Démographie du canton de Villefagnan
et de ses communes
 
Courbe de la démographie du canton de Villefagnan
A noter 344 morts (1914-18) sur une population de 9.069 habitants (3,79 %).
 
 Commune Chiffre 1/1/2014
BERNAC 494
BRETTES 204
COURCOME  438
EMPURE 125
 LA FAYE 622
LA CHEVRERIE 141
LA FORET-DE-TESSE 219
LA MAGDELEINE 134
LONGRE 214
LONDIGNY 256
MONTJEAN 265
PAIZAY-NAUDOUIN-EMBOURIE 421
RAIX 154
St. MARTIN-DU-CLOCHER 136
SALLES-DE-VILLEFAGNAN 359
SOUVIGNE 243
THEIL-RABIER 164
TUZIE 167
VILLEFAGNAN 1067
VILLIERS LE ROUX 132

Population par commune de 1821 à 1968
Source : Département de la Charente
Antérieurement au XIXe siècle, l'évaluation de la population consistait à dénombrer les « feux » (on dirait maintenant « logement ») et à multiplier le résultat par une estimation du nombre moyen d'habitants par « feu ». En vertu de la loi de police du 22 juillet 1791 et de l'ordonnance du 16 janvier 1822, le recensement général de la population est effectué tous les cinq ans.
Le premier recensement de la population française a eu lieu en 1801, mais le principe du recensement quinquennal n'a été réellement appliqué qu’à partir de 1831, les recensements exécutés entre 1801 et 1831 étant de qualité assez médiocre (sauf celui de 1821).
En raison des évènements, le recensement de 1871 a été repoussé à 1872, tandis que ceux de 1916 et de 1941 ont été supprimés ; celui de 1951 a été repoussé à 1954 en raison des difficultés budgétaires et les suivants ont eu lieu en 1962 et 1968.
Le présent opuscule, qui décrit les variations de la population de chaque commune de 1821 à 1968, a été rédigé avec l'aide de M. le Directeur des Services des Archives du département de la Charente.
Toutefois des lacunes ont subsisté : c'est ainsi que nous n’avons pu retrouver les résultats par commune des recensements de 1826 et 1836.

Densité de la population
C'est au recensement de 1851 que le département de la Charente a enregistré le plus de population : 382.912 habitants. La densité de cette population était alors de 64 au km2. Au recensement de 1901, la Charente comptait 350.305 personnes soit une densité de population de 59 au km2.
En 1954 il y avait 313.635 habitants dans ce département et sa densité était de 53 au km2 et plaçait la Charente au 49ème rang des départements français. En 1968, la densité de population s’établit à 56 personnes au km2. La Charente malgré cette augmentation, passe au 59ème rang dans l'ordre des départements. Il faut signaler qu'à cette date il a été créé 5 départements dont l'importance a provoqué un recul dans l'ordre de classement de beaucoup d'autres et en particulier ceux de notre. région.
Pour permettre d'effectuer des comparaisons nécessaires, il est bon de rappeler que la densité moyenne de la France entière a été de 67 habitants au km2 en 1851, de 73 en 1901, de 77 en 1954 et de 92 en 1968.

Evolution
 
  • Population française
  • Population charentaise
  • Canton Villefagnan
1789 : 27.600.000
1810 : 30.000.000
1850 : 35.630.000
1901 : 38.641.333
1920 : 39.000.000
1939 : 41.900.000
1946 : 40.517.923
1950 : 41.740.000
1960 : 45.465.000
1968 : 49.795.010
1970 : 50.770.000
1980 : 53.731.400
1990 : 56.614.493
1999 : 58.518.748
2000 : 58.824.955
2004 : 60.340.000
2005 : 60.702.284
2006 : 61.044.684
1801 : 299.029
1806 : 327.052
1821 : 347.541
1826 : 353.323
1831 : 362.531
1836 : 365.126
1841 : 367 893
1846 : 379 031
1851 : 382 912
1856 : 378.721
1861 : 379.081
1886 : 366.408
1891 : 360.259
1896 : 356.236
1901 : 350.305
1906 : 351.733
1911 : 347.061
1921 : 316.279
1926 : 312.790
1931 : 310.489
1936 : 309.279
1946 : 311.137
1954 : 313.635
1962 : 327.658
1968 : 331.016
1975 : 337.064
1982 : 340.770

1990 : 341.993
1999 : 339.628



 
1801 : 
1806 : 
1821 : 13.023
1826 : 
1831 : 13.596
1836 : 
1841 : 13.763
1846 : 13.562
1851 : 13.332
1856 : 13.059
1861 : 12.526
1866 : 12.210
1872 : 11.383
1876 : 11.572
1881 : 11.682
1886 : 11.216
1891 : 10.661
1896 : 9.934
1901 : 9.490
1906 : 9.286
1911 : 9.069
1921 : 8.132
1926 : 8.005
1931 : 7.851
1936 : 7.686
1946 : 7.184
1954 : 7.139
1962 : 6.861
1968 : 6.286

1975 : 5.882
1982 : 5.798
1990 : 5.119
1999 : 5.446

La dépopulation d'une commune rurale. (Bessé, dans l'arrondissement de Ruffec)
Daniel Touzaud, 1908.

Bessé n'est pas du canton de Villefagnan mais on ne peut plus voisine, son cas est similiare à ceus des communes villefagnanaises.

I. Les faits chiffrés.
La commune rurale dont nous allons suivre les étapes progressives ou régressives pendant les cent vingt-cinq dernières années, n'a pas été choisie arbitrairement l'auteur l'étudie de préférence, uniquement parce que c'est celle qu'il connait le mieux.
C'est en Charente, dans une région autrefois viticole et, depuis le phylloxéra, presque exclusivement agricole, que se trouve la commune de Bessé (arrondissement de Ruffec). Son territoire dépasse à peine 600 hectares. Les habitations sont agglomérées et la banlieue est morcelée. De petits propriétaires se partagent presque exclusivement la terre. Les prés naturels y sont peu étendus, mais le sol calcaire ferrugineux y est éminemment propre à la création des prairies artificielles, dont l'alternance, en nettoyant les champs, tout en les enrichissant d'azote, favorise la venue des céréales. De sorte que le pays, momentanément ruiné par le phylloxéra et pendant quelque temps aux abois, s'est si bien relevé qu'il est plus riche qu'auparavant. En définitive, jusqu'en 1878, la commune était à la fois agricole et viticole et, convertissant ses vins en eau-de-vie, parvenait à un assez haut degré d'aisance, puis, et pendant dix années environ, le pays souffre et tâtonne dans une voie nouvelle mais, à la faveur des engrais chimiques qui lui permettent de rendre au sol épuisé par la vigne une nouvelle fécondité, il se relève rapidement.
Délaissant à peu près complètement la vigne, dont la culture exige aujourd'hui des soins constants et exclusifs, il remplace cette source de revenus par l'élevage du bétail l'élevage, en effet, peut être concomitant avec la culture des céréales. De telle sorte que, sur cette base nouvelle, la prospérité dépassa, ainsi que nous l'avons dit, celle d'autrefois.
Dans cette commune, il n'y a pas d'indigents, et les nouvelles lois d'assistance, ne trouvent que fort peu d'application. Ajoutons que, même pendant la période de dépression consécutive au fléau du phylloxéra, les habitants n'ont point songé à émigrer vers la ville. Ces petits propriétaires ruraux se trouvaient gênés, voilà tout. Aussi le bourg a-t-il conservé sa physionomie d'autrefois point de maisons abandonnées à peine quelques constructions nouvelles; certaines habitations rebâties et mieux éclairées, rien de plus.
Cela posé, laissons la parole aux chiffres. Voici un tableau où se trouvent rapportés par périodes de dix années, depuis 1782 jusqu'à 1907, les naissances, mariages, décès. Nous en avons emprunté les éléments aux tables décennales de l'état civil. Nous compléterons ces chiffres par ceux des dénombrements officiels. On remarquera toutefois que la période initiale 1782-1791 laisse en lacune l'année 1792 : la raison en est que cette année 1792 est incomplète dans les archives municipales.

 
Périodes décennales Naissances Mariages Décès Observations
1782-1791 89 25 70
 
1793-1802 133 31 83
 
1803-1812 104 20 88
 
1813-1822 130 28 63
 
1823-1832 84 28 72
 
1833-1842 86 34 92
 
1843-1852 83 35 88
 
1853-1862 83 37 87
 
1863-1872 93 29 104 Épidémie
1873-188 93 36 99
 
1883-1892 86 23 83
 
1893-1902 43 30 59
 
Période quinquennale
 

 

 

 
1903-1907 24 16 29
 

Ainsi, pendant les cinquante premières années qui figurent au tableau ci-dessus, les naissances dépassent de beaucoup les décès. Mais depuis et pendant les soixante-quinze années qui suivent, ce sont les décès qui dépassent les naissances. Le nombre des mariages reste sensiblement le même.
La natalité s'était notablement relevée durant la double période de 1863 à 1882; mais son effet fut compromis par un excédant de décès provenant d'une épidémie de variole noire.
Cette progression à rebours a nécessairement influé sur le chiffre de ta population. Toutefois, il est remarquable que l'effet de la régression ne s'est réalisé que tardivement: elle ne le révèle qu'au cours de la période 1883-1892, c'est-à-dire cinquante ans plus tard, alors, au contraire, que la progression normale des premières périodes était jusque-là réagi. D'où il faut inférer que les conséquences des états démographiques ne se prédisent que lentement, mais aussi que leur portée est considérable.
C'est ce qui résulte du tableau suivant, où nos chiffres ne remontent qu'an dénombrement de 1816, toutes données antérieures nous faisant défaut.

 
1816 386 hab.
1826 418
1836 420
1846 403
1856 414
1866 405
1876 429
1886 380
1896 334
1906 325

Parti de 386, le chiffre de la population est monté au-dessus de 400 et y est demeuré jusqu'en 1876, date à laquelle il dépassait le point de départ, 429-386, de 43 unités. Puis ce chiffre est brusquement descendu au-dessous du point initial et n'a cessé de décroître, perdant, entre les deux dates extrêmes, 386-323= 61 unités et, entre 1876 et 1906, 104 unités.
Un dernier document statistique achève d'éclairer cette situation.
Le dénombrement de 1906 compte 93 ménages, entre lesquels le total de la population, 325 habitants, en attribue à peine 3 1/2 par ménage (exactement 3,49). On voit que le nombre des enfants par ménage, en ne supposant au foyer que deux ascendants seulement, est en moyenne de 1 1/2. Cette constatation est corroborée par les chiffres mêmes du recensement de 1906, d'où il appert qu'en comptant avec les fils et filles, les gendres et les brus, on obtient 131 qui, divisé par 93, donne 1,40 par ménage.
Il est bien évident que si, en moyenne, deux couples comportant 4 personnes ne procréent que 3 enfants, il y aura déchet du quart : d'où fatalement décroissance de la population jusqu'à extinction
finale.

II. Les faits observés.
Nous savons que la population n'a pas émigré qu'appauvrie un moment, elle s'est rapidement relevée donc, nous n'avons pas ici à tenir compte des faits économiques.
L'esprit de la population est resté ce qu'il était au XVIIIe siècle, en ce qui concerne le partage des successions, ainsi qu'il résulte des minutes des notaires conservées aux Archives du département ou dans les offices de leurs successeurs l'égalité la plus absolue préside, comme elle l'a toujours fait, à la dévolution des biens.
C'est à peine si le père de famille qui, par exception, a plusieurs enfants, se permet, après partage anticipé, de réserver quelques meubles au profit de celui chez lequel il terminera ses jours. Conséquemment, le Code civil est sans influence sur la constitution de la famille et la distribution des biens.
Quelle est donc la mentalité de l'habitant ?
Son souci est de laisser à son enfant une situation égale à la sienne, supérieure même, par l'apport d'une dot. La préoccupation de la division du patrimoine se révèle dans le langage courant un enfant qui survient alors que le ou les aînés commencent à grandir est appelé un rogne-lot.
Chose tristement curieuse et pleine d'un cruel enseignement, deux jeunes ménages ne se sont régulièrement constitués que pendant la grossesse de la femme ou même après la naissance d'un enfant à chaque foyer, l'enfant est resté unique et il faut savoir que ce sont des ménages aisés et dont la ratification a fait oublier la tache originaire. Rien ne démontre mieux que la stérilité est systématique.
Quelle est, aux autres points de vue, la moralité de l'habitant ?
Cette moralité est certaine. Les deux faits de séduction ci-dessus rappelés sont isolés. D'autre part, si quelques individus se laissent tenter par la rapine, ils croient à peine commettre un larcin en s'appropriant une minime part de la récolte du voisin. La probité est générale et ne soufre que d'inévitables exceptions.
Mais aucune autre barrière ne s'oppose à l'envahissement du mal social qui réside dans la limitation des naissances.
D'abord, nulle préoccupation de continuer et de perpétuer le passé loin de là. L'ancien régime demeure à leurs yeux un spectre qui ne cesse de leur inspirer de l'horreur et de l'effroi. La paroisse de Bessé avait pour seigneur l'Abbaye Royale de Saint-Ausone qui, du chef-lieu de la province, recevait les rentes, les agriers et les dîmes; sur ces dernières le curé touchait une maigre «portion congrue»; le surplus de ces lourds impôts ne correspondait à aucun service rendu en échange. Tous étaient perçus par un fermier de l'abbaye : de celle-ci on ne connaissait que le nom. C'est tout ce qui subsiste ici du souvenir de l'ancienne France.
A son tour, l'Ecole s'est-elle montrée apte à pénétrer la jeunesse de l'idée du devoir civique dans une mesure assez large et assez profonde pour conjurer les pratiques funestes de l'âge mur ? L'expérience a démontré que l'enseignement ne suffit pas à une pareille tâche. Son influence n'est pas de nature à réfréner l'égoïsme qui fait préférer les jouissances du bien-être à l'accomplissement du devoir.
De son côté, la pratique religieuse est allée s'affaiblissant, surtout depuis trente ans environ. Elle a brusquement fléchi dès lors que l'autorité publique, levant le masque, s'est mise en lutte ouverte contre l'Église. Le frein religieux est à peu près brisé. Ce n'est pas à dire que la population soit anti-religieuse ou même totalement indifférente. Pour les naissances, les mariages, les sépultures, l'habitant tient à l'intervention du prêtre : «On n'est pas des chiens». Et même, il est à remarquer que, depuis la séparation, les familles qui ont affaire au curé, sachant qu'il n'est plus payé par le gouvernement, se montrent assez larges et affectent de vouloir «bien faire les choses »,n certains offrent parfois plus qu'il ne leur est demandé. Etant donné le caractère de notre ouvrier de la terre, si étroitement attaché à un argent durement épargné, ce dernier trait est de nature à révéler sa mentalité où l'orgueil domine aujourd'hui l'égoïsme lui-même. Mais aussi, rien n'est plus éloigné des sentiments de devoir, de sacrifice et d'abnégation.
La Révolution n'avait pas entamé, dans cette commune, les habitudes chrétiennes, puisque l'état civil, bien que le curé ait cessé de tenir les registres en 1791, fait disparaître, jusqu'à la fin de l'année 1794, sous la signature de l'officier municipal, les noms des parrains et marraines dans chacun des actes de naissance, et que pareilles mentions reparaissent à nouveau en l'an X. Il y a lieu de noter : 1° que c'est avec le gouvernement de la Restauration, si dévoué à l'Église, que finissent les natalités normales et que commence avec l'ère voltairienne de Juillet, le dépassement du chiffre des naissances par celui des décès ; 2° qu'un relèvement de la natalité accompagne le second Empire, favorable à la religion, et la République conservatrice, c'est-à-dire de 1863 à 1882 ; 3° qu'au contraire, une chute profonde de la natalité date de la République anticléricale, donnant, au lieu des 130 naissances de 1813 à 1822, deux tiers en moins, de 1893 à 1902, c'est-à-dire 43 seulement.

III. Conclusions.
Peut-être ne devrions-nous pas conclure, mais attendre qu'une enquête monographique ait permis d'établir des confrontations avec des éléments multiples venus de divers côtés.
Cependant, les faits que nous avons constatés dans un milieu circonscrit et qu'aucune circonstance accidentelle n'a effectivement troublé, se résument d'eux-mêmes dans cette proposition, savoir que, ici du moins, la dépopulation résulte de l'abolition dans les esprits de l'idée du devoir social.
Les Remèdes proposés ailleurs diminuer les impôts; réduire les charges des familles nombreuses; modifier les lois successorales augmenter le traitement des fonctionnaires en raison du nombre de leurs enfants, ne représentent chez nous que de vaines formules sans efficacité ou même sans objet.
D'ailleurs, il ne s'agit plus de mesurer des réformes en vue d'une amélioration relative, morale ou matérielle. La question posée est une question de vie ou de mort la crise est positivement, mathématiquement mortelle.
Or, il résulte des faits ci-dessus relevés que l'abaissement de la natalité a suivi la marche régressive du sentiment religieux, que rien n'est venu remplacer. D'où découle cette conséquence qu'une restauration religieuse est seule capable de guérir le mal qui nous conduit vers la dissolution finale. Nous ne dépassons pas le champ de nos constatations en posant, avec une rigueur scientifique, les
deux conclusions suivantes :
1° Ici, la natalité augmente ou diminue suivant que le gouvernement soutient ou combat la religion ;
2° Ce pays sera chrétien ou il ne sera plus.
Daniel TOUZAUD.
 
 



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