Médecin Général Inspecteur Célestin Sieur (page2)

La première, intitulée « Six mois de direction du Service de santé du 20° corps d'armée », parue dans la Revue du Service de Santé militaire, est un véritable chapitre d'Histoire, rédigé par lui à l'aide des éléments recueillis au cours de cette période mouvementée. Il ne s'agit pas d'un exposé didactique mais d'un récit vécu, accompagné de réflexions et d'idées personnelles, dont la lecture est instructive et attachante.
La seconde est constituée par l'important mémoire qu'il a rédigé avec son fidèle adjoint, qui l'a secondé avec un dévouement sans bornes, le Médecin aide-major Raoul Mercier (devenu depuis professeur à l'École de médecine de Tours), sur le Service de santé du groupe d'armées Fayolle en 1918 et qui fut honoré, en 1921, par l'attribution du Prix Monthyon à l'Académie des Sciences.
Ce que furent pour lui les dix mois passés à la tête du Service de santé de ce groupe d'armées, nous le savons par la lecture de ce mémoire qui représente une des documentations les plus complètes qui ont vu le jour sur le Service de santé pendant la guerre. Cette lecture permet de se rendre compte de la tâche véritablement surhumaine qui, jusqu'à l'armistice, a été accomplie aux différents échelons sous la haute impulsion et sous la direction effective du M. G. I. Sieur.
Elle permet également de comprendre les difficultés qu'il a eu à résoudre immédiatement après l'armistice, au moment du rapatriement des prisonniers de guerre dont la plupart étaient dans un état de santé précaire.
Elle permet enfin d'apprécier à sa juste valeur la qualité des résultats qui ont pu être obtenus.
La troisième publication est représentée par un volumineux ouvrage qu'il a rédigé au cours de ses années de retraite et intitulé « Le Service de santé pendant la guerre 1914-1918 ». La lecture de cet ouvrage qui, malheureusement, n'a pas été édité, permet de suivre, pas à pas, les progrès accomplis au cours de la guerre.
Comme tous ses collègues, le M. G. I. Sieur déplorait depuis longtemps la subordination étroite du Service de santé vis-à-vis du commandement. Il a d'ailleurs décrit cette situation regrettable dans un travail qu'il a présenté en 1928 à la Société d'Histoire de la Médecine et intitulé « Histoire des tribulations du Service de santé depuis sa création jusqu'à nos jours ». C'est donc avec une grande joie qu'il accueillait le décret du 11 mai 1917 qui plaçait le chef du Service de santé de l'armée au contact immédiat du commandement et qui fut le point de départ de la création si importante des médecins inspecteurs de groupe d'armées, pour aboutir en 1918 à celle d'Aide-major général du Service de santé au Grand Quartier, par M. Mourier, devenu sous-secrétaire d'Etat du Service de santé.
Par ces créations successives, le commandement avait compris que le médecin n'était plus un simple serviteur mais était devenu un élément dont la collaboration était nécessaire au succès de la bataille. Nul mieux que le M. G. I. Sieur n'a contribué, au cours des différentes étapes de la guerre, à démontrer, par les faits, la nécessité et les bienfaits de cette collaboration.
Dans l'ensemble, ces publications sont donc avant tout des œuvres d'historien, dans lesquelles l'auteur a été souvent à la fois le narrateur et l'acteur principal des faits qu'il rapporte. Ces faits, présentés avec objectivité, y sont relatés sans le souci de mettre en valeur sa propre personnalité. Mais le lecteur averti ne tarde pas à discerner peu à peu la grande part qui revient à l'auteur dans les progrès accomplis, ainsi que l'importance de l'œuvre que, pendant toute la guerre, il a pu réaliser au plus grand bénéfice du fonctionnement et des progrès du Service de santé.  

C'est ici le moment d'ajouter que, dans toutes les étapes de sa carrière et en toutes circonstances, en temps de guerre comme en temps de paix, il a su faire appel aux jeunes, en suscitant leurs initiatives, en les mettant en valeur et en les associant à son œuvre et à ses travaux.

Il a su les attirer à lui en les traitant paternellement ; il a toujours été le premier à applaudir à leurs succès et a même su parfois s'effacer devant eux, faisant ainsi la preuve du désintéressement le plus absolu.

 

Son passage au cadre de réserve, en 1922, ne le prit pas au dépourvu et ne fut pas pour lui le signal de l'inaction. Il ne sollicita d'ailleurs aucune situation officielle et put ainsi mener la vie calme d'un sage, heureux de pouvoir vivre au milieu de sa famille tout en donnant libre cours à ses aspirations paysannes.

Sa famille, c'était le Médecin Colonel Marcel Sieur, esprit original, dont la principale ambition a été la carrière de son père dans l'ombre duquel il a vécu, et dont il était légitimement fier. Sa grande compétence en radiologie appliquée au dépistage systématique de la tuberculose pulmonaire est depuis longtemps unanimement reconnue. C'était aussi sa belle-fille et les enfants et petits-enfants qui en sont nés et qu'il a eu la joie de connaître et de voir grandir. C'était enfin Mme Sieur qui a su embellir les dernières années de la vie de son mari et l'entourer des soins dont il avait besoin. Nous adressons aujourd'hui à toute cette famille en deuil l'hommage profondément attristé de nos sentiments de très vive et respectueuse sympathie.

Dès qu'il fut libéré de ses obligations de service, il consacra une large part de sa vie à la petite maison qu'il possédait à Ruffec où j'allais parfois passer quelques jours avec lui au moment des vacances. C'était plaisir de l'y voir cultiver son jardin, et tout heureux de se retrouver dans le cadre modeste de son pays natal. Il y menait une vie simple et frugale, en partageant son temps entre le jardinage et la lecture et ne rejoignait Paris qu'en octobre. Il reprenait alors contact avec les Sociétés savantes auxquelles il appartenait.

C'est sans conteste aux séances de l'Académie de Médecine qu'il assistait avec le plus de plaisir, surtout à l'époque où il y retrouvait ses collègues, aujourd'hui disparus, qui avaient été ses collaborateurs en 1914-1918. Il était assidu à nos séances et nous avions toujours plaisir à admirer son allure qui resta longtemps vive et dégagée, et à goûter le charme de son visage ouvert et souriant animé par un regard plein de franchise et de douceur. Il assistait régulièrement à toutes les commissions de travail et la lecture de nos Bulletins montre la part qu'il a prise à certaines discussions. Comment ne pas souligner, par exemple, l'importante communication qu'il y fit en 1932 à propos de l'alcoolisme.

Je rappelle également la dignité avec laquelle il assura la présidence de notre Compagnie durant la tragique année 1939, et l'élévation de pensée des paroles qu'il eut l'occasion d'y prononcer.

Peu après son passage au cadre de réserve, il avait donné une nouvelle preuve de son altruisme et de sa bonté, en acceptant la présidence de la Société amicale des Anciens Élèves du Val-de-Grâce et de l'École de Lyon, présidence qu'il conserva pendant trente-deux ans. Il lui consacra son temps et ses efforts dans des conditions souvent difficiles, notamment au cours de l'occupation allemande.

Je ne fais que rappeler le concours éclairé qu'il donna à la Croix-Rouge, en prenant une part active à l'étude de la protection des populations civiles contre les dangers de la guerre aéro-chimique.

Membre et ancien président du Conseil d'Hygiène et de Salubrité du département de la Seine, il assistait régulièrement aux séances où ses interventions étaient toujours très écoutées. Il la présida en 1929.

Jusqu'au moment où son état de santé ne le lui permit plus, il assista aux séances de la Société de Médecine militaire française qu'il présida de 1920 à 1922, et à celles de la Société d'Histoire de la Médecine, dont il fut le président en 1928.

Au cours des manifestations collectives du Service de santé, il était toujours l'objet de démonstrations de sympathie et d'admiration de la part des jeunes, comme cela se produisit notamment au centenaire de l'Ecole d'application, en 1951. La plus récente et la plus émouvante d'entre elles remonte au jour où le plus ancien de ses élèves, le Médecin général Inspecteur Toubert, qui fut aussi pour moi, en maintes circonstances, un maître vigilant et éclairé, lui remit les insignes de la dignité de Grand'Croix de Légion d'honneur à laquelle il avait été bien tardivement élevé le 15 avril 1954.

A cette occasion, dans le cadre austère du Val-de-Grâce, au cœur même de ce « haut lieu » de la médecine militaire, comme il l'a si justement dénommé, le M. G. I. Toubert, dans un émouvant discours, a retracé sa vie en présence de sa famille, de quelques hautes personnalités et surtout d'un nombreux détachement de jeunes médecins lieutenants stagiaires et d'élèves de l'École de Lyon, venus pour rendre hommage à leur vieux chef qui en a été tout particulièrement heureux et touché.

Depuis deux ans environ, les atteintes de l'âge commençaient à se faire sentir. Son cerveau restait intact mais toute sortie lui était interdite.

Quelques semaines avant sa mort, il fut hospitalisé au Val-de-Grâce qui accueillait ainsi, dans ses derniers jours, celui qui l'avait tant honoré. Il s'y éteignait le 12 juin 1955. Il était dans sa 95e année.

Selon sa volonté expresse, ses obsèques ont revêtu un caractère de grande simplicité et n'ont été accompagnées d'aucune manifestation officielle civile ou militaire. Mais, ce que sa volonté a été impuissante à empêcher, c'est la présence autour de son cercueil d'un nombre imposant de collègues, d'élèves, d'amis et anciens malades, sans oublier la foule anonyme et recueillie de tous ceux auxquels il avait rendu service et qui, par leur présence, avaient tenu à manifester leur reconnaissance et leur admiration.

C'est avec cette escorte émouvante que, par une belle journée ensoleillée, si a quitté le Val-de-Grâce pour aller prendre sa place dans le modeste cimetière de son pays natal où il repose au milieu des siens.

La vie du M. G. I. Sieur, telle qu'elle vient d'être rapidement esquissée, a été consacrée tout entière au plus grand rayonnement de la médecine militaire aux progrès de laquelle il a largement contribué, rendant ainsi au pays les plus éminents services. Nous devons donc admirer sans réserve le travail, l'intelligence, le courage et la ténacité dont il n'a cessé de faire preuve au cours de sa longue carrière.

Mais, parmi ces éminentes qualités, il en est une qui, chez lui, les domine toutes et en augmente singulièrement le relief. Cette qualité, je devrais dire cette vertu, s'appelle la simplicité, sœur de l'honnêteté, de la sagesse et du désintéressement.

Au cours des multiples étapes de sa vie, elle n'a cessé d'être sa devise et nous la trouvons toujours à l'origine de sa pensée, de ses conceptions et de ses actes.

C'est dans la simplicité et la clarté de ses méthodes d'enseignement qu'il faut chercher le secret du succès qu'il a toujours remporté auprès de ses élèves qui ont tous gardé un durable souvenir de ses leçons et de ses démonstrations.

C'est elle que nous retrouvons dans toutes les initiatives que nous lui avons vu prendre au cours de la guerre et qui lui ont permis de s'adapter avec souplesse aux situations les plus difficiles.

Nous la retrouvons enfin dans sa propre vie, droite, honnête et correcte qui, depuis ses débuts jusqu'aux dernières années de sa longue retraite, évoque l'image de la coulée d'une eau claire sur un fond régulier, sans vase et sans remous.

La haute dignité et l'admirable limpidité d'une vie si noblement désintéressée ne sauraient être trop exaltées, à une époque où nous voyons tous les jours les valeurs spirituelles et morales mises en péril par la seule recherche des profits matériels.

Puissent les jeunes y trouver à la fois un guide et un exemple !

L'Académie nationale de Médecine conservera fidèlement le souvenir de son ancien Président qui, parti d'un modeste hameau de la Charente, sans autres appuis que ceux forgés par sa valeur et sa volonté, a su trouver dans le sang paysan dont il était issu, la force et les qualités qui lui ont permis de s'élever à la hauteur des grands serviteurs du pays, sans jamais se départir de ses vertus naturelles : la simplicité, la droiture et la bonté.

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Par décret dû Président de la République, en date du 29 octobre 1886,

Ont été nommés dans le CORPS DE SANÏÉ MILITAIRE : Au grade de médecin aide-major de 1re classe, les soixante-deux médecins aides-majors de 2e classe, dont les noms suivent : MM. Pour prendre rang du 3 novembre 1886, SIEUR (Célestin), du 3e rég. de ligne.

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SERVICE DES EAUX MINÉRALES. (Janvier 1901)

Sur la proposition de l'Académie de médecine, et par arrêté du Président du conseil, Ministre de l'intérieur et des cultes, la récompense suivante a été décernée au médecin militaire ci-après désigné, qui s'est distingué par son travail spécial sur le service des eaux minérales en 1898 : PRIX ALVARENGA DE PIACCHY (Brésil). 800 francs, partagé: 400 francs à MM. SIEUR, Célestin, médecin-major de 1re classe, professeur agrégé, et JACOB, médecin-major de 2' classe, surveillant au Val-de-Grâce.

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Académie des sciences, juillet 1940

PRIX DU BARON LARREY. (Commissaires MM. A. d'Arsonval, A. Lacroix, E. Leclainche, Ch. Achard, L. Lapicque, A. Gosset, J.-L. Faure, Ch. Pérez, P. Portier, E. Sergent; H. Vincent, rapporteur.)

La Commission propose de décerner le prix à M. CÉLESTIN SIEUR, médecin général inspecteur, pour son mémoire sur le Service de Santé pendant la guerre de 1914-1918. Pendant celle-ci, M. Sieur a rempli des fonctions importantes dans les armées mobilisées. Il exposé et critique l'organisation initiale du Service de santé et nous expose, avec les progrès qu'a suivis bientôt celle-ci, les résultats de sa grande expérience dans les domaines de l'organisation générale et des mesures pratiques que commande une guerre. Tout ce qui concerne le transport et l'hospitalisation des blessés, leur traitement,' celui des malades, la lutte contre les maladies infectieuses, leur prophylaxie, l'administration générale du service sanitaire, les résultats très instructifs obtenus, est développé avec une compétence indiscutable et présente, pour la période actuelle, des enseignements très utiles. L'Académie adopte la proposition de la Commission.

 
 



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