Dimanche 10 octobre 2010, dans le cadre des journées portes ouvertes des moulins, Pêchebrun a invité le public à la visite de 10h à 19h. Une première qui laissait couler au fil de l'Aume de belles perspectives.
L'annonce : "De belles surprises attendent le visiteur. Et sans doute les nouveaux propriétaires du moulin qui ont hâte de faire des échanges sur l'histoire et les légendes locales. Pêchebrun appartenait à la famille noble des Chabot dont le logis a disparu. Cette usine, comme dit au XIXe siècle, était établie sur un bief dérivant provisoirement une partie des eaux de l'Osme. Il abrite deux meules, est en bon état de conservation. Une turbine Kaplan a remplacé à la fin du XIXe siècle l'antique roue à aubes. Son axe se situe sur la limite exacte des communes de Longré et Paizay-Naudouin-Embourie. Après-guerre on lui ajoutera un moteur électrique.
Sandra Lebrun et Loïc Audrain ont enfin trouvé le moulin de leurs rêves. Après une longue chasse, l'an passé avec leur deux enfants ils ont pu se poser sur ce site qui abritait des gites ruraux avec piscine. Le travail ne manque pas d'autant que ces jeunes dans la force de la trentaine ont décidé de profiter sur un hectare et demi des joies que procure au paysan un peu d'élevage et de jardinage. Sandra Lebrun, malgré ses origines parisiennes, préfère le poulet fermier. Et elle aime la faune et la flore des bords de l'Aume. Elle a prospecté les espèces endémiques. Elle a mis le nez au printemps dans de magnifiques fritillaire pintade ou «oeuf de pintade», espèce protégée. Dimanche, elles figureront dans l'exposition sur la faune et la flore locale qui cohabitera avec celle sur les moulins. Loïc Audrain a sorti sa caisse à outils pour aider sa compagne à remettre à neuf le gîte rural bientôt disponible à la location. Des chambres d'hôtes sont aussi au menu et avec les jardins sera créé un lieu de détente et loisirs. Afin de proposer des activités.
Le moulin de Pêchebrun est habité à l'année. Ses propriétaires sont ludographes - ils écrivent des jeux - et exercent cette profession à domicile. Loïc Audrain est né à Pau. Journaliste, il œuvre pour la presse spécialisée dans les jeux pour adultes, il s'escrime entre autres à concocter des mots croisés. Il signe Anoï ou Masseoalia dans Télé Star. Sandra Lebrun, maîtrise d'art plastique, a été la rédactrice en chef de Télé Star Jeux, et adjointe de celui des Schtroumpfs, ou de celui du Journal de Mickey et de Picsou. Aujourd'hui elle s'est mise au vert pour écrire et dessiner à Longré. Mais elle et son compagnon n'ont pas oublié leurs amis, des auteurs de BD notamment. D'où l'idée de les inviter dans cette belle campagne charentaise pour tester les produits du terroir dans une bonne auberge. Cette fête de la BD se déroulera le vendredi 10 décembre pour les enfants de l'école de Paizay-Naudouin-Embourie et alentours. Ils recevront le Pictavien Laurent Audouin qui travaille pour la publicité et l'édition jeunesse : La Tarte à la grenouille chez Milan, Le Rayon de la peur chez Magnard, Le Vidéomaniaque attaque pour J'ai lu jeunesse, etc.
Un moulin à vent de concerve avec le moulin à eau
(Extrait "Loubillé dans le temps" par Pascal baudouin et Patrick Ricard 2009)
LES MOULINS
Loubillé qui bénéficie de la force du vent et de quelques filets d’eau a vu des moulins à blé s’installer sur son territoire. Des moulins à eau à Chaumeau et Potonnier, des moulins à vent dont deux à Narçais, par exemple. Outre la mouture des bleds (nom commun des froment, orge, méture, etc.) pour faire la farine à pain, le meunier devait écraser le maïs destiné aux animaux. Avec le temps, et l’arrivée des minoteries, les derniers moulins ne se consacraient plus qu’à cette tâche.
Nous relevons sur la carte au 1/80000e de 1853 (secteur Saint-Jean-d’Angély sud-est) un moulin à eau (usine) à Chaumeau, un moulin à vent à la sortie de Narçay sur la route de Paizay-Naudouin, un deuxième un peu plus loin, un ancien moulin sur l’Osme sur une ligne allant de Narçay à Puits-Chauvet, un moulin à eau à Potonnier sur l’Osme.
Sur la carte de Cassini, 1768, nous observons un moulin à eau et un moulin à vent à Chaumeau, un moulin à eau à la hauteur de Puy-Chauvet, un moulin à vent à Narçay, deux moulins à vent à La Rochonnière dont un est ruiné. Mais cette carte n’a pas la réputation d’être absolument infaillible.
Les moulins dans l’histoire
Après les moulins à sang mus par les animaux, les esclaves ou les femmes, c’est la nature, en l’occurrence l’eau et le vent, puis l’énergie mécanique et électrique qui prendront le relais.
Le moulin à eau semble être apparu dès le troisième siècle au sud de la Gaule romaine. Au IXe siècle, ces moulins connaissent une forte croissance. Le moulin à eau est alors une source de richesse et les moulins, qui jusque là étaient exploités par de petites communautés villageoises, vont être alors pris en charge par les seigneurs ou construits et exploités par les monastères. Les habitants n’ont d’autre choix que de se rendre faire moudre leurs bleds à ce moulin contre redevance, c’est une obligation qui résulte du droit de banalité des seigneurs. Cette redevance se faisait sous la forme d’un prélèvement de un seizième sur les quantités à moudre.
Le meunier n’a pas le droit d’aller « chasser » sur les terres de ses collègues voisins. Son chasseron qui va chercher le grain chez le paysan et lui redonne en farine est placé sous haute surveillance.
Le moulin à vent est généralement associé à un moulin à eau lequel cesse de fonctionner en période de basses eaux et d’assèchement total du cours d’eau sur lequel il est établi. Il en allait ainsi aux moulins de Chaumeau.
Le moulin à vent apparaît en Europe vers 1080. En Poitou-Charentes au XIIIe siècle. Ce sont les croisés qui ont rapporté cette bonne idée, car ils avaient pu observer les détails de construction et en apprécier le fonctionnement en Orient. Au début, les ailes, le plus souvent au nombre de quatre, sont constituées d'une armature en bois supportant une toile tendue. Du chanvre à Loubillé. Le meunier oriente la tête du moulin selon le vent et déplie les voiles en fonction. Plus tard, en 1848, l’ingénieur Pierre Théophile Berton invente un système de planchettes orientables pour remplacer les voiles, ce système se règle de l’intérieur du moulin grâce à un ensemble de biellettes.
« Le vent, que seule jusqu'alors la voile utilisait, devient source d'énergie, et le moulin à vent, machine nouvelle, s'immisce dans l'histoire, dans un secteur que l'ordre féodal tout-puissant n'avait pas songé à contrôler. Que ce moyen de production ait été très vite pris en main par la féodalité, rien n'est plus normal dans la société occidentale dominée par les seigneuries. Le juriste inclura donc le vent dans les forces qui peuplent le fief, au XIIIe siècle. Mais la règle est loin d'être générale et variera selon les coutumes régionales dans la France d'Ancien Régime, sans grande unité ni homogénéité juridique ou linguistique. Avant 1789, la coutume de Normandie, selon laquelle « un moulin à vent ne peut être banal », s'oppose à celle du Poitou, qui affirme le contraire. »
Sous l’Ancien Régime, le meunier peut être propriétaire du moulin, il l’érige avec l’autorisation du seigneur moyennant paiement d’un droit. Après la Révolution, le moulin à vent devient entreprise libre, souvent rachetée par le meunier. Le moulin est encore le lieu de rencontre des hommes et des femmes. On y discute de toutes ses affaires, on y échange des nouvelles.
Leur rendement était faible, le meunier connaissait des périodes de chômage imposées par l'absence de vent. Avec la modernisation des moulins à eau et l’arrivée des minoteries, l'apparition de la minoterie industrielle et la généralisation de l'électricité dans les campagnes, l’imposition sur les moulins en tant qu’outil industriel - même s’ils n’était pas utilisés - ces géants ailés étaient condamnés. On leur coupe les ailes, au mieux on les recouvre de tôles pour en faire des silos à grain ou des poulaillers, voire des porcheries. Et ce sont souvent les derniers construits, après 1800, qui disparaissent les premiers. Les meules sont transférées vers un moulin à eau.