e des grandes dîmes et des deux tierces parties moins un 16e des vertes et menues dîmes appartenant audit sieur prieur, et qu'il a délaissé à ladite cure avec le droit de huitain sur environ 60 boisselées des terres sises dans ladite paroisse d'Embourie, que celles de Brettes pour supplément de portion congrue à la charge que ledit curé fera le service de la paroisse et qu'il lui paiera de rente annuelle et perpétuelle la somme de 30 livres, que les droits délaissés ont été pour lors estimés valoir plus que le supplément de ladite portion congrue suivant et conformément à la transaction d'une copie et ci attachée et de moi signée pour avoir l'original, ladite transaction passée entre frère Charles Regnault religieux aumônier de l'abbaye de notre-Dame de Nanteuil- en-Vallée d'une part, et maître René Bazin prêtre curé d'Embourie par Touchard notaire royal en date du 7 septembre 1657 et homologuée par le chapitre de la dite abbaye le 15 octobre même année, signé Trillaud notaire et scribe du chapitre.
Déclare ledit curé qu'outre les 60 boisselées de terres ci-dessus, ledit sieur prieur en a délaissé environ 40 autres en chaume de temps immémorial, et qu'il n'a aucune apparence que jamais elles sont mises en culture, parce qu'elles sont éloignées, qu'il n'y a pas d'habitants suffisant, et qu'elles sont absolument infructueuses à cause des rocs et de l'eau dont elles sont remplies en sorte que le curé soussigné fait un abandon de tous les droits ci-dessus délaissés audit sieur prieur au mois d'août 1724 devant Monsieur le lieutenant-général d'Angoulême qui a été signifié audit sieur prieur audit temps, ledit abandon par ledit curé à la charge par ledit sieur prieur de "parfournir" en argent ce qui manque au revenu de la paroisse de Teil pour parfaire la portion congrue de 300 livres, procès qui a toujours resté indécis faute par le curé d'être en état de faire guider une affaire si juste et si claire de manière que ledit curé outre les 212 livres 10 sols qu'il a en tout à Theil n'a pas 100 livres audit Embourie, sur quoi il faut déduire ladite somme de 30 livres de rentes comme dit est pour les dis droits délaissés. Soit : 100 livres.
Plus ledit curé jouit d'une rente de 16 sols, d'une de 5 sols et d'une autre de 4 sols dans ladite paroisse d'Embourie ce qui fait en tout 25 sols (2 livres 5 sols).
Déclare ledit curé qu'il perçoit la dîme en novale sur environ 2 boisselées de terre et qu'il a droit d'en jouir à perpétuité et peut produire 5 sols.
Enfin ledit curé déclare qu'il n'y a dans ladite église d'Embourie ni legs ni fondation, ni aucun casuel eu égard à la pauvreté extrême des habitants de ladite paroisse qui n'excède pas le nombre de 70 communiants lesquels furent tous obligés d'abandonner le pays les années 1709 et 1710 à cause de la "batresse" (détresse ? Un hiver très froid est à noter en 1709), des rentes excessives et des tailles extraordinaires qu'ils paient, joint que ladite paroisse n'a pas un quart de lieue de tour.
Total des revenus des deux paroisses de Theil et d'Embourie unies, la somme de 312 livres 10 sols.
Sur laquelle somme de 312 livres 10 sols, il doit être fait déduction des charges ci-après énoncées.
  • 1. La somme de 30 livres comme dit est au prieur d'Embourie conformément à ladite transaction.
  • 2. De la somme de 50 livres à laquelle les dites cures sont taxées pour décimes, subvention et autres impositions.
  • 3. De la somme de 2 livres 12 sols pour prétendus droits d'abonnement, jaugeage, courtage et boucherie à la réception des tailles de l'Election d'Angoulême.
  • 4. N'y ayant point de fabrique dans les deux dites paroisses, ledit curé déclare qu'il fournit le pain, vin, cire et encens pour le service divin, il fait blanchir et raccommoder les linges et ornements nécessaires à l'église, pour tout quoi il convient déduire au moins la somme de 15 livres.
  • 5. Attendu que dans les deux dites paroisses il n'y a point de maison presbytérale, ce que les curés en Angoumois n'ayant que la somme de 12 livres pour droit de logement, le curé est obligé d'employer de son argent celle de 14 livres pour ferme d'une maison, en ce que la somme de 12 livres n'est pas suffisante pour loger un curé, partant convient déduction être faite de la somme de 14 livres.
Enfin quelque maison qu'ait un curé, il convient au moins de faire recouvrir annuellement, la somme de 3 livres.
Le dit curé ne comprend pas à la présente déclaration le paiement et la nourriture d'un valet, ce qu'il laisse à la prudente sagesse de nos seigneurs de l'assemblée générale du clergé de France et de messieurs du bureau du diocèse de Poitiers d'en faire al déduction qu'ils jugeront à propos, laquelle peut monter à 100 livres.
Total des charges à déduire desdits revenus : 216 livres 12 sols.
Calcul : 93 livres 9 sols.
Nous soussigné, Charles Barbarin, prêtre curé des paroisses de Sainte-Radegonde de Theil et Saint-Genest d'Embourie son annexe, certifions et affirmons la présente déclaration véritable sous les peines énoncées en la délibération de l'assemblée générale du clergé du 12 décembre 1726, de laquelle déclaration nous avons mis le présent double à monsieur le syndic du diocèse de Poitiers, déclarant au surplus sous les mêmes peines que nous n'avons omis aucun des biens dépendant de ladite cure, en foi de quoi nous avons signé le présent à Theil le 22 août 1728. Barbarin curé de Theil et Embourie son annexe.
  • Ledit curé déclare que la cure dudit Theil et Embourie est chargée de la ferme de 2 livres 10 sols pour droit de visite du Sieur archidiacre dont il convient être fait déduction.
  • Plus déduction doit être faite de la somme de 3 livres au sieur archiprêtre (Bouin) pour les saintes huiles, sujets de conférences, mandements, ordonnances, autres envois de Monseigneur l'Evêque.
  • Partant se montent les charges à déduire des dits revenus 221 livres 10 sols.
  • Partant reste net 87 livres 10 sols. Barbarin curé de Theil et Embourie son annexe.

Vint la Révolution

Le 21 février 1795, la Convention mit fin à cinq ans d'intolérance religieuse en proclamant la liberté de culte. Désormais, l'Etat autorise l'exercice du culte de son choix mais insiste sur le fait qu'il doit se dérouler sans signes ostentatoires et que l'Etat ne sera pas mis à contribution pour fournir des lieux de prières.

Le concordat veut faire la paix avec l'église
Au lendemain du coup d'état du 18 Brumaire, Bonaparte, Premier Consul, sait que pour se maintenir, il doit régler la crise religieuse qui agite la France depuis dix ans. Le Concordat de 1801 entre Bonaparte et Pie VII, qui a ramené en France la paix religieuse à une époque troublée, a été signé le 26 messidor an IX. La grande majorité des Français a droit à un culte libre et public dans une République à qui elle doit fidélité.  Rome doit renoncer aux biens ecclésiastiques aliénés contre la fonctionnarisation du clergé.
Le concordat du 15 juillet 1801 et les articles organiques, promulgués par la loi du 18 germinal an X (8 avril 1802), ont été abrogés en France par la loi de séparation des Eglises et de l'Etat du 9 décembre 1905.

Un Roi de nouveau sur le trône
"La Restauration n’a pas failli à sa tâche pour le recrutement des curés. Sous la Révolution, la situation est catastrophique. Entre 1790 et 1802, l’ordination fut suspendue, sous l’Empire c’est de l’ordre de 350 à 500, soit 10 ou 15 fois moins que sous l’Ancien Régime.
En 1816, Chateaubriand craint la disparition des curés. La Restauration a permis un redressement sans précédent de la prêtrise, dû en partie à un budget favorable aux curés. 
Les nouvelles recrues sont beaucoup moins cultivées et instruites que celles de l’Ancien Régime
. « Autrefois, le clergé était à la tête de la société par ses lumières. Jamais depuis bien des siècles, le clergé pris en masse, n’avait été aussi si ignorant qu’aujourd’hui, et jamais, ce pendant la vraie science n’a été plus nécessaire."

Le XIXe siècle, en France, est celui du retour du catholicisme, après la déchristianisation massive de la société tout au long du XVIIIe siècle et, surtout, le combat antireligieux de la Révolution française. Cette restauration religieuse accompagne une Restauration politique quant à elle beaucoup moins triomphante.
Le XIXe siècle français est, avant tout, celui de l'instabilité politique, le siècle des révolutions qui ont modifié le statut institutionnel de la religion et les conditions de son influence sociale, modifié les rapport de l'Église et de l'État, causé l'affaiblissement du pouvoir temporel de l'Église catholique.



Don de l'Abbé Roussier mort chanoine du diocèse de Poitiers en 1815
Curé de Theil et Embourie, l'abbé Laurent-Pierre Charbonnier (et de même ses prédécesseurs) n'avait sans doute fait en 20 ans aucune réparation aux deux églises et le presbytère tombait en ruine. 
Un des premiers actes de l'abbé Jean-Claude Roussier à son arrivée fut de demander des dommages et intérêts à Mlle Jeanne Charbonnier et à Messire Voncent Bardon de la Breaudère, héritiers de son prédécesseur, en raison de l'état lamentable où leur oncle avait laissé les lieux ; et ceux-ci, pour éviter toute contestation, entretenir paix et union" s'engagèrent à verser à l'Abbé Roussier la somme de 2100 livres afin qu'il put faire les réparations urgentes (Bezeaud, notaire à Ruffec, le 21 mars 1780).
L'abbé Jean-Claude Roussier fut de 1780 jusqu'à 1791, prêtre curé de Theil et Embourie (succédant à Laurent-Pierre Charbonnier mort à Theil en 1780), comme attesté le 13 octobre 1792 à Fribourg en Suisse par l'évêque de Poitiers Louis Beaupoil de Saint-Aulaire, émigré lui aussi et aussi en compagnie de l'abbé Lepelletier curé de Villefagnan.
L'Abbé Jean-Claude Roussier, né à Ruffec le 5 février 1740, couchera son ancienne paroisse sur son testament : "Je donne à la cure d'Embourie, deux ornements, deux étoles, un manipule, un surplit, un rochet, une aube et autres linges d'église qui sont dans la sacristie de Sainte-Radegonde (Theil-Rabier), et donne aussi cent écus aux pauvres de cette paroisse, cent écus à ceux de Theil-Rabier, cent écus à ceux de la paroisse de Brettes."

La Semaine Religieuse n° 25 - 20 août 1865.
On nous écrit, le 10 août 1865
Monsieur le Directeur,
Je vous prie d'avoir la bonté d'ouvrir les colonnes de votre journal au récit d'une petite fête religieuse, que vos abonnés liront, je l'espère, avec intérêt. Le dimanche, 6 du mois d'août, dans la petite paroisse de Teil Rabier, gracieusement posée sur deux collines, qui semblent se draper avec orgueil dans leur manteau de verdure, l'étranger pouvait s'apercevoir d'un mouvement d'une agitation inaccoutumés.
La paroisse tout entière, en habits de fête, se pressait près de l'église, et des calèches attelées de magnifiques coursiers, faisaient retentir de leurs sabots les étroits sentiers, d'ordinaire si calmes, du paisible village : c'est Monseigneur l'évêque, disaient les uns ; non, disaient les autres, c'est M. le sous-préfet ; ce mouvement s'expliquait par une cérémonie religieuse qui allait avoir lieu : la bénédiction d'une cloche.
La petite église de Theil-Rabier, qui fait l'admiration de ceux qui la visitent, est surmontée d'un clocher que l'on appelle vulgairement campanile et, qui peut recevoir deux cloches ; il en possède une en bronze de temps immémorial.
Les fabriciens de la paroisse ont prétendu que leurs pères n'avaient pas construit deux clochers pour n'avoir qu'une cloche ; alors, sous l'inspiration de leur digne curé, ils ont ouvert spontanément une souscription, qui leur a produit trois cent francs. Tous les habitants ont voulu donner les exceptions qui ne valent pas la peine qu'on les signale.
Grâce à cette souscription, le conseil de fabrique a acheté une cloche d'acier, du poids de deux cents kilogs, dont on peut entendre les sons perçants, mais un peu aigres. La cloche porte le nom de Marie-Radegonde ; elle a eu pour parrain M. le comte Maurice de Bourdeille, du château de Saveille, dans la paroisse de Paizay-Naudouin, de l'antique famille des Bourdeille, qui a donné des hommes célèbres à la religion, aux lettres, aux armées de terre et de mer ; et pour marraine, Mademoiselle Eulalie Fragnaud, dont la famille est une des plus honorables de la paroisse de Theil-Rabier.
M. l'abbé Alexandre, chanoine-honoraire, secrétaire particulier de Monseigneur l'évêque d'Angoulême, avait été délégué pour cette cérémonie.
A trois heures précises, le parrain et la marraine, ainsi qu'un certain nombre de personnes très honorables de la contrée, ont pris place dans des fauteuils réservés, en face de la cloche, gracieusement parée d'une magnifique robe de batiste, d'une blancheur éblouissante. Alors M. l'abbé Alexandre, accompagné de Messieurs les curés de Theil, La Forêt-de-Tessé, de la Madeleine et de Pioussais (du diocèse de Poitiers), a pris place au choeur, près de la cloche, dans la stalle de l'officiant.
M. le curé de Theil, qui avait tout préparé avec un ordre parfait, a fait exécuter en commençant, à la satisfaction générale, par un choeur très bien organisé et très bien nourri, quelques uns des psaumes prescrits par le pontifical pour les bénédictions des cloches ; les psaumes chantés, les oraisons récitées, les onctions faites, M. l'abbé Alexandre est monté en chaire, et a expliqué à la foule nombreuse et recueillie, dans un discours aussi remarquable par la justesse du fond que par la grâce de la forme et du débit, le sens de la cérémonie. Puis on a terminé la cérémonie par la bénédiction du très-Saint-Sacrement, comme toute bonne fête chrétienne doit se terminer.
Le parrain a ensuite fait présent à MM. les membres de la fabrique d'une magnifique boîte de dragées ; des bonbons de différents genres ont été jetés aux enfants, sur la place de l'église, ce qui n'a pas peu contribué à égayer la fête. Chacun est retourné chez soi, en emportant de cette petite réunion la meilleure impression. On a beau dire, la religion est encore la seule puissance qui donne au peuple des fêtes qui lui vont véritablement au coeur, le réjouit en le moralisant, et jette quelques éclairs de bonheur au milieu de ses douleurs et de ses tristesses, qu'elle seule peut guérir et consoler.
La Semaine Religieuse n° 25 - 20 août 1865.
Briand, curé de Paizay-Naudouin



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