Histoire de La Forêt-de-Tessé

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31 mars 1910
Chère amie.
Je viens par l’intermédiaire de ma carte t’inviter à manger les boudins dimanche. Prie bien tes parents de te laisser coucher au soir, il y aura un beau bal. Tu feras en sorte de venir pas trop tard pour pouvoir aller au champ. Si tu vas à la messe, tu ne retourneras pas passer à Grosbout, tu viendras de La Forêt car moi je n’aurai pas le temps d’y aller.
E. P.

1911
Chère amie
Je viens par ces quelques mots t’inviter à venir manger des boudins dimanche 12 février. J’espère bien que tu n’oublieras pas. Tu viendras au tantôt surtout, prie bien tes parents de te laisser au soir. Tu coucheras. N’oublie pas tes souliers. Bien le bonjour à tes parents, viens pas trop tard, il faudra aller au champ.
E. P.

La commune en 1914
Jean-Martin Buchey, Géographie historique et communale de la Charente.
Superficie : 1074,04 ha  ; population : 517 habitants
Comme les communes précédentes, la commune de La Forêt-de-Tessé est limitrophe du département des Deux-Sèvres. Elle appartient également à la partie la plus accidentée du canton et l'on y rencontre des collines élevées d'où la vue s'étend au loin.
Aucun cours d'eau ne l'arrose et son sol se prête principalement à la culture des céréales qui y donne d'excellents résultats. De nombreuses prairies artificielles ont été créées et l'élevage du bétail est également une source de revenus des plus appréciable.
On ne rencontre aucun établissement industriel dans la commune, dont tous les habitants s'adonnent à l’agriculture.
Le chiffre de sa population place la commune de La Forêt-de-Tessé au sixième rang dans le canton et la densité de cette population dépasse sensiblement la moyenne du canton, puisqu'elle atteint quarante-huit habitants par kilomètre carré, alors que la moyenne du canton n'est que de quarante et un habitants.
La commune de La Forêt-de-Tessé est éloignée des voies de communication importantes. Aucune ligne de chemin de fer ne traverse son territoire et la station la plus proche est celle de Villefagnan, à huit kilomètres.
Pour rencontrer une route de grande voirie, i! faut aller soit à Theil-Rabier, à six kilomètres, rejoindre la route départementale de Chef-Boutonne à Villefagnan, soit à Montjean à trois kilomètres.
La principale voie de communication est un chemin d'intérêt commun, qui traverse la commune du nord-ouest au sud-est et qui dessert l'important hameau de Tessé.
Les autres chemins sont tous des chemins vicinaux ordinaires, dont l’un unit le bourg de la Forêt-de-Tessé au bourg de Montjean.

La Forêt-de-Tessé (28 habitants), à trois kilomètres nord de Villefagnan et treize kilomètres de Ruffec, est un bourg insignifiant, n'offrant aucune particularité remarquable. C'était le siège d'une seigneurie qui, dans les dernières années du seizième siècle, était la propriété de Louis de Vessac, écuyer. Ce dernier était alors en procès avec son voisin, Antoine Corgnol, seigneur de Tessé.
Cette seigneurie comprenait les fiefs de Vieille Forge et du Menou en Angoumois, ainsi que celui de la Motte de Lorigné en Poitou. Elle relevait de la baronnie d'Empuré.
Quelques seigneurs :
- Heliet de Voulon, mort avant 1406, époux d'Hélys d'Artion.
- Pierre de Voulon, écuyer, seigneur de la Forêt en 1434, le vendit en 1434 et 1437.
- Martin du Verger, avant 1442.
- Françoise fille de Martin du Verger porte en dot la terre de La Forêt par son contrat de mariage du 23 mai 1457.
- Le 13 juin 1473, aveu et dénombrement pour le fief de Vieille-Forge, appartement et dépendances, rendu par Jehan Trilhart (son fils Philippe) à George Taveau chevalier, seigneur d'Empuré.
Nota : 14 septembre 1499, contrat de mariage entre Huguet de Vessac écuyer, seigneur de Hurtebize en Angoumois et demoiselle Catherine du Breuil-Bernac.
- Alain Eschalle, écuyer, seigneur de la Forêt vers 1515.
- 3 octobre 1528 : cession de la moitié par indivis de l'hôtel et seigneurie de la Forêt faite à Guiot de Vessac, écuyer, seigneur de Combenavière, par els héritiers de Guillemette Trilhard.
- Pierre de Vessac, écuyer, seigneur en 1558.
Nota : Jussien Guillaume est seigneur de la Motte en 1561.

Desmier
Ecartelé d'azur et d'argent à une fleur de lis de l'un en l'autre.
 
François Desmier vendit le fief de La Forêt le 17 mars 1760, à François Louvart, écuyer, seigneur de Pontlevoy.

François Louvart avait été baptisé à St-Gaudent le 8 mars 1709 et décéda au Roc en août 1775.

Le 15 avril 1771, acte de foi et hommage de François Louvart, écuyer, seigneur de Pontlevoy, à Charles Comte de Broglie, Marquis de Ruffec, baron d'Empuré, à cause et raison du fief de l'Eglise ou Vieilleforge.
Le 18 avril 1771, bail du logis et dépendances du logis de la Forêt et de la métairie Chez Bertrand par le seigneur François Louvart, écuyer, seigneur de Pontlevoy, à Barthélemy Ayrault demeurant à Tessé.
- Anne-Catherine Desmier épousa le 30 octobre 1686 François de Vessac, écuyer, seigneur de la Forêt de Tessé. Elle n'eut pas d’enfants et étant donataire de son mari, elle légua la Forêt de Tessé à son neveu François Desmier, fils cadet de son frère aîné. Elle fut inhumée dans le sanctuaire de l'hôpital de Ruffec, le 15 janvier 1720. « Le quatorze janvier mil sept cent vingt deux, est décédée dans le logis noble de la Forêt-de-Tessé dame Catherine Desmier, veuve de Messire François de Vissac, écuyer seigneur du dit lieu et paroisse de La Forêt... inhumée dans le chœur et en chaire de la chapelle de l’hôpital de Ruffec"
François Desmier, écuyer, seigneur des Coudrais et de la Forêt-de-Tessé (par donation de sa tante, veuve de François de Vessac). Il était le fils de Charles DESMIER, écuyer, seigneur du Roc, la Faye, la Remigère (Genouillé, Vienne) et de Françoise Gaultier, épousé le 20 mars 1692 (Chauvin, notaire à Angoulême), fille de Pierre, et de Marie Plumet.
Le 16 décembre 1742, il passait un acte, étant prisonnier à Angoulême.

Mais attention : le 11 mai 1711, dénombrement du fief de la Forêt de Tessé ; rendu par François Marie de Ceris, 2e seigneur de Jervasac, à Dame Charlotte de l'Aubépine, Duchesse douairière de Saint Simon, marquise de ruffec, Aisie, Empuré, à cause de son château d'Aizie.
De même: le 12 mai 1711, dénombrement du fief de Chez Derais ; rendu par Ithier de Chouly, Marquis de Permangle, à Dame Charlotte de l'Aubépine, Duchesse douairière de Saint Simon, marquise de Ruffec, Aisie, Empuré, à cause de son château d'Aizie.
 
Guy Faubert, chevalier, seigneur de la Vergne (Secondigny, 79), d'Oyer (Bioussac, 16), et des Deffends, servit dans les compagnies d'ordonnance du Roi en 1500. Le 9 juin 1524, il échangea avec Marie Corgnol, veuve de Guyot Brun, écuyer, seigneur de la Forêt, le fief de la Barre en Pliboux (D.-S.) pour celui de la Forêt (Livre des Fiefs).
 
Le centre le plus important de la commune est le gros hameau de Tessé, situé à 1500 mètres au sud du bourg. On voit donc à Tessé les restes d'un vieux château, qui, depuis le milieu du quinzième siècle jusqu'à la fin du dix-huitième, demeura propriété de la famille Corgnol.

Corgnol portait : d'or à deux chevrons de gueules.
Pour suivre la généalogie complète des Corgnol, rendons visite au site de M. Ouvrard :
 Corgnol...
 
Ce manoir possède des éléments protégés "Monuments Historiques" depuis le 23 décembre 1994 : donjon ; charpente, époque de construction  12e siècle ; 15e siècle. Le donjon date des 11e, 12e siècles. L'extension du logis est du 15e siècle, puis au début du 19e siècle.
La famille Corgnol était une des plus anciennes et des plus importantes de la région et ne s'est éteint que vers le milieu du dix-neuvième siècle.
En 1634, Louis Corgnol, vendit Tessé à son cousin, Charles Corgnol, écuyer, seigneur de Beauregard, et Ebréon, et par cette vente fit passer la seigneurie aux mains de la branche cadette de la famille.
Ainsi que nous l’avons dit dans la monographie de la commune d’Ebréon, cette branche dut s'éteindre dans le dernier tiers du dix-huitième siècle.

La Commanderie d'Ensigné située sur la commune de Ensigné (canton de Brioux sur Boutonne (79) ), fut fondée au XIIe siècle par Hugues de Payns...
Cette commanderie possédait des terres dans la paroisse de Tessé la Forêt.


A Tessé, lieu-dit La chapelle, une cheminée de 1616 porte un écusson. 

Suite à la confiscation des biens des Templiers, un document de 1313 fait mention de la remise de la « méson de Brez et Dansigné » aux Hospitaliers de l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem.

Un bourg et des hameaux
Parmi les principaux hameaux, nous citerons : Grosbout (117 hab.), dans le nord de la commune; L'Houmeléee (49 hab.), limite du département des Deux-Sèvres ; Eparon (60 hab.), dans l'est, à proximité de la route de Montjean. Chez-Bertrand (38 hab.), au nord du bourg ; La Grange (22 hab.) sur la route de Villiers-le-Roux ; la Boufferie (17 hab.), au nord de Tessé, etc.


Au bourg...


Un gros châtaignier...
Un châtaignier géant situé au nord d'Eparon, circonférence de 8,16 mètres, producteur de châtaignes de très bonne qualité, serait à l'origine de la variété dite Belle épine (les Grand’pues en patois local).


Le fameux tilleul de Sully... au lieudit «Chez Bertrand».


Jean Queron offrait à son tour "sa version historique" en 1990
Vraiment peu de choses avant 1789, la tradition si ce n'est la légende qui veut qu'autrefois, il y a des siècles, la commune s'appelait Feuchaud, lieu-dit qui existe toujours et aurait pu convenir du fait de sa situation centrale, carrefour de deux chemins, ayant un puits. Il y a environ 25 ans, dans un champ situé à proximité, du côté ouest, un affaissement de terrain provoqué par la passe d'un tracteur en train de labourer a fait découvrir une cavité souterraine d'une certaine importance en surface et en hauteur à tel point qu'un être humain pouvait s'y tenir debout; l'examen des lieux avait permis de supposer qu'il s'agissait de quelque chose fait par la main de l'homme et pouvait être comparé à la cave d'une maison. Cela prouverait bien qu'il y avait eu là des maisons, voire un village, il y aurait bien longtemps, sans aucun doute, des siècles.

Cette commune aurait été à peu près complètement détruite, sans doute à la suite de quelque épidémie dévastatrice, il ne serait resté que trois personnes qui se seraient appelées ; Bertrand, Ménard, Marsaud, qui seraient allées ensuite faire bâtir à, en somme, peu de distance et seraient à l'origine de Chez Bertrand, Chez Ménard, Chez Marsaud, existant actuellement. On peut se demander si les villages de Chez Dereix, de Chez Cadet ne seraient pas tout au moins d'une origine semblable.
A la Révolution, c'est-à-dire en 1789, on trouve une certaine quantité de documents et même des noms dont il semble que certaines familles en soient les descendants. En vue de l'établissement du cahier de doléances et de la désignation des députés aux États Généraux, une réunion a eu lieu à la porte de l'église paroissiale le 9 mars 1789. La commune dépendait de la Sénéchaussée et élection d'Angoulême, Marquisat de Ruffec, Diocèse de Poitiers.
En ce qui concerne cette réunion, on trouve les données suivantes :
Président: M. Joseph Balland, le jeune procureur du Marquisat de Ruffec
Greffier: M. Jean Moreau
Comparants : Jean Quéron; Louis Rousselot; François Terrassier; Pierre Fouet; Louis Quéron; Jean  Fabien.
La paroisse se compose de 146 feux.
Deux députés: Jean Hérault de Tessé, Jean Quéron de Grosbout.
30 signatures, les autres ne sachant pas signer.
Monuments
Le château de Tessé, ancien logis des Corgnol de Tessé, autrefois entouré de douves dont il ne reste que quelques vestiges, aurait été le départ de nombreux souterrains. Il était le point stratégique dominant la région avec vue au sud sur la voie romaine, dite du chemin de la Marche. A son point culminant, tout passage d'une certaine importance était immédiatement signalé au château.
1.Un peu d'histoire sur ce logis transformé par les hommes et par les siècles (cliquer ci).
ARSIMED est une association de médiévistes qui restaurent le logis.
2.Visitons la restauration du logis avec (et par) l'association ARSIMED (cliquer ici)
Chez Dereix, les restes d'une ancienne maison noble, avec une tour et des créneaux, voire des oubliettes.

Curiosités

La cave au prêtre

Sorte d'abri naturel ayant servi de refuge au curé de la paroisse pendant la Révolution, d'avril 1791 au 30 avril 1793, date à laquelle il fut emprisonné à Angoulême, mais revient en 1800. Depuis on appelle ce lieu : "la cave au prêtre". Nom de ce prêtre : Gabriel de Pressac, né à Empuré en 1733, insermenté, condamné à la réclusion par la loi du 3 brumaire an 3.
"Gabriel de Pressac, curé de la Forêt-de-Tessé, était du nombre de ces prêtres qu'Alexis Lavialle, alors président du district d'Angoulême, avait fait visiter par un officier de santé, le 29 avril 1793, pour déterminer s'il pouvait ou non être déporté; étant alors malade, il avait échappé à cette obligation. Reclus aux Carmélites, puis libéré en l'An III, il allait connaître à nouveau de longs mois de détention."


 

L'abri aurait été utilisé pendant la dernière guerre, d'abord par les réfractaires du STO puis par les maquisards.


Il y a lieu de mentionner aussi le carrefour dit de La Croix Pissepoule, point de rencontre des communes de La Forêt de Tessé, Pioussay et Lorigné; soit de 3 communes + 3 cantons + 2 départements.Cinq chemins arrivant à un calvaire restauré assez récemment, lequel était le lieu de rencontre des processions des rogations de l'ascension des trois communes, peut-être même en plus y aurait-il eu celle de Montjean.
 

En 1898
Aubergistes et débitants
Guilhaud Amédée ; Veuve Meunier ; François Laurent
Marchand de bestiaux
François Branger
Boucher
Alfred Raffoux
Charpentier
Alexandre Demondion
Charron
Alexandre Gobeau
Epiciers
Veuve Tisseuil, Pierre Bernard
Maître maçon
François Laurent
Maréchaux-ferrants
Amédée Guillaud, Jean Thomas
Moulin à huile
François Queron
Marchands de vin
Etienne Thomas (Eparon)
 


L'artisanat est en voie de disparition (1990), alors qu'au début du siècle on trouvait certainement plus d'une douzaine d'artisans dans la commune : charpentiers, menuisiers, chaisiers, scieurs de long, maçons, tailleurs de pierre, maréchal-ferrant, tisserand, huilier, tailleur ainsi que lingères et couturières, pressureur.  On trouvait aussi quelques commerçants, épiciers, cafetiers, buraliste, marchand de vin, il y avait même un notaire encore en place à la Révolution.
L'artisanat se réduit aujourd'hui à un menuisier et un entrepreneur de travaux agricoles, un ouvrier maçon, un ouvrier menuisier. 

 

 
 



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