Eau, cours d'eau, mare, puits et lavoirs dans le canton
Mares et lavoirs tiennent de l’eau, source de vie ; classés «petit patrimoine», ils demandent un détour...
L’eau vive est rare en pays villefagnanais.
L’eau à usage domestique, quant à elle, a contraint l’homme à de nombreux aménagements : mares, puits, fontaines et lavoirs. Ces éléments du petit patrimoine, longtemps négligés, souvent détruits, se restaurent peu à peu exhumant de nombreux souvenirs, quand rien n’était facile.
Chacun sait qu’il suffit à la plupart des Charentais de «tourner le robinet» pour faire jaillir de l’eau potable, en quantité illimitée : «Pourtant, il n’y a pas si longtemps, il en allait tout autrement». Les anciens se souviennent avec tristesse de la sécheresse de l’été 1929 comme à Raix où il fallait se rendre à deux kilomètres puiser l’eau dans une fosse aménagée dans le lit du Bief. Un arrêté du maire, rationnait l’eau des puits communaux : «Le puisage n’était autorisé que dans de courts créneaux et les familles ne pouvait disposer que d’un nombre de seaux limité».
Avant l’aire du tout automatique, l’homme disposait de l’eau délivrée par la nature : celle des ruisseaux, des rivières... Il disposait sur le territoire villefagnanais de peu d’étangs, il trouvait tantôt de petites mares installées sur un fond argileux, alimentées par le ruissellement, parfois par de petits courants souterrains. L’homme a aménagé ces mares, en a creusé de nouvelles. Mais elles ne fournissaient pas pour autant de l’eau potable à l’exemple de celles dans lesquelles rouissait le chanvre ou celles dans lesquelles se déversait le purin. Leur importance était cependant primordiale : la mare de La Font, à Villefagnan, «décidait» en 1877 de l’emplacement futur de la station de chemin de fer sur la ligne Niort-Ruffec. En effet, il ne fallait pas que les fumées des locomotives à vapeur ne viennent salir le linge des lavandières. L’homme a creusé des puits, de plus en plus profonds, et aménagé des fontaines. Il s’est modernisé, a installé parfois des pompes, et a construit des lavoirs.
L’arrivée de l’eau sous pression et de la machine à laver a fait oublier les difficultés du passé et la rareté de l’eau en saison sèche. Mais en contrepartie, des pollutions nouvelles ont surgi : les nitrates, etc. mais il s’agit de l’affaire de techniciens : «On se contente de tourner le robinet». Les petits ruisseaux ont été saccagés, recreusés pour drainer les terres inondables. Les mares ont souvent été rebouchées. Les puits ne sont plus que des éléments du décor : le pot de fleurs succède au seau à l’extrémité de la chaîne.
Au hasard des hameaux de belles surprises
Les amoureux de petit patrimoine ont entrepris la mise en valeur de quelques vestiges : mares, puits, lavoirs. «On les avait oubliés, soulignent les aînés, ils nous rappellent notre enfance». Le canton de Villefagnan compte vingt communes. Il est arrosé par trois petites rivières : la Péruse au Nord, l’Osme à l’Ouest, le Bief au Sud. Ces trois ruisseaux mêlent leurs eaux à celle de la Charente dont ils sont affluents. Leurs rives, quand l’eau s’écoule en période estivale, invitent à la promenade. En bateau, le paysage devient carrément grandiose : d’évidence peu navigables, ces cours d’eau révèlent toutefois des merveilles pour celui qui ose s’aventurer.
Au détour d’une ruelle, dans un village endormi, au détour d’un chemin creux, le promeneur est surpris de découvrir encore de belles mares que les indigènes ignorent parfois. A La Ferté (Villefagnan), il faut prendre le temps de marquer une pause et pénétrer dans le village : on y découvre une jolie mare, bien entretenue, avec des canards, des oies, etc. De même au centre de Marsillé (Brettes). A la Chèvrerie, on se réunit chaque année pour faire la fête autour de la mare, tellement accueillante dans son décor boisé. A Raix, on se souvient des foires et du rôle rassembleur de la mare autour de laquelle se déroulaient les foires aux mulets. Creusée dans un premier temps en fonction du bon vouloir de l’argile et de la terre superficielle, elle s’est par la suite « embourgeoisée ». La municipalité lui offrait vers 1880 des murs de la plus belle qualité, coiffés de magnifiques chapeaux taillés en pierre d’Angoulême, ainsi que deux magnifiques lavoirs. L’été, chaque soir, toutes les vaches de la commune s’y réunissaient «pour boire un coup et meugler entre amies».
Chaque commune du canton de Villefagnan, ou presque, possède de ravissants exemplaires de mares, fontaines, lavoirs et puits. Tous méritent un détour, une promenade. Certains apparaissent sur les panneaux installés dernièrement sur les places publiques de chaque commune par la CdC du Pays de Villefagnan. D’autres jouent encore à cache-cache et il faut persévérer pour les découvrir.
L’eau dans le canton de Villefagnan
- Les rivières
Péruse (Montjean, Londigny, St-Martin du Clocher et Bernac), Osme ou Aume (Longré et Bief
- Les mares importantes
Raix, La Ferté, La Chèvrerie, Marsillé
- Les lavoirs principaux
Salles-de-Villefagnan, Bernac (La Paizière), Saint-Martin-du-Clocher, Montjean, Marsillé, Theil-Rabier, Paizay-Naudouin, Le Vivier de Longré, Empuré, Embourie, Fondoume…
- Les fontaines
Tuzie…
- Les puits
De beaux spécimens signalés dans chaque commune.